Affaire Clément Méric : qu’en est-il vraiment ? 9 juin
Du 5 au 7 juin, diverses manifestations commémoratives se sont succédé les unes aux autres à l’appel de différentes parties et organisations.
La meilleure des façons d’honorer la mémoire de la victime étant encore de tenter de faire la lumière sur sa vie, son destin, ses derniers instants, les conditions et circonstances de sa disparition, j’y reviens avec ce nouvel article réunissant diverses publications sur cette affaire, en rappelant que j’ai bien du mal à m’exprimer d’une autre manière, les miliciens du NPA de Brest continuant à guetter chacune de mes publications pour tenter de la faire supprimer et me faire taire.
http://www.bfmtv.com/societe/clement-meric-manifestation-a-paris-memoire-lantifasciste-789051.html
En mémoire de Clément Méric: « Plus que jamais combattons l’extrême droite »
Plus de 3.500 personnes se sont rassemblées dans les rues de Paris pour rendre hommage au jeune militant d’extrême-gauche, mort il y a un an après une bagarre avec des skinheads. L’occasion de marquer leur opposition à la montée du Front national après les élections européennes.
Le 07/06/2014 à 16:03
Mis à jour le 07/06/2014 à 22:34
Plus de 3.500 personnes selon la police se sont rassemblées samedi à Paris en mémoire de Clément Méric, militant d’extrême gauche mort il y a un an à l’issue d’une bagarre avec des skinheads. Le cortège, mené par des « militants antifascistes », a quitté la place de la Bastille, fermée à la circulation, peu avant 15 heures, en direction de Gambetta dans l’est de la capitale.
Parmi des détonations de pétards, la tête du cortège, principalement composée de militants « antifa »(scistes) aux visages souvent dissimulés par des foulards, cagoules, casquettes ou lunettes noires, s’était placée derrière une banderole « Plus que jamais combattons l’extrême droite ».
« Oui, Clément était un camarade »
« Clément, Clément, an-ti-fa » ou « Oui, Clément était un camarade », ont scandé des membres de l’Action antifasciste, tapant dans leurs mains et levant les bras, en rythme. D’autres, derrière une banderole « Ni oubli, ni pardon », hurlaient « On pardonne pas, on n’oublie pas ».
Plusieurs autres mouvements avaient appelé à manifester, notamment le Front de gauche et plusieurs syndicats. Au delà du souvenir de Clément Meric, mort à l’âge de 18 ans, beaucoup étaient présents pour marquer leur opposition au Front national.
« Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève », criaient les manifestants.
« Un moment d’honneur et de lutte »
« Clément était un ami, un camarade. Il a été assassiné il y a un an par des militants néo-nazis. Aujourd’hui, c’est un moment en son honneur mais aussi un moment de lutte », a expliqué Ihn, un jeune militant qui ne veut pas donner son nom de famille.
Interrogé sur les résultats du Front national aux élections européennes, il affirme: « Nous n’avons pas attendu cette montée pour avoir un sursaut, le FN est aussi haut parce que les thèses d’extrême droite sont consolidées par les politiques ».
Pour rappel, Clément Méric est mort le 5 juin 2013 au lendemain d’une rixe entre un groupe de skinheads et des militants d’extrême gauche, dont Clément Méric, près de la gare Saint-Lazare. Quatre personnes sont mises en examen dans cette affaire, dont deux sont en détention provisoire, poursuivis pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Besancenot appelle à la « résistance contre l’extrême droite »
Olivier Besancenot qui défilait lui aussi en hommage à Clément Méric a dit à BFMTV qu’il etait « important de montrer une résistance de ceux et celles qui veulent lutter contre l’extrême droite ».
Pour ne pas oublier
Il y a un an, le 5 juin 2013, Clément Méric décédait des suites d’une bagarre. Une mort qui avait suscité beaucoup d’émotion et entraîné un vif débat public. En effet, Clément Méric, militant d’extrême gauche et antifa revendiqué, succombait à ses blessures suite à une bargarre avec un militant d’extrême droite. Plusieurs manifestations aux quatre coins de la France avaient eu lieu et les politiques avaient été pris à partie pour que plus jamais une telle situation ne se reproduise. Qu’en est-il un an après ?
Si l’enquête n’a pas tellement avancé (quatre personnes sont mises en examen dans cette affaire, dont deux sont en détention provisoire, poursuivies pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner), les soutiens à Clément Méric demeurent.
Ainsi, ce samedi, plusieurs milliers de personnes (3 500 selon la police) ont défilé dans les rues. A Paris, le cortège, mené par des « militants antifascistes » a quitté la place de la Bastille en direction de Gambetta dans l’est de la capitale. Ils se sont déplacés derrière une banderole « Plus que jamais, combattons l’extrême droite ! ».
Plusieurs autres mouvements avaient appelé à manifester, notamment le Front de gauche et plusieurs syndicats. Au-delà du souvenir de Clément Meric, mort à l’âge de 18 ans, beaucoup étaient présents pour marquer leur opposition au Front national. « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Le fascisme, c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève », ont crié les manifestants selon l’AFP.
