Je décline toute responsabilité quant aux mentions qui s'affichent dans les cinq lignes ci-dessus du pavé "Recherchez aussi" sur lequel je n'ai aucun contrôle.
Mes statistiques sont bloquées depuis le 2 février 2015.
7 février 2015
Mes statistiques sont de retour, tout fonctionne.
16 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 12 février.
22 février 2015
Mes statistiques "basiques" ont été débloquées hier soir après la publication de mon dernier article concernant NEMROD34. Belle reprise simultanée de l'activité du Chinois.
23 février 2015
Statistiques "basiques" toujours sujettes à blocages : le 21 février au soir, à peine étaient-elles débloquées, puis à nouveau hier, 22 février, à peine étaient-elles débloquées.
24 février 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Pas de nouveau pic d'activité du Chinois depuis le 21 février.
25 février 2015
Je n'ai pas mes statistiques "basiques" du jour, ça bloque encore... et Justinpetitcoucou est toujours bloqué depuis le 8 février... Faudrait penser à le débloquer, lui aussi, il y a du laisser-aller, là...
26 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blog débloquées. Merci pour Justin, il était temps !
27 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blogs de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt... Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
25 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 20 mars.
26 mars 2015
Merci de m'avoir débloqué mes statistiques "basiques". Encore une fois, je ne vois pas l'intérêt de ce petit jeu. Ce serait aussi bien de cesser de bloquer ces statistiques pour oublier de les débloquer jusqu'à ce que j'aie signalé le problème.
31 mars 2015
Merci de bien vouloir me débloquer les statistiques "basiques" de Justinpetitcoucou, restées bloquées depuis le 14 mars - cf. avis du 25 mars sur Justin.
2 avril 2015
Merci de m'avoir rendu les statistiques de Justin.
7 mai 2015
Je n'ai plus de statistiques depuis deux jours, ni "basiques" ni "avancées".
10 mai 2015
Retour des statistiques "basiques". Merci. Manquent encore les statistiques "avancées".
14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
3 octobre 2015
Depuis hier, les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro. Merci de me les rendre.
L’enquête sur l’attaque de l’Hypercacher de la porte de Vincennes suit son cours. Un homme soupçonné de complicité avec le terroriste Amédy Coulibaly a été libéré en juin, tandis que la compagne gendarme d’un autre complice, actuellement écroué, vient d’être révoquée. Le point sur l’affaire.
Le parquet de Paris a ouvert le 20 janvier une information judiciaire pour assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, transport d’armes et financement du terrorisme. De nombreuses zones d’ombre subsistent et sa compagne, soupçonnée d’être en Syrie, reste introuvable. Le JDD.fr fait le point sur cette enquête tentaculaire.
Un homme suspecté de complicité libéré
A ce jour, sept personnes ont été mises en examen et placés en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur Amédy Coulibaly. Ils sont tous soupçonnés d’avoir apporté une aide « logistique » au terroriste et sont poursuivis pour »association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ».
Selon Le Parisien, l’un d’entre eux, Tonino G. a été discrètement libéré en juin dernier et placé sous contrôle judiciaire. Il reste poursuivi pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. « Son absence de casier judiciaire, sa constance dans ses déclarations et, plus généralement, sa faible implication présumée dans la préparation de l’attaque de l’Hyper Cacher ont fait pencher la balance en faveur d’un placement sous contrôle judiciaire », a fait savoir une source proche du dossier. Le jeune homme était notamment présent lors de l’achat de la voiture dont s’est servi Amédy Coulibaly pour se rendre porte de Vincennes. Il a aussi fourni sa carte d’identité à un ami proche de Coulibaly lors de l’achat de bombes lacrymogènes, retrouvées en perquisition au domicile du terroriste.
Les autres restent écroués
Les autres personnes mises en examen ont pour certains un profil de petits délinquants. Quelques uns sont originaires de Grigny (Essonne), comme Coulibaly, ou l’ont côtoyé en détention. Armes ou véhicules, tous sont soupçonnés d’avoir apporté un « soutien logistique » au tueur. Tous nient avoir été au courant des projets d’attaques. Parmi eux ressortent deux noms : Amar R. et Ali P. Ce dernier, âgé de 30 ans, a fréquenté Coulibaly jusqu’aux heures précédant les attentats. Les enquêteurs pensent qu’ils se sont retrouvés dans la nuit du 6 au 7 janvier à Montrouge, peu après que Coulibaly a rencontré Chérif Kouachi à Gennevilliers. Ali Polat apparaît aussi comme le relais de Coulibaly en Belgique, où ce dernier a pu acheter une partie de son arsenal. Le 9 janvier, il se rend outre quiévrain réclamer de l’argent à un homme qu’il a mis en contact avec Coulibaly. Puis il s’envole à Beyrouth. Son passeport montre que le 17 janvier, il a été stoppé par les autorités libanaises au poste-frontière syrien de Masnaa. Il revient en France, puis repart pour un bref aller-retour en Thaïlande, à Phuket. En garde à vue, il a condamné les attentats et attribue ses déplacements à la « panique ».
Amar R. a vu Coulibaly le 5, puis le 6 janvier au soir, à Gentilly (Val-de-Marne). Entre septembre et le 6 janvier, ils avaient échangé plus de 600 SMS. Plusieurs fois mis en cause pour des faits de droit commun, ce trentenaire ne revendique qu’une relation « amicale » avec Coulibaly, rencontré en détention en 2010. Il réfute toute relation d’affaires et dit n’avoir rien su de ses projets. Il est connu des services de renseignement pour être proche des milieux islamistes
La compagne gendarme d’un proche de Coulibaly révoquée
La compagne d’Amar R. est une femme gendarme en poste au fort de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Cette dernière, suspendue en février dernier, a été révoquée comme a indiqué la gendarmerie nationale cette semaine. La décision lui a été notifiée le 21 septembre dernier. Elle est soupçonnée d’avoir apporté, notamment, des lettres à son ami écroué depuis la fin janvier. Le Canard enchaîné, qui avait révélé la liaison, a précisé qu’Amar R. avait pu entrer dans la caserne de Rosny et que sa compagne gendarme s’était convertie à l’islam il y a quelques années.
