A Lille, Claude Hermant reste en prison 2 juin
Suite des informations que j’avais rapportées sur ce blog les 3 et 7 mai derniers :
http://www.lavoixdunord.fr/region/trafic-d-armes-un-douanier-lillois-lie-a-claude-ia0b0n2814923
Trafic d’armes: Un douanier lillois, lié à Claude Hermant, mis en examen
Publié le 08/05/2015
La Voix du Nord
Un douanier de l’antenne lilloise de la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières) a été inculpé pour « acquisition et détention » d’armes de guerre, qu’il aurait pu se procurer auprès de Claude Hermant.
Rebondissement dans le trafic d’armes présumé de Claude Hermant, une figure de la mouvance identitaire régionale, en prison depuis fin janvier. Le 30 avril, un douanier de l’antenne lilloise de la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières) a été mis en examen par le juge Stanislas Sandraps. Il a été inculpé pour « acquisition et détention » d’une ou plusieurs armes de catégorie A, c’est-à-dire des armes de guerre. Le fonctionnaire a été remis en liberté, sous contrôle judiciaire. Deux autres individus ont été mis en examen le 30 avril. Parmi eux figure un homme qui appartiendrait au banditisme de la métropole lilloise. Il a été écroué. L’autre personne a été relâchée, sous contrôle judiciaire.
Cet épisode met en lumière l’une des ramifications sensibles de l’affaire : les liens entre Claude Hermant et des services de sécurité . Il était un informateur de la gendarmerie. Et il aurait aussi été, d’après deux sources différentes, un indic de la DNRED. Une période révolue depuis un certain temps. Mais des relations se sont semble-t-il maintenues entre Claude Hermant et le douanier. Ce dernier se serait procuré une ou plusieurs armes auprès de lui, pour une raison ignorée.
D’après des proches du dossier, le fond de l’histoire reste toutefois le même : Claude Hermant aurait trafiqué des armes « pour son propre compte », pas sous couvert de la gendarmerie ou des douanes. Il aurait importé « plus d’une centaine » d’armes neutralisées depuis la Slovaquie, notamment par des colis. Puis il les aurait remilitarisées. Elles auraient été vendues dans les milieux délinquants, « pas uniquement lillois ».
Quelques-unes auraient atterri dans les mains d’Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attentat de l’Hyper Cacher de Paris, en janvier. Il n’y aurait néanmoins pas de lien direct entre les deux hommes. « Claude Hermant ne connaissait pas forcément la destination finale des armes. » Le terroriste en aurait récupéré, à Charleroi (B), par un jeu de rebond entre différents intermédiaires. B. DU. ET FK. L.
http://www.lavoixdunord.fr/region/trafic-d-armes-l-ombre-du-deuxieme-homme-plane-sur-ia19b0n2843110
Trafic d’armes : l’ombre du deuxième homme plane sur l’affaire Claude Hermant
Publié le 24/05/2015
PAR PATRICK SEGHI
Quel rôle a joué S.L., figure du banditisme régional, aujourd’hui écroué, dans le cadre de l’affaire Claude Hermant ? Quelles pistes suivre vers Coulibaly ? Celle de Charleroi ou celle de Paris.. ?
« Claude Hermant veut mouiller la gendarmerie », avaient prévenu les enquêteurs. Le problème, c’est que l’homme soupçonné de trafic d’armes (nos éditions précédentes) a des biscuits pour y arriver. La mise en détention le 8 mai dernier de S.L.,figure du banditisme de la métropole lilloise, pourrait jeter un regard nouveau sur cette affaire. Claude Hermant avait-il prévenu les services de gendarmerie de la dangerosité de S.L., arrêté depuis par la police judiciaire ?
Des mails sulfureux
De nombreux mails échangés entre le prévenu et L.B., un gendarme, permettent de le penser. Le 7 mai 2014 à 17 h 35, Claude Hermant écrit (1) : « En bossant, je suis tombé sur un fusible à nous… Ce fusible même (sic) à des très gros poissons (Serbie et autres)… Tiens-moi au courant de ce que vous faites avec ces infos… Voilà les deux immatriculations… » Suivent… trois numéros de plaque. Claude Hermant demande que des vérifications soient faites. « Y-a-t-il des casiers jud au bout de ses immats », interroge-t-il le 9 mai 2014 ? La réponse de la gendarmerie tombera le 26 mai : « … Je regarde tes infos et reviens vers toi au plus vite, sinon tout va bien, nous sommes pris sur un autre dossier très important d’où la longueur des investigations ».
Double jeu ?
La maréchaussée a-t-elle laissé filer un gros poisson au risque d’alimenter une filière d’armes parisienne ? Claude Hermant jouait-il double jeu ? La police judiciaire lilloise n’a pas eu d’états d’âme. Elle a interpellé S.L. (écroué depuis) dont il conviendra de déterminer le rôle exact dans le cadre de ce dossier. Une exigence. Au fur et à mesure des échanges de mails, les informations transmises se font de plus en plus inquiétantes. Le 27 octobre 2014, Claude Hermant envoie ce message : « J’espère que vous avez eu le temps de travailler un peu sur les infos données… C’est une petite usine de remise en état qui est en place. Un dénommé R… propose du matériel sur Lille sud et bd… Cela va du scorpion à la kalach et autres 9 mn para… » Quasiment un supermarché…
(1)Note. Nous avons sollicité L.B., le gendarme qui correspondait avec Claude Hermant, ce dernier n’a pas souhaité donner suite. Nous n’avons pas modifié l’orthographe des mails échangés entre Claude Hermant et L.B.
Claude Hermant sera-t-il remis en liberté? Réponse lundi
Publié le 29/05/2015
PATRICK SEGHI
La Cour d’appel de Douai statue ce vendredi sur la remise en liberté très improbable de Claude Hermant, incarcéré dans le cadre d’un trafic d’armes présumé. Délibéré et réponse lundi…
Claude Hermant, poursuivi dans le cadre d’un trafic d’armes présumé, sera-t-il remis en liberté ? La Cour d’appel de Douai rendra sa décision ce lundi, vient-on d’apprendre. Elle a mis en délibéré la demande formulée par Me Maxime Moulin, son avocat. Au vu du caractère explosif du dossier, les chances apparaissent toujours aussi minimes pour le prévenu. Pour rappel, selon nos informations, Claude Hermant aurait quitté le quartier d’isolement du centre pénitentiaire de Lille-Annœullin pour une surveillance qualifiée de « normale ». Faut-il y voir un premier indice de l’essoufflement du dossier ?
La riposte juridique du couple Hermant
Toujours selon nos informations, la compagne de Claude Hermant a relancé ce samedi un dépôt de plainte datant de juin 2014 par le biais d’un procès-verbal de renseignement. Le fait n’est pas anecdotique. Il renvoie à un contentieux avec un ancien employé, A.D., à qui le couple Hermant reproche le vol de matériel de paintball. A.D. a, dans la foulée, été renvoyé de l’emploi qu’il occupait dans une friterie lilloise, cumulant, semble-t-il, les très gros problèmes.
Un ancien de Troisième Voie
Ce dernier, au profil si particulier, d’après les documents recueillis, (ex-membre du groupe néonazi Troisième Voie, soupçonné de divers trafics…) a dénoncé son ex-patron dans le cadre d’un trafic d’armes présumé. Le jeune homme, entendu par la police, et laissé libre, vit depuis sa vie en Andalousie. La relance d’une plainte suffira-t-elle à le replacer au centre du jeu ?
Trafic d’armes présumé : Claude Hermant reste en prison
Publié le 01/06/2015
P.S.
Sans surprise, la cour d’appel de Douai a rejeté ce lundi la demande de remise en liberté de Claude Hermant, 51 ans, ex-figure de l’extrême droite régionale, poursuivi dans le cadre d’un trafic d’armes présumé.
