Je décline toute responsabilité quant aux mentions qui s'affichent dans les cinq lignes ci-dessus du pavé "Recherchez aussi" sur lequel je n'ai aucun contrôle.
Mes statistiques sont bloquées depuis le 2 février 2015.
7 février 2015
Mes statistiques sont de retour, tout fonctionne.
16 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 12 février.
22 février 2015
Mes statistiques "basiques" ont été débloquées hier soir après la publication de mon dernier article concernant NEMROD34. Belle reprise simultanée de l'activité du Chinois.
23 février 2015
Statistiques "basiques" toujours sujettes à blocages : le 21 février au soir, à peine étaient-elles débloquées, puis à nouveau hier, 22 février, à peine étaient-elles débloquées.
24 février 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Pas de nouveau pic d'activité du Chinois depuis le 21 février.
25 février 2015
Je n'ai pas mes statistiques "basiques" du jour, ça bloque encore... et Justinpetitcoucou est toujours bloqué depuis le 8 février... Faudrait penser à le débloquer, lui aussi, il y a du laisser-aller, là...
26 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blog débloquées. Merci pour Justin, il était temps !
27 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blogs de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt... Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
25 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 20 mars.
26 mars 2015
Merci de m'avoir débloqué mes statistiques "basiques". Encore une fois, je ne vois pas l'intérêt de ce petit jeu. Ce serait aussi bien de cesser de bloquer ces statistiques pour oublier de les débloquer jusqu'à ce que j'aie signalé le problème.
31 mars 2015
Merci de bien vouloir me débloquer les statistiques "basiques" de Justinpetitcoucou, restées bloquées depuis le 14 mars - cf. avis du 25 mars sur Justin.
2 avril 2015
Merci de m'avoir rendu les statistiques de Justin.
7 mai 2015
Je n'ai plus de statistiques depuis deux jours, ni "basiques" ni "avancées".
10 mai 2015
Retour des statistiques "basiques". Merci. Manquent encore les statistiques "avancées".
14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
3 octobre 2015
Depuis hier, les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro. Merci de me les rendre.
Nous venons de voir les statistiques de Petitcoucou pour le mois d’août 2015.
Voici celles de Justinpetitcoucou, pas moins instructives :
Ce graphe des statistiques « basiques » montre comme pour Petitcoucou une belle pointe le 3 août, puis d’autres plus discrètes le 8 août, puis le 11 août, du 14 au 19 août, surtout les 17 et 19 août, le 22 août et le 26 août, avant la reprise de grosses pointes du 27 au 30 août 2015.
Le statistiques « avancées » du blog montrent des visites réelles assez différentes de celles présentées dans le graphe des statistiques « basiques », avec de grands nombres de visites les 3 et 4 août 2015, surtout le 3 août, puis à nouveau le 26 août, mais pas les derniers jours du mois :
Visiteurs – 30 derniers jours
Date
Visites
Unique
Rebonds
31/08/2015
8
7
5
30/08/2015
16
16
13
29/08/2015
10
8
6
28/08/2015
15
12
10
27/08/2015
12
11
9
26/08/2015
23
20
17
25/08/2015
9
9
8
24/08/2015
13
13
12
23/08/2015
6
6
4
22/08/2015
11
11
11
21/08/2015
13
13
8
20/08/2015
7
7
5
19/08/2015
5
5
5
18/08/2015
14
13
12
17/08/2015
14
10
9
16/08/2015
9
9
8
15/08/2015
9
9
8
14/08/2015
13
13
11
13/08/2015
6
6
6
12/08/2015
10
9
5
11/08/2015
17
17
15
10/08/2015
10
9
6
09/08/2015
6
6
4
08/08/2015
13
12
9
07/08/2015
9
9
7
06/08/2015
7
6
4
05/08/2015
7
7
6
04/08/2015
25
25
21
03/08/2015
54
53
46
02/08/2015
5
4
3
Unique TOTAL Somme: 355 Moyenne: 12
Pages – aujourd’hui
Page
Unique
Visites
2015 janvier archive at Justinpetitcoucou
2
2
Justinpetitcoucou › Se connecter
1
2
Amedy Coulibaly : à l’école du crime à Fleury-Mérogis | Justinpetitcoucou
1
1
Chantage contre le roi du Maroc : la risée ou la curée ? at Justinpetitcoucou
1
1
Crash de Barcelonnette : un nouveau scandale pour les Laboratoires Servier ? | Justinpetitcoucou
1
1
Des statistiques du Petitcoucou pour le mois d’août 2015 at Justinpetitcoucou
1
1
Justinpetitcoucou
1
1
NEMROD34 s’en va-t-en guerre, le déni en bandoulière at Justinpetitcoucou
Depuis que les cyberdélinquants de la bande de Cyprien Luraghi ont commencé à me jouer les Chinois de Thaïlande le 25 juillet de l’année dernière, je publie régulièrement de mes statistiques de blog attestant de ce phénomène et quelques autres.
Voici donc celles du jour, donnant aussi un bon aperçu de celles du mois d’août 2015 :
Apparaissent nettement sur ce graphe des statistiques « basiques » trois belles pointes, les 3, 16 et 25 août, ainsi qu’une remontée des clics du Chinois à compter du 17 août 2015 après quelques jours d’accalmie.