Mariée religieusement à Amédy Coulibaly, Hayat Boumedienne, 27 ans, est introuvable depuis début janvier et fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Elle est soupçonnée d’avoir rejoint la Syrie, via la Turquie, quelques jours avant les attaques, accompagnée des frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, dont le premier a été condamné pour sa participation à une filière djihadiste. Selon Le Point, son frère Mehdi serait mort en Syrie. Il aurait succombé à ses blessures consécutives à une explosion, contractant une septicémie.
L’hebdomadaire précise aussi que la compagne d’Amédy Coulibaly, enceinte du terroriste, a vraisemblablement accouché. En février dernier, le magazine francophone de l’Etat islamique dit l’avoir interviewée. Hayat Boumeddiene, nommée « la soeur » ou « l’épouse » dans le papier, y affirme ressentir « un soulagement » d’avoir rejoint les territoires contrôlés par l’Etat islamique. En avril, elle a à nouveau refait surface appelant sa famille. Selon RTL, elle a parlé à ses frères et soeurs pendant « plusieurs minutes », assurant par ailleurs ne pas être impliquée dans les attentats de Paris. Elle déclare aussi qu’elle ignorait les agissements de son compagnon. Selon elle, ce dernier lui avait demandé de rejoindre la Syrie, une semaine avant les attentats, lui affirmant qu’il la retrouverait bientôt.
Les liens entre Coulibaly et les frères Kouachi
Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi se connaissaient depuis une dizaine d’années. Tous deux ont été détenus à Fleury-Mérogis pendant environ cinq mois en 2006. Coulibaly reconnaîtra avoir connu Kouachi à ce moment-là. Quatre ans plus tard, des enquêteurs chargés de surveillances dans le cadre du projet d’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, l’auteur de l’attentat du RER C en octobre 1995, condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité, les repèrent. Ils rendent visite ensemble à Djamel Beghal, islamiste radical condamné pour un projet d’attentat contre l’ambassade des Etats-Unis. L’épouse de Chérif Kouachi a dit avoir connu Coulibaly et Hayat Boumeddiene, en février 2010, quelques mois avant l’interpellation de Coulibaly dans l’affaire Aït Ali Belkacem pour laquelle il a été condamné à cinq ans de prison en 2013.
Fin novembre-début décembre 2014, Coulibaly et Boumeddiene passent à l’appartement des Kouachi à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Le soir du 6 janvier, Kouachi et Coulibaly échangent des SMS. Chérif Kouachi quitte brièvement son appartement, probablement pour retrouver Coulibaly, présent sur les lieux selon son téléphone portable. Le lendemain matin, Cherif Kouachi envoie un SMS à Coulibaly, vraisemblablement pour lui signifier qu’il se dirige vers Charlie Hebdo avec son frère Saïd.
Dans une vidéo posthume postée au surlendemain de l’attentat contre l’Hypercacher, Amédy Coulibaly se revendique de l’Etat islamique et dit avoir synchronisé son action avec celle des frères Kouachi. »Selon toute hypothèse en cours de vérification, Amédy Coulibaly a (…) reçu des instructions depuis l’étranger« , déclarait en mai le procureur de Paris, François Molins. Des liens peuvent-ils être établis avec la zone irako-syrienne sous contrôle de l’organisation djihadiste Etat islamique?
Le mystère du joggeur de Fontenay-aux-Roses
Le 7 janvier au soir un joggeur a été grièvement blessé par balles alors qu’il courait sur la coulée verte de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Les enquêteurs ont un temps estimé que le trentenaire avait été atteint par des coups de feu tirés par Amédy Coulibaly qui s’entraînait à la veille de sa première attaque.
Le joggeur a plusieurs fois modifié la description de son agresseur. Dans la foulée de son hospitalisation, il a décrit un homme de 1,80 m, puis a parlé de 1,70 m lors de sa première audition. Pour lui, le tireur était trapu, âgé de plus de 30 ans et plutôt de type nord-africain et non africain ou antillais. Plus tard, il dit avoir reconnu Amar Ramdani, suspectés d’être un complice du terroriste et actuellement écroué, qui n’est pas trapu et mesure 1,80 m. Les enquêteurs restent prudents.
Kouachi, Coulibaly : les juges demandent la levée du secret-défense sur leur surveillance
LE MONDE | 10.09.2015 à 16h26 • Mis à jour le 11.09.2015 à 10h58 | Par Matthieu Suc
Les trois juges d’instruction en charge du dossier des attentats de janvier ont demandé la levée du secret-défense de tous les actes d’enquête effectués par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) sur les frères Chérif et Saïd Kouachi et Amedy Coulibaly avant que ceux-ci ne commettent les tueries de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher.
Dans une requête adressée le vendredi 3 juillet au ministre de l’intérieur, les magistrats réclament, comme le prévoit l’article L. 2312-4 du code de la défense, « la déclassification et la communication de l’ensemble des documents, rapports et notes établis par la DGSI et autres services de renseignement placés sous votre autorité, sur les surveillances (dates, nature, contenu) dont ont fait l’objet Saïd Kouachi, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly ».
La promesse en avait été faite, le 19 mai, aux trente-trois personnes et associations qui se sont constituées partie civile dans ce dossier. Lors de cette réunion organisée au palais de justice de Paris, les juges d’instruction avaient annoncé leurs investigations à venir. Au premier rang desquelles la demande de déclassification des actes d’enquête de la DGSI.
