Le juge Trévidic autorisé à enquêter en Algérie et au Pakistan 28 septembre
Le juge antiterroriste Marc Trévidic a récemment été enfin autorisé à se rendre en Algérie et au Pakistan pour y enquêter sur l’assassinat, en 1996, des moines de Tibhirine, ainsi que sur l’attentat ayant coûté le 8 mai 2002 à Karachi la vie de onze Français employés de la DCN, en des lieux plus que jamais infestés de coupeurs de têtes, kamikazes et poseurs de bombes très irrités par l’ingérence de la France dans leurs affaires et la présence de Français sur leurs territoires.
On lui souhaite bien du courage.
Le juge Trévidic va pouvoir enquêter en Algérie sur les moines de Tibhirine
La justice algérienne a donné son feu vert à une visite, en octobre, du juge français chargé de l’enquête sur l’assassinat des sept moines de Tibhirine, en 1996. Après deux reports cette année, qui ont provoqué la colère du magistrat, l’Algérie semble enfin ouvrir ses portes.
- F.G avec AFP
- Publié le 05/09/2014 | 15:49, mis à jour le 05/09/2014 | 16:14
Un certain nombre des moines assassinés il y a 18 ans avaient de la famille dans les Pays de Savoie. Ces hommes de prière étaient issus de l’Abbaye de Tamié, en Savoie. Dans les Alpes, on a donc toujours suivi, avec intérêt, l’enquête qui, au final, a beaucoup fait de surplace. Un espoir vient aujourd’hui de l’Algérie. »Les autorités judiciaires ont donné leur feu vert à une visite les 12 et 13 octobre en Algérie » du juge français Marc Trévidic, a affirmé, mercredi 3 septembre, le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh.
Le magistrat antiterroriste, qui enquête sur cet assassinat, a dû reporter deux fois cette année cette visite, notamment faute d’avoir reçu l’invitation officielle d’Alger. Le 9 juillet, M. Trévidic s’était montré excédé de ces reports: « il va falloir savoir si on se moque de nous », avait-il lancé sur la radio France Inter.M. Trévidic et sa consoeur Nathalie Poux avaient obtenu en novembre 2013 l’accord de principe des autorités algériennes pour assister à l’exhumation des têtes des moines enterrées à Tibhirine, et à leur autopsie dans le but de faire la lumière sur leur assassinat. On sait aujourd’hui que la procédure d’expertise et d’autopsie sera assurée par des experts algériens. Le magistrat algérien, en charge de ce dossier, doit, de son côté, se rendre en France le 21 octobre pour mener des auditions.
Seules les têtes avaient été retrouvées
Les moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, dans leur monastère isolé de Tibhirine, près de Medea (90 km au sud d’Alger). Le rapt avait été revendiqué un mois plus tard par le Groupe islamique armé (GIA) via un communiqué. Le 21 mai, un second communiqué annonçait l’exécution des religieux dont seules les têtes avaient été retrouvées, neuf jours plus tard, au bord d’une route de montagne. Trois moines, qui avaient échappé à l’enlèvement, ainsi que des villageois, ont confirmé aux gendarmes l’implication du GIA dans le rapt survenu dans une des zones les plus troublées d’une guerre civile qui a fait environ 200.000 morts en une décennie.
Des versions contradictoires
Le 25 juin 2009, l’ancien attaché militaire de l’ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter, a livré à M. Trévidic le témoignage indirect d’un militaire algérien. Ce général a expliqué que « les hélicoptères (de l’armée) ont vu un bivouac (…) pour eux, ça ne pouvait être qu’un groupe armé. Ils ont donc tiré sur le bivouac (…) Une fois posés, ils ont découvert qu’ils avaient tiré notamment sur les moines. Les corps des moines étaient criblés de balles ». C’est pour dissimuler cette bavure que les corps auraient été décapités.