D’autres manifestations ont eu lieu en France. C’était le cas à Angers où selon Ouest France, des centaines de jeunes ont défilé afin de rendre hommage à Clément Méric. Le quotidien régional indique aussi qu’à La Roche où là aussi des centaines de personnes se sont massées dans les rues du centre-ville. »C’est une date symbolique, en l’hommage de Clément Méric. Nous souhaitons réoccuper un espace public de plus en plus fermé, la rue est un moyen d’expression, a expliqué à Ouest France Camille, un des manifestants. Nous montrons que nous sommes contre les valeurs d’exclusion, de division et de ségrégation véhiculées par certains. «
http://www.politis.fr/Cette-jeunesse-qui-manifeste,27308.html
Cette jeunesse qui manifeste contre le fascisme
Un an après la mort de Clément Méric, jeune militant anti-fasciste tombé sous les coups de l’extrême droite, ils étaient plusieurs milliers à lui rendre hommage à Paris, le 7 juin.
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés [1], samedi 7 juin, à Paris, pour commémorer le premier anniversaire de la mort de Clément Méric, un jeune militant d’extrême-gauche tué à l’issue d’une bagarre avec des skinheads. Militants antifascistes, organisations syndicales et de jeunesse, partis de gauche, associations contre l’exclusion et collectifs féministes, tous s’étaient donnés rendez-vous place de la Bastille à 14h sous un soleil de plomb et dans la clameur des apophtegmes pour exprimer leur rejet et leur dégoût commun de l’extrême-droite. Pour l’occasion, certains militants ont fait le déplacement de loin comme Gildas Auzou, un militant Solidaires débarqué de Rouen « pour montrer que la résistance antifasciste est en France ». A quelques mètres, l’antenne parisienne du parti politique espagnol Podemos est également de la partie pour « exprimer son soutien et confondre sa voix avec les manifestants français », explique un de ses membres, Daniel Garcia.
« La manifestation ne se veut pas un temps de commémoration. Elle se veut une initiative politique, un moment de lutte. Car le combat contre l’extrême-droite est loin d’être gagné », peut-on lire sur un tract de l’organisation Alternative Libertaire. Sur les dizaines d’autres collectés de manière éparse, le mot d’ordre est également le même : « Face à la montée du Front national, il faut unir nos forces. » Cet après-midi là en effet, les slogans se font écho sans qu’une musique assourdissante ne vienne les contredire. « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartiers pour les fachos ! » est repris en chœur successivement par les manifestants à commencer par les antifas. Ils ouvrent la marche, groupés en rangs serrés derrière une banderole qui proclame : « Un an après, plus que jamais combattons l’extrême droite. » Le Parti Pirate ferme le cortège. Au milieu, un jeune militant du NPA en hurle un autre dans un microphone, « Contre le fascisme et la misère, c’est la lutte sociale qui est nécessaire ! », tandis qu’un peu plus loin le bruit étouffé de « Les droits de l’homme sont remplacés par la terreur » parvient à ses oreilles.
La jeunesse a raison !
Les jeunes constituent la majorité de cette manifestation d’hommage à leur ancien compagnon de lutte mais également la preuve que « la rue n’appartient pas aux extrémismes de droite » affirme François-Xavier, lycéen et membre d’Alternative Libertaire. Sur son T-shirt noir est imprimé le visage de Clément Méric sous lequel est inscrit en caractères blancs l’injonction « Plus jamais ça ».
« Si je suis ici, c’est pour réaffirmer ma solidarité avec un jeune homme de mon âge qui est mort il y a un an, explique-t-il. C’est inacceptable qu’aujourd’hui encore quelqu’un puisse être tué pour ses idées. C’est exactement la même chose qui s’est passée en Grèce avec le meurtre de Pavlos Fyssas par un militant d’Aube Dorée. La France, l’Europe ne doivent pas devenir les terrains de jeu des fascistes. Nous sommes là pour le rappeler. »
A ce jour, quatre personnes sont mises en examen dans l’affaire Clément Méric, dont deux sont en détention provisoire, poursuivis pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Souvent critiquée pour son inaction ou sa démobilisation, la jeunesse était bel et bien présente dans la rue samedi, et pas seulement à Paris [2]. Vive et marchant d’un pas décidé jusqu’à Gambetta, elle a montré qu’elle poursuivait le même combat que Clément Méric contre le fascisme, le racisme, le sexisme et le capitalisme. « La semaine dernière, j’étais déjà avec les lycéens. C’est vivifiant de voir plein de jeunes dans la rue qui chantent et qui crient. Cette manifestation est pour moi l’une des plus belles démonstrations parmi toutes celles que j’ai pu faire en trente ans », s’émerveille Katel Benoît, une professeur à la retraite et présente également le jeudi 29 mai aux côté de l’UNL pour protester contre le FN suite aux résultats des élections européennes.