Cela faisait suite aux révélations du Monde qui, dans son édition du samedi 4 avril, pointait des dysfonctionnements dans les surveillances supposées effectuées en 2013 et 2014 par la DGSI sur les frères Kouachi, répertoriés depuis une dizaine d’années comme membres de la mouvance islamiste radicale. Des dysfonctionnements de nature à s’interroger sur la réalité même de ces surveillances.
Ainsi, le 7 janvier, dans les heures qui suivent la tuerie de Charlie Hebdo, la DGSI fournit une note de renseignement sur Saïd Kouachi dont les dernières informations datent d’avant 2012. Il faudra attendre le 9 janvier et une note « mise à jour » pour que la DGSI communique un état civil complet. Quant aux trois adresses données pour son mandat de recherche, elles se révèlent « erronées ». L’une d’elles, à Pantin, concerne un homonyme de 81 ans… En réalité, le terroriste vit à Reims depuis des années. Son adresse n’a jamais changé, à un détail près : le nom de la rue a été rebaptisé le 26 février 2014, date à laquelle la DGSI est censée le surveiller.
Par ailleurs, dans les jours qui suivent les attentats, plusieurs médias, citant « Beauvau » ou « certains cadres du renseignement », affirment que les écoutes administratives concernant les frères Kouachi avaient dû être interrompues à la demande de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), l’autorité administrative indépendante chargée du contrôle de ces enquêtes. Ce qui provoque, le 12 janvier, un démenti de la CNCIS : « A aucun moment, [la Commission] n’a manifesté d’opposition(…). Les affirmations contraires sont, par conséquent, au mieux une inexactitude, au pire une manipulation. »
« Plusieurs articles de presse ont fait état des surveillances des frères Kouachi »
La requête en déclassification s’appuie sur ces éléments. « Plusieurs articles de presse ont fait état des surveillances des frères Kouachi », écrivent les magistrats. Dans leur requête adressée à Bernard Cazeneuve, les juges soulignent, non sans ironie, que ces « surveillances (…) ont été confirmées, selon ces mêmes articles, par vos services ou vous-même ». Dans son article du 4 avril, Le Monde relatait l’organisation par Beauvau d’un débrief avec une dizaine de médias, le samedi 10 janvier, afin d’expliquer que rien dans les surveillances effectuées ne laissait penser que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly préparaient un attentat.
« Nécessaire à la manifestation de la vérité »
Considérant que cela est « nécessaire à la manifestation de la vérité », les juges réclament aujourd’hui que leur soient communiqués « les périodes pendant lesquelles les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont été surveillés, la nature de ces surveillances (physiques, téléphoniques, numériques) et le contenu de ces surveillances ». Une demande suffisamment précise pour éviter une réponse partielle du ministère de l’intérieur. Il sera de toute manière difficile au gouvernement de ne pas faire droit à cette requête.
En mars 2012, alors dans l’opposition et en pleine campagne présidentielle, le Parti socialiste avait évoqué les failles dans la surveillance de Mohamed Merah, après avoir découvert que la DCRI – l’ancienne appellation de la DGSI – avait stoppé ses surveillances sur le tueur de Toulouse et Montauban, six mois avant son passage à l’acte. Le candidat François Hollande avait estimé que « des questions [seraient] nécessairement posées ».Une fois nommé ministre de l’intérieur, Manuel Valls avait lui assuré que c’était « l’intérêt de l’Etat que la vérité soit faite ». Vingt-quatre documents de la DCRI avaient été déclassifiés.
Vendredi 11 septembre matin, le ministère de l’intérieur n’avait pas donné suite aux sollicitations du Monde.
Un fusil-mitrailleur utilisé par le terroriste a transité par un collectionneur belge.
Une des armes utilisées à Paris le 9 janvier 2015 (deux jours après l’attentat contre Charlie Hebdo) lors de l’attaque du magasin Hyper Cacher (4 morts) par Amedy Coulibaly a transité par un marchand d’armes de collection belge, Patrick H., indique Mediapart. Un des deux fusils d’assaut du terroriste, un (CZ)VZ 58 avait été acheté le 13 janvier 2014 par H., un ancien ingénieur de Proximus, auprès de la firme slovaque AFG.
Au total, le collectionneur de Marcinelle aurait acquis, selon un décompte de la compagnie slovaque, 174 armes démilitarisées entre le 18 juin 2013 et le 28 mai 2014, soit près d’un an avant l’attaque contre l’hypermarché juif de Paris. Ces armes avaient été acquises légalement et étaient écoulées auprès d’une clientèle, tant en contact direct que sur l’internet. Patrick H. vendait notamment sa marchandise sous son compte « Patrick » (aujourd’hui fermé) du site Delcampe.net. Il renseignait comme contact une adresse email : fa214292@skynet.be . Ces armes (parmi lesquelles des fusils-mitrailleurs et des pistolets) y étaient également vendues légalement. Les offres (475 euros pour un CZ 58) précisaient qu’elles étaient démilitarisées, avec les poinçons légaux.
Aucun lien entre Claude Hermant et Coulibaly
H., écrit Médiapart, a été entendu par le juge d’instruction lillois Stanislas Sandraps le 21 avril 2015, en commission rogatoire en Belgique. Il n’a fait l’objet d’aucune mesure de contrainte. Son nom avait été livré aux enquêteurs de la gendarmerie française par Claude Hermant, un français proche de l’extrême droite, dont le domicile de Comines avait été perquisitionné. Ce barbouze de 52 ans, ancien sergent parachutiste, était un indicateur rémunéré de la gendarmerie française. Il a été arrêté en France fin janvier. Le parquet de Paris a précisé à Mediapart qu’aucun lien n’existait « entre le protagoniste du dossier lillois, Claude Hermant, et Coulibaly ».