Outre la présence d’impacts de balles, les analyses prévues sur les têtes visent notamment à établir si la décapitation a été menée avant ou après la mort et pourraient permettre d’écarter certains témoignages et d’en accréditer d’autres.
Lors de sa visite en France, le juge algérien souhaite interroger Pierre le Doaré, ancien chef d’antenne des services secrets français (DGSE) à Alger (1994-1996), et Jean-Charles Marchiani, ancien officier du même service et ex-préfet du Var, selon le quotidien francophone algérien El Watan. M. Marchiani, qui avait été chargé d’une mission auprès du GIA, a confirmé à M. Trévidic en 2012 que cette mission avait été décidée par le président Jacques Chirac pour négocier une rançon, mais que le Premier ministre d’alors, Alain Juppé, qui n’en avait pas été informé, y a mis fin, signant « l’arrêt de mort des moines », selon le témoignage de M. Marchiani.
De son côté, Pierre le Doaré avait reçu dans les locaux de l’ambassade de France à Alger un émissaire du GIA qui lui avait remis une preuve de vie des religieux en captivité, selon plusieurs témoignages et documents versés au dossier.
Attentat de Karachi : le juge Trévidic va enfin enquêter au Pakistan
Elisabeth Fleury | Publié le 12.09.2014, 15h38 | Mise à jour : 15h42
Le juge français Marc Trevidic. | LP / OC
Cela faisait presque deux ans que, pour les besoins de son enquête sur l’attentat de Karachi, le juge Marc Trévidic réclamait aux autorités d’Islamabad l’autorisation d’aller au Pakistan. A la faveur de l’été, le magistrat antiterroriste a enfin obtenu leur feu vert. De quoi relancer l’enquête sur ce drame qui, le 8 mai 2002, a causé la mort de 11 Français, employés de la Direction des constructions navales (DCN).
Reste à trouver une date et à s’entendre avec les autorités pakistanaises sur l’étendue des investigations qu’il pourra conduire sur place. Marc Trévidic espère s’y rendre au plus vite, «avant la fin de l’année», indique une source proche du dossier.
Son voyage peut s’avérer décisif . Car, aussi surprenant que cela puisse paraître dans une affaire criminelle de cette envergure, le dossier ne comporte quasiment rien sur les investigations menées, sur place, par les enquêteurs pakistanais. Aucun interrogatoire de suspect. Aucun témoignage. «Il n’y a pas, non plus, le moindre procès-verbal relatif à la scène de crime», relate une source judiciaire.
Les autorités pakistanaises ne sont pourtant pas restées inactives. Dès le lendemain de l’attentat, une centaine de suspects sont interpellés avant d’être, finalement, relâchés. En décembre 2002, trois hommes sont arrêtés, tous islamistes. L’un d’entre eux s’échappe. Ses complices présumés, condamnés à mort en 2003 par la cour anti-terroriste de Karachi, sont finalement acquittés et remis en liberté par la Haute Cour du Sind en juin 2009.
L’attentat n’a jamais été revendiqué
«L’accusation n’a pas pu apporter de preuve qui ne laisserait subsister aucun doute raisonnable», estime alors la haute juridiction. N’ayant été revendiqué par personne, l’attentat de Karachi n’a donc toujours pas, officiellement, d’auteur.
Des experts français, dépêchés sur la scène de crime au lendemain de l’attentat, ont pu analyser la nature de l’explosif utilisé. Leurs conclusions : il s’agit essentiellement de TNT, une substance utilisée par l’armée pakistanaise. Du coup, c’est sur les services secrets pakistanais que pèsent, aujourd’hui, les soupçons.
Ces derniers auraient pu organiser l’attentat pour punir la France d’avoir stoppé le versement de commissions en marge du contrat Agosta, signé en 1994 avec le Pakistan, et prévoyant la livraison de trois sous-marins. Cette hypothèse a abouti, en France, à l’ouverture du volet financier de l’enquête que le juge Renaud Van Ruymbeke a très récemment clôturé.
