Le djihadiste Charaffe el-Mouadan a été tué en Syrie le 24 décembre 2015 29 décembre
J’aurais amplement préféré annoncer ou relayer l’information de l’interpellation du malade mental et danger public Pascal Edouard Cyprien Luraghi, mais c’est ainsi.
Né le 15 octobre 1989 à Bondy (Seine-Saint-Denis) de deux parents marocains, Charaffe el-Mouadan était bien l’informaticien de Drancy que j’avais indiqué dans mon article y consacré le 21 décembre 2015.
Il avait exercé comme indépendant à compter du 15 avril 2010 avant d’être pris par le djihad.
Il aurait activement préparé de nouveaux attentats.
Charaffe el-Mouadan, un Français de Daech lié aux attentats de Paris, tué en Syrie
Apparu récemment dans l’enquête sur les attentats de Paris, le nom de Charaffe el-Mouadan figure sur la liste de dix responsables de Daech récemment tués par les frappes de la coalition en Syrie, annonce le Pentagone.
Une photo non datée de Charaffe el-Mouadan. (AFP)
Dans une conférence de presse riche d’enseignements ce mardi 29 décembre, le colonel américain et porte-parole de la coalition anti-Daech, Steve Warren, a livré une information qui concerne très directement la France : Charaffe el-Mouadan, dont le nom était apparu pour la première fois dans les médias trois jours avant Noël, a été tué en Syrie le 24 décembre par une frappe aérienne.
Déjà la semaine dernière, des sources locales avaient annoncé la mort, dans une « frappe ciblée contre sa voiture », d’Abu Souleymane (ou « Aba Soulaymane »), autre nom sous lequel était connu ce Français de 26 ans, originaire de région parisienne.
BREAKING: Charaffe al Mouadan, Syrian-based leader with a direct link to Abaaoud, (Paris attack cell leader), was killed on Dec. 24.
— COL Steve Warren (@OIRSpox) 29 Décembre 2015
Al Mouadan was actively planning attacks against the west. We will hunt ISIL leaders working to inspire attacks against US and our allies.
— COL Steve Warren (@OIRSpox) 29 Décembre 2015
Selon Steve Warren, qui le cite parmi « dix leaders » de Daech récemment tués par la coalition, Charaffe el-Mouadan « préparait activement d’autres attaques contre l’occident ». Etait-il vraiment un cadre de l’organisation ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que son profil le lie très directement aux attentats du 13 novembre à Paris.
Ami d’enfance de Samy Amimour
Comme l’avait révélé »Le Parisien » le 21 décembre, les enquêteurs avaient commencé à prendre très au sérieux l’hypothèse de l’implication de « Souleymane » après avoir recoupé les témoignages des rescapés du Bataclan.
Né le 15 octobre 1989 de deux parents marocains à Bondy (Seine-Saint-Denis), Charaffe el-Mouadan, dernier d’une fratrie de huit enfants, obtient sa nationalité française en 1992 et passe sa jeunesse à Drancy, à quelques encablures. Dès l’enfance, il se lie d’amitié avec deux garçons de son quartier, Samy Amimour, futur assaillant du Bataclan, et Samir Bouabout : c’est en compagnie de ces deux hommes qu’il se radicalise sur internet et, à 22 ans, commence à peaufiner un projet de départ à l’étranger. Son charisme fait d’El-Mouadan le « leader du trio », se rappelle un enquêteur.
En mars 2012, comme le raconte à l’AFP une source proche du dossier, il prend, à l’instar de Samy Amimour, des cours de tir sportif dans un club de Paris considéré comme proche de la police nationale (l’ANTP). Il contracte auprès de sa banque un prêt à la consommation de 20.000 euros et s’équipe de matériel paramilitaire.
Mais, faute d’expérience et de contacts, le projet capote. Le 16 octobre 2012, El-Mouadan est arrêté à Drancy alors qu’il s’apprêtait à partir avec ses deux amis au Yémen ou en Afghanistan, via la Somalie. Dès lors, affirme-t-il aux policiers, il abandonne tout projet de départ, se contentant de séjourner brièvement au Maroc ou en Tunisie avec Samir Bouabout. Mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme, le trio est laissé libre sous contrôle judiciaire… et leur trace s’évanouit. Moins d’un an plus tard, Amimour et Bouabout sont repérés en Syrie par les services turcs, accompagnés d’un autre futur kamikaze du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefai.
« Souleymane », star de la djihadosphère
Quant à El-Mouadan, il n’aurait donc jamais quitté la Syrie depuis son arrivée dans le pays en août 2013. Sans qu’on puisse réellement connaître son rôle exact au sein de l’organisation Etat islamique, il devient une petite star de la « djihadosphère » en se montrant très actif sur les réseaux sociaux, sous le sobriquet de « Aba Soulaymane ».
A noter: Aba Soulaymane n’était pas un cadre de l’#EI mais est soupçonné de liens avec des membres du commando du 13 novembre
— David Thomson (@_DavidThomson) 29 Décembre 2015
Figure de la jihadosphère depuis + de 2 ans, Aba Souleymane était encore actif sur Twitter il y a quelques semaines pic.twitter.com/uCAn68LpQm
— David Thomson (@_DavidThomson) 29 Décembre 2015
Un otage du Bataclan a raconté aux enquêteurs, selon « Le Parisien », avoir distinctement entendu l’un des terroristes prononcer ce surnom.
Ce témoin se rappelle avoir entendu ‘le plus grand’ des deux terroristes s’adresser à son complice pour lui demander s’il ‘comptait appeler Souleymane’ : ‘le petit a répondu que non et qu’ils allaient gérer ça à leur sauce’, raconte le quotidien.