Il pourrait toutefois être en lien avec des milieux du grand banditisme et du trafic d’armes au sein duquel des armes démilitarisées sont reconditionnées afin de pouvoir à nouveau fonctionner.
Une arme utilisée contre l’Hyper Cacher
L’arme livrée par le slovaque AFG à Patrick H. et porteuse du numéro de série 2138M est l’un des deux fusils-mitrailleurs utilisés contre l’Hyper Cacher. Les enquêteurs parisiens chargés de l’enquête sur l’attentat doivent déterminer le cheminement suivi par cette arme qui a abouti dans les mains du terroriste après avoir été mise en vente par Patrick H. qui n’a pas eu de contact direct avec Coulibaly et qui ignorait, a fortiori, l’usage qui serait fait de l’arme démilitarisée qu’il mettait en vente.
En 1999, des voleurs et incendiaires s’étaient introduits à Marcinelle au domicile de Patrick H., y volant un lot d’armes. Nous avons tenté, sans succès de joindre Patrick H. mardi.
Les ministres européens de la Justice et de l’Intérieur ont décidé d’adopter de nouveaux protocoles pour lutter contre la remilitarisation d’armes déclassées vendues principalement dans les pays de l’Est.
Les nouvelles informations qui succèdent les unes aux autres à ce sujet depuis le 10 septembre dernier font apparaître le nom d’un ancien ingénieur belge, Patrick Halluent, à propos duquel un article récent a déjà totalement disparu du net. Il était possible d’y lire que ce désormais détective privé serait un ancien ingénieur de Proximus, opérateur de télécommunications mobile belge entre 1994 et 2006, devenu en 2014 marque commerciale de Belgacom, première entreprise de télécommunications en Belgique et fournisseur breveté à la Cour du roi des Belges.
« On nous cache des pans entiers du dossier », disent aujourd’hui les avocats de Claude Hermant.
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a opposé le secret défense aux juges lillois chargés de l’enquête sur un réseau de vente d’armes neutralisées, animé par un ancien militaire d’extrême droite. Selon les documents obtenus par Mediapart, les autorités slovaques ont formellement identifié, dès le 14 janvier, les armes achetées par ce réseau comme celles utilisées par Amedy Coulibaly lors de l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes.
C’est un trou noir dans l’enquête sur les attentats de Paris. Une information centrale qui s’est perdue. Selon des documents obtenus par Mediapart, les policiers chargés de l’enquête sur les attentats de Paris ont obtenu, dès le 14 janvier, l’identification de l’arsenal d’Amedy Coulibaly par les autorités slovaques. Mais ils n’en ont rien fait. Le renseignement slovaque qui incrimine un ancien militaire d’extrême droite lillois, Claude Hermant, soupçonné de trafics d’armes démilitarisées dans le cadre d’une enquête ouverte à Lille, ne provoque aucune vérification des juges antiterroristes parisiens Laurence Le Vert, Nathalie Poux et Christophe Tessier.
Cinq armes sont listées, avec leurs numéros de séries, appartenant à l’arsenal de Coulibaly. …
C’est un trou noir dans l’enquête sur les attentats de Paris. Une information centrale qui s’est perdue. Selon des documents obtenus par Mediapart, les policiers chargés de l’enquête sur les attentats de Paris ont obtenu, dès le 14 janvier, l’identification de l’arsenal d’Amedy Coulibaly par les autorités slovaques. Mais ils n’en ont rien fait. Le renseignement slovaque qui incrimine un ancien militaire d’#extrême_droite lillois, Claude #Hermant, soupçonné de trafics d’armes démilitarisées dans le cadre d’une enquête ouverte à Lille, ne provoque aucune vérification des juges antiterroristes parisiens Laurence Le Vert, Nathalie Poux et Christophe Tessier.
L’enquête ouverte à Lille s’est pourtant brusquement accélérée, le 20 janvier, sans prendre en considération – au moins officiellement – les attentats de Paris. Claude Hermant a été placé en garde à vue, perquisitionné puis mis en examen le 23 janvier pour « trafic d’armes en bande organisée ». L’ancien militaire a mis en cause trois fonctionnaires – un des douanes et deux gendarmes – dont il a été l’informateur au moment des achats d’armes litigieux. L’un des gendarmes ayant soulevé le caractère secret de ses missions, les juges lillois Stanislas Sandraps et Richard Foltzer, ont saisi, le 10 avril 2015, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve d’une demande de déclassification. Contre toute attente, dans un dossier aussi sensible, le ministre a choisi d’opposer le #secret_défense aux investigations.
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Bernard Cazeneuve a demandé l’avis de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), le 1er juin, qui a émis le 18 juin un avis défavorable à la déclassification. C’est désormais un grand secret. Questionné par Mediapart, Bernard Cazeneuve a indiqué s’être conformé à l’avis de la CCSDN. « Rien dans cette demande des juges lillois ne faisait état de M. Coulibaly, a fait savoir le ministre. Nous n’avons donc par définition aucun élément qui nous permette de déterminer qu’il y a ou pas lien [entre les deux affaires – ndlr]. »
Les mis en cause, Hermant, sa compagne et un proche, n’ont jamais été interrogés sur d’éventuels contacts, directs ou indirects, avec Amedy Coulibaly ou ses complices. Seule la presse locale s’est fait l’écho, début mai, d’une « hypothèse » puis d’une « piste sérieuse » reliant les deux affaires. L’ancien militaire a confirmé son négoce d’armes neutralisées, mais il a indiqué n’avoir jamais opéré de remise en état de ce matériel. L’entreprise Seth Outdoor, immatriculée au tribunal de commerce de Lille en février 2013, a pour objet « la vente à distance sur catalogue spécialisé » et « la location de matériel de paint ball ».