A l’occasion de sa visite, Marc Trévidic souhaite consulter l’intégralité de la procédure judiciaire pakistanaise, «y compris la retranscription des audiences». Douze ans après les faits, des témoins-clés ont peut-être encore des choses à dire : le magistrat entend réclamer, à cet effet, un certain nombre d’auditions. Si les autorités pakistanaises l’acceptent, c’est à coup sûr un travail de Titan qui attend le juge avec, qui sait, de nouveaux rebondissements à la clef.
LeParisien.fr
Djihad en Syrie – Trévidic : « Ceux qui rentrent sont dégoûtés par ce qu’ils ont vu »
Le Point – Publié le 08/09/2014 à 16:59
L’emblématique juge antiterroriste Marc Trévidic évoque les profils et les témoignages d’apprentis djihadistes français de retour de Syrie. Entretien.
Propos recueillis par Antoine Grenapin
D’après le procureur de Paris, 942 Français seraient partis en Syrie ces deux dernières années. Un phénomène de grande ampleur, qui touche aussi les femmes et les mineurs, en France comme à l’étranger. Et qui fait craindre la multiplication de Merah ou de Nemmouche en puissance. En France, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé en avril dernier l’activation d’un plan anti-djihad. Marc Trévidic, juge emblématique du pôle antiterrorisme du TGI de Paris et spécialiste des filières islamistes, revient pour Le Point.fr sur ces mesures. Il évoque aussi les profils, toujours plus diversifiés, les missions et les témoignages des apprentis djihadistes français partis rejoindre la Syrie. Entretien.
Le Point.fr : Quelles sont les différences entre vos premiers dossiers concernant les affaires liées à l’islamisme radical et ceux auxquels vous êtes confronté aujourd’hui ?
Marc Trévidic : La première évolution majeure, c’est que nous sommes passés d’un terrorisme professionnel à un terrorisme d’amateur. Le GIA (Groupe islamique armé en Algérie) – qui avait une mission très territoriale et non une logique internationale – expliquait ses actes par la raison. Il n’y avait pas d’attentats kamikazes à cette époque. Les gens ne se faisaient pas sauter, cela ne faisait pas partie de leur mode opératoire. C’étaient des actes plus longs qui s’inscrivaient dans la tradition du terrorisme d’État. Par ailleurs, les personnes concernées lisaient et avaient des fondements religieux : elles pouvaient passer des heures à tenter de convaincre, à prêcher. Désormais, les candidats au djihad ne sont le plus souvent convaincus que par l’image : des clichés ou des vidéos d’exécutions, d’égorgements, de kalachnikovs. Ils font appel à l’émotion, aux images fortes, pas à la raison. La plupart des jeunes qui partent en Syrie sont ainsi très peu radicalisés au fond.
Il semble difficile d’établir un profil-type des Français qui rejoignent la Syrie…
Il y a deux ans, j’aurais dit qu’il s’agissait d’un jeune, entre 20 et 22 ans, en difficulté sociale, qui a côtoyé les milieux radicaux. Aujourd’hui, il y a parfois des jeunes filles de 17 ans, de 14 ans… On voit des mineurs, des femmes partir, ce qui n’a jamais été le cas auparavant. C’est, entre autres, le fruit d’une radicalisation via Internet.
Quel est le rôle des femmes sur place ?
Nous n’avons pas de preuves qu’elles combattent. Il n’y a pas de prostitution les concernant, mais, le plus souvent, elles doivent épouser des combattants. Parfois, elles doivent en épouser quatre à cinq différents : il arrive que leur époux meure et soit immédiatement remplacé par un autre.
Quelles sont les tâches assignées aux hommes par l’État islamique ou, dans une moindre mesure, le Front al-Nosra ?
