Terrorisme : nouvel attentat avorté, à Toulon

Les auteurs ou commanditaires s’avèrent être toujours du même groupe…

 

http://www.liberation.fr/france/2015/11/11/attentat-dejoue-a-toulon-le-suspect-en-contact-avec-un-jihadiste-present-en-syrie_1412614

Attentat déjoué à Toulon : le suspect en contact avec un jihadiste présent en Syrie

 

Par Willy Le Devin — 11 novembre 2015 à 13:01
La base navale de Toulon en 2004. Un homme interpellé fin octobre projetait d’attaquer au couteau des marins. Photo éric estrade. AFP

Hakim M., 25 ans, interpellé le 29 octobre, projetait d’attaquer au couteau des marins de la base navale. Mustapha M., un jihadiste ayant voulu s’en prendre à «Charlie Hebdo» avant de partir en Syrie, l’a aidé à définir son action.

  • Attentat déjoué à Toulon : le suspect en contact avec un jihadiste présent en Syrie

Après l’annonce, début juillet, d’un projet d’attentat déjoué contre le sémaphore de Béart (Pyrénées-Orientales), les militaires étaient une nouvelle fois visés par un jihadiste. Mardi, Canal+ a révélé l’interpellation, le 29 octobre, d’un Toulonnais de 25 ans, Hakim M., qui ambitionnait une attaque contre la base navale de la marine nationale du Var. En garde à vue, l’homme est passé rapidement aux aveux. Mis en examen le 2 novembre pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», il était connu depuis l’été 2014 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour ses velléités de départs en Syrie et son activité ostentatoire sur Facebook. Les enquêteurs ont notamment découvert des posts glorifiant l’action de l’Etat islamique (EI), ainsi que des échanges éloquents avec un autre Toulonnais, Mustapha M., parti, lui, en Syrie en décembre 2014.

Alertés par le contenu de leurs conversations, les services intérieurs ont intercepté deux colis, commandés par Hakim M. sur un site internet chinois, dont l’un contenait deux cagoules noires et un «couteau de combat». Le jihadiste présumé avait choisi d’acheter du matériel en ligne après avoir échoué à se procurer une kalachnikov en Corse. Ces colis avaient pour destination le foyer Adoma, dans lequel résidait Hakim M., qui avait coupé les ponts avec sa famille et ses amis depuis plusieurs mois. «Même si son passage à l’acte n’était pas encore totalement clair, son profil est un peu plus sérieux et déterminé que les trois jeunes impliqués dans le projet d’attaque près de Perpignan [Les trois suspects, Ismaël K. (17 ans), Djebril A. (23 ans) et Antoine F. (19 ans) consultaient tout de même des documents de propagande de l’EI et des manuels de confection d’engins explosifs, ndlr]. Toutefois, on observe désormais des similitudes dans de nombreux dossiers. Des consignes sont données par des connaissances en Syrie et certains, sur le territoire français, sont désignés ou se portent volontaires pour les appliquer», confie un policier antiterroriste haut placé.

C’est en effet en dialoguant avec Mustapha M. qu’Hakim M. se serait fortement radicalisé. Agé de 21 ans, Mustapha M. a lui-même un lourd passif. Il a été interpellé en septembre 2012 pour des menaces formulées à l’encontre de Charlie Hebdo après la publication de caricatures de Mahomet. Des perquisitions à son domicile avaient permis de mettre la main sur plusieurs couteaux. Libéré sous contrôle judiciaire en avril 2013, il cesse de pointer au commissariat en décembre 2014, période à laquelle il gagne la Syrie. Il se serait alors basé un temps à Raqqa, la capitale syrienne du califat de l’Etat islamique (EI), et serait «formé au combat» selon une source des services de renseignements. Pour sa part, Hakim M. a tenté de rejoindre les zones de combat en octobre et décembre 2014. La première fois, sa famille l’en a empêché en confisquant ses documents de voyage. Hakim M. les a alors déclarés volés, avant, semble-t-il, de réussir à reprendre les originaux à ses parents. En décembre, il tente de quitter la France par la route, et rejoint la frontière italienne où ses documents déclarés volés font tiquer les autorités lors d’un contrôle. Quelques semaines plus tard, en février 2015, une interdiction administrative de sortie de territoire, permise par la loi antiterroriste votée en novembre 2014, est prononcée à son encontre. Contraint de rester à Toulon, il aurait, sur conseils de Mustapha M., choisi de s’en prendre à des marins de la base navale, les militaires étant des cibles récurrentes de la propagande de l’Etat islamique.

Willy Le Devin

 

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Attentat « déjoué » à Toulon: le gouvernement réaffirme sa « vigilance absolue »

 

10 Nov. 2015, 21h49 | MAJ : 10 Nov. 2015, 21h49

 

Des militaires français embarque sur un navire de guerre Mistral à Toulon, le 18 juillet 2006
Des militaires français embarque sur un navire de guerre Mistral à Toulon, le 18 juillet 2006 (AFP/Eric Estrade)

 

Le gouvernement a insisté mercredi sur sa « vigilance absolue » face à la « menace terroriste élevée », après l’arrestation d’un homme qui était en contact avec un jihadiste français en Syrie et projetait d’attaquer des militaires à Toulon.

 

Cet homme de 25 ans, connu pour des faits de petite délinquance et dont la radicalisation avait été repérée vers l’été 2014 par les services de renseignement, notamment sur les réseaux sociaux, a été arrêté le 29 octobre. Il a été mis en examen le 2 novembre pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, puis écroué, mais ces informations n’ont filtré que mardi soir.

« Nous assurons avec beaucoup de force et d’autorité la sécurité des Français et nous en faisons aujourd’hui la démonstration », a déclaré Manuel Valls en marge des cérémonies du 11 novembre.

Selon le Premier ministre, « il y a toujours une menace terroriste particulièrement importante, mais nous combattons ce terrorisme à l’extérieur, en Syrie, en Irak (…) mais aussi bien sûr en France« .

« Chaque jour nous procédons à des arrestations », « chaque jour nous démantelons des filières », « chaque jour nous mettons hors d’état de nuire des individus qui veulent nous frapper », a énuméré de son côté le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. « C’est la raison pour laquelle nous déjouons des attentats », a-t-il assuré, réaffirmant sa « vigilance absolue ».

Les attentats jihadistes de janvier contre Charlie Hebdo et un supermarché casher à Paris, qui avaient fait 17 morts, ont été suivis de plusieurs autres attaques ou tentatives. Parmi celles-ci, certaines ont visé des militaires. Début février, trois militaires en faction devant un centre communautaire juif de Nice avaient ainsi été agressés au couteau par un homme aussitôt arrêté. Et en juillet, trois jeunes ont été écroués, soupçonnés d’avoir voulu attaquer le sémaphore de Fort Béar, un camp militaire de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) où avait officié l’un d’eux, alors marin.

- Un Français en Syrie déjà connu de la justice -

Ce sont à nouveau des militaires qui étaient la cible du jeune homme arrêté fin octobre. Dans son viseur, l’arsenal de Toulon, premier port militaire d’Europe, regroupant 70% de la flotte française, dont les sous-marins nucléaires d’attaque et le porte-avions Charles-de-Gaulle, bientôt déployé dans le Golfe pour participer aux raids contre le groupe jihadiste État islamique (EI).

Selon des sources policières et proches du dossier, le suspect, en rupture familiale depuis plusieurs mois, était surveillé par les services. Il souhaitait se rendre en Syrie, projet qu’il a « manifesté » en octobre et décembre 2014, poussant les autorités à prendre « des dispositions de police administrative pour l’empêcher de partir », a expliqué Bernard Cazeneuve.

C’est le foyer où il vivait à Toulon qui a appelé la police, après la réception de deux colis, un avec deux cagoules, l’autre avec un couteau de combat avec poing américain intégré, a-t-on précisé mercredi de source policière. Un colis, partiellement éventré, a éveillé les soupçons.

En garde à vue, il a reconnu avoir été en contact avec un Français actuellement en Syrie dans les rangs de l’EI qui, « par internet, l’a incité à passer à l’acte », selon une des sources proches du dossier.

Ce jihadiste français qui se trouve en Syrie depuis environ un an avait été mis en examen et écroué quelques mois pour avoir proféré de violentes menaces contre Charlie Hebdo en 2012, a ajouté cette source.

Les enquêteurs avaient établi un lien entre ce jeune homme, également toulonnais, et la cellule islamiste démantelée de Cannes-Torcy dont certains membres auraient eu, déjà, des projets d’attentat visant des militaires. Il avait néanmoins été libéré en avril 2013.

C’est lui qui a conseillé au jeune récemment arrêté d’acheter une arme, a précisé une autre de ces sources.

L’homme arrêté a fini par admettre un projet d’attaque contre des marins de la base navale de Toulon. Selon des sources policières, il n’avait pas encore de plan très précis, mais il « voulait mourir en martyr à l’arsenal ».



Attentats de Paris : le point sur les enquêtes en cours

Samedi 7 novembre 2015, Le Monde a publié deux articles payants relatifs aux attentats de janvier 2015 à Paris.

Le premier fournit des précisions sur les échanges d’Amedy Coulibaly et ses complices, ainsi que leurs modalités, et le second se rapporte au trafic d’armes de Claude Hermant à Lille, au sujet duquel il convient de rappeler qu’une information judiciaire avait été ouverte le 7 mai 2014, soit deux jours après la réalisation des étranges vidéos des frères Kouachi qui ont été retrouvées par les enquêteurs et concomitamment à l’ensemble des faits que j’ai révélés ou rappelés dans mon précédent article.

Rappelons ou précisons encore que l’avocat brestois de Josette Brenterch, Maître David Rajjou, est aussi depuis de nombreuses années celui des salafistes locaux et mène parallèlement à sa carrière d’avocat celle d’un homme politique local se manifestant comme « de gauche ».

 

http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/11/07/attentats-de-paris-la-justice-sur-les-traces-du-donneur-d-ordres_4805115_1653578.html

Attentats de Paris : la justice sur les traces des commanditaires

 

LE MONDE | 07.11.2015 à 10h49 • Mis à jour le 08.11.2015 à 13h49 | Par Elise Vincent

Amedy Coulibaly dans une vidéo de revendication des attentats de janvier 2015 à Paris. .

 

L’enquête colossale sur les attentats de Paris en janvier s’oriente aujourd’hui, notamment, sur la piste d’un donneur d’ordre. Une personne susceptible d’avoir coordonné à distance les attaques des frères Kouachi contre Charlie Hebdo, le 7 janvier, et d’Amedy Coulibaly à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le 9 janvier. C’est la découverte de quelques-uns de ses échanges avec ce dernier qui ont trahi l’existence de ce commanditaire. En l’état, impossible d’identifier son nom ou sa localisation exacte. Les éléments qui attestent de sa présence ne sont que des morceaux de mails et des adresses IP disparates repérées dans l’immensité du Web.

Mais dix mois jour pour jour après les attentats, l’étau se resserre progressivement, d’après les éléments que Le Monde a pu consulter, autour d’un individu basé à l’étranger. Un homme qui, à l’évidence, avait une vision d’ensemble des tueries qui ont coûté la vie à 17 personnes et en a piloté en partie les opérations.