Les enquêteurs auraient alors rapidement fait le lien avec Charaffe el-Mouadan. Le pavillon de sa famille, à Drancy, est d’ailleurs été perquisitionné quatre jours après les attaques, selon une source proche du dossier. Serait-il le véritable « cerveau » ou commanditaire des attentats du 13 novembre ? Selon le colonel Warren, le jeune homme de 26 ans était « lié directement » au chef opérationnel présumé des attaques, le Belge Abdelhamid Abaaoud, une information non confirmée par les services antiterroristes français.
Selon le Pentagone, un autre combattant de l’EI ayant des « liens avec le réseau responsable des attentats de Paris » a été abattu : Abdel Kader Hakim, que l’armée américaine qualifie de « combattant aguerri et spécialiste de la falsification de documents ». Il aurait été tué le 26 décembre, lors d’un raid à Mossoul en Irak.
T.V.
Annoncé mort en Syrie, Charaffe El Mouadan était proche d’un kamikaze du Bataclan
Le jihadiste français Charaffe El Mouadan, dont les Américains ont annoncé mardi la mort en Syrie, était proche d’au moins un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour, sur lequel il exerçait un ascendant.
Selon le Pentagone, ce Français a été tué le 24 décembre. Washington le présente comme « lié directement » à Abdelhamid Abaaoud, le jihadiste belge soupçonné d’être l’organisateur des attentats du 13 novembre à Paris, et affirme qu’il « préparait activement d’autres attaques » pour le compte de l’organisation Etat islamique (EI).
Une source française est moins affirmative: « En l’état, rien ne permet d’affirmer son implication » dans ces attaques terroristes, les plus meurtrières de l’histoire de France.
Mais, sans évoquer de liens établis avec Abaaoud, cette source relève qu’El Mouadan, 26 ans, était un ami de Samy Amimour. Le pavillon de la famille El Mouadan à Drancy, au nord de Paris, a d’ailleurs été perquisitionné quatre jours après les attaques, selon une source proche du dossier.
El Mouadan et Amimour avaient été arrêtés le 16 octobre 2012 avec un troisième habitant de Drancy, Samir Bouabout: ils projetaient de partir combattre, au Yémen ou en Afghanistan, via la Somalie.
- L’ascendant de Mouadan -
Dans le trio, visé par un mandat d’arrêt depuis octobre dernier, l’ascendant était clairement exercé par Mouadan, se souvient une source proche de l’enquête de l’époque.
Dernier d’une fratrie de huit enfants, ce fils d’un mécanicien est né à Bondy de parents marocains avant d’obtenir en 1992 la nationalité française.
C’est dans le pavillon familial que le jeune homme semble basculer dans l’islamisme radical, en « surfant » sur internet. Un mode d’initiation « virtuel » qui semble avoir été celui d’Amimour et de Bouabout.
Selon un proche entendu par les services antiterroristes, Mouadan, qui a grandi dans une famille pratiquante, n’était « au départ, pas trop religion » avant d’en adopter une » vision extrémiste ». Il ne fréquentait pas de mosquée particulière, selon ce témoignage rapporté à l’AFP par une source proche du dossier.
Le maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde a toutefois évoqué mardi le rôle d’un « recruteur qui fréquentait la mosquée du Blanc-Mesnil », commune voisine.
En mars 2012, Mouadan, Amimour et Bouabout s’inscrivent dans un club de tir sportif, pour s’aguerrir, reconnaîtront-ils. El Mouadan contracte un prêt à la consommation de 20.000 euros pour financer le périple avorté.
Mais après le coup de filet d’octobre 2012, El Mouadan affirme aux enquêteurs avoir abandonné tout projet de jihad, préférant opter pour une « hijra », une immigration en terre d’islam avec pour but affiché de parfaire ses connaissances en arabe.
- Départ groupé en Syrie -
Il semble d’ailleurs avoir brièvement séjourné en Tunisie comme Bouabout, indique une source proche du dossier. Le projet « yéménite » avait échoué en raison du manque de contacts et d’une mauvaise maîtrise de l’arabe.
Les trois hommes sont mis en examen mais laissés libre. Un an plus tard, ils sont en Syrie: El Mouadan part le premier. Puis quelques jours plus tard, le 6 septembre 2013, Bouabout et Amimour sont repérés en Turquie. Ils sont accompagnés d’Omar Mostefaï, un autre kamikaze du Bataclan.
Auprès de ses proches, El Mouadan invoque la dimension « humanitaire » de son séjour syrien. Mais il incite en vain un de ses aînés à le rejoindre et envoie à un autre des photos de lui souriant et armé, rapporte une source proche du dossier.
Selon cette source, Mostefaï, Amimour, Bouabout et El Mouadan ont pu rester dans le même secteur en Syrie. Les deux premiers sont morts au Bataclan. Après avoir cru qu’il pouvait être passé en Grèce en septembre, les enquêteurs sont convaincus que Bouabout était en Syrie au moment des attaques.
Quel rôle a joué El Mouadan? Selon un témoin, au Bataclan, avant l’assaut policier, l’un des assassins a demandé à son comparse s’il comptait appeler « Souleymane ». Agacé, son complice lui aurait répondu qu’ils allaient mener la fin de l’opération « à leur sauce ».
« Abou Souleymane » (le père de Souleymane) est la « kounya » (surnom) qu’utilisait El Mouadan en Syrie et sur son compte twitter, qui a été suspendu. Mais c’est un prénom commun. Les enquêteurs travaillent notamment sur un autre « Abou Souleymane », qui serait un Belge.
29/12/2015 19:34:04 – Paris (AFP) – Par Nicolas GAUDICHET – © 2015 AFP