Ces missions peuvent être très différentes. Récemment, un Français a par exemple été chargé d’être fossoyeur : pendant trois mois, il a enterré des cadavres avant de rentrer ! Mais la plupart, bien sûr, combattent. Il arrive même qu’ils luttent contre des groupes opposés, où ils retrouvent d’autres Français ! Certains ont d’ailleurs quitté le Front al-Nosra pour l’EI et vice-et-versa.
Que vous racontent ceux qui sont rentrés en France ?
La majorité d’entre eux témoignent de scènes abominables, notamment à Racca (dans le centre de la Syrie, NDLR). On a pu voir des photos qu’ils ont prises ou des photos publiées directement sur Internet. Il y a eu de nombreuses exécutions : sur certains clichés, on voit des têtes alignées sur la place publique. Certains ont été témoins, ou directement acteurs, d’atrocités. Ce n’est pas très encourageant d’entendre de tels témoignages.
Actuellement, existe-t-il beaucoup de potentiels Mohamed Merah qui ont regagné la France ?
Il y en a sûrement, c’est évident. Mais le profil de ceux qui sont partis en Syrie est tellement varié qu’il faut rester prudent. Il y a ceux qui versent dans le djihadisme comme dans le trafic de drogue, ceux qui deviennent incontrôlables en revenant – comme Mehdi Nemmouche -, et ceux qui sont partis combattre Bachar el-Assad et reviennent en disant « j’ai fait le djihad » et n’ont pas d’intention particulière à leur retour.
Selon le procureur de Paris, il y a 942 cas recensés de Français partis ou revenus de Syrie, 329 font l’objet d’une enquête et 35 d’une information judiciaire. Comment faites-vous pour les surveiller ?
Nous faisons vite, donc je pense qu’il nous arrive de faire mal. Dans les conflits précédents (Bosnie, Afghanistan, Irak), il n’y avait jamais plus de quarante Français concernés. Nous avions alors la capacité de les suivre. Mais ce n’est jamais évident de distinguer ceux qui, à leur retour, ont véritablement de mauvaises intentions. Avant, lorsqu’ils revenaient du Waziristan (région du nord-ouest du Pakistan hébergeant des talibans afghans et des islamistes d’al-Qaida, qui servirait de base d’entraînement aux apprentis djihadistes, NDLR), cela pouvait nécessiter un an d’enquête avant que nous ne décidions de les suivre. Désormais, on les arrête dès qu’ils rentrent sur le territoire. Ils écopent souvent de courtes peines, mais ensuite, nous ne savons pas ce qu’ils vont faire. La plupart de ceux que nous interrogeons à leur retour affirment être dégoûtés par ce qu’ils ont vu et ne plus vouloir y retourner. Faut-il pour autant les croire ? Le fait est que nous ne pouvons pas avoir un oeil sur tout le monde. D’autant que tous ne s’affichent pas sur Facebook et parfois, il n’est donc pas simple d’engager une procédure par manque de preuves.
Un plan antiterroriste a été décidé par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Répond-il à vos attentes ?
Pour l’instant, il n’est pas voté. Il sera discuté en commission des Lois au Sénat à la mi-septembre, avant que la discussion n’ait lieu à l’Assemblée nationale en octobre prochain. L’idée de la loi est de criminaliser le projet individuel, alors qu’auparavant, l’association de malfaiteurs à caractère terroriste obligeait à être au moins deux. Désormais, nous sommes dans l’idée d’arrêter quelqu’un qui est dans le projet d’un acte terroriste. Aussi, ce qu’il faudrait, c’est davantage de solidarité entre les nations pour lutter plus efficacement.
Le gouvernement a annoncé la création d’un numéro vert à destination des familles dont un membre serait tenté de partir en Syrie. Quelle est l’efficacité de ce service ?
Cela commence à porter ses fruits. En juin, 55 familles se sont signalées par ce biais. Nous constatons que la plupart d’entre elles ne sont pas radicales et ne sont pas musulmanes pratiquantes. Le numéro vert permet de faire remonter des informations et, surtout, de rassurer les familles.