Rédigés dans le langage lapidaire des SMS mais toujours précis dans leurs instructions, les messages de ce mystérieux commanditaire s’apparentent à chaque fois à de véritables ordres guerriers. « Ok, fé ske ta a fair aujourdhui ms simple com ça tu rentr dormir ensuit tu plank et verifi adress 1 ts les jrs : indications bientot pr recup amis aider toi. debarasse toi puce, maintenant passe sur adress 1, fini adress 2 », écrit-il ainsi à Amedy Coulibaly le 7 janvier, à 14 heures. Soit seulement deux heures après la tuerie de Charlie Hebdo

Un carnage beaucoup plus important aurait pu avoir lieu

Un peu plus tôt, à 12 h 48 exactement, le coordinateur inconnu a consulté un message du futur tueur de l’Hyper Cacher contenant plusieurs fichiers intitulés « Inventaires ». Un seul d’entre eux n’était pas chiffré et donne une idée du contenu des autres. « J’ai un AK74 avec 275 cartouches. Six tokarev avec 69 cartouche. Trois gillet par balle militaire trois gillet tactique deux bombe a gel et a gaz deux gros couteaux un choqueur ». Un mail à l’orthographe hasardeuse sans doute rédigé par Amedy Coulibaly lui-même.

En plus d’établir qu’il y avait donc bien une personne, en coulisse, tirant les ficelles du drame, ces échanges laissent entrevoir la possibilité de ce que les services de police redoutent depuis toujours : des attaques simultanées sur le territoire de plusieurs djihadistes embusqués. Au-delà des frères Kouachi, Amedy Coulibaly devait, semble-t-il, recevoir le renfort de plusieurs compagnons d’armes pour son épopée macabre. Un carnage beaucoup plus important aurait pu avoir lieu, le 9 janvier. Mais pour une raison que l’on ignore encore, ces complices-là, qui pourraient être parmi les sept hommes aujourd’hui mis en examen dans le cadre de l’enquête en cours, ont dû faire machine arrière.

Un scénario redoutable qui semble avoir échoué à la dernière minute, et dont atteste, en filigrane, un dernier mail du donneur d’ordre présumé, dévoilé par BFM-TV, le 13 octobre. Le message date cette fois du 8 janvier à 17 h 21. « 1) pas possible amis, travailler tt seul », écrit notamment l’insaisissable correspondant avant d’ajouter : « 2) si possible trouver et travailler avec zigotos bien. 3) si possible expliker ds video ke toi donner zigoto les outils au nom de d, préciser leskels. » Les « zigotos » désigneraient les frères Kouachi, alors en pleine cavale. « D » signifierait « Daech ». L’enquête a par ailleurs permis de rassembler des éléments soutenant l’hypothèse selon laquelle c’est effectivement Amedy Coulibaly qui a fourni les armes aux Kouachi.

Officiellement, les frères Kouachi ont revendiqué seuls l’attaque du journal satirique au nom d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA). Revendication appuyée, dès le 9 janvier, par un message vidéo sur YouTube du porte-parole d’AQPA au Yémen, Nasser Ben Ali Al-Anassi. Dans une autre vidéo posthume, Amedy Coulibaly, lui, s’est réclamé de l’Etat islamique (EI). Mais en exhumant tous ces échanges, le travail minutieux des enquêteurs spécialisés en cybercriminalité montre que les frontières peuvent être poreuses entre les deux organisations.

La filière dite des « Buttes-Chaumont »

Quel individu, francophone, a pu avoir l’expérience, le parcours et le réseau, pour se retrouver informé à la fois du projet des frères Kouachi contre Charlie Hebdo au nom d’AQPA et de celui d’Amedy Coulibaly au nom de l’EI ? Quel itinéraire derrière ce soin inattendu à ne pas laisser AQPA « bénéficier » seule des retombées médiatiques de l’attentat contre le journal satirique ?

En la matière, les experts de l’antiterrorisme français ont assez vite fait le tour de leur documentation. Et une nouvelle fois, ils en sont revenus à ce dossier maudit qui n’était qu’un parmi d’autres lors du procès de ses auteurs, en mars 2008 : la filière dite des « Buttes-Chaumont ». Un petit groupe d’amis issus du Nord-Est parisien, condamnés pour avoir été candidats au djihad en Irak, au début des années 2000, et dont a notamment fait partie Chérif Kouachi.

Parmi les protagonistes de ce dossier aux ramifications sans fin, un nom suscite un intérêt particulier : celui de Peter Cherif, 33 ans. Aucune note, aucun rapport ne fait le lien direct entre lui et les attentats de Paris. Mais son nom revient avec insistance dans l’épluchage des répertoires téléphoniques et les diverses auditions de l’entourage des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly.

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Le 17 octobre, le journal régional L’Union a de son côté exhumé le témoignage d’un ancien moniteur d’auto-école. Sous le pseudonyme de Patrick, celui-ci se dit toujours intrigué par le fait que les frères Kouachi ont trouvé leur dernier refuge dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), située à moins de 300 m d’un centre de formation routière que Peter Cherif a fréquenté en 2010. Son prosélytisme religieux avait, déjà, à l’époque, marqué les esprits.

Cet ancien délinquant compte parmi les Français les plus aguerris au sein d’une organisation terroriste étrangère. Combattant expérimenté, il a été au front en Irak, en 2004. Capturé à Falloujah, il est passé tour à tour par le sinistre camp Bucca et la prison d’Abou Ghraib. Il a réussi à s’échapper en 2007 avant d’être arrêté en Syrie, puis extradé vers la France. Remis en liberté avant d’être jugé, il a réussi une nouvelle fois à s’échapper le dernier jour de son procès, en 2011. C’est là qu’il a fui au Yémen. Nul ne sait s’il y est toujours. Hasard du calendrier, Peter Cherif a, le 29 septembre, rejoint le cercle très restreint des Français ajoutés à la liste noire des Etats-Unis des « combattants étrangers ».