Le détail de ces visites pour aujourd’hui montre l’intérêt de mes lecteurs pour les tout derniers articles que j’ai publiés, ce qui est tout à fait normal tant qu’ils portent comme ceux-ci sur un sujet d’actualité faisant couler beaucoup d’encre :
Les statistiques « avancées » mettent en évidence de grands nombres de visites réelles les 3 août, puis 17 et 18 août, et enfin ces derniers jours, mais dans ce dernier cas cela n’a rien d’étonnant, comme nous l’avons déjà fait observer plus haut :
Visiteurs – 30 derniers jours
Date
Visites
Unique
Rebonds
31/08/2015
47
45
34
30/08/2015
37
32
30
29/08/2015
40
32
30
28/08/2015
43
37
33
27/08/2015
37
34
28
26/08/2015
32
31
26
25/08/2015
32
32
26
24/08/2015
38
34
29
23/08/2015
30
30
22
22/08/2015
31
30
18
21/08/2015
22
22
18
20/08/2015
34
32
31
19/08/2015
28
26
22
18/08/2015
64
60
56
17/08/2015
42
38
35
16/08/2015
27
25
20
15/08/2015
27
27
20
14/08/2015
32
29
23
13/08/2015
28
28
24
12/08/2015
20
20
16
11/08/2015
31
31
25
10/08/2015
30
27
24
09/08/2015
35
32
25
08/08/2015
22
22
19
07/08/2015
28
27
24
06/08/2015
31
29
23
05/08/2015
24
18
19
04/08/2015
37
32
21
03/08/2015
58
54
46
02/08/2015
26
25
21
Unique TOTAL Somme: 941 Moyenne: 31
Pages – aujourd’hui
Page
Unique
Visites
Chantage contre le roi du Maroc : la risée ou la curée ? | Petitcoucou
8
8
Homicides, règlements de comptes : une vraie vague en 2010 | Petitcoucou
7
7
Henri Désiré Landru, Barbe Bleue de Gambais : un modèle | Petitcoucou
3
3
Petitcoucou
2
3
La famille Merah impliquée dans une exécution de l’Etat Islamique | Petitcoucou
2
2
LCR – NPA | Petitcoucou
2
2
Nouvel assassinat à Toulouse hier soir | Petitcoucou
Les journalistes n’avaient semble-t-il pas écrit une ligne du livre qu’ils préparaient sur le roi du Maroc et son entourage, mais seulement réuni informations et documents.
Selon les extraits de leurs discussions avec l’émissaire du roi publiés ce dimanche dans le Journal du Dimanche, ils ont dû lui en montrer avant de signer une transaction jeudi, 27 août.
Donnant sa version des faits dans une interview publiée dans la soirée par Le Monde, Eric Laurent dit avoir maintenant envie d’écrire ce livre et de le sortir.
Reste qu’il reconnaît s’être réellement engagé à ne jamais partager ses informations avec qui que ce soit en l’échange d’un million d’euros et sa consoeur de même, ce qui est une vraie trahison de leurs sources et tout à fait crapuleux à l’égard de celles-ci.
Des enregistrements semblent confirmer le chantage de deux journalistes envers le roi du Maroc
Le Monde.fr avec AFP | 30.08.2015 à 08h28
Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le royaume du Maroc. Et des enregistrements clandestins de conversations entre le journaliste Eric Laurent – mis en examen samedi avec sa collègue Catherine Graciet –, et un avocat du royaume chérifien, publiés dimanche 30 août par le Journal du dimanche, semblent aller dans ce sens. Le journaliste français y réclamerait trois millions d’euros en échange de la non-publication d’un ouvrage à charge contre le roi du Maroc.
« Je veux trois. – Trois quoi, Trois mille ?, interroge l’avocat. – Non, trois millions. – Trois millions de dirhams ? – Non, trois millions d’euros », aurait déclaré Eric Laurent lors de la première rencontre avec l’avocat, qui a enregistré l’échange avec son téléphone, dans un palace parisien le 11 août.
Après la première rencontre, le Maroc porte plainte, et la deuxième se fait sous la surveillance de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), mais c’est toujours l’avocat marocain qui effectue les enregistrements à l’insu des journalistes.
Une lettre engageant à « renoncer à la publication » signée
Il y résume la situation : « vous et madame Graciet, [êtes] disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », rapporte le JDD. A la demande de l’avocat, le journaliste assure que sa co-auteure Catherine Graciet sait pour « les trois millions ».
L’hebdomadaire évoque la troisième rencontre et la méfiance de la journaliste, présente pour la première fois, qui fait changer le lieu de rendez-vous et demande à l’avocat de ranger son téléphone, alors posé sur la table.
Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le roi du Maroc, en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros », et réclament une avance. L’avocat leur aurait remis une enveloppe de 40 000 euros chacun et la journaliste rédige alors un protocole manuscrit. A leur sortie du palace où a lieu la réunion les deux journalistes sont interpellés. Il ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi pour chantage et extorsion de fonds et laissés libres sous contrôle judiciaire.
Les journalistes « piégés » selon leur avocat
Selon une source proche du dossier, Eric Laurent a reconnu durant sa garde à vue, entamée jeudi soir, avoir formulé une offre de 3, puis 2 millions d’euros au Maroc pour le renoncement de la publication de leur livre.