>> Lire aussi Marc Trévidic : « Pas de repentir possible pour les terroristes »
Mercredi 10 septembre 2014 22:01
Marc Trévidic : « Les profils des jihadistes ont changé »
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Les députés vont revoir le projet de loi visant à renforcer la lutte contre le terrorisme, dont les actions individuelles. « Indispensable », selon le juge Marc Trévidic.
« Une personne qui, sur le territoire français, fait des recherches sur le net, loue un local, achète du matériel, repère des cibles de façon complètement isolée, n’est pour l’instant pas punissable », rappelle Marc Trévidic, juge d’instruction et vice-président du pôle antiterrorisme de Paris. « Avec l’explosion de la radicalisation islamiste via internet, les profils ont changé. On se trouve confronté à des jeunes faiblement endoctrinés, au sens où leur culture de l’islam est faible, mais surexcités par les images ultraviolentes… »
Pour lire gratuitement notre entretien avec le juge Marc Trévidic dans l’édition du soir de ce mercredi, cliquez sur le lien ci-dessous :
>>> Marc Trévidic : « Les profils des jihadistes ont changé »
Djihad : le juge Trévidic alerte sur les coupeurs de tête français
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- Par Jean-Marc Leclerc
- Mis à jour le 11/09/2014 à 11:12
- Publié le 11/09/2014 à 10:24
Selon le magistrat antiterroriste, de jeunes Français participent aux exécutions publiques en Syrie et s’exhibent même sur Internet, avec des têtes tranchées dans les mains. Certains ont des profils de tueurs en série, dit-il.
Après la diffusion, il y a neuf jours, par les islamistes, des images de la décapitation du journaliste israélo-américain, Steven Sotloff, le juge Trévidic, fait cette confidence inquiétante au Figaro: «Il y a dans nos dossiers antiterroristes des cas de jeunes Français qui ont été formés à couper des têtes par les djihadistes en Syrie. Certains ont directement mis en pratique ce qui leur a été enseigné en décapitant des personnes, lors d’exécutions publiques, notamment à Racca», ville syrienne tombée aux mains des djihadistes et proclamée capitale du califat créé le 29 juin dernier.
Ce magistrat français très chevronné, qui a repris le cabinet d’instruction du juge Bruguière depuis de nombreuses années, précise même que «circulent actuellement sur Internet des images de jeunes Français qui tiennent une tête coupée dans leur main». À le croire, «ils s’habituent à l’horreur», comme les enfants soldats d’Angola. «C’est dire leur degré de dangerosité» lorsqu’ils reviennent en France, selon lui.
Profils de plus en plus psychiatriques
Combien au juste de jeunes exaltés Français se livrent ou se sont livrés à de telles exactions? Une poignée sans doute parmi le millier de personnes, comptant les femmes et des mineurs, qui se sont rendus dans les zones de conflit. À ce jour, 370 djihadistes présumés font l’objet de poursuites judiciaires en France. Leurs parcours très variés nécessitent une action «sur mesure, au cas par cas», explique-t-on chez les experts du ministère de l’Intérieur.
Mais le juge Trévidic insiste sur le «durcissement des profils». Selon lui, «des profils de plus en plus psychiatriques émergent» dans les enquêtes. À l’entendre, «le djihad en Syrie draine des individus à ce point déséquilibrés que», même sans l’islam radical extrême dans lequel ils basculent, «l’on peut se demander s’ils n’auraient pas pu finir tueurs en série». Cet expert ajoute que «parmi les profils les plus pulsionnels, l’on croise des adolescents extrêmement isolés, y compris des gamins de 15 à 16 ans».