Maelyss, une jeune citoyenne de 19 ans venue rendre hommage à la mort de celui qui aurait eu son âge cette année, s’indigne approuvée par ses deux amis :
« Aujourd’hui, il y a une montée de l’extrême-droite. Les gens n’ont plus honte de dire qu’ils votent pour Marine Le Pen. Je pense que cette décomplexion est due à la crise. Ils ne savent plus quoi faire et le gouvernement ne les aidant pas ils se lancent dans la bêtise. Et ce qui me désole le plus, c’est que parmi ceux qui ont voté FN aux dernières élections européennes, 35% d’entre eux étaient des jeunes. »
La jeunesse de France n’est en effet pas homogène. Selon Yohan du Collectif Antifasciste Paris-Banlieue : « Le FN absorbe seulement une certaine jeunesse, en majorité non diplômée et qui a déserté les milieux associatifs, culturels ou syndicaux. » Cependant, à l’inverse de ces jeunes qui donnent leur voix à l’extrême-droite ou qui s’abstiennent, le jeune militant de 26 ans observe depuis un an le sursaut d’une partie de sa génération qui, selon lui pourrait bien remplacer l’ancienne dans la rue et dans la lutte contre le fascisme. « Aujourd’hui, il y a toute une jeunesse qui arrive, beaucoup plus diverse et multiculturelle et qui vient remplacée cette ancienne génération de militants de manière très dynamique, très ouverte prenant en compte toutes les formes d’oppression, épilogue-t-il tandis qu’une jeune femme passe prés de lui en brandissant une pancarte sur laquelle est inscrite « Vive la révolution ! ». Nous arrivons à un mouvement pluriel, peut-être moins structuré par les organisations traditionnelles mais qui est bien vivant. Il peut être l’avenir. »
Unis dans la diversité
Derrière des militants antifascistes en ébullition, des syndicats de jeunesse et des partis politiques, dont le Parti de gauche et Ensemble !, sont venus se joindre à la manifestation. « C’est honteux ce qui est arrivé l’année dernière, s’indigne Camille Laine, membre à la coordination du Mouvement des Jeunes Communistes de France. Le MJC combat l’extrême-droite au quotidien. Il était donc logique que nous participions à ce rassemblement. » Derrière ces jeunes militants politiques, l’Union nationale des Lycéens (UNL) est également venue participer à « la construction d’une réplique suite au choc de la victoire du FN aux élections européennes », assène son président, Corentin Durand.
Parmi cette foule remontée contre la multiplication des actes racistes, sexistes et homophobes, se mêlent aussi des associations pour la lutte des droits de l’homme ainsi que des collectifs féministes. Unissant leur voix à celle des autres organisations, des femmes ainsi que des sans-papiers venus du Sénégal, du Gabon ou encore de la Mauritanie ont exprimé leur colère face à l’extrême-droite mais aussi leur déception envers la politique anti-sociale du gouvernement.
« Il est pour nous tout à fait normal qu’en tant que féministes nous soutenions cette manifestation antifasciste, relate le collectif 8 mars pour ToutES. D’une part, parce que l’extrême droite est une menace pour les droits des femmes en tant que telles, puisqu’elle a une vision essentialiste qui ne vise qu’à nous réduire à des outils de reproduction (…). D’autre part, beaucoup de femmes sont la cible directe de l’extrême droite et de ses discours, en tant que qu’étrangères ou non-blanches. C’est pour toutes ces raisons que nous devons nous inscrire de manière plus large dans la lutte antifasciste. »
Fatima-Ezzahra Benomar, secrétaire générale de l’organisation Les Effronté-e-es articule elle aussi cette lutte contre l’extrême-droite avec féminisme car depuis quelques temps elle s’alarme d’une recrudescence de violences sexistes perpétuées par des groupuscules réactionnaires et fascistes. « Suite à la Manif pour Tous et notamment grâce aux reculades du gouvernement notamment sur la PMA et la loi famille, ces derniers ont repris du poil de la bête », déplore-t-elle.
Outre le fascisme, le chef de l’Etat et son nouveau premier ministre se sont eux aussi attirés les foudres des manifestants. Car, si le cortège était rouge vif, il n’a laissé aucune place au rose. Les socialistes ni les MJS n’étaient présents et sans doute pas les bienvenus. « Pour nous, c’est très important que le gouvernement actuel applique les mesures pour lesquelles il a été élu. Mais, pour prendre un exemple parmi tant d’autres, le droit de vote des étrangers on l’attend encore, confie François-Xavier, le regard dans le vague. Les jeunes sont de moins en moins mobilisés parce qu’ils voient qu’au niveau politique rien ne change. Les partis qui sont élus ne tiennent jamais leurs promesses et aujourd’hui ne nous font plus rêver. »
Avant de partir rejoindre ses camarades de lutte, le jeune homme de 18 ans l’oeil pétillant et avec l’éloquence d’un tribun finit par conclure : « Je pense que c’est à toute la société civile de s’opposer à Marine Le Pen. C’est important que cette manifestation soit unitaire. Il est temps que toute la France se réveille et se rende compte qu’il y a une solidarité anti-fasciste qui existe et qui doit continuer. »
Nota Bene :
Reportage photos : Maxime François.
[1] 3 500, selon la police.
[2] Des manifestations se sont tenus, depuis jeudi 5 juin, à Lyon, Marseille, Strasbourg, Angers, Tours, Châteauroux, La Roche-sur-Yon, Lisieux… Elles ont rassemblé entre 10.000 et 30.000 personnes à travers toute la France.
http://www.ouest-france.fr/clement-meric-lenquete-un-apres-2605939
Clément Méric : l’enquête un an après
Voilà un an, le jeune antifasciste originaire de Brest mourait lors d’une rixe avec des skinheads à Paris.