Au vu du dossier, les chances apparaissaient minimes pour le prévenu. Mis en examen et écroué fin janvier, les enquêteurs soupçonnent Claude Hermant d’avoir armé au moins « indirectement », Amedy Coulibaly, l’auteur de la prise d’otage de l’Hyper Cacher du 9 janvier, une version totalement réfutée par les proches de l’ex-barbouze et son avocat. Pour ajouter à la complexité de l’affaire, Claude Hermant était également un informateur de la gendarmerie.
Pour mémoire :
http://www.nordeclair.fr/accueil/trafic-d-armes-claude-hermant-figure-de-la-mouvance-ia0b0n607810
Trafic d’armes : Claude Hermant, figure de la mouvance identitaire régionale, en garde à vue
Publié le 21/01/2015
PAR BENJAMIN DUTHOIT, VINCENT DEPECKER ET LAKHDAR BELAID
Claude Hermant, une figure de la mouvance identitaire régionale, est en garde à vue depuis mardi dans les locaux de la PJ de Lille. Il est entendu dans le cadre d’une enquête sur un trafic d’armes. Sa femme a également été placée en garde à vue. Des perquisitions ont été menées à différents endroits, notamment dans une maison de Comines-Belgique, mardi soir : durant trois heures, 82 habitants de cette ville située non loin de la métropole lilloise ont été évacués en toute urgence. Les services de police et les démineurs ont inspecté une maison suspectée d’être une cache d’armes. Si aucune arme ni explosif n’ont été découvert, le parquet de Tournai fait état de la saisie de « documents intéressants »
Selon nos informations, la police judiciaire de Lille mène depuis mardi des opérations d’envergure afin de démanteler un trafic d’armes. C’est dans ce cadre que Claude Hermant, figure de la mouvance identitaire régionale, est en garde à vue. L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, est par ailleurs employé à la Frite Rit (dont on vous parlait ici, dans une enquête), rue Solférino à Lille. Sa femme a également été placée en garde à vue.
Des perquisitions ont été menées à différents endroits dans le Nord et en Belgique, des armes auraient été découvertes. Ces investigations, sur commission rogatoire internationale d’un juge lillois, ont ainsi débouché sur une spectaculaire descente de la police belge, mardi soir, à Comines-Belgique : une trentaine d’habitations situées le long de la Grand-Rue ont été évacuées en urgence. D’après les premiers éléments recueillis sur les lieux, il s’agissait d’une « importante opération » visant à « sécuriser » un domicile pouvant servir de cache d’arme. Sur place, de nombreux policiers belges ainsi que leur service de déminage étaient présents.
Comme nous vous l’annoncions dans notre édition papier publiée ce matin, la perquisition n’a rien donné. Ou presque. Aucune arme ni explosif n’ont été découverts dans cette maison. « Il fut par contre procédé à la saisie de nombreux objets pouvant intéresser l’affaire. Les habitants purent regagner leur domicile de manière progressive à partir de 20h45. Les devoirs judiciaires ont été clôturés vers 23h00 », précise dans un communiqué Frédéric Bariseau, substitut du procureur du roi de Tournai.
Commission rogatoire délivrée le 18 décembre 2014
Le parquet tournaisien confirme par ailleurs l’information selon laquelle cette « descente » est liée à une enquête menée par la police judiciaire française concernant un dossier de vente illégale d’armes. Les autorités belges agissaient sous couvert d’une commission rogatoire internationale délivrée le 18 décembre dernier par un juge d’instruction lillois. Bien avant, donc, les attentats commis à Paris, début janvier.
De par la nature du dossier, des mesures particulières furent mises en oeuvre en raison du risque de présence de produits explosifs. Le service de déminage est dès lors intervenu de 18h30 à 20h00 en collaboration avec un maître-chien spécialisé en recherche d’explosifs. L’habitation sécurisée, la perquisition a pu être menée par quatre membres de la police judiciaire fédérale de Mons-Tournai. Deux membres des services de police français les accompagnaient.