Contacté par la PJ dès janvier, l’un des gendarmes mis en cause, l’adjudant-chef Laurent B., n’avait pas déféré à sa convocation. Il a finalement été entendu comme témoin en mai. Un douanier en contact avec Hermant, rattaché à l’antenne lilloise de la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières), a en revanche été mis en examen pour « acquisition et détention » d’une ou plusieurs armes de catégorie A – armes à feu de défense ou armes de guerre dont la détention est interdite sauf autorisation.
Attentat contre Charlie Hebdo: la connexion Claude Hermant – Amedy Coulibaly couverte par le secret de la Défense nationale. 18/09/2015
« Une certaine extrême droite survivaliste est-elle le cœur logistique des attentats de janvier ? Mediapart vient de révéler que Claude Hermant était le principal importateur des armes d’Amedy Coulibaly, par le biais de la société commerciale Seth Outdoor, spécialisée dans la vente par correspondance d’équipements de survie et la location de matériel de Paintball
Des documents couverts par le secret de la Défense, consultés par Mediapart, prouvent que la totalité des armes des crimes du terroriste a été importée par l’entreprise basée à Haubourdin près de Lille, premier maillon, selon les renseignements slovaques cités par le journal, d’une filière d’importation–remilitarisation d’armes neutralisées.
Claude Hermant, ancien mercenaire devenu barbouze appointée de la gendarmerie, par ailleurs formateur aux techniques de survie et animateur du survivalisme français, est mis en examen à Lille depuis le 23 janvier pour trafic d’armes en bande organisée.
Contre toute attente, les juges lillois en charge du dossier viennent de se voir opposer le secret de la Défense nationale par le ministre de l’Intérieur, en réponse à une demande d’information sur la filière Hermant.
Mediapart affirme qu’en dépit des éléments en leur possession, tant la justice antiterroriste que le ministère de l’Intérieur maintiennent la « fiction d’une étanchéité » complète entre le dossier Claude Hermant instruit à Lille et les attentats de Paris.
Selon les informations obtenues par Mediapart, des gendarmes lillois ont laissé filer les acheteurs des armes utilisées par Amedy Coulibaly lors des attentats de Paris. L’un d’eux, un Belge de 52 ans, a été entendu le 21 avril, sans être inquiété. Ce fiasco sur les armes vient s’ajouter à celui des défaillances des services de renseignement autour des attentats de Paris.
Des gendarmes lillois et un de leurs informateurs ont été au centre d’un trafic d’armes ayant permis d’alimenter Amedy Coulibaly, auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. S’ils n’ont rien su de la destination des armes, ils semblent bien avoir laissé filer les acheteurs ou perdu leur trace. Leur position est suffisamment délicate pour qu’ils se retranchent, courant avril, derrière le secret défense.
« Je tiens à préciser que je gère 30 sources, plus les enquêtes, c’est compliqué », a reconnu l’adjudant-chef Laurent B. devant des juges d’instruction lillois chargés de cette enquête sur un réseau de revente d’armes provenant de Slovaquie, le 2 avril 2015. Parmi ses 30 sources, le …
Derrière les armes de Coulibaly, le fiasco très secret des gendarmes
21 SEPTEMBRE 2015 | PAR KARL LASKE
Selon les informations obtenues par Mediapart, des gendarmes lillois
ont laissé filer les acheteurs des armes utilisées par Amedy Coulibaly
lors des attentats de Paris. L’un d’eux, un Belge de 52 ans, acheteur
d’un des fusils d’assaut utilisés contre les clients de l’Hyper Cacher,
a été entendu le 21 avril dernier, sans être inquiété. Ce fiasco sur
les armes vient s'ajouter à celui des défaillances des services de
renseignement dans l'affaire des attentats de Paris.
Des gendarmes lillois et un de leurs informateurs ont été au centre
d’un trafic d’armes ayant permis d’alimenter Amedy Coulibaly, auteur
de l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. S’ils n’ont
rien su de la destination des armes, ils semblent bien avoir laissé
filer les acheteurs ou perdu leur trace. Leur position est suffisamment
délicate pour qu’ils se retranchent, courant avril, derrière le secret
défense.
« Je tiens à préciser que je gère 30 sources, plus les enquêtes, c’est
compliqué », a reconnu l’adjudant-chef Laurent B. devant des juges
d’instruction lillois chargés de cette enquête sur un réseau de
revente d'armes provenant de Slovaquie, le 2 avril 2015. Parmi ses 30
sources, le gendarme rattaché à la Section de recherche (SR) de la
gendarmerie de Villeneuve-d’Ascq “gérait” un ancien militaire
d’extrême droite, Claude Hermant, mis en examen pour trafic d’armes
et incarcéré le 20 janvier.
« Claude Hermant est informateur immatriculé depuis 2013 », a admis
l’adjudant. L’ancien militaire, animateur de l’extrême droite
identitaire lilloise, soutient de son côté s’être procuré des armes
démilitarisées dans l’objectif d’infiltrer des réseaux mafieux, et ce,
sous le contrôle strict de son officier traitant. Il a détaillé avoir
ainsi « injecté » une quarantaine d’armes à une “cible“ prioritaire,
liée au grand banditisme, courant 2014, sur instruction du SR de la
gendarmerie.