Des rassemblements associant la famille et les amis de Clément Méric ont eu lieu hier rue Caumartin, dans le quartier de Saint-Lazare à Paris, là où le 5 juin 2013, le jeune militant âgé de 18 ans est décédé lors d’une rixe entre antifas et skinheads.
Deux skinheads, Esteban Morillo et Samuel Dufour, sont toujours incarcérés alors que l’enquête pour violences volontaires en réunion et avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner se poursuit. Le premier a toujours reconnu avoir porté deux coups de poing au visage de Clément ; le second nie l’avoir frappé.
Un poing américain ?
Une question centrale est l’usage ou non d’un poing américain. Arme aperçue par les antifascistes mais aussi des passants. Esteban Morillo maintient qu’il a frappé à mains nues. Samuel Dufour est sur la même ligne. Mais une étude des SMS de son téléphone envoyés ou reçus le soir des faits a mis à mal sa version. « J‘ai frappé avec ton poing américain », mentionne un message. Mais il n’existe pas à l’heure actuelle d’éléments prouvant sans conteste que Dufour a atteint ainsi Clément Méric.
L’expertise de la vidéo d’une caméra de surveillance n’a rien apporté : un obstacle cache la scène de la rixe. Les expertises des blessures, des marques géométriques et symétriques, n’écartent pas l’usage d’une telle arme sans être concluantes.
La prochaine étape importante de l’instruction sera une reconstitution, peut-être à l’automne prochain. L’entourage de Clément Méric se montre « vigilant » pour que les responsabilités ne soient pas inversées. C’est bien lui qui est tombé sous des coups assénés après des invectives échangés de part et d’autre.
http://www.rtl.fr/actualites/info/article/clement-meric-la-video-de-l-agression-a-parle-7762597802
Clément Méric : la vidéo de l’agression a parlé
Clément Méric en avril 2013, lors d’une manifestation.
Crédit : AFP
INFO RTL – Trois semaines après l’agression mortelle de Clément Méric le 5 juin, la police judiciaire parisienne vient de mettre la main sur les toutes premières images de la bagarre.
On avait d’abord cru qu’aucune image ne pourrait aider les enquêteurs… Finalement, trois semaines après l’agression mortelle de Clément Méric, le 5 juin dernier à Paris, la police judiciaire parisienne a mis la main sur les premières images de la bagarre.
La scène a été filmée par une caméra de surveillance de la RATP, située côté rue, au niveau de la station Havre-Caumartin. Les experts de la police technique et scientifique ont travaillé pendant plusieurs jours sur ces images pour les faire parler. Elles permettent de se faire une idée précise de la scène, jusqu’alors uniquement racontée par des témoins.
Clément Méric : la vidéo de l’agression a parlé
Crédit : Georges Brenier
On voit notamment, pendant une bagarre générale, le jeune militant d’extrême gauche se précipiter dans le dos d’Esteban Morillo, le meurtrier présumé, alors de dos, semble-t-il pour lui asséner un coup. Le skinhead se retourne alors et le frappe avec son poing en plein visage.
L’image ne permet pas de dire de façon formelle si Esteban Morillo donne un deuxième coup, ni s’il a ou non un poing américain. Le militant d’extrême-gauche, en tout cas, tombe immédiatement au sol, inconscient. Il n’est pas lynché une fois par terre.
L’autopsie avait établi que la victime n’était pas morte en tombant sur le bitume, mais avait été tuée par un ou plusieurs coups au visage Ces images permettent de confirmer l’identité du meurtrier. Elles excluent l’hypothèse d’un lynchage, montrent un Clément Méric provocateur et confortent la thèse du juge sur une mort accidentelle à la suite de coups donnés.
- La rédaction vous recommande
- Hommage à Clément Méric : les antifa se sont rassemblés à Paris
- Mort de Clément Méric : Ayrault annonce la dissolution de Troisième Voie
- Clément Méric : Marine Le Pen qualifie l’Action antifasciste de « groupe ultraviolent »
- Clément Méric : Esteban Morillo, 20 ans, skinhead, principal suspect dans la mort du militant
- Mort de Clément Méric : le principal suspect placé en détention provisoire
Clément Méric : la vidéo n’est pas tournée au ras du bitume, la caméra a filmé des visages
Une caméra de vidéosurveillance de la RATP a enregistré la rixe, fatale pour Clément Méric. Sur les images exploitées par la police scientifique, des visages sont bien visibles.
Trois semaines après l’agression, les circonstances exactes de la mort de Clément Méric s’éclaircissent, vidéo à l’appui. Comme le révélait RTL ce mardi matin, une caméra de surveillance de la RATP a enregistré la rixe à l’issue de laquelle le jeune militant d’extrême gauche a été mortellement blessé par un militant d’extrême droite. Pour la première fois, le déroulé des faits se précise. Des éléments contestés par les proches du jeune homme de 19 ans.
Les images parlent d’elles-mêmes. Elles ont été exploitées par des experts de la police scientifique et elles permettent de retracer seconde par seconde le déroulé de l’altercation.