« Il s’agissait d’une intervention sur une possible planque, expliquait une source judiciaire française. Les démineurs n’ont rien découvert dans la maison ». Rien à voir, donc, avec la sphère djihadiste. Mais plutôt avec le milieu des trafiquants d’armes.
Côté belge, on évoquait, mardi soir, un lien entre cette opération et l’interpellation d’une personne, mardi après-midi, dans la métropole lilloise. Celle-ci aurait été en possession d’un pistolet-mitrailleur. C’est cette arrestation qui aurait conduit les policiers et les démineurs jusqu’à cette petite maison de Comines. Cette information ne nous a pas été confirmée.
Au total, ce sont donc 82 personnes qui ont été priées de quitter leur habitation en toute hâte. La police a demandé aux riverains concernés de se rendre à l’Office du Tourisme de Comines-Warneton dans les plus brefs délais. Un centre d’accueil y avait été installé en urgence par les autorités.
À 21 heures, trois heures après le début des opérations, les forces de l’ordre ont quitté les lieux et les premiers habitants ont pu commencer à regagner leur domicile dans une atmosphère pesante.
Trafic d’armes : Claude Hermant, sa compagne et un autre homme placés en détention provisoire
Publié le 24/01/2015 – Mis à jour le 24/01/2015 à 16:18
Nord Eclair
Claude Hermant, sa compagne et un troisième suspect ont été placés en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention, vendredi en début de soirée. Le tout dans la plus grande confidentialité.
Commencée mardi, la garde à vue de Claude Hermant, une figure de l’ultra-droite régionale, s’est achevée vendredi midi. Les enquêteurs de la PJ de Lille l’ont amené au palais de justice, ainsi que sa compagne et un autre homme. Les trois personnes ont été présentées au juge d’instruction en charge de ce dossier de trafic d’armes en bande organisée.
Placement en détention
On ignore si elles ont été mises en examen ou si le débat sur le fond avec le juge a été différé. Quoi qu’il en soit, elles sont ensuite redescendues voir le juge des libertés et de la détention (JLD), qui leur a signifié leur placement en détention. Ces informations parcellaires s’expliquent par l’étrange chape de plomb qui pèse sur cette affaire. La raison ? « Il y a du lourd », soufflait un avocat. Me Maxime Moulin, conseil de Claude Hermant annonçait d’emblée un « black-out total ». Imité par Me Guillaume Ghestem, avocat de la compagne, et Me Éric Kuchcinski, défenseur du troisième suspect. Comme dans un film muet, on a vu derrière les couloirs vitrés les mis en cause entrer et sortir, l’un après l’autre, de l’audience à huis clos du JLD.
Un homme condamné pour le saccage du Vice-Versa
D’abord Claude Hermant, la cinquantaine, repérable à sa carrure et son blouson de cuir. Puis sa compagne, une jeune femme plantureuse aux cheveux longs châtain clair, tirés en queue-de-cheval. Puis le troisième suspect, un homme brun, taille moyenne, paraissant la trentaine. Selon une source judiciaire, il avait été condamné, avec deux autres, pour le saccage du Vice-Versa, un bar homo du Vieux-Lille, le 17 avril 2013.
Cette étape judiciaire ne marque pas la fin des investigations. Celles-ci sont dirigées par le juge d’instruction depuis le 7 mai. Et elles semblent prendre une ampleur supplémentaire. Un proche du dossier l’a attesté : les enquêteurs s’intéressent au possible lien, direct ou non, entre cette filière présumée et les armes utilisées par Amédy Coulibaly lors des attentats commis en région parisienne. « On verra si cette hypothèse se confirme », souligne cette source.
Le cas échéant, la juridiction lilloise sera-t-elle dessaisie au profit de magistrats spécialisés à Paris ? De nouveaux développements ne sont pas à exclure dans les prochaines semaines.