Or, comme Mediapart l’a révélé (lire ici notre article du 10
septembre), les autorités slovaques ont formellement identifié, dès le
14 janvier, les acheteurs des armes utilisées par Amedy Coulibaly. Un
premier fusil d’assaut et deux pistolets semi-automatiques retrouvés
dans le supermarché cacher ont été achetés par une société
immatriculée au nom de la compagne de Claude Hermant. Un deuxième fusil
d’assaut a été acheté par un ingénieur belge, Patrick Halluent. Ce
dernier, qui faisait partie des “cibles“ livrées par Claude Hermant
aux gendarmes, a été entendu en Belgique le 21 avril dernier, par le
juge lillois Stanislas Sandraps, sans être inquiété.
Lors de leurs auditions, les gendarmes ont confirmé avoir signalé à
leur informateur leur « intérêt » pour ces ventes d'armes et la
“cible”, mais ils ont refusé de communiquer aux juges lillois leurs
“rapports de contact” avec Claude Hermant. Les magistrats ont donc
demandé la déclassification de ces rapports au ministre de l’intérieur
Bernard Cazeneuve, qui leur a répondu par la négative, le 30 juin, à
la suite de l’avis défavorable de la Commission consultative du secret
de la défense nationale (CCSDN).
Ce fiasco sur les armes vient s'ajouter à celui des défaillances des
services de renseignement dans l'affaire des attentats de Paris. Sorti
de détention, en mars 2014, après avoir purgé trois ans de prison dans
l'affaire de la tentative d’évasion de l’artificier des attentats de
1995, Amedy Coulibaly n'avait fait l'objet d'aucune surveillance par
la suite. Quant aux écoutes téléphoniques visant les frères Saïd et
Chérif Kouachi, elles avaient été interrompues à l’été 2014.
Entre l’enquête lilloise ouverte pour trafic d’armes et l’affaire des
attentats de Paris, les magistrats sont confrontés à un jeu de
bonneteau procédural assez unique – qui les dépasse peut-être.
Questionné par Mediapart, le parquet de Paris a soutenu qu’il n’y
avait « pas de lien » « entre le protagoniste du dossier lillois,
Claude Hermant, et Coulibaly ». De fait, ni Claude Hermant, ni le
Belge Patrick Halluent, n’ont été questionnés sur le fait qu’Amedy
Coulibaly ait obtenu les armes qu’ils s’étaient procurées auprès de
la firme slovaque. Ces armes de guerre issues des stocks des armées
de l'ex-Pacte de Varsovie sont vendues neutralisées, mais leur remise
en état est assez simple techniquement.
Le 21 avril, Patrick Halluent, un ancien ingénieur de 52 ans qui se
fait passer pour détective privé, reconnaît lors de son audition avoir
acheté des armes démilitarisées chez le slovaque AFG. L’enquête a fait
apparaître qu’il en a acheté 174 entre le 18 juin 2013 et le 28 mai
2014. Les autorités slovaques, dans une note adressée à la direction
centrale de la PJ, signalent l’achat par Halluent de 14 armes, dont
l’un des fusils mitrailleurs CZ 58 retrouvés dans le supermarché cacher
de la porte de Vincennes, le scellé « VINC/A005 », qu’il avait acheté
à AFG le 13 janvier 2014.
Face au juge Stanislas Sandraps, Halluent prétend que Claude Hermant
était « son plus gros client ». « Je n’ai pas de liste des achats par
client, assure-t-il. Je n’ai que la liste des clients. Je calculais
une marge bénéficiaire de l’ordre de 100 à 200 euros par arme. Mes
prix étaient très attractifs. » En juillet 1999 déjà, Halluent, décrit
comme un « collectionneur d'armes », avait été victime d’un
cambriolage suivi d’un incendie criminel. « Les cambrioleurs, après
avoir forcé le coffre, y ont dérobé un arsenal important composé
d'armes de guerre, Uzis, riot-guns, pistolets et revolvers, avant de
bouter le feu, sans doute pour maquiller leur vol », signalait le
quotidien belge Le Soir.
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Mais c’est le 7 mai 2014, dans le cadre d’une enquête ouverte à Liège,
qu’une perquisition « amenait la découverte d’un canon de fusil prêt à
être expédié ainsi que tout le matériel nécessaire à la
remilitarisation des armes ». Alors qu’un autre suspect, Metin
Karasular, qui s’est manifesté à Charleroi dès le 12 janvier pour
révéler ses contacts avec Coulibaly au sujet de la vente d’une
voiture, a été incarcéré durant quatre mois, Patrick Halluent parvient
miraculeusement à passer entre les gouttes de l’antiterrorisme.
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La détention provisoire de Claude Hermant a été maintenue par le juge
des libertés et de la détention à Lille, jeudi dernier. Gérant d’une
friterie lilloise et d’un terrain de paintball, Claude Hermant, âgé lui
aussi de 52 ans, avait révélé en juin 2001 les dérives du service
d’ordre du Front national – le département protection et sécurité –,
des trafics d’armes, déjà, et des provocations dans les quartiers.
Entre 2008 et 2012, il a été l’animateur de la Vlaams Huis (Maison du
peuple flamand), à Lambersart, puis de la Maison des identitaires de
l’Artois. En mars 2013, c’est sur son terrain de paintball que les
gendarmes prennent le premier contact avec lui, introduits par un
douanier, Sébastien L., dont il est déjà l’informateur.
« Salut Claude, nous sommes partants pour les dossiers que tu nous as
présentés (armes-Charleroi) »
Immatriculé par le service, l’ancien militaire apporte diverses
“affaires” à la Section de recherche de la gendarmerie, et l’une
d’elles, un trafic d’armes, lui vaut d’être rémunéré – 2 000 euros,
selon les gendarmes – et aussi félicité par un commandant de l’unité
de Villeneuve-d’Ascq, Damien B., le 21 mars 2014.
« Le 18 février 2014, il nous parle d’une société qui s’appelle AFG en
Slovaquie et qui serait susceptible de vendre des armes par le biais
d’Internet », explique l’adjudant-chef B. Quelques noms sortent, dont
« quelqu’un à Charleroi ». « Il nous dit qu’il va chercher, et nous
sommes intéressés », admet le gendarme.