Sur la vidéo, des visages
C’est une bagarre générale qui a été captée par cette caméra, qui n’a pas seulement filmé des pieds et des chaussures, mais des corps en mouvement et des visages. Son objectif n’enregistre pas au ras du bitume, mais va jusqu’à environ 1 mètre 50 de hauteur. Les images reflètent bien ce qu’avaient déjà décrit des témoins, c’est-à-dire une bagarre violente, confuse, où les acteurs, des deux côtés, se rendent coup pour coup.
Une bagarre générale
Clément Méric fait partie de ses acteurs. Il frappe et se fait frapper, notamment par un premier skinhead, prénommé Samuel, qui est aujourd’hui en prison. Esteban Morillo, son complice du groupuscule Troisième Voie, se bat lui aussi. On le voit, à la toute fin de la scène, échanger coups de poings et coups de pieds avec deux amis de Clément Méric.
C’est là que le jeune militant d’extrême gauche arrive dans le dos d’Esteban. Il semble lui asséner un coup, peut-être à la tête. La réaction du skinhead est en tout cas immédiate : il se retourne et frappe Clément Méric en plein visage. Un coup de poing, puis peut-être un deuxième, mais la vidéo ne permet pas de le dire. Sa victime en tout cas s’écroule sur le bitume. L’un des coups qui vient de lui être donné a été fatal. Ses agresseurs, eux, ont déjà pris la fuite.
Clément Méric : les images de l’agression
Crédit : Georges Brenier – RTL
Mort de Clément Méric : la justice saisit de nouveaux experts pour analyser la vidéo
Une banderole déployée lors d’une manifestation en hommage à Clément Méric, le 8 juin à Toulouse
Crédit : AFP / REMY GABALDA
Le militant antifasciste Clément Méric est décédé dans des conditions troubles, lors d’une rixe avec des jeunes d’extrême droite, le 5 juin dernier. Une vidéo devrait permettre de faire la lumière sur ce décès.
La justice a décidé de mener une nouvelle expertise sur la vidéo de la mort de Clément Méric, selon une information BFMTV. De nouveaux experts ont été mandatés pour analyser l’enregistrement de vidéosurveillance qui montre la bagarre, survenue le 5 juin dernier et qui s’est soldée par la mort du militant d’extrême gauche.
Les juges veulent notamment que l’auteur des premiers coups soit identifié. Les conclusions de ces nouveaux experts sont attendues avant le 15 janvier 2014, selon BFMTV.
On avait d’abord cru qu’aucune image ne pourrait aider les enquêteurs, mais trois semaines après les faits, la police avait mis la main sur une vidéo très importante. Une caméra de vidéosurveillance de la RATP a enregistré la rixe . Sur les images exploitées par la police scientifique, des visages sont visibles.
- La rédaction vous recommande
- Mort de Clément Méric : « Je ne suis pas raciste ni nazi », dit le principal suspect
- Clément Méric : un deuxième militant d’extrême droite mis en examen
- Clément Méric : la vidéo n’est pas tournée au ras du bitume, la caméra a filmé des visages
- Clément Méric : le point sur l’enquête
Serge Ayoub, auteur de l’affaire Clément Méric : les antifas sont couverts par Valls
Riposte Laïque : Le 5 juin 2013, Clément Méric perdait la vie, lors d’un affrontement que lui et ses amis avaient provoqué. 6 mois plus tard, tu as senti la nécessité de publier un livre, « L’affaire Clément Méric, du fait divers au scandale politique ». Qu’amène de nouveau ce livre, par rapport à toutes tes interviews de l’époque ?
Serge Ayoub : Comme je l’ai raconté dans le livre, j’ai été contacté par l’ami intime de Manuel Valls, Monsieur Claude Askolovitch parce qu’il voulait écrire un livre sur l’affaire Méric, je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas laisser un homme du camp ennemi imposer sa version. Ce qu’il y a de proprement nouveau, c’est le recul et l’analyse. Après avoir géré la crise au mieux de nos modestes moyens, j’ai pris le temps d’analyser d’où était venue une telle haine envers les patriotes que nous sommes de la part des antifas, du pouvoir, et des médias.
Riposte Laïque : Peux-tu nous parler de la situation d’Esteban et de Samuel, en prison depuis 6 mois, et de celle des autres inculpés ?
Serge Ayoub : Leur situation est claire dans une affaire trouble. « Dans le doute, j’embastille ». C’est un euphémisme de dire qu’on ne sait pas qui a attaqué, mais on sait qui est incarcéré. La seule chose dont on soit sûr, c’est que dans cette affaire le gouvernement est complice des antifas, dont le comportement bafoue pourtant toutes les lois et les règles de la démocratie. Quant à Esteban et Samuel, ils attendent la reconstitution des faits, qui devrait avoir lieu en janvier et qui sera évidemment décisive.
Riposte Laïque : Tu évoques dans ce livre le rôle joué, dans cette manipulation médiatique, par Alexis Corbière, bras droit de Mélenchon. Tu parles, d’autre part, d’un repas avec le journaliste Claude Askolovitch. Peux-tu, sur ces deux sujets, nous en dire davantage ?
Serge Ayoub : Corbière, son rôle est le même que celui que joue Mélenchon avec les Bonnets Rouges, c’est d’aboyer avec le système mais depuis une autre niche. « Assassinat fasciste », l’expression de son billet du 5 juin, quelques heures à peine après la bagarre, c’est le « la » donné par Corbière et que va reprendre l’ensemble de la gauche, y compris celle qui gouverne. Quant à Askolovitch, il est l’avocat, la plume et le verbe d’un gouvernement qui n’en a pas tant à son service.