L’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a confirmé vendredi soir l’existence d’un « deal financier », dans un « contexte très troublant ». « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet, et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place », a-t-il déclaré à l’AFP. Pour lui, « c’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages ». « Il y a dans cette affaire une logique de stratagème qui s’est mise en place », a-t-il jugé et « l’instruction devra déterminer le rôle de chacun ».
L’avocat d’Eric Laurent, William Bourdon, qui a également reconnu auprès de l’AFP l’existence d’un « accord financier », a réfuté tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant un « traquenard » et une « manipulation » des autorités marocaines.
Chantage contre le roi du Maroc : le JDD révèle des enregistrements
ENQUETE – Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes mis en examen samedi de « chantage et d’extorsion de fonds ». Le roi du Maroc est partie civile. Extraits.
A paraitre dans leJDD Le roi du Maroc aurait été victime de chantage par deux journalistes français. (Reuters)
Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en flagrant délit pour chantage sur le roi du Maroc. Dans leurs poches, une enveloppe, de 40.000 euros… « en petites coupures de 100 euros », à leur demande. Dans leur poche encore, une lettre manuscrite à l’encre pas encore sèche scellant un « accord » pour « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc », en « contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ». Le JDD a eu accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet (elle n’était là qu’au dernier rendez-vous) ont scellé ce « pacte » qui leur vaut aujourd’hui d’être mis en examen pour « chantage et extorsion de fonds » et placés sous contrôle judiciaire. Récit d’une folle entreprise.
« Je veux 3″
Éric Laurent et Catherine Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretien, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes co-signent au Seuil Le roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.
Le 23 juillet dernier, Eric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur de cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Eric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Montceau. L’avocat a, dans sa poche, un Iphone en mode enregistrement. Eric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consoeur, « qui est mordante »… La bande est entre les mains de la police qui a dû en booster le son… « Vous voulez quoi? » demande l’avocat.
- Je veux 3.
- Trois quoi, Trois mille? interroge l’avocat.
- Non, 3 millions.
- Trois millions de dirhams?
- Non, 3 millions d’euros ».
Chantage contre le roi du Maroc : un « biscuit » à deux millions pour les journalistes
Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes mis en examen hier pour « chantage et extorsion de fonds ». Le roi du Maroc est partie civile. Les avocats d’Éric Laurent et de Catherine Graciet crient au « traquenard ».
Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en flagrant délit. Dans leurs poches, une enveloppe de 40 000 euros… « en petites coupures de 100 euros », à leur demande. Dans leur poche encore, une lettre manuscrite à l’encre pas encore sèche scellant un « accord » pour « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc », en « contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ». Le JDD a eu accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet (elle n’était là qu’au dernier rendez-vous) ont scellé ce « pacte » qui leur vaut aujourd’hui d’être mis en examen pour « chantage et extorsion de fonds » et placés sous contrôle judiciaire. Récit d’une folle entreprise.
Deux journalistes qui connaissent bien le Maroc
Éric Laurent et Catherine Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d’entretiens, hagiographique, avec l’ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d’un hebdo marocain d’opposition, Le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes cosignent au Seuil Le Roi prédateur, un livre d’enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une « suite » est prévue pour le début de l’année 2016… « On n’est au courant de rien d’autre », confie au JDD l’avocat de la maison d’édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu’à cette semaine.
Le 23 juillet, Éric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur du cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d’aller aux nouvelles. L’avocat contacte Éric Laurent et convient d’un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Monceau. L’avocat a dans sa poche un iPhone en mode enregistrement. Éric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consœur, « qui est mordante »… La bande est entre les mains de la police, qui a dû en booster le son…
« Vous voulez quoi? » demande l’avocat.
– Je veux trois.
– Trois quoi, Trois mille?, interroge l’avocat.
– Non, trois millions.
– Trois millions de dirhams?
– Non, trois millions d’euros. »
L’enregistrement décrypté, l’avocat marocain rentre à Rabat. « Cela paraissait énorme comme demande, et au départ, nous avons même envisagé un piège tendu… Il a donc été décidé au plus haut niveau de déposer plainte à Paris », confie un avocat français du dossier. « Cela semblait d’entrée hallucinant, avec tous les ingrédients du chantage et de l’extorsion de fonds », tonne Me Éric Dupond-Moretti, un des défenseurs du Maroc.
Des policiers en planque pour le deuxième rendez-vous
Le 20 août, la plainte est sur le bureau du procureur de Paris, François Molins, qui découvre « une affaire d’État », avec un dossier de « chantage, extorsion de fonds, et association de malfaiteurs ». Le procureur saisit sur-le-champ la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Il y a urgence. Le lendemain, l’avocat marocain a un deuxième rendez-vous avec Éric Laurent au bar du Royal Monceau.