Un autre nom revient également dans l’énorme instruction dirigée par la juge Nathalie Poux : celui de Salim Benghalem. Ce geôlier présumé des quatre journalistes français retenus en otages en Syrie, libérés en 2014 après dix mois de détention, a été l’une des principales cibles des premières frappes françaises en Syrie, début octobre. Sa particularité : avoir fait le voyage avec Chérif Kouachi, en 2011, vers Oman, d’où ils seraient tous les deux passés au Yémen. Un séjour de quelques semaines au cours duquel Chérif Kouachi a sans doute reçu l’entraînement commando qui lui a servi lors de l’attaque de Charlie Hebdo.

Salim Benghalem – qui a rejoint mi-2013 les rangs de l’EI en Syrie – connaît aussi de loin Amedy Coulibaly. En 2010, il a été entendu dans une affaire où le tueur de l’Hyper Cacher a été condamné : le projet d’évasion d’Aït Ali Belkacem, un des artificiers des attentats de la station RER Musée-d’Orsay, à Paris, en 1995. Salim Benghalem est surtout apparu, en février, dans une vidéo de propagande publiée sur le site Internet d’Al Hayat, le « centre de presse » de l’EI, où il se réjouissait des attentats de Paris.

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Aujourd’hui, aucune trace d’échanges directs entre le mystérieux interlocuteur d’Amedy Coulibaly et les frères Kouachi n’a été retrouvée. Peut-être ont-elles existé, mais à la différence de leur camarade dont l’ordinateur a été découvert dans l’Hyper Cacher, les Kouachi ont soigneusement pris le temps de nettoyer leur matériel informatique avant de se lancer dans leur cavale mortifère. De leurs dernières heures, les enquêteurs, n’ont retrouvé que quelques images de famille, où ils posent sur le canapé familial, en oncles modèles, leurs neveux sur les genoux.

Saura-t-on donc jamais ce qui s’est vraiment tramé derrière l’une des adresses mail utilisées par le mystérieux commanditaire ? Notamment « lawrence0122007@gmx.com », un compte ouvert le 8 janvier, à 12 h 25. Nom : Patriks Lawrence. Domicile : « JP ». Né le 13 septembre 1981. Jusque-là, l’enquête a pu établir qu’une personne située sur le territoire français avait pu, par un cheminement indirect, encore tenter de s’y connecter fin janvier. Il s’agirait d’un proche de Mehdi Belhoucine, un jeune homme qui a fui en Syrie début janvier avec Hayat Boumedienne, l’épouse religieuse d’Amedy Coulibaly. Cet ami resté en France souhaitait-il lui aussi récupérer des instructions ?

A son mystérieux tuteur opérationnel, Amedy Coulibaly avait en tout cas confié jusqu’à ses prescriptions testamentaires. Dans un ultime message non daté intitulé « salam », il demande à ce que l’on prenne soin d’Hayat Boumedienne : « Je voudrais que le frère s’occupe de ma femme dans les regles de l’Islam. Je voudrais pour elle qu’elle ne se retrouve pas seule qu’elle est une bonne situation financiere qu’elle ne soit pas dellaiser. Surtout qu’elle apprenne l’arabe, le Coran et la science religieuse. Veillez a se quel aye bien religieusement. Le plus important c’est le dine [la religion en arabe] et la foi et pour sa elle a besoin d’etre accompagné. Qu’Allah vous assiste. »

Après de longs mois d’attente, la demande d’entraide judiciaire adressée à la société américaine éditrice de l’adresse mail « lawrence0122007@gmx.com » a fini par revenir au ministère de la justice. C’était mi-octobre. Le résultat a été aussi décevant que prévisible : compte « bidon », « fermé le 28 janvier », était-il seulement fait mention.

 

http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/11/07/les-remords-de-l-ex-parachutiste-devenu-marchand-d-armes_4805125_1653578.html

Les remords de l’ex-parachutiste devenu marchand d’armes

 

LE MONDE | 07.11.2015 à 10h58 • Mis à jour le 08.11.2015 à 19h07 | Par Elise Vincent

Les frères Kouachi après l'attentat à Charlie Hebdo, à Paris, le 7 janvier 2015.

 

Il s’appelle Claude H. Ce Lillois de 52 ans déclare officiellement exercer le métier de « veilleur de nuit ». Mais sa vie est un roman noir. D’abord engagé dans le régiment de parachutistes de Pau au début des années 1980, Claude H. a œuvré pendant quinze ans dans la zone grise du secteur de la « sécurité » et autres barbouzeries en Croatie, au Congo et en Angola. Puis il a doucement glissé vers le monde des « portiers » de boîtes de nuit et des professionnels de la boxe thaïlandaise.

Mais, si son nom a rejoint, au printemps, l’enquête sur les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, c’est parce que Claude H. est aussi devenu marchand d’armes. Les enquêteurs sont remontés jusqu’à lui, inopinément, en étudiant à la loupe les très nombreuses armes détenues par Amedy Coulibaly, dans son appartement conspiratif de Gentilly et dans l’Hyper Cacher.

Une partie de ces armes pourraient avoir transité par un autre artisan de ce marché clandestin. Un certain Metin K., d’origine kurde, boulanger de formation et garagiste à ses heures. Basé en Belgique, très connecté à la mouvance islamiste radicale, il est déjà mis en examen dans l’enquête sur les attentats. Mais d’autres armes, au moins quatre pistolets semi-automatiques Tokarev et sans doute un fusil d’assaut CZ, auraient pu passer entre les mains de Claude H.