Sécurité renforcée dans les centres commerciaux et les grands magasins
Le Monde.fr | 25.09.2014 à 18h52 • Mis à jour le 26.09.2014 à 09h49 | Par Matthieu Suc
Aucun détail n’avait filtré jusque-là sur le conseil de défense qui s’était tenu en milieu d’après-midi à l’Elysée, jeudi 25 septembre. « Les mesures de prévention contre les risques terroristes mises en œuvre sur le territoire national vont être renforcées dans les lieux publics et dans les transports », s’était contentée d’annoncer la présidence.
Jeudi soir, Matignon a détaillé dans un communiqué lesdites mesures. Il s’agit de l’application du plan « Vigipirate renforcé », et déjà adopté le 17 juillet. Avec néanmoins deux nouveautés : une intensification des patrouilles dans les gares et surtout un contrôle destiné à assurer la sécurité dans les grands magasins et les centres commerciaux.
Lire aussi : François Hollande rappelle la fermeté de la France face au terrorisme
La modalité de ces contrôles reste à déterminer après une concertation dans les jours qui viennent avec les entreprises concernées. Parmi les mesures envisagées, un contrôle systématique des sacs à l’entrée des grands magasins. Par ailleurs, note le communiqué, « le ministre de l’intérieur adressera aux préfets une instruction précisant ces différentes mesures dont le détail opérationnel ne saurait être rendu public ».
CONTRÔLES D’IDENTITÉ
Le secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN), qui gère « Vigipirate », a pécisé dans un communiqué que ces « patrouilles fréquentes », menées de « manière ponctuelle et aléatoire », pourront notamment « comporter des contrôles d’identité ».
Les mesures de sécurité en vigueur comportent « la restriction ou l’interdiction de stationnement ou de circulation aux abords de certains bâtiments, lieux ou installations sensibles ainsi que des opérations de surveillance des principaux sites touristiques, des lieux de culte, des aérogares et des gares ».
DÉMENTIS FRANÇAIS ET AMÉRICAIN
Enfin, Matignon a pris soin d’éteindre l’incendie après les propos d’Haïdar Al-Abadi, le premier ministre irakien, qui, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, jeudi, a affirmé à des journalistes américains que l’Etat islamique préparait des attentats dans les métros de Paris et des Etats-Unis :
« Aujourd’hui, j’ai reçu des renseignements de Bagdad, où ont été arrêtés certains éléments, laissant penser que des réseaux présents en Irak préparent des attentats. Au vu des détails que j’ai reçus, cela semble crédible. »
Dans son communiqué, Matignon a pris soin de préciser que « les services de renseignement français ne disposent à cette heure d’aucun élément permettant de confirmer les propos tenus aujourd’hui par le premier ministre irakien concernant des menaces contre le métro. Les mesures décidées lors du conseil restreint de défense l’ont été indépendamment et préalablement à ces déclarations ».
Dans la soirée, diverses sources policières affectées à la surveillance des transports en commun nous ont assuré ne pas avoir reçu de consignes particulières de vigilance. Et, Place Beauvau, on confirmait que le niveau « alerte attentat », dernière étape du plan « Vigipirate », déclenché lorsque la menace est imminente et précise, n’était pas envisagé.
De leur côté, les Etats-Unis ont également affirmé jeudi ne pas disposer d’éléments corroborant des informations données par le premier ministre irakien. Les Etats-Unis ont eu connaissance par le passé de menaces de divers groupes radicaux, mais il n’y a rien eu de tel récemment concernant un éventuel projet imminent de la part de l’Etat islamique, selon un responsable américain, cité anonymement par l’agence de presse Reuters.
Toutefois, le chef de la police de New York, William Bratton, a indiqué que ses services avaient renforcé la présence policière dans les métros et les rues de la ville après la mise en garde du premier ministre irakien.
Les Etats-Unis et la France, avec plusieurs pays du Proche-Orient, mènent depuis plusieurs jours des frappes contres des cibles de l’EI en Irak et, plus récemment, en Syrie.
- Matthieu Suc
Journaliste au Monde