Cette fois-ci, les policiers sont en planque autour de la table, et disposent même d’images prises par les caméras de surveillance de l’hôtel. « Le parquet a préféré, puisqu’il s’agissait d’écouter un journaliste, que ce soit l’avocat qui enregistre, et pas la police », indique une source judiciaire. L’avocat, cette fois-ci, place son iPhone sur la table. Du coup, la conversation est « nette »… Après les préliminaires sur la météo, les liaisons aériennes avec le Maroc, et la Normandie où Éric Laurent a une maison, l’avocat récapitule leur précédente conversation, telle qu’il en a rendu compte, dit-il, à Rabat : « Vous avez des informations très importantes, très sensibles, et qui peuvent avoir un impact important sur le Maroc et sont de nature à déstabiliser le régime de Sa Majesté […] et [dit] que vous étiez, vous et madame Graciet, disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », résume l’avocat. Réponse d’Éric Laurent sur la bande : « Définitivement, exactement. » Le marché est clair. « Personne ne veut, ne souhaite qu’un deuxième livre paraisse », embraye l’avocat. Il réclame ensuite des « garanties » de « Mme Graciet ». « Vous pouvez les avoir », lui répond son interlocuteur. L’avocat sollicite alors « un biscuit », c’est-à-dire des éléments un peu concrets sur la nature des « infos » gênantes que pourraient avoir les journalistes. La conversation s’éternise sur des sujets plus ou moins sensibles liés au Maroc, les relations de François Hollande avec le régime, l’affaire HSBC… Rien de très « explosif ». Les deux hommes tournent autour du pot. L’objectif de l’avocat, ce jour-là, est de cerner l’implication de la coauteure d’Éric Laurent. Il insiste : « Elle sait qu’on se voit? », « Elle est au courant des détails », assure le journaliste, qui confirme aussi qu’elle sait pour « les trois millions ». « J’ai besoin de savoir ce qu’elle a en tête, réclame l’avocat, dans quel état d’esprit elle est, et avoir la certitude que si on accepte les termes de votre proposition… » Éric Laurent enchaîne : « C’est très clair, elle vous dira elle-même… » L’avocat insiste ensuite pour « juger sur pièces », et pour que les « choses aillent vite », il réaffirme qu’il n’a « pas le mandat » pour discuter du « montant aujourd’hui » : « Je l’aurai quand vous m’aurez remis les éléments que je pourrai partager soit physiquement soit verbalement. » En clair, il veut voir des documents, « pas nécessairement repartir avec »… « Ensuite, on parlera de vos chiffres », dit-il. Éric Laurent promet qu’en cas d’accord, sa coauteure, qui a pour « passion l’équitation », « se consacrera à l’équitation en même temps qu’elle écrira une biographie historique. […] On en a discuté, elle a dit que si vous arrivez à un accord elle arrête tout, le livre, les articles, les interventions publiques »… Éric Laurent glisse même en partant qu’il peut tout aussi bien faire « Le Roi prédateur ou ‘Une affaire de famille’ tous les deux ou trois ans… » Une phrase lourde de sous-entendus.
Une avance contre une garantie
Sur la base de cet enregistrement et du rapport des policiers, le procureur ouvre le 26 août une information judiciaire et trois juges d’instruction sont désignés, dont Isabelle Rich-Flament. Elle va coordonner l’opération de flagrant délit du jeudi 27 août.
Le rendez-vous a été pris à 11 heures avec Catherine Graciet, Éric Laurent au Peninsula, un hôtel de luxe de l’avenue Kleber, où l’avocat marocain a une chambre. Les trois se retrouvent au bar. Puis Catherine Graciet, après avoir refusé que le rendez-vous ait lieu dans la chambre de l’avocat, propose de changer d’endroit et d’aller plutôt au Raphael, l’hôtel en face. Prudente. Discrètement, les policiers en planque suivent. Une fois au nouveau bar, l’avocat place une nouvelle fois son iPhone sur la table. La jeune femme lui demandera de le ranger. Prudente encore. Il s’exécute, et place l’appareil dans sa poche. Du coup, la conversation est moins « nette »… Elle va pourtant durer jusqu’à 16 heures. Par étapes. Dans un premier temps, les journalistes ont imaginé la création d’un trust à l’étranger pour toucher les fonds. La journaliste confie qu’elle dispose d’un rapport de la DGSE, les services secrets français, sur Mohammed VI, « lors de ses venues en France ». De son côté, l’avocat réclame « une garantie », c’est-à-dire un papier signé de leur main. Eux, veulent « une avance ». L’avocat leur propose « un million et demi d’euros », et ils transigent finalement « à deux », « un chacun », après avoir mis en avant l’à-valoir important qu’ils devront rembourser à leur éditeur…
L’avocat s’absente cinquante minutes pour, dit-il, « discuter avec son client », et retourne dans sa chambre du Peninsula. Selon nos sources, c’est avec les policiers et la juge, informés de l’avancement des discussions, que se décide la suite de ce mauvais polar. Pour leur « avance », les deux journalistes ont exigé des « petites coupures, pas de billets de 500 euros ». La juge donne son feu vert. Quand il revient au bar du Raphael, qui est resté sous surveillance discrète de la police, l’avocat a deux enveloppes de 40.000 euros chacune.
Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire » sur le roi du Maroc, « en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ».
Le protocole recopié en trois exemplaires
De son côté, Catherine Graciet a recopié, à la main, en trois exemplaires, un protocole dont le JDD a une copie : les deux journalistes prennent l’engagement de « ne plus rien écrire » sur le royaume du Maroc, « directement ou indirectement »… et de ne « partager en aucune façon les documents et informations » en leur possession. « La somme de deux millions d’euros leur sera versée » selon « des modalités que nous fixerons », signent-ils. Catherine Graciet précise même qu’elle a travaillé à un documentaire pour France 3… qui sera diffusé « après le présent accord », pour s’assurer que sa diffusion postérieure ne le rendra pas caduc. Prudente encore. Les signataires admettent avoir touché, ce jour, une « avance de 80 000 euros ». « Ma cliente est allée au rendez-vous pour voir, en tant que journaliste », confie son avocat Me Éric Moutet, qui dément « tous chantage et extorsion de fonds »… Ce jeudi, il est presque 16 heures. L’avocat marocain ressort seul du Raphael. Les deux journalistes, pendant quelques minutes, finiront leurs verres, et… se croiront riches. Une fortune bien éphémère. À leur sortie du Raphael, ce n’est pas une limousine qui les attendait, mais des voitures de police.
EXCLUSIF – Soupçons de chantage du Maroc: la lettre contractuelle signée par les journalistes
29/08/2015 à 12h33
BFMTV s’est procuré le contrat signé entre les journalistes mis en examen et le Maroc. Dans cette lettre manuscrite, Catherine Graciet et Eric Laurent s’engagent à « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc » en contrepartie « du versement de la somme de 2 millions d’euros ».
Vendredi, l’avocat de la journaliste Catherine Graciet, Eric Moutet, avait confirmé qu’un « deal financier » avait bien eu lieu dans un « contexte très troublant » et avait évoqué « un piège » dans lequel serait tombé sa cliente.
80.000 euros d’avance
Dans cette lettre manuscrite, écrite le 27 août dernier par la journaliste Catherine Graciet au bar de l’Hôtel Raphael à Paris, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc » et à « ne plus jamais s’exprimer publiquement sur ce pays directement ou indirectement ou par personnes interposées », « ni à faire quelques révélations (…) sur ce sujet ».
Les journalistes s’engagent également à « ne partager en aucune façon les documents et informations en (leur) possession avec qui que ce soit ». En contrepartie du silence des deux journalistes, le Maroc s’engage à verser « la somme de deux millions d’euros ». « Nous confirmons avoir reçu à ce jour une avance de 80.000 euros », écrit encore Catherine Graciet dans le document signé de sa main.
Lettre signée en trois exemplaires
Cette lettre, qui a été versée au dossier d’instruction, a été signée pendant le rendez-vous entre les journalistes et le représentant du Maroc, jeudi, à l’issue duquel Catherine Graciet et Eric Laurent ont été interpellés et placés en garde à vue.
Selon nos informations, ce rendez-vous avait été initialement prévu à l’hôtel Peninsula à Paris, organisé main dans la main avec la police. Mais Catherine Graciet, méfiante, aurait demandé à changer d’hôtel. Les journalistes et le représentant du Maroc se seraient alors installés au bar de l’Hôtel Raphael, situé en face du Peninsula.
Un « piège » selon l’avocat des journalistes
Pendant ce rendez-vous, les journalistes auraient dans un premier temps refusé de signer le document, avant de se laisser convaincre et de le signer en trois exemplaires. Une partie de la conversation a été enregistrée avec un smartphone.
Pour l’avocat de Catherine Graciet, Me Éric Moutet, il y a bien eu un « deal financier », dans un « contexte très troublant ». « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place », a-t-il estimé vendredi soir. Il a également évoqué « un piège » dans lequel serait tombée sa cliente.
Le Monde.fr Le 30.08.2015 à 20h59 • Mis à jour le 30.08.2015 à 21h17
Le journaliste Eric Laurent a été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds dans la nuit du 28 au 29 août. Avec sa consoeur Catherine Graciet, il est soupçonné d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc, Mohammed IV, en menaçant de publier un livre à charge contre la famille royale. M. Laurent donne pour la première fois, au Monde, sa version des faits.
Selon Eric Dupont-Moretti, avocat de Rabat, les deux journalistes français ont proposé à un collaborateur du roi du Maroc de renoncer, contre rémunération, à la parution d’un livre contenant des informations gênantes pour le royaume. Ils auraient formulé une offre de trois, puis deux millions d’euros.
« Le Palais a alors décidé de porter plainte auprès du parquet de Paris. Les policiers ont décidé d’organiser un flagrant délit », a assuré Me Dupond-Moretti, qui a révélé l’affaire, jeudi.
Tout en reconnaissant l’existence de la transaction, Eric Laurent assure au contraire qu’elle lui a été « proposée » par un émissaire de Mohammed VI, et qu’il l’a acceptée à la fois pour des raisons personnelles, et pour ne pas « déstabiliser le Maroc ». Il assure aujourd’hui avoir l’intention de terminer et de publier l’ouvrage.
Le déroulé des faits exposé par les avocats du Royaume est à la fois très complet et accablant. Qu’avez-vous à y ajouter ou à retrancher ?
Eric Laurent : Je vais retrancher énormément de choses. Mais je vais faire un premier commentaire sur la totale indécence de la part de l’avocat du royaume, Me Dupond-Moretti, qui a dépassé toutes les limites en matière non seulement de présomption d’innocence mais aussi en matière de déformation ou même d’invention des faits.