La transaction de trop?

Les bases documentaires d’Europol et d’Interpol ont permis d’établir que cet arsenal avait été acheté par une société slovaque et vendu sur Internet, avant d’arriver entre juillet et novembre 2014 jusqu’à la société gérée par la compagne de Claude H. Souci de taille : Claude H., ancien animateur de la Vlaam Huis (« maison du peuple flamand ») à Lambersart (Nord), un lieu chargé de regrouper la mouvance identitaire, est un indicateur patenté des gendarmes. La bienveillance relative des forces de l’ordre à l’égard de sa double activité a-t-elle laissé passer la transaction de trop ?

Poursuivi depuis mai 2014 dans une affaire de trafic d’armes en bande organisée dans la région lilloise, il a finalement été placé en détention provisoire le 23 janvier. Un dossier, pour l’heure, distinct de l’instruction sur les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Même si, interrogé le 22 janvier sur les armes retrouvées en possession d’Amedy Coulibaly, Claude H. s’est confié : « En détaillant ce qui a pu paraître dans la presse, (…) j’ai pris conscience que ces armes citées [auraient] pu être des armes que j’ai été amené à fournir. »

Claude H. assure qu’il travaillait toujours avec le même intermédiaire. Un jeune trentenaire, originaire de Roubaix, proche des milieux du banditisme. Lui aussi a été placé en détention provisoire depuis fin avril. Claude H. dit l’avoir rencontré mi-2014, à l’occasion « d’opérations d’infiltrations pour le compte de la gendarmerie ». Il lui aurait alors vendu une quarantaine de pièces en quelques mois. La dernière commande, composée de six armes, serait arrivée juste avant les attentats.

Stupéfait par les « faits de Paris », comme il les appelle, Claude H. dit avoir interrogé très directement son client pour savoir « s’il était impliqué ». Ce dernier, qui se mure dans le silence face aux accusations, lui aurait alors répondu « qu’il allait se mettre au vert ».

 

http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/09/25/le-djihadiste-francais-salim-benghalem-aurait-ete-le-geolier-des-ex-otages-en-syrie_4771104_1653578.html

Le djihadiste français Salim Benghalem aurait été le geôlier des ex-otages en Syrie

 

Le Monde.fr | 25.09.2015 à 07h03 • Mis à jour le 25.09.2015 à 11h45 | Par Soren Seelow

Salim Benghalem en 2010.

 

A Cachan, dans le Val-de-Marne, ses anciens camarades se souviennent de lui comme d’un jeune homme « drôle », volontiers « taquin », et « pas spécialement courageux ». Salim Benghalem est aujourd’hui soupçonné d’être un des principaux geôliers de l’Etat islamique (EI). Le 23 juillet, une information judiciaire a été ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris pour enlèvement et séquestration visant Mehdi Nemmouche, Salim Benghalem « et tous autres ». Ces deux ressortissants français ont été identifiés parmi le groupe de djihadistes francophones chargés de surveiller les quatre journalistes français – Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres – gardés en otage par l’EI entre juin 2013 et avril 2014.

 

La présence dans les geôles de l’EI de Mehdi Nemmouche, l’auteur présumé du quadruple assassinat du 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles, avait été révélée par Le Monde en septembre 2014. Selon nos informations, il était en réalité encadré dans ses basses œuvres par un Français bien plus important au sein de la hiérarchie de l’EI : Salim Benghalem, 35 ans, compagnon d’armes des frères Kouachi et connu des services de renseignement depuis près de cinq ans. Ces deux djihadistes auraient gardé en binôme les quatre otages français dans une prison d’Alep sur une période de six mois, entre juillet et décembre 2013.

Mehdi Nemmouche a été décrit par les témoignages des anciens otages comme un exécutant de base au tempérament brutal, qui semblait se servir de son engagement djihadiste pour assouvir sa soif de notoriété – il rêvait qu’un épisode de Faites entrer l’accusé, son émission préférée, lui soit consacré. Son supérieur hiérarchique, Salim Benghalem, apparaît, lui, comme un professionnel aguerri du djihad ayant patiemment gravi les échelons de l’EI. « Quand Nemmouche cognait, c’est Benghalem qui posait les questions », précise une source proche du dossier.

Une ascension fulgurante dans la hiérarchie de l’EI

Une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) permet de mesurer l’ascension de cet ancien petit délinquant de Cachan dans l’organigramme de l’EI : Salim Benghalem « ferait actuellement partie de la police islamique de l’EI et participerait aux exécutions et châtiments corporels administrés aux personnes jugées par leurs soins ». Une autre note précise qu’il a occupé « les fonctions de bourreau au sein du Tribunal Islamique à proximité d’Al-Bara [près d’Alep], où il aurait déjà exécuté une sentence de mort ». Une information corroborée par le département d’Etat américain, qui l’a placé en septembre 2014 dans sa liste des dix « Specially Designated Global Terrorists » – désignant les personnes les plus dangereuses aux yeux de Washington – pour avoir participé à des exécutions.

Salim Benghalem n’est pas uniquement soupçonné d’être un geôlier. Il est également visé dans la procédure du 23 juillet pour « provocation à commettre des actes de terrorisme », en raison de son apparition dans une vidéo de propagande diffusée le 12 février 2015. Dans ce « reportage » tourné sous la contrainte par un otage britannique, John Cantlie, un djihadiste français, identifié comme étant Benghalem, se félicite à visage découvert des attentats commis en janvier à Paris par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, dont il a croisé la route quelques années plus tôt. Il y exhorte ses « frères » en France à devenir des « loups solitaires » et à combattre les mécréants : « Tuez-les avec des couteaux, crachez-leur au minimum à la figure, mais désavouez-vous d’eux. »

L’ascension fulgurante de Benghalem au sein de la hiérarchie de l’EI est un cas d’école pour les services de renseignement, qui n’ont pas su interpréter le parcours initiatique de cet ancien délinquant, radicalisé sur le tard…

Pour en savoir plus : Salim Benghalem, le petit bandit français devenu geôlier de l’Etat islamique



Attentats de Paris : deux vidéos des frères Kouachi découvertes par les enquêteurs

Pour l’heure, difficile d’en dire grand-chose.

Cela m’évoque la manière dont j’avais été accueillie dans l’association AC ! Brest en début d’année 2004 par un militant de la LCR aux ordres de Josette Brenterch. Il faisait mine de tenir un fusil et mimait les gestes consistant à le pointer dans ma direction, me viser et tirer. « Pan ! Pan ! » faisait-il alors, « les ingénieurs, je les tue ! »

La date de ces vidéos, maintenant. Elles ont été tournées le 5 mai 2014.

Sachant à quel point les anniversaires ont d’importance pour certains, cela m’évoque d’abord le 5 mai 1994, un jour où, arrivant au bureau comme tous les matins, j’en ai « tué » quelques-uns de mes collègues de travail qui me croyaient bien morte depuis la veille au soir…

Mais il est d’autres évènements qui, bien plus récents, peuvent être rapprochés assez sûrement de cette date du 5 mai 2014 :

1°/ en date du 6 mai 2014, c’est-à-dire le lendemain, l’avocat de Josette Brenterch a communiqué au mien ses conclusions en appel pour la procédure engagée à mon encontre par sa cliente à compter du 19 août 2011 à raison de soi-disant injures et diffamations publiques qu’auraient consisté les droits de réponse que je publiais sur mon blog « Un petit coucou » chez OverBlog à la suite de ses campagnes de calomnies publiques nominatives à mon encontre, afin de démentir la version de ma biographie qu’elle faisait publier sur ses blogs par son complice Pascal Edouard Cyprien Luraghi depuis le 19 juin 2010, et de rétablir quelques vérités à ce sujet, me concernant au plus haut point, puisqu’il s’agit de ma vie comme de mon honneur et de ma réputation;

2°/ Souad Merah, son mari et ses enfants ont quitté la France entre le 6 et le 9 mai 2014;

3°/ Cyprien Luraghi a « déménagé » du site Rue89 le 10 mai 2014 et ne s’y est plus exprimé jusqu’au 7 novembre 2014, jour où, y reprenant son activité habituelle de troll, il troquait son dernier avatar, une tête de mort, pour celui de son tout nouveau « Numeric », et indiquait avoir « tenu six pieds sous terre » durant « six mois et un jour »; il avait donc retenu la date du 6 mai 2014;

4°/ Cyprien Luraghi a suspendu son blog public le 13 mai 2014 et ne l’a rouvert que le 24 décembre 2014.

 

http://www.rtl.fr/actu/politique/deux-videos-recuperees-dans-l-enquete-sur-les-freres-kouachi-7780431970

Deux vidéos récupérées dans l’enquête sur les frères Kouachi

 

INFO RTL – Les enquêteurs continuent de décrypter les centaines de mails que les deux terroristes ont tenté d’effacer avant les attentats de janvier 2015.

 

La page de l’émission : RTL Matin
Attentats de Paris : deux vidéos des frères Kouachi découvertes par les enquêteurs dans AC ! Brest 7776169442_000-ts-hkg10134563
Deux vidéos récupérées dans l’enquête sur les frères Kouachi Crédit Image : FRENCH POLICE / AFP Crédit Média : Nicolas Burnens

 

par Nicolas Burnens , Geoffroy Lang publié le 09/11/2015 à 08:14 mis à jour le 09/11/2015 à 08:31

 

Malgré les précautions pris par les frères Kouachi pour faire disparaître les traces de leur préparation des attentats de janvier, l’enquête continue de progresser. Ils avaient pourtant pris le soin de supprimer toutes leurs données avant de commencer leur tuerie. Mais les experts en cybercriminalité ont réussi à récupérer ces deux vidéos effacées sur une carte mémoire. Sur une première vidéo de 57 secondes, on y voit l’un des deux frères, probablement Chérif, debout dans une cave. Il fait semblant de tenir un fusil et mime une revendication sans prononcer le moindre mot. La seconde séquence, filmée au même endroit, simule une attaque. On aperçoit une main qui tient une arme de poing, sans tirer de coups de feu.

Ces vidéos sont datées du 5 mai 2014, soit huit mois avant les attentats. A l’époque, les frères Kouachi sont encore sous la surveillance des services de renseignement et déjà en contact avec Amedy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l’Hyper Cacher. Plusieurs questions entourent ces images : est-ce la répétions de leurs futures attaques ou une simple revendication qui était censée être publiée plus tard ? Et à qui ces vidéos sont-elles destinées ?

Un commanditaire identifié

Au fil de l’enquête, un homme bien connu des services de renseignement apparaît de plus en plus comme un possible commanditaire. Salim Benghalem, un Français de 35 ans originaire de la région parisienne, a rejoint Daech en octobre 2013. D’abord simple combattant, il serait devenu très vite un recruteur et un bourreau présumé de l’État Islamique. Mais les enquêteurs s’intéressent surtout à cette vidéo diffusée en février dernier. Salim Benghalem se réjouit des attentats et appelle ses frères d’armes à frapper à nouveau.