Hermant prend contact avec le “détective” belge, et s’enquiert de ce
qu’il peut lui fournir. « Une cible très intéressante et connue du
grand banditisme est arrivée, a rapporté Hermant devant les juges.
Samir L. était à la recherche d’armes. » La cible lui avait été «
présentée par un jeune qui traîne sur le Bd de Metz ». « Il voulait de
l’arme lourde, des kalachnikovs, des explosifs. C’était ce que je
pouvais avoir. Je lui ai dit d’attendre une semaine et j’en ai rendu
compte à M. B. [son officier traitant – ndlr ]. Il y a eu un mail et
un rendez-vous physique à Decathlon. Je lui explique [que] la cible est
venue me voir. Lui dit également que c’était une attaque de coffre-fort
qui était prévue ; car Samir me l’avait dit. M. B. me donne le feu
vert, me demande de bosser et d’obtenir les plaques
d’immatriculation. »
De nombreux mails – dont quelques extraits ont été dévoilés dans La
Voix du Nord ici – témoignent de ces échanges. Le 7 mai 2014, Claude
Hermant envoie un mail à Laurent B. Il résume ses recherches sur
Patrick Halluent, qu’il présente comme “détective privé”.
« Donc petit récap de ce matin. Rien d’illégal, ne vend que de la
"neutra" [de l’arme neutralisée – ndlr] et refuse catégoriquement
toute transformation et dit ne pas avoir les connaissances pour cela…
on prend "neutra" ou rien.
Fournisseur AFG. Slovénie [précise la mention du site internet – ndlr].
Il touche au monde des collectionneurs et tireurs pas des voyous,
après plusieurs mois à creuser, il n’a pas varié d’un pouce.
Il donne volontiers un plan venant de N [un site internet – ndlr] où si
on montre patte blanche le vendeur n’est pas hostile à donner de la
pièce "op" [arme opérationnelle, il précise le nom du vendeur, et le
lien – ndlr].
Ce contact est connu des collectionneurs. 80 % de la clientèle de
Patrick est française.
En bossant dessus, je suis retombé sur un fusible à nous. Il serait
bien de ne pas transmettre au belge cette info ou à gérer au mieux des
intérêts des infiltrations. [...]
Tiens-moi au courant de ce que vous faites avec les infos. Je serais
ralenti si le fusible saute. »
En réalité, le jour où ce mail est rédigé, Halluent subit une
perquisition, qui montre qu’il a lui-même du matériel de
remilitarisation. « Claude Hermant envoyait des personnes pour
recueillir des informations, il n’y allait pas directement, c’est pour
cela qu’il nous parlait de fusibles », a commenté l’adjudant-chef.
Dans ce même mail au gendarme, Claude Hermant rend compte de ses
premières recherches sur Samir L.
« Pour notre coffre-fort, voilà les 2 immat :
BW 5XXXX
BX 9XXXX
Si pas concluant, j’organise une autre surveillance, plus serrée pour
récupérer plaque et modèle de voiture exact.
J’ai Rdv ce w-e.
Si on fait match montre-moi la fiche "pol" antropo de l’individu je te
confirme la tronche.
Te ferai un rapport détaillé ap le prochain RDV.
Confirme réception et intention pour Patrick, Merci. »
Le gendarme répond :
« Merci Claude, les immat ne correspondent pas à des Maghrébins.
Laurent »
L’ancien militaire poursuit son infiltration, et livre effectivement
des armes à “la cible” des armes qu’il a commandées lui-même à AFG.
« Il y avait deux techniques, a détaillé Hermant aux juges. Soit
j’avais recours à un réseau existant, et je le dirigeais vers ce
dernier, soit j’injectais et cette solution a été prise vu la qualité
de la cible. C’est M. B. qui m’a dit de faire comme ça. Samir L. est
devenu une priorité de la SR et de moi. C’était dans l’année 2014. […]
Je devais maintenir le contact pour qu’ils puissent remonter quelque
chose de correct. Je lui injecte une quarantaine d’achats. Le listing
était dans la clé USB et dans les rapports. Il y a eu des armes de
poings et des armes longues. »
« Nous n’avons jamais été au courant de tout ça, s’est défendu
l’adjudant-chef B.. Si on nous avait parlé d’armes dans ces
proportions, on aurait sauté dessus. C’était du pain bénit. Nous
n’aurions jamais utilisé l’achat d’armes même neutralisées pour qu’il
les revende dans le but d’infiltrer un trafic. »
Hermant livre aussi des éléments sur un autre client d’AFG, qui
commande des armes sous le nom de « Nicolas Sarkozette ». Ces armes
« suivent un circuit de remilitarisation et finissent dans les
quartiers », commente-t-il. « Je te vois rire mais ce n’est pas une
blague. Amitiés. » L’informateur transmet la copie d’une carte
d’identité et un bon de commande destiné à AFG, au nom de
“Sarkozette”… Le gendarme affirme aux juges n’avoir « pas travaillé
sur ces infos ». Les mails se poursuivent ainsi toute l’année 2014.
« J’espère que vous avez eu le temps de travailler sur les infos
données… note Hermant en octobre. C’est une petite usine de remise en
état qui est en place. Un dénommé R… propose du matériel sur Lille sud
[…] Cela va du Scorpion à la Kalach et autres 9 mm para... »
Le 20 novembre 2014, l’adjudant-chef, Laurent B., et un autre gendarme,
David D., rencontrent leur source. Peu après, l’officier traitant
envoie un mail à Hermant : « Salut Claude, nous avons vu avec notre
hiérarchie, nous sommes partants pour les deux dossiers que tu nous as
présentés (armes-Charleroi). » « Je pense qu’il s’agit d’AFG, a
commenté Laurent B. Il y avait un client AFG à Charleroi. » Les
gendarmes ont fait un point avec le lieutenant T., puis ils ont rédigé
à cette occasion un nouveau « rapport de contact ». Mais il est
classifié secret défense.