Le 23 juillet, d’après lui, j’appelle le secrétariat particulier du roi. Jusqu’ici c’est exact. Je demande à parler à Mounir El Majidi, qui est le secrétaire de Mohamed VI. C’est encore exact. Selon lui, je déclare préparer un livre explosif, un brûlot et c’est trois millions [pour ne pas le publier, NDLR].
Je mets au défi Dupond-Moretti et le Maroc de produire le moindre élément attestant cela. Je n’ai jamais tenu ces propos. Il n’y a jamais eu de tentative de chantage. J’ai appelé Mounir El Majidi pour une raison très simple : dans ce livre que nous avions en préparation, il y avait des éléments concernant la famille royale que nous voulions croiser avec le Palais. Au lieu de cela, le lendemain, j’ai reçu un appel d’un homme qui s’appelle Hicham Naciri, qui est un avocat du Palais, que je ne connaissais pas. Il me dit : « Je suis mandaté par le Palais, est-ce que ça peut attendre quelques jours, je pars au Japon. » Nous nous retrouvons le 11 août à sa demande, c’est lui qui fixe le lieu, au Royal Montceau [hôtel parisien de luxe, NDLR].
A ce moment-là, qui formule la demande d’argent ?
« On pourrait peut-être envisager une rémunération, une transaction, en contrepartie d’un retrait écrit »
Il n’y a pas de formulation de demande d’argent. Je lui explique que nous préparons un livre, que c’est la raison pour laquelle nous voulions voir M. Majidi, un livre sur la famille royale avec un certain nombre de sujets sensibles concernant la succession d’Hassan II. Il me dit : « C’est pas vraiment un livre qu’on souhaite voir sortir ». Je lui dis : « Ah bon, ça c’est autre chose ».
Et là, on voit très bien dans les procès-verbaux tirés des enregistrements : il n’y a aucune demande de ma part. Il y a encore moins de menace de chantage. Nulle part. A un moment donné, il me dit : « On pourrait peut-être envisager une rémunération, une transaction, en contrepartie d’un retrait écrit ». C’est lui qui m’amène à cette idée. A aucun moment il n’y a dans ces enregistrements une volonté de ma part de faire chanter le roi du Maroc à travers un de ses avocats. Puis ses questions vont porter sur un autre problème, celui des sources. Il va insister tout au long des réunions suivantes pour que nous livrions nos sources. Bien sûr, nous refusons. Je refuse. Ma co-auteure, que je consulte, refuse aussi.
A quel moment est-il question d’argent, alors ?
Au moment de la première rencontre, il amène cette idée. Et là, je dis, mais sans y croire : « Si vraiment on arrête de faire le livre, étant donné le sujet, écoutez… trois [millions d’euros] ». Il dit : « Ok mais il me faut les sources ». Je ne suis pas venu avec l’idée d’une transaction. Je suis venu avec l’idée d’une interview.
Qu’est-ce qui vous amène à accepter d’entrer en matière sur une transaction ?
D’abord le sujet. Il est extrêmement sensible, très délicat. J’ai exercé ce métier pendant 30 ans et j’avoue que là, j’en ai un peu assez. C’est un sujet très complexe concernant la famille royale et certains comportements. Donc je me dis : après tout, on n’a pas envie, quelles que soient les réserves que l’on peut avoir sur la monarchie, que s’instaure une république islamique. S’il propose une transaction, pourquoi pas.
Votre avocat a également parlé d’une situation personnelle difficile…
Ma femme est extrêmement malade. C’est une situation personnelle très dure. Elle a un cancer généralisé. Son état s’aggrave de jour en jour malgré les opérations, des chimiothérapies très lourdes.
Donc, si on résume : vous souhaitiez rencontrer M. Naciri pour une interview et vous ressortez avec un accord de principe sur une transaction financière ?
Je ne ressors avec rien. C’est une suggestion qui m’est faite. Mais il n’y a pas d’accord. Je suis surtout tellement étonné. Je me dis : « Quelle étrange démarche », car la démarche venait de lui. En même temps, je suis un peu sur la réserve, surtout parce qu’il insiste sur la possibilité d’avoir accès aux sources. Je suis tellement peu dans l’état d’esprit d’un chantage que lors du deuxième entretien avec lui, le 23 août, il a son téléphone posé sur la table.
J’ai appris ensuite qu’il enregistrait notre conversation et j’ai vu dans le JDD des extraits tronqués. C’est lui qui me demande : pour combien, si nous arrivons à un accord ? Si j’avais eu la volonté d’exercer un chantage, la première des choses aurait été de lui demander d’arrêter son portable, de sortir la batterie, de le mettre ailleurs. A aucun moment, il n’y a de ma part un seul mot qui relève du chantage.
Qu’est-ce que vous vous dites lors du deuxième rendez-vous, le 23 août ?
« Ils ont voulu me faire tomber, me discréditer professionnellement »
C’est un rendez-vous qui me laisse perplexe parce que je vois un personnage qui commence à reformuler tout ce que nous avions échangé la semaine précédente, y compris cette somme de 3 millions d’euros, qu’il met dans ma bouche. Je suis un peu stupéfait, me disant qu’il doit y avoir quelque chose.