L’enquête n’a pas permis de démontrer qu’il était effectivement le commanditaire des attentats de janvier. Mais le terroriste a bien été en relation avec ses auteurs. En 2011, il se rend aux côtés de Chérif Kouachi au Yémen pour s’entraîner au maniement des armes. Les deux hommes s’étaient rencontrés dans les années 2000 au sein de la bande des « Buttes Chaumont », un groupe lié à l’islamisme radical. Et puis, Salim Benghalem connaît également Amedy Coulibaly. Ils sont mêlés à la même affaire : la tentative d’évasion d’un des responsables des attentats de 1995 à Paris. En tout cas, l’homme est aujourd’hui jugé suffisamment dangereux, pour être désigné, depuis octobre, comme l’une des cibles des frappes françaises en Syrie.

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par Nicolas BurnensJournaliste RTL

 

 

http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/salim-benghalem-un-delinquant-sans-envergure-devenu-l-un-des-jihadistes-francais-les-plus-dangereux-7780150003

Salim Benghalem, un délinquant sans envergure devenu l’un des jihadistes français les plus dangereux

 

PORTRAIT – Geôlier et sans doute bourreau de Daesh, le Français aurait été une cible d’un bombardement français en Syrie.

 

Des membres de l'État islamique (photo d'illustration).
Crédit : TAUSEEF MUSTAFA / AFP

Des membres de l’État islamique (photo d’illustration).

 

par La rédaction numérique de RTL , Avec AFP publié le 18/10/2015 à 15:07 mis à jour le 18/10/2015 à 15:09

 

Qui pouvait prévoir que Salim Benghalem, petit délinquant de Cachan, serait considéré aujourd’hui comme l’un des plus dangereux parmi les jihadistes français partis en Syrie et en Irak ? Geôlier et sans doute bourreau de Daesh, Benghalem a été selon Le Monde une cible d’un bombardement français à Raqqa, en Syrie le 8 octobre. Une information que la Défense n’a pas commenté.

Jugé en 2007 devant les assises du Val-de-Marne, alors qu’il était âgé de 26 ans, pour un assassinat dans un règlement de comptes entre cités en 2001, il se repent de sa « totale erreur », . En détention, il se conduit bien; sa contrition convainc. L’avocat général réclame 18 ans de réclusion, il en prend onze.

Radicalisé en prison

Mais la prison a changé ce dragueur, consommateur de « shit ». Selon un proche du dossier, elle l’a placé sur le chemin d’islamistes violents, comme Mohammed El Ayouni, pilier de la filière des Buttes-Chaumont, groupe radical du nord parisien. El Ayouni est une « figure », auréolé de son « jihad » en Irak où il a perdu un œil et un bras en 2004. Benghalem se marie religieusement en janvier 2010 avec une femme qui lui a été présentée, et à sa sortie, fréquente le groupe des Buttes-Chaumont, y rencontre les futurs assassins de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly.

Désormais « client » identifié de l’antiterrorisme, il est interpellé en septembre 2010 pour le projet avorté d’évasion d’un auteur des attentats de 1995, Smaïn Aït Ali-Belkacem. Coulibaly et Chérif Kouachi sont condamnés. Benghalem s’en tire avec une garde à vue.

Le Yémen, un tournant

En juillet 2011, il est avec l’un des Kouachi dans un avion pour Oman, porte d’entrée pour le Yémen. Il n’a pas prévenu ses proches. Après trois semaines, Benghalem revient. Ce court séjour semble un tournant. Il raconte à son entourage avoir payé un bédouin pour traverser le désert jusqu’au Yémen. Une « tribu de jihadistes » l’aurait formé aux armes, selon la déposition d’une proche dont l’AFP a eu connaissance.

Il croise sans doute un gros poisson du radicalisme islamiste français, Peter Chérif, et raconte avoir rencontré des responsables d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), dont Anwar al-Awlaki, un Américain d’origine yéménite tué peu après par un drone américain. Un haut responsable de la nébuleuse islamiste que Chérif Kouachi évoquera aussi en janvier dans une interview donnée avant d’être abattu.

À en croire les confessions d’un proche aux policiers, Benghalem aurait raconté avoir reçu pour mission « de commettre un attentat en France contre des Américains ». Il aurait renoncé, entretenant « un doute sur le bien-fondé » d’une telle action. 

Départ en Syrie

Ses envies d’ »hijra », d’émigration en terre d’islam, s’ancrent. En décembre 2012, il part en Tunisie, impose le niqab à sa femme, mais ne trouve pas de travail et rentre. Selon un proche du dossier, il y tisse des liens avec des Tunisiens qu’il retrouvera en Syrie. Une destination naturelle pour un islamiste radical français. Benghalem y part mi-2013, brièvement rejoint par son épouse et leurs deux enfants. « Il y avait plein d’armes dans la maison, elles étaient en hauteur à cause des enfants et la plupart n’étaient pas chargées », a raconté à son retour la jeune femme aux policiers.

Celui qui se fait appeler « Abou Mohamed » reste en contact avec la France par Skype et Viber, raconte les combats, les rivalités entre jihadistes, affiche son souhait de « mourir en martyr ». En novembre 2013, selon le récit de son épouse, il est blessé par balle à une jambe. Mais il guérit. Un proche du dossier décrit un homme endurci, « insensible ».

Exécuteur de Daesh

Il travaillait dans une prison et il participait aux interrogatoires », notamment de soldats de Bachar al-Assad mais aussi de personnes ayant commis des infractions au regard des règles de l’État islamique « car il fait partie de la police islamique », explique en audition un membre de son entourage. Benghalem concède que des jihadistes peuvent être exécutés pour « quelque chose qui selon le Coran méritait la peine de mort« , selon ce témoignage. Des femmes aussi, accusées de cacher des puces électroniques pour guider les frappes.