Trafic d’armes : détention confirmée pour Claude Hermant et sa compagne
Publié le 29/01/2015 – Mis à jour le 29/01/2015 à 06:10
Nord Eclair
En jargon judiciaire, on appelle cela un débat différé. Si Claude Hermant, sa compagne Aurore et un troisième homme ont bien été mis en examen vendredi pour trafic d’armes en bande organisée par la juge d’instruction Marie Terrier, les avocats du couple avaient, comme les y autorise le code de procédure pénale, sollicité un débat différé avec le Juge de la liberté et de la détention (JLD), qui statue sur le devenir carcéral des personnes poursuivies par la justice.
Les deux défenseurs, Mes Maxime Moulin et Guillaume Guestem, avaient, disaient-ils, des pièces à fournir au juge dans le cadre de cette enquête aux contours sulfureux. C’est la raison pour laquelle Claude Hermant était mercredi, juste avant d’y croiser sa compagne, face au juge Mory pour un débat au fond sur son placement en détention.
Dans le même temps, on a pu apprendre que le troisième homme, qui est selon nos informations l’un des auteurs de l’agression homophobe du bar gay lillois le Vice-Versa en avril 2013, a été placé directement vendredi en détention provisoire par le JLD. Son avocat, Me Éric Kuchcinski, a interjeté appel de cette décision devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Douai. L’appel sera examiné dans les prochains jours.
Sur le fond, rien n’a transpiré. Un fait pourtant : le dossier n’a pas été dépaysé à Paris devant les juges antiterroristes. Cela signifie-t-il que les connexions éventuelles de ce dossier avec les assassinats de Charlie et de l’épicerie casher n’ont pas abouti ? « Rien n’est sûr », prévient une source. Sauf une chose : Claude Hermant et sa compagne demeurent en détention.
Trafiquant ou infiltré, Claude Hermant, le trouble de l’identitaire
Haydée SABÉRAN Lille, de notre correspondante 12 mai 2015 à 20:16
PROFIL
L’ex-barbouze, figure de l’ultradroite, est soupçonné d’avoir fourni des armes à Amedy Coulibaly.
Il a un look de videur, une carrure de catcheur, et cet homme-là est encombrant. En prison depuis le 23 janvier, Claude Hermant, 52 ans, figure de l’ultradroite identitaire lilloise, est soupçonné d’être impliqué dans le réseau qui a fourni des armes à Amedy Coulibaly, auteur de l’attaque contre l’Hyper Cacher en janvier. Mais aussi d’être un informateur de la gendarmerie et des douanes. La Voix du Nord a révélé l’affaire fin janvier, et ce dernier rebondissement en mai. Ce pilier de l’extrême droite locale, bête noire des antifas de Lille, aurait-il réussi l’exploit d’être à la fois un trafiquant d’armes qui alimentent les filières jihadistes et… un indic des gendarmes ?
Incarcéré à l’isolement depuis le 23 janvier, au centre d’une information judiciaire ouverte à Lille pour «trafic d’armes en bande organisée», il est un polar à lui tout seul : ex-membre du service d’ordre du FN, ancien para et mercenaire. Quand il a été arrêté, il était vendeur de frites occasionnel à Lille le jour, et surveillant d’internat dans un centre médico-pédagogique de la région trois nuits par semaines. Il aurait trouvé le temps, comme le prouverait un mail du 21 novembre cité par la Voix du Nord, d’informer les gendarmes sur un trafic d’armes franco-belge à Charleroi : «Salut Claude, nous avons vu avec notre hiérarchie, nous sommes partants pour les deux dossiers que tu nous as présentés (armes-Charleroi…).»
Paintball. L’information judiciaire a été ouverte dès le 7 mai 2014, six mois avant ce mail, et huit avant les attentats de Paris. On lui reproche d’avoir «remilitarisé» des armes, c’est-à-dire de les avoir rendues opérationnelles sans autorisation, puis de les avoir revendues. Son avocat, Maxime Moulin, reconnaît que son client s’y connaît en armes : «C’est un combattant.»