Riposte Laïque : Tu regrettes également, dans l’ouvrage, ce que tu as ressenti comme une frilosité de Marine Le Pen et du Front national, dans cette affaire. Qu’attendais-tu d’autre de leur part ?
Serge Ayoub : Personnellement, je n’attendais rien du FN. Ses électeurs, ses sympathisants en revanche, attendaient peut-être davantage de noblesse de la part d’un parti dans lequel ils placent leurs espoirs. « La France ne peut être la France sans grandeur » disait De Gaulle. Il serait temps que Le FN médite cette phrase et apprenne à reconnaître dans l’adversité l’opportunité de se montrer digne de cette grandeur. Sans leurs moyens, sans leurs accès aux médias, sans le rouleau compresseur qu’est le Front, nous avons pu inverser la tendance et changer le scénario pré-écrit par les médias et le gouvernement. Si Marine s’était engagée franchement dans la bataille, c’était l’occasion de venger Carpentras et de retourner contre leur ennemi ce mensonge permanent qu’est la diabolisation. La sécurité du parti a prévalu sur le parti de la vérité.
Riposte Laïque : Ton organisation est dissoute, le bar que tu avais monté, le Local est fermé. Que deviennent tes amis militants, et quels sont, après ces six mois qui ont tout changé pour toi, tes projets ?
Serge Ayoub : Nous continuons, différemment et plus en profondeur notre travail politique. Tous ceux qui défendent la Nation ont besoin d’une ligne et d’un programme clairs. Notre travail est celui-ci, dans le prolongement de la réflexion théorique de Troisième Voie. Nous venons également de lancer un journal gratuit, Année Zéro, qui sera disponible en papier et en ligne, gratuitement également, à l’adresse suivante : http://fr.calameo.com/read/002941615b03cc5ea01ce .
Riposte Laïque : Comment vois-tu l’union des patriotes, que notre journal et d’autres réclament, pour lutter contre l’islamisation de la France et la défense de notre civilisation ?
Serge Ayoub : Nous avons déjà eu des discussions franches à ce sujet, ce sera donc facile de te répondre. Je crois sincèrement que l’union de patriotes est non seulement souhaitable mais possible, à condition d’élargir le programme à une lutte contre le système de domination de notre pays. Si certains quartiers s’islamisent, c’est à cause d’une politique d’immigration décidée par le grand capital et validée par la gauche et la droite depuis 40 ans. On ne défend pas une civilisation en jouant les Cassandre, mais en désignant l’ennemi, et pour moi l’ennemi n’est pas le musulman ou l’immigré en soi, mais le système qui engendre sa présence massive sur notre territoire. C’est cet ennemi qu’il faut désigner, et cet ennemi c’est le pouvoir. C’est lui qui créé les lois de regroupement familial, c’est lui qui fait mine de céder aux diverses pressions de lobbies montés de toute pièces par lui. C’est cet ennemi qu’il faut attaquer pour défendre notre civilisation, pas le musulman qui ne fait que se soumettre logiquement à ses propres traditions religieuses.
Riposte Laïque : Pour illustrer ce rapprochement, Riposte Laïque est d’accord pour servir de boutique à ton livre qui montre l’ampleur d’une manipulation politico-médiatique, et jusqu’où ce pouvoir est capable d’aller. Parle-nous de ton avocat, homme de gauche, Nicolas Gardères, qui a écrit la postface de ton ouvrage.
Serge Ayoub : Aussi étrange que cela puisse paraître pour toute personne sensée, un homme de gauche peut encore être honnête. C’est le cas de Maître Gardères, qui a depuis le début regardé cette affaire avec les yeux du juriste, du défenseur des libertés publiques et de l’homme de bon sens.
Riposte Laïque : Partages-tu l’avis, fréquemment développé, selon lequel Hollande n’ira pas au bout de son mandat ? Penses-tu que la période soit pré-révolutionnaire ?
Serge Ayoub : Je crains que la seule et unique compétence du gouvernement soit de garder le pouvoir. Ils dépensent des sommes considérables pour maintenir l’illusion que leurs décisions sont irréversibles et inéluctables. Les Français ont l’impression que leur gouvernement ne sert à rien, qu’il est incapable de sortir leur pays de la crise dans laquelle il s’enfonce, mais en même temps qu’il n’y a pas vraiment d’alternative. C’est le sens d’un sondage récent de l’Ifop : 70 à 80% des Français estiment que l’UMP et le FN ne feraient pas mieux que la majorité en place. Notre peuple est en train de désespérer. D’un point de vue révolutionnaire, c’est à double tranchant, parce que même si les élites ont perdu leur légitimité, le désespoir et l’absence d’alternative paralysent. C’est contre cela que nous voulons travailler, car sans une foi puissante dans la possibilité d’un avenir meilleur, aucune révolution, pire aucune politique n’est possible.
Propos recueillis par Pierre Cassen
Mort de Clément Méric : des responsabilités difficiles à établir
Dans un rapport rendu le 2 janvier, les médecins tentent de déterminer si le jeune antifa a été tué par les coups de ses agresseurs ou par la chute qui a suivi.