Comme l’a révélé Le Monde, il a été avec Mehdi Nemmouche, le tireur du musée juif de Bruxelles, un des geôliers des quatre journalistes français libérés en avril 2014 après dix mois de détention. En le plaçant en septembre 2014 sur leur liste noire, les Américains n’ont exprimé aucun doute : loin d’être chargé de verbaliser des infractions mineures comme l’affirmaient récemment certains proches à Cachan, Benghalem « effectue des exécutions pour le compte » de l’EI.

Plus de doutes

Ses doutes sur le bien-fondé d’actes terroristes, ont disparu. Un proche décrit aux enquêteurs comment il se compare à Mohamed Merah : délinquance, prison, radicalisation. Il lui explique que les attentats à la bombe ne sont « plus trop d’actualité », que ce sont « les tueries en série qui sont préconisées » désormais. Le 9 février, dans une vidéo de propagande tournée par le Britannique John Cantlie, journaliste otage de Daesh, il exprime sa joie après les tueries de Paris, invoque Merah, appelle ses « frères » à des actions similaires.

Ce quatrième d’une fratrie de sept enfants, n’est plus le « gringalet », « très taquin », décrit par ses amis de Cachan. Benghalem est devenu un nom qui compte parmi les quelque 850 jihadistes français. Au même titre que Cherif, El Ayouni, Mourad Farès -incarcéré après avoir fui la Syrie-, Oumar Diaby ou David Drugeon -sans doute tués.

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par La rédaction numérique de RTL

 

http://www.leparisien.fr/faits-divers/enquete-comment-souad-merah-a-prepare-son-depart-en-syrie-13-05-2015-4767399.php

Enquête : comment Souad Merah a préparé son départ en Syrie

 

La sœur du tueur à scooter avait minutieusement préparé son départ vers les terres du jihad, où elle a fini par partir en 2014 avec son mari et ses quatre enfants.

 

Le Parisien | 13 Mai 2015, 06h59

 

Elle est toujours l’une des femmes les plus recherchées de France. Elle était pourtant l’une des plus surveillées avant de disparaître en Syrie. Selon nos informations, Souad Merah, la sœur de Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Montauban et Toulouse en mars 2012, a été placée sur écoute par les enquêteurs de la SRPJ de Toulouse pendant plus d’un an, et jusqu’à son départ pour les terres du jihad, en mai 2014.

Lors de ses conversations, Souad, radicalisée de longue date, a distillé des indices laissant peu de doute sur son désir de quitter la France pour un long voyage dans un pays musulman, sans toutefois évoquer clairement la Syrie. Nous avons pu consulter les retranscriptions de l’essentiel des échanges alors interceptés par la police toulousaine, qui ne ratait aucun de ses faits et gestes mais n’a pas pu l’empêcher de mener à bien son projet de départ. Eloquent.

Un an avant le départ : « Je sais, ça se prépare »
Une première conversation sans équivoque est interceptée le 23 avril 2013 entre Souad et l’une de ses confidentes. Les deux femmes discutent de la nécessité de faire la « hijra », terme qui désigne le retour en terre d’islam. La sœur de Mohamed Merah fait alors part de ses errements sur le sujet. « Moi par exemple, ne serait-ce que pour faire hijra, je fais trop de manières avec mon mari : Non on va pas là, non la Mauritanie c’est trop dur… »

Plus loin, elle se montre pourtant bien moins hésitante. « Je sais, ça se prépare. Moi j’ai dit à mon mari : on partira. Quand on aura les moyens de s’acheter quelque chose. En fait non, on doit pas réagir comme je réagis ! Tu vois, parce que normalement on n’a pas le droit de rester dans ce pays (NDLR : la France), déjà, à la base. »

Quatre mois avant : « On va faire les cartes d’identité pour tout le monde »
En janvier 2014, le doute n’est plus permis. Plusieurs conversations interceptées entre Souad et son mari, Abdelouahed, indiquent que le couple cherche à refaire les passeports et cartes d’identité de toute la famille. Lors de l’échange qui suit, l’époux se trouve manifestement à la mairie de Toulouse. « Faut faire les cartes d’identité, les trucs ? », demande-t-il. « Ben oui, pour Mohamed (NDLR : l’un de leur fils), et pour moi, la mienne est périmée », répond sa femme.

Pour éviter tout malentendu, elle résume finalement la tâche à accomplir : « Tu demandes deux dossiers pour passeport, un pour bébé et un pour adulte… et d’identité pour adulte, et carte d’identité pour enfants. [...] Non, excuse-moi, en fait on va faire les cartes d’identité pour tout le monde. »

Trois mois avant : « Il faudrait pas que je dépasse fin avril »
Nouvel indice, plus précis encore, fin février. Cette fois, une date approximative de départ est évoquée. Dans cet échange a priori banal, Souad Merah informe son mari qu’elle doit prendre rendez-vous chez une dentiste. Mais la date proposée par la praticienne semble poser problème. « Elle pourrait finir [les soins] le 6 mai », indique-t-elle. Abdelouahed tique : « Ah non, non le 6 mai c’est beaucoup trop. » Sa femme insiste : « Je vais pas partir avec mes dents à moitié. » Elle demande conseil pour la date à choisir lors d’un nouvel appel quelques minutes plus tard : « En fait, il faudrait pas que je dépasse fin avril, c’est ça ? – Fin avril, ouais. Pas fin, vers le 25 avril. »

Le 9 mai, Souad, son mari et leurs quatre enfants embarquaient sur un vol Barcelone-Istanbul avant de gagner la frontière syrienne.



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