Harcèlement sexuel : Denis Baupin et autres, aucun changement… 10 mai
En 1995, alors que je venais de perdre mon emploi, un syndicaliste également militant d’un parti politique de droite m’avait proposé de me faire « entrer en politique » par la porte du Conseil économique et social plutôt que de rester au chômage.
Seule condition : coucher avec le vieux verrat, qui était plus âgé que mon père.
Conséquence : je me suis fendue à son adresse d’une très longue lettre recommandée avec accusé de réception dont il me dira par la suite qu’elle lui avait fait « froid dans le dos » et je n’ai jamais eu ma place au Conseil économique et social.
Je suis une méchante, vous dit-on, je ne suis pas « gentille avec le monsieur »…
«J’ai envie de te faire une Baupin» : une réflexion adressée hier soir à une élue LR
J.Cl. | 10 Mai 2016, 10h18 | MAJ : 10 Mai 2016, 10h18
L’affaire Baupin, député écologiste accusé lundi de harcèlement par huit élues et militantes, après le dossier Sapin, qui aurait eu des gestes déplacés à l’égard d’une journaliste : les femmes, surtout en politique, espéraient que les hommes changent.
Visiblement non, à lire le récit d’une « scène de la vie politique ordinaire » qu’Aurore Bergé a posté dans la nuit de lundi à ce mardi sur les réseaux sociaux.
L’élue LR de Magny-les-Hameaux (Yvelines), proche d’Alain Juppé, participait lundi soir, quelques heures après la démission de Baupin de son poste de vice-président de l’Assemblée, au conseil d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines au cours duquel devaient être désignés le président et ses vice-présidents. « Pendant les dépouillements, je pars échanger avec certains élus. Je suis accueillie par un quand je te vois, j’ai envie de te faire une Baupin. J’ai passé la journée à lire les témoignages de celles qui ont osé parler. A les relayer. Et à espérer que cela participe à changer les comportements ». Un autre élu, écrit-elle, qui a l’âge d’être son père, fait un jeu de mots grossier avec son nom : « Quand on voit Aurore, on a le bâton de berger ».
Et la jeune femme, « sidérée, bloquée », de s’interroger : « Tu lui fous une claque ? Tout le monde te regarderait. Tu ne ris pas ? Tu n’es décidément pas faite pour la politique. Et puis, c’est drôle, non ? C’est un bon mot après tout. Tu te regardes. Tu te dis que tu n’aurais pas du porter ce chemisier. Instinctivement, tu te caches, tu te couvres comme si c’était toi la coupable ».
Visiblement, ces quelques élus des Yvelines n’ont pas pris la mesure des révélations qui ont été faites, non plus, surtout, du souhait ardent que ces affaires changent les comportements, quel que soit le milieu ou le métier. « On a le droit de ne pas avoir envie de ces remarques graveleuses, de ces gestes déplacés, sans pour autant être cataloguée en pisse vinaigre ou mal baisée », se défend l’élue yvelinoise.
A un internaute qui lui demandait pourquoi elle ne retournait pas à la charge pour dénoncer ces propos graveleux, Aurore Bergé a répondu ce mardi matin : « Parce que vous êtes sidérée. Parce que vous ne voulez pas être mise en marge ». Une scène de vie du sexisme ordinaire.
Denis Baupin mis en cause pour harcèlement et agression sexuelle
Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale © maxPPP
Le vice-président de l’Assemblée nationale, l’écologiste Denis Baupin, est mis en cause pour des faits pouvant relever de harcèlement sexuel voire d’agression sexuelle, selon les informations révélées lundi par France Inter et Mediapart au terme d’une enquête de plusieurs mois.
Parmi les huit cas révélés par cette enquête, le témoignage de l’actuelle porte-parole d’Europe Ecologie-Les Vers (EELV), Sandrine Rousseau, est particulièrement édifiant. Elle relate des faits qui se seraient produits en octobre 2011, lors d’une réunion de préparation à la présidentielle de son parti. « Je suis sortie de la salle, et dans le couloir qui longeait cette salle, Denis Baupin est venu, m’a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m’embrasser« , raconte Sandrine Rousseau.
La porte-parole d’EELV affirme en avoir parlé à deux membres de la direction du parti à l’époque, sans que cela ne les émeuve plus que cela. « Le premier membre de la direction m’a dit : ‘Ah il a recommencé’, et la deuxième personne m’a dit : ‘Ce sont des choses qui arrivent très souvent’, poursuit Sandrine Rousseau.
D’autres femmes disent avoir été harcelées par sms par Denis Baupin, et notamment Elen Debost, adjointe au maire du Mans en charge de la jeunesse. Elle raconte en avoir reçu des centaines en 2011. « J’ai été prise dans ce que toutes les femmes disent quand elles sont victimes de violences : elles culpabilisent, elles se sentent fragiles, isolées. C’est tout ce que j’ai ressenti à ce moment-là et qui m’a empêchée de porter plainte. Je ne suis pas fière de ne pas avoir porté plainte« , explique Elen Debost.
Aucune plainte déposée
De toutes les femmes rencontrées par les journalistes de Mediapart et de France Inter qui ont mené cette enquête, aucune n’avait publiquement évoqué ces faits jusque-là, ni porté plainte. Les faits sont pour la plupart prescrits au pénal. Ces révélations risquent toutefois d’être une déflagration à Europe Ecologie-Les Verts, même si Denis Baupin a quitté le parti le 18 avril dernier.
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Sollicité à de multiples reprises par les journalistes qui révèlent ces témoignages, Denis Baupin n’a pas donné suite et a renvoyé vers ses avocats, qui n’ont accordé ni entretien, ni rendez-vous, ni réponse aux questions qui leur ont été adressées.
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