De quoi est mort Clément Méric ? Sept mois après le décès du jeune militant antifasciste lors d’une bagarre le 5 juin dernier en plein Paris avec des jeunes skinheads, l’enquête judiciaire se poursuit. D’après nos informations, début janvier, l’une des premières expertises commandées par les juges d’instruction en charge du dossier a été rendue. Il s’agit du rapport de trois médecins chargés de déterminer les causes exactes du décès du jeune homme le lendemain de la rixe, à l’hôpital. Ce rapport est effectué à partir de l’autopsie réalisée juste après les faits, mais permet d’être plus précis dans les causes de la mort du jeune homme et d’établir les responsabilités.
Les coups donnés par les skins, notamment par Esteban Morillo et Samuel Dufour actuellement mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, ont-ils tué le jeune homme ? Sa chute sur le trottoir a-t-elle été fatale ? Les deux, répondent en substance le collège des trois médecins experts, qui peinent à faire la part des choses. «Les lésions traumatiques, que ce soit le coup porté au visage ou la chute à terre sont directement responsable de l’hémorragie méningée», qui a conduit à la mort du jeune homme, écrivent-ils dans ce rapport de 19 pages.
Une chose est sûre : «On peut qualifier l’impact des coups comme très violent.» D’après eux, Clément Méric a reçu cinq coups au niveau du visage, laissant des ecchymoses sur les joues et au niveau du nez. «Il semble que M. Méric ait perdu connaissance très rapidement et qu’il ait ensuite chuté. Du fait de cette perte de connaissance, il n’a eu aucune retenue dans sa chute», poursuit le rapport.
Par ailleurs, précisent les médecins, la leucémie dont avait souffert Clément Méric n’ont pas eu d’influence sur son décés.
Poings américains ?
Les skinheads, qui se trouvaient comme les antifascistes à une vente privée de vêtements Fred Perry dans le quartier des grands magasins parisiens, ne nient pas les échanges de coups. Il y a eu des provocations, des deux côtés. Des injures. Le ton est monté. Puis la bagarre, très violente et très brève sur le trottoir, en bas de l’appartement qui accueillait la vente privée. Au fil de leurs auditions, les deux skins ont d’ailleurs fini rapidement par reconnaître avoir porté des coups à Clément Méric. Et même d’avoir donné le premier, car le jeune antifa les «provoquait».
En revanche, les deux jeunes skins (qui au cours de leur garde la vue, ont tous les deux nié leur sympathie pour l’extrême droite…) réfutent s’être armés de poings américains, ou de bagues de combat. Les médecins experts étaient donc chargés de déterminer si les lésions de Clément Méric «résultent d’un traumatisme provoqué par des coups portés à main nue ou par des coups portés au moyen d’un objet de type poing américain». Réponse : «L’aspect des sutures en points séparés des ecchymoses sur les joues, la plaie de la face latérale droite du nez pourraient faire évoquer l’utilisation d’objet métallique. Cependant et au vu des conclusions de l’expert légiste, ces aspects morphologiques des lésions traumatiques ne permettent pas de l’affirmer.» Ils précisent : «Les lésions faciales et du nez ne permettent pas de préciser si la victime a été frappée à poing nu ou s’il a été utilisé des objets métalliques contondants de type bague ou de type poing américain.»Esteban Morillo a toujours nié détenir un poing américain.
Pourtant, de nombreux témoins présents lors de la bagarre affirment avoir vu un objet brillant sur sa main. Une amie du jeune skin, présente avec lui dans le magasin, a même déclaré aux policiers avoir aperçu dans son sac «un poing américain assez gros, vraiment gros, couleur métal argenté». Elle avait ajouté : «Je crois qu’il avait des pics mais je n’en suis pas sûre.» Un détail relevé par un passant témoin de la scène. Esteban Morillo s’est défendu, en expliquant que sa «main avait doublé de taille, quand on est allé au bar [le soir même, ndlr] je n’arrivais même pas à tenir une bière. Je n’avais pas de poing américain». L’examen médical de sa main au lendemain de la rixe montre pourtant une petite blessure, sans rapport selon les juges avec le coup sur le visage de Clément Méric. Par ailleurs, chez Esteban Morillo, les policiers ont trouvé deux poings américains dont l’un «en acier supportant des pointes sur chaque anneau correspondant à l’emplacement des quatre doigts».
Lors de ses auditions, Morillo a également indiqué que Samuel Dufour avait fait usage d’un poing américain «ou peut-être de bagues de combat». Ce que, évidemment, Samuel Dufour nie. «Je n’avais pas de bagues de combat. J’avais juste mes bagues qui étaient chromées», s’est défendu Samuel Dufour. Des expertises sur les bagues et poing américain retrouvés au domicile des jeunes skins sont toujours en cours.
Mort de Clément Méric : ce qui s’est vraiment passé ce 5 juin 2013
«Libération» a pu consulter l’enquête menée suite à la mort du jeune antifa lors d’une rixe avec des skins.