Immédiatement, il enchaîne avec une pression ininterrompue sur les sources : « Si nous passons un accord, il faut que nous puissions identifier vos sources ». Je lui dis que c’est impossible, que je ne mettrai pas en danger des gens qui ont accepté de me parler. Il insistera là-dessus jusqu’à la troisième et dernière réunion. Ils ont voulu me faire tomber, me discréditer professionnellement et éventuellement avoir accès à nos sources, ce qui aurait permis de couper certaines têtes.
Comment se fait-il que vous n’ayez pas un instant pensé que le Palais allait utiliser cette discussion contre vous ?
Si j’étais arrivé avec cet état d’esprit consistant à quémander de l’argent en échange de la non-publication, j’aurais été bien plus méfiant. Mais comme je venais simplement pour avoir la possibilité de rencontrer Mounir Madjidi, et croiser des informations, je n’ai pas vu le coup venir. Cette proposition a été glissée insidieusement par mon interlocuteur : « transaction », « abandon », « accord écrit », ces mots ont été habilement introduits lors du premier rendez-vous.
Tout au long de ces entretiens, votre co-auteure était au courant des termes de ces discussions ?
Elle était au courant. Je la tenais informée de tout, après chaque rencontre. Elle ne peut pas prétendre [le contraire]…
La défense de Catherine Graciet est de dire que c’est vous qui avez tout organisé…
C’est bien dommage, parce que c’est faux. Je veux bien avoir organisé des choses. Si j’avais tout organisé, il faudrait de sa part un total aveuglement – pour ne pas dire plus – pour rédiger le texte de l’accord et le signer. Et moi, j’aurais été le meilleur des amis de lui proposer la moitié après avoir tout organisé seul.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu de ce livre ?
Le livre porte à la fois sur l’héritage de Hassan II et les affrontements au sein de la famille royale concernant cet héritage. Avec de nombreuses péripéties. Il y avait aussi des choses concernant le train de vie dispendieux – pour ne pas dire plus – de cette famille, avec un certain nombre de dérives.
Ces informations étaient de nature à faire tomber la monarchie ?
Tomber, non. Ebranler, oui. Quand vous êtes un sujet marocain, et que vous découvrez cette réalité sur le roi, sa famille, son entourage, dans un affairisme ambiant, vous êtes profondément troublé. Je pense que ça aurait érodé la confiance relative que l’on peut encore avoir envers le monarque.
Quand avez-vous commencé votre enquête ?
On a signé en janvier [avec les éditions du Seuil], on a commencé en mars car je devais finir un autre livre.
Avez-vous toujours eu l’intention de publier ce livre ?
« Quelles seront les conséquences ? »
Nous avions signé un contrat avec un éditeur ! Du début à la fin, notre intention était de faire un livre. Sauf qu’il y a eu ces conversations avec ce personnage qui propose un accord, qui dit qu’il faudrait s’engager à ne plus publier sur le Maroc. Je me dis pourquoi pas. Mais il ne s’agit pas de chantage. Ca n’a jamais existé.
Chantage ou non, vous étiez d’accord pour un accord financier dont l’objectif était la non publication de votre enquête ?
Oui, bien sûr. Cette enquête me faisait peur. On se disait « quelles seront les conséquences ? » La proposition que l’on m’a faite me paraissait être un compromis.
Votre co-auteure s’est ralliée aux même arguments ?
Soyons clair : du début à la fin, Catherine Graciet a tout approuvé. Avant cette réunion, nous préparions les choses ensemble. Donc aller dire aujourd’hui que j’ai tout mené en solitaire, c’est absurde.
Ces informations explosives, vous les avez réunies ensemble ?
Ensemble. Elle en obtenu certaines, j’en ai obtenu d’autres. Nous avions des sources différentes, que nous avons croisées. Nous étions embarrassants pour le Maroc, et notre livre précédent, Le roi prédateur, est vraiment resté en travers de la gorge du roi. L’idée d’en voir sortir un autre leur était absolument insupportable. Et surtout, ils se demandaient sur quoi nous nous étions basés, sur qui nous nous étions appuyés pour avoir ces renseignements. L’accès aux sources a été une condition et un moyen de pression constant sur nous.
Votre avocat parle d’un zêle disproportionné de la justice française dans cette affaire? Comment l’avez-vous perçu ?
« J’ai eu l’impression d’être dans une situation à la Ben Barka »
J’ai dit aux policiers en arrivant que j’étais choqué que l’appareil policier et judiciaire français soit mobilisé pareillement pour satisfaire un souverain étranger dont on connaît les pratiques. Les enquêteurs m’ont répondu : « On n’est pas dupe, il y a des marionnettistes au dessus de nous, mais nous sommes obligés de faire notre travail ». Ce sont leurs mots. Quand l’arrestation a eu lieu, la voiture de la police a emprunté le périphérique et l’on se dirigeait vers Orly. Et là, j’étais inquiet, j’ai demandé où nous allions. J’ai eu l’impression d’être dans une situation à la Ben Barka [opposant marocain enlevé le 29 octobre 1965 à Paris et dont le corps n’a jamais été retrouvé, NDLR].
Au fond, le Maroc passe son temps à utiliser le territoire français pour ses coups tordus. Autrefois pour y éliminer physiquement ses opposants, désormais pour discréditer professionnellement ceux qui sont critiques envers le régime et ses dérives. J’ai cru que j’allais être embarqué dans un avion et me retrouver au Maroc. Quant à la juge, elle a été correcte. La mise en examen est l’aboutissement logique de ce qui précède, même si c’est un cadeau au souverain marocain.
Vous êtes libre de vos mouvements ?
Le parquet a demandé l’interdiction de sortie du territoire et un contrôle judiciaire tous les huit jours. La juge a décidé de me laisser mon passeport et d’un contrôle judiciaire tous les quinze jours. Avec interdiction de parler à ma co-auteure. Outre l’emballement policier et judiciaire, avec trois juges d’instruction, il y a l’emballement médiatique, qui a contribué à nous discréditer très vite en produisant des extraits tronqués, détachés de leur contexte. Nous étions encore dans la voiture de la police que tout filtrait déjà sur les chaînes d’infos, sans nuance et sans présomption d’innocence, qui n’a jamais existé dans cette affaire. La seule voix relayée constamment a été celle de Me Dupont Moretti, avec des propos choquants et délirants.
Votre livre d’entretien avec Hassan II, en 1993, a-t-il donné lieu à une transaction financière?
Ah non, absolument pas. A l’époque j’étais éditeur chez Plon, et j’avais un contrat d’auteur pour ce livre. Je n’ai pas reçu d’argent de Hassan II, c’est lui qui en a reçu ! Il a réclamé ses droits d’auteur, pour une fondation, et les a obtenus. Si jamais il y avait eu affairisme de ma part, jamais je n’aurais écrit Le roi prédateur quelques années plus tard.
Vous négociez une transaction financière en échange de la non publication d’un livre. Avez vous conscience d’avoir en cela porté préjudice à l’ensemble de la profession ?
« C’est une tentation, pas un chantage »
Non, pas du tout. Je pense que j’ai fait des livres qui ne souffrent pas la moindre critique éthique et déontologique. Et là en l’occurrence, il y avait à la fois le sujet qui était explosif, il y avait la proposition qui m’a été faite et la situation dans laquelle j’étais. Je me suis dit qu’un livre de plus ou de moins, cela n’enlèverait rien à ma satisfaction personnelle. Comme je n’avais pas l’esprit de vindicte, j’ai dit… voilà. C’est une tentation, pas un chantage.
Vous avez dit quoi?
Je me suis dis après tout, pourquoi pas, passons à autre chose. Je veux bien prendre des risques mais j’étais vraiment dans un état psychologique où je n’avais pas l’énergie nécessaire pour aller jusqu’au bout. Je vous l’ai dit, ce sujet m’effrayait. Et j’ai d’autres centres d’intérêt. Déstabiliser un régime à travers un ouvrage dans un contexte géopolitique très particulier, cela ne me paraissait pas une bonne idée. Mon interlocuteur est arrivé au bon moment. Il a su exploiter cela. Puis il m’a piégé. Vous pouvez ne pas le croire, mais c’est lui qui m’a piégé.
Pour vous, cela ne va pas à l’encontre de la déontologie journalistique ?
Ce qui serait allé à l’encontre de la déontologie, cela aurait été, de dire : j’ai ces éléments, et je vais vraiment vous demander de me payer, sinon je les publie et cela sera très douloureux pour vous. Ce qui n’a jamais été le cas.
Cela met-il un terme de votre carrière d’auteur ?
Je ne sais pas. J’ai un livre qui sort dans huit jours chez Flammarion sur les pratiques et dérives du système financier. Je prends là aussi des risques, il y a des informations sensibles. C’est la preuve que je suis encore capable d’en obtenir et d’en publier.
Le livre, finalement, vous allez le sortir ou pas?
Je vais être franc. Je serais maintenant vraiment partisan de le sortir, et j’en aurais très envie. Pour l’instant, nous ne pouvons pas nous rencontrer avec ma co-auteure, je ne sais pas si elle veut continuer cette collaboration, mais j’ai l’intention de le sortir, bien sûr.
Chantage contre le roi du Maroc : « Un coup monté », selon l’avocat d’un journaliste
DOCUMENT RTL – L’avocat d’Éric Laurent, le journaliste soupçonné d’avoir fait chanter le roi du Maroc, affirme que le monarque était volontairement entré dans des discussions financières avec son client.
« On est extrêmement loin de ce qui est indispensable pour caractériser, selon le termes du code pénal français, une logique de chantage et d’extorsion de fonds, c’est à dire des pressions, des menaces, de l’intimidation », regrette l’avocat.
On est dans un coup monté (…) nous le démontrerons
William Bourdon, avocat d’Éric Laurent
« Affirmer qu’Éric Laurent aurait initié cette discussion est totalement inexact, poursuit l’avocat. Il y a eu au fil de la discussion, dans un climat très cordial, des échanges concernant un accord un accord financier donc on est très loin de ce que l’on entend. »
L’avocat n’hésite pas à parler d’une « logique de grave désinformation ». « On est dans un coup monté qui a bénéficié de l’apport d’un homme qui était une situation difficile, qui a accepté d’entrer dans ces discussions financières, affirme-t-il. C’est ce qui a permis cette mise en scène, nous le démontrerons. La seule décision qui s’impose pour Éric Laurent est un non lieu. »