Affaire Claude Hermant: le secret défense qui ajoute au trouble
Publié le 25/09/2015
PATRICK SEGHI
« Nous venons d’apprendre que le ministre de l’Intérieur a opposé le secret défense aux juges lillois qui instruisent l’enquête… » Ce qui ne perturbe en rien les proches de Claude Hermant, ex-mercenaire d’extrême droite, au cœur d’un vaste trafic d’armes.
Au contraire, l’intervention de Bernard Cazeneuve ne ferait qu’ajouter de l’eau au moulin de l’inculpé, présumé innocent. Elle repose la question de la nature des liens supposés avec les attentats de Paris. « Le fait que le nom de Coulibaly n’apparaisse jamais dans le dossier de Claude Hermant ; que celui-ci n’ait jamais été interrogé à ce propos, nous rassure… », poursuit une source familiale. La justice fera-t-elle un jour la jonction entre les deux affaires ? L’interrogation se fait de plus en plus lancinante.
Cinq armes… et 200 autres
Selon nos confrères de Médiapart, complétant nos propres informations, cinq armes, numéros de série à l’appui, auraient transité par la société de la compagne de Claude Hermant avant de se retrouver dans l’arsenal de Coulibaly. « Oui, Claude Hermant a bien vendu des armes neutralisées mais à S.L. (arrêté depuis par la police judiciaire lilloise). »Cette figure du grand banditisme roubaisien« était une cible prioritaire signalée à la gendarmerie par Claude Hermant »dont nous avons établi qu’il était un agent de renseignement de la section de recherche de Lille… « Ce que S.L. a fait de ces armes, nous n’en savons rien », poursuit l’entourage de l’ex-barbouze. Sous-entendu : comment a réagi la gendarmerie aux informations de son indic ? Si cette dernière se refuse à tout commentaire (notre édition du 12 août), Claude Hermant a, lui, mis en cause deux gendarmes et un agent des douanes.
Face au juge d’instruction lillois, l’un de ces gendarmes aurait, selon Mediapart, soulevé le caractère secret de ses missions. Bernard Cazeneuve, après avis de la commission consultative du secret défense, a brandi cette carte, cadrant les investigations lilloises. Reste une question. Si cinq armes achetées par Claude Hermant se sont retrouvées entre les mains de Coulibaly, qu’en est-il des « 200 autres » répertoriées par les les enquêteurs ?
Claude Hermant vient de voir une nouvelle demande de mise en liberté rejetée. « Il en formulera une autre dans quatre mois. »
Rappel des faits
Le 8 janvier 2015, Amedy Coulibaly tue une policière municipale à Montrouge (92). Le lendemain, il prend en otage les clients d’une supérette casher à Paris. Il en tue quatre… Il sera abattu lors d’un assaut du RAID.
Affaire Hermant : les avocats de la défense estiment que l’instruction est « biaisée »
Publié le 03/10/2015
PAR PATRICK SEGHI
Maxime Moulin et Guillaume Ghestem, les avocats qui défendent les intérêts de Claude Hermant et de sa compagne (poursuivis dans le cadre d’un trafic d’armes) sont aujourd’hui convaincus que la défense « ne dispose pas de toutes les informations » lui permettant d’assurer ses missions. Ils demandent la libération du prévenu. Et s’interrogent sur les effets du secret défense…
« Nous ne jouons pas à armes égales. » L’affirmation pourrait prêter à sourire si dans le cadre de ce dossier de plus en plus opaque, elle ne commençait à fleurer l’affaire d’État. « Nous ne sommes plus dans le conditionnel. Il y a un lien direct et établi entre l’affaire Claude Hermant et Coulibaly. Si le lien n’est pas direct alors on peut déterminer clairement quels sont tous les intermédiaires… » Voilà la ligne suivie par Maxime Moulin et Guillaume Ghestem qui défendent les intérêts du prévenu et de sa compagne, poursuivis dans le cadre d’un vaste trafic d’armes en bande organisée. Convaincu que « des éléments de preuve sont refusés aux magistrats lillois », que l’instruction est « biaisée », Maxime Moulin poursuit : « Il n’est pas question que les victimes de Coulibaly et que nos clients respectifs soient victimes du secret défense et de cafouillages divers et variés. »
« On nous cache des pans entiers du dossier »
Devant les « déséquilibres constatés », l’avocat roubaisien a beau jeu d’exiger aujourd’hui « la libération » de Claude Hermant qui doit, selon lui, devenir « témoin assisté ». « Le travail d’un juge est la recherche de la vérité. Là, on nous cache des pans entiers du dossier », restent convaincus les défenseurs qui, depuis peu, jouent sur du velours.
Depuis la divulgation que cinq armes traçables passées par la petite entreprise de la compagne de Claude Hermant ont bien atterri entre les mains de Coulibaly, l’affaire a pris une tournure nouvelle. « Mon client était un indic (de la gendarmerie). Ses renseignements devaient être plutôt bons puisqu’on leur oppose le secret défense. Mais il n’était pas un chef d’équipe, seulement une cheville ouvrière… » La chaîne des responsabilités s’ouvre désormais de façon béante. « Nous n’avons jamais été entendus dans le cadre du dossier parisien. » Le parquet se refusant toujours à faire le lien entre les deux affaires. Pour ajouter au trouble, les deux avocats ont fait savoir que leurs cabinets respectifs avaient fait l’objet d’une visite nocturne.