Qui a donné les premiers coups, dont certains ont été mortels pour Clément Méric, jeune antifa de 18 ans ? Les skinheads, dont deux sont aujourd’hui mis en examen et écroués, étaient-ils armés lors de cette bagarre de rue qui a éclaté ce 5 juin à la sortie d’une vente privée de vêtements ? Plus de trois mois après les faits, l’enquête menée par les policiers et les juges sur le décès du jeune militant – et que Libération a pu consulter – a permis de reconstituer en détail le contexte de la rixe puis le déroulement de la bagarre qui a coûté la vie au jeune homme. L’enquête a également montré qu’aucun des sympathisants des mouvements d’extrême droite radicaux mis en cause dans ce dossier ne revendique aujourd’hui son appartenance à ces réseaux.
Le déclenchement de la rixe
D’après de nombreux témoignages, il semble que ce sont bien les militants d’extrême gauche qui ont d’abord provoqué les skinheads, venus à une vente privée de vêtements Fred Perry, marque qu’affectionnent les deux camps. Samuel Dufour – l’un des deux skins, écroué et mis en examen car soupçonné d’avoir porté l’un des coups mortels à Clément Méric – explique que les «rouges» sont venus les provoquer, leur conseillant de faire peu d’achat pour pouvoir courir très vite à la sortie de la vente… Entendu par les policiers au lendemain de la bagarre, un militant d’extrême gauche présent à la vente confirme que l’un de leur groupe a lâché un «bravo les nazis», rien de plus. Un autre explique que le même membre de leur groupe a déclaré à haute voix «qu’il était inadmissible de voir des nazis se trimbaler dans des lieux publics». Puis ils expliquent être descendus de l’appartement où la vente avait lieu, s’être positionnés en face de l’immeuble pour attendre Clément Méric pour que celui-ci, qui n’était pas encore sur les lieux, ne vienne pas faire ses courses tout seul. «N’avez-vous pas plutôt attendu pour en découdre avec eux?», demandent les policiers à l’un des militants de gauche. «Non, nous sommes plutôt minces. Clément est vraiment gringalet.» Les skins, eux, affirment ne pas être sortis tout de suite car ils avaient «peur».
Au-delà des versions contradictoires de chacun des deux groupes, quelques faits sont établis. Les «rouges» n’ont pas bougé de la rue. Clément Méric est venu parler aux skins lorsque ces derniers attendaient regroupés dans la cour de l’immeuble. Et au moment de sortir des lieux, les skins, au lieu d’éviter la bande adverse, se sont dirigés vers eux.
La bagarre a-t-elle été filmée ?
Oui. Une caméra de vidéo-surveillance, disposée à l’entrée de la gare Haussmann-Saint Lazare à quelques mètres des lieux de la rixe a permis de voir «partiellement» la bagarre d’après le compte-rendu effectué par la police sur un PV. Cependant, à 18 h 43 et 25 secondes, impossible de distinguer sur les images qui donne le premier coup car «leurs mains et les visages ne sont pas visibles. Le pilier situé à l’entrée de la gare obstrue le reste de l’action.» Sur certaines images, on ne voit que les pieds et les jambes des protagonistes. A 18h43 et 33 secondes, les images montrent «une masse sombre» à terre.
Qui a donné les coups de poing ?
Esteban Morillo reconnaît avoir porté deux coups de poing à Clément Méric, en situation de légitime défense. Le premier, car Clément Méric s’approchait de lui. Le second, face à un nouvel assaut du jeune homme et de deux de ses amis. «Ils m’ont entouré et se sont ensuite jetés sur moi. J’ai été agrippé, tiré et c’est seulement après que j’ai frappé.» Samuel Dufour, lui, reconnaît avoir donné des coups de poing mais pas à Clément Méric. Pourtant, d’après les juges, l’autopsie a montré des plaies sur le visage de Clément Méric qui ne paraissent pas avoir été causées par les poings de Morillo. Et ils soupçonnent très fortement Samuel Dufour de ne pas avoir frappé à mains nues.
Les skins avaient-ils des poings américains ou des bagues de combat ?
Esteban Morillo l’a toujours nié. Chez lui, les policiers ont pourtant trouvé deux coups de poing américains dont l’un «en acier supportant des pointes sur chaque anneau correspondant à l’emplacement des quatre doigts». Mais les analyses effectuées sur ces armes n’ont pas permis de déterminer qu’elles avaient été utilisées lors de la rixe, selon une source judiciaire. Esteban Morillo s’est défendu, en expliquant que sa «main avait doublé de taille, quand on est allé au bar [le soir même, ndlr] je n’arrivais même pas à tenir une bière. Je n’avais pas de poing américain». L’examen médical de sa main au lendemain de la rixe montre pourtant une petite blessure, sans rapport selon les juges avec le coup sur le visage de Clément Méric. Et de nombreux témoins, dont la petite amie de Samuel Dufour, ont déclaré avoir vu Esteban Morillo en possession de cet objet dans la salle de vente. En revanche, des analyses sont toujours en cours sur les «bagues» de Samuel Dufour. Plusieurs témoins ont expliqué avoir vu des choses «briller» aux doigts du skinheads. «Je n’avais pas de bagues de combat. J’avais juste mes bagues qui étaient chromées», s’est défendu Samuel Dufour.
Retenons donc que l’information judiciaire s’éternise alors que les enquêteurs semblent avoir à peu près tout en main dès le 6 juin 2013.