Attentats du 22 mars : aveux du troisième homme de l’aéroport 9 avril
Un « journaliste indépendant » du nom de Fayçal Cheffou avait rapidement été identifié comme étant ce troisième homme, puis relâché.
Il s’agirait en définitive de Mohamed Abrini qui est passé aux aveux et donne des explications sur les attentats.
Le premier a fait connaître sa colère contre la police depuis son retour à la liberté.
Mohamed Abrini avoue « être l’homme au chapeau »
Suspecté d’être le logisticien des attaques parisiennes, ce Belgo-Marocain de 31 ans est bien le troisième homme présent à l’aéroport Zaventem.
Source AFP
Mohamed Abrini, inculpé dans le dossier des attentats de Paris, est bien le troisième homme « présent lors des attentats » à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem le 22 mars, surnommé « l’homme au chapeau », a annoncé samedi soir le parquet fédéral belge. « Il a été confronté aux résultats de diverses expertises et a reconnu sa présence lors des faits. Il a expliqué avoir jeté sa veste dans une poubelle et revendu son chapeau ensuite », a précisé le parquet dans un bref communiqué.
Dans un premier temps, le même parquet avait affirmé qu’il n’était « pas encore possible » de se prononcer sur la présence ou non de Mohamed Abrini, un Belgo-Marocain de 31 ans, à l’aérogare le 22 mars. Jeudi, les autorités belges avait émis un nouvel avis de recherche pour tenter de retrouver ce troisième assaillant, diffusant de nouvelles images de vidéo-surveillance et un clip vidéo retraçant son parcours, de sa sortie de l’aérogare jusqu’à ce que sa trace se perde à Bruxelles environ deux heures plus tard. Selon le quotidien belge L’Echo, Mohamed Abrini aurait expliqué aux enquêteurs et au juge d’instruction qui l’ont interrogé que les commandos du 22 mars voulaient en fait retourner frapper Paris mais qu’ils ont été pris de court par l’enquête et ont décidé précipitamment de commettre les attentats de Bruxelles. Le parquet fédéral ne confirmait toutefois pas cette information, selon l’agence Belga.
Ami d’enfance des frères Abdeslam
L’homme est également un des principaux suspects du 13 novembre, et de trois autres individus pour « activités terroristes », qui met en évidence les liens étroits entre les deux tueries. Deux dossiers, Paris et Bruxelles, et une annonce commune: samedi, le parquet fédéral belge a fait part conjointement de l’inculpation de deux hommes arrêtés vendredi à Bruxelles, en deux temps, pour « assassinats terroristes » et « participation aux activités d’un groupe terroriste ». Le premier, Mohamed Abrini, était avec Salah Abdeslam l’un des principaux suspects activement recherché par toutes les polices d’Europe depuis les tueries du 13 novembre (130 morts). Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par un juge français le 24 novembre.
En près de cinq mois, l’enquête a révélé les liens de Mohamed Abrini avec les attaques parisiennes: possible soutien logistique, cet ami d’enfance des frères Salah et Brahim Abdeslam à Molenbeek a été filmé en compagnie de Salah dans une station-service de l’Oise (nord de Paris) dans la voiture qui servira à convoyer les kamikazes au Stade de France deux jours plus tard. Le deuxième principal inculpé, Osama Krayem (dont l’identité complète n’est pas confirmée par le parquet), lève partiellement le mystère du dénommé Naïm Al Hayed, le nom qu’il avait emprunté lors de son enregistrement sur l’île grecque de Leros en même temps qu’un flot de réfugiés. Ses empreintes avaient été retrouvées dans le logement de la rue Max Roos.
Les enquêteurs belges ont désormais la certitude qu’il est le « deuxième homme » du métro, que l’on voit sur des caméras de surveillance s’adresser brièvement au kamikaze qui s’est fait exploser dans une station du métro de Bruxelles, Khalid El Bakroui, le 22 mars. Grâce à la vidéosurveillance, l’enquête le place également au centre commercial lors de l’achat des sacs dans lesquels ont été transportés les explosifs à l’aéroport de Bruxelles. Osama Krayem, Suédois, fils d’exilés syriens, intéresse beaucoup Paris car les enquêteurs soupçonnent Salah Abdeslam d’être allé le chercher, ainsi que le dénommé Amine Choukri, à Ulm (Allemagne), le 3 octobre quand ils sont, très probablement, rentrés de Syrie.
Hommage à Maelbeck
Décrit dans les médias suédois comme un délinquant oscillant entre religion et consommation de stupéfiants, avant de prendre le chemin du jihad en Syrie, Osama Krayem a grandi dans un quartier populaire de Malmö (sud). En janvier 2015, il pose sur Facebook en tenue de combat, une kalachnikov à la main, drapeau de l’organisation État islamique en arrière-plan, puis disparaît jusqu’à ce que sa trace soit retrouvée à l’automne. Signe des liens qui unissent les différents protagonistes, la justice belge a inculpé deux hommes pour « complicité d’assassinats terroristes », soupçonnés « d’avoir aidé Mohamed Abrini et Osama Krayem ». Hervé B. M., un Rwandais de 25 ans, a été arrêté en même temps qu’Osama K., et Bilal E. M., 27 ans, a été interpellé dans la commune de Laeken vendredi soir.
Selon la télévision flamande VRT, ce dernier est un Bruxellois condamné en 2014 lors du procès du groupuscule islamiste Sharia4Belgium à Anvers (nord). Les arrestations ont été suivies de plusieurs opérations de police: à Anderlecht, au lieu de résidence possible de Mohamed Abrini, et dans les logements de Hervé B. M. et Bilal E. M. Ni arme ni explosif n’ont été découverts, indique le parquet, sans plus de précisions. Presque trois semaines après les attaques bruxelloises, la Belgique poursuivait les hommages. Une centaine de personnes se sont rassemblées samedi devant la station de métro Maelbeek à l’appel d’associations musulmanes. « La radicalisation et l’extrémisme sont aux antipodes de notre croyance », a expliqué un porte-parole, ajoutant que les autorités religieuses se tenaient au service du politique pour la mise en place d’une « vraie politique de lutte contre le radicalisme ».
Attentats de Bruxelles – Fayçal Cheffou : « J’étais le coupable idéal »
Les enquêteurs le soupçonnaient d’être « l’homme au chapeau » sur la photo de vidéosurveillance de l’aéroport. Libéré, il en veut aujourd’hui à la police belge.
Par Le Point.fr
Juste après les attentats qui ont frappé l’aéroport de Zaventem à Bruxelles, les enquêteurs le soupçonnaient d’être l’homme au chapeau figurant sur la photo à quelques mètres de deux kamikazes. Arrêté puis emprisonné pendant quatre jours, l’homme estime qu’il était « le coupable idéal » et se dit « en colère ».
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« Je ne peux plus sortir. Toute cette affaire a ruiné ma vie », raconte Fayçal Cheffou au journal belge La Dernière Heure. Trois jours après les attentats, il est arrêté par la police. « Ils croyaient que j’étais présent lors de l’attaque à Zaventem. J’ai immédiatement dit à la police que je ne pouvais pas être là à ce moment-là pour la simple raison que j’étais chez moi » tout en estimant que la police pouvait « très bien vérifier cela » et qu’il avait « des preuves ».
« J’ai aussi reçu des coups »
« Personne ne m’écoutait », raconte Fayçal Cheffou pour qui les autorités belges ont fait « comme » s’ils avaient « le bon » afin « d’apaiser la population » qui était « inquiète après ces horribles attentats ». C’était « la priorité de l’État (belge, NDLR) », ajoute-t-il.
Dans son témoignage au journal, Fayçal Cheffou en veut à la police : « La police belge travaille sur ce dossier en collaboration avec des collègues français et marocains. Ces derniers n’ont pas vraiment une manière amicale d’interroger. Au poste de police, ils m’ont complètement déshabillé. J’ai aussi reçu des coups. »
Participation aux activités d’un groupe terroriste
L’homme n’était pourtant pas méconnu de la justice. « Je savais que la sûreté de l’État me suivait parce que j’avais prétendument recruté des personnes du parc Maximilien pour intégrer des organisations extrémistes », reconnaît-il. Aujourd’hui libéré, Fayçal Cheffou reste malgré tout inculpé pour sa participation aux activités d’un groupe terroriste. Seule la Chambre du conseil sera à même de décider de sa culpabilité dans ce dossier.
De son côté, il assure vouloir repartir du bon pied. Autoproclamé journaliste, il dit avoir « des contacts avec CNN et ABC » et se donne un seul objectif : « Je veux que les gens connaissent la vérité. »