Claude Hermant a quitté les parachutistes en 1982 au grade de sergent, a été volontaire auprès des légions croates pendant la guerre de l’ex-Yougoslavie, puis barbouze au Congo à la fin des années 90. Vrai trafiquant, ou juste infiltré abandonné par sa hiérarchie ? C’est la thèse que l’ex-mercenaire tente de vendre aux enquêteurs. «Je ne serai pas le prochain Marc Fievet», a-t-il lâché aux journalistes de la Voix du Nord entre deux portes du palais de justice. Fievet est cet ancien douanier français infiltré chez les narcotrafiquants, lâché après avoir été arrêté au Canada, incarcéré onze ans. Indic des gendarmes ? Son avocat ne veut «ni confirmer ni infirmer», mais ajoute : «Si les informations des journaux sont vraies, qu’a fait la gendarmerie ?» Sous-entendu : pourquoi n’a-t-elle pas pu empêcher Coulibaly de nuire ? Selon le Nord Eclair belge, un trafiquant de Charleroi serait toujours en cavale, faute de coordination entre les forces de l’ordre françaises et belges. La friterie où Hermant travaille, la Frite Rit, rue de Solférino à Lille, dont le fonds appartient à sa compagne, était le QG de militants de l’ultradroite lilloise. Le week-end, Hermant animait des séances de paintball à Ennetières-en-Weppes, dans la campagne lilloise. L’homme, qui «refuse le qualificatif « d’extrême droite »»,raconte son avocat, mais qui se dit «chauvin, fier de son drapeau», a été responsable de la sécurité de la controversée Maison du peuple flamand de Lambersart, près de Lille, ouverte entre 2008 et 2012, repaire d’identitaires. Il organisait des «camps Arès», du nom du dieu grec de la guerre, avec réveils la nuit, marches forcées, techniques de survie et «messes, pour ceux qui le souhaitaient», dit son avocat, «des camps scouts un peu virils». En octobre 2011, il était l’un des organisateurs d’une manif identitaire à Lille, avec Serge Ayoub, le chef de «Troisième Voie», mouvement dissous après l’assassinat du militant antifa Clément Méric.
«Fantôme». Hermant est né au cœur du pays minier, à Bruay-la-Buissière, à l’époque Bruay-en-Artois. Il grandit entre un mineur encarté au Parti communiste et une mère au foyer. Il a un diplôme de plombier. Après l’armée, il est recruté par «d’autres services de l’Etat», indique son avocat sans en dire plus. Entre 1994 et 1999, il a été membre du Département protection et sécurité (DPS) du Front national, avec lequel il est aujourd’hui brouillé. En 2001, il raconte ses missions de «fantôme» (Libération du 6 juin 2001), démenties par le FN. Il dit avoir été «formé» à «l’infiltration et à la manipulation de foule», au siège du FN en 1997, par d’anciens fonctionnaires du renseignement pour «organiser la déstabilisation de certains quartiers ou des villes qui ne sont pas acquises aux idées du Front. […] Infiltrer. Prendre contact avec des bandes. Inciter à la violence ou à la rébellion. […] Dans un quartier, si vous mettez le feu à une voiture, dans l’heure qui suit, neuf fois sur dix, vous en avez quinze autres qui brûlent. […] En faisant avancer l’insécurité, vous faites progresser l’électorat du Front».
Il a ensuite joué les instructeurs au Congo-Brazzaville pour le compte du DPS et, lâché par le service d’ordre du FN, a passé huit mois dans les prisons congolaises dans le cadre d’une affaire rocambolesque de complot contre Brazzaville, puis gracié. Du fond de sa cellule, l’homme fait passer le message qu’il n’a pas l’intention de porter un costume trop grand pour lui et que, comme il a balancé le DPS, il pourrait inquiéter d’autres personnes. Son avocat : «Il peut se mettre en quatre pour vous rendre service, mais si vous n’êtes pas réglo avec lui, il s’en souviendra.»