Affaire Neyret : quatre ans de prison dont 18 mois avec sursis sont requis 23 mai
Par ailleurs, l’avocat de François Thierry annonce qu’il va porter plainte en diffamation contre Libération.
Bien entendu, son ancien informateur est qualifié de mythomane…
Affaire Neyret: Quatre ans de prison dont 18 mois avec sursis requis contre l’ex-numéro 2 de la PJ de Lyon
JUSTICE Il est soupçonné, entre autres, d’avoir prélevé sa dîme sur des saisies de stupéfiants pour rétribuer des informateurs…
20 Minutes avec AFP
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- Publié le 23.05.2016 à 18:40
- Mis à jour le 23.05.2016 à 18:44
Les réquisitions sont tombées. Quatre ans de prison, dont 18 mois avec sursis, ont été requis ce lundi contre l’ancien « super-flic » Michel Neyret qui comparaît depuis début mai pour « corruption » devant le tribunal correctionnel de Paris.
L’ancien numéro deux de la PJ de Lyon est soupçonné d’avoir détourné du cannabis saisi par la police, avant son placement sous scellés ou sa destruction, afin de rémunérer des « indics ».
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Poursuivi pour « transport, détention, offre et cession de stupéfiants, association de malfaiteurs en vue de la commission de ces faits et détournement d’objets placés sous scellés », il encourt dix ans de prison.
Trois de ses ex-subordonnés, Jean-Paul Marty, enquêteur aux « stups » de Lyon, Christophe Gavat, ex-chef de l’antenne grenobloise de la PJ et son adjoint, Gilles Guillotin, comparaissent également à ses côtés, soupçonnés de l’avoir aidé en prélevant de la drogue dans des scellés.
Un indicateur met en cause les méthodes de l’ex-patron des « stups »
Un témoignage publié lundi met en cause l’ex-patron des « stups » pour avoir facilité l’importation en France de plusieurs dizaines de tonnes de cannabis, relançant la question de la gestion des « indics » par les enquêteurs.
Stéphane V. se présente dans le quotidien Libération comme un « infiltré » ayant effectué « plusieurs missions pour l’Etat » avec pour « agent traitant » François Thierry, ex-patron emblématique de l’Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants).
Ce témoin, qui dit être inscrit depuis 2007 au Bureau central des sources (BCS) qui gère les indicateurs, a été entendu à plusieurs reprises par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN – « police des polices ») dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte fin 2015 par le parquet de Paris, a-t-on appris de sources policière et judiciaire.
L’homme, 52 ans, qualifié par certaines sources policières de « mythomane », affirme avoir travaillé également pour l’agence antidrogue américaine (DEA) et dénonce les « méthodes » de l’Office des stups « depuis des années » en France.
Entre mars et avril 2012, accuse-t-il, M. Thierry lui « a demandé d’aller garder une villa à Estepona » en Espagne. Là, « pendant vingt jours, cinq hommes se sont relayés pour charger et décharger des paquets de drogue sur la plage » que le policier lui a « présentés comme (étant) des policiers français » de l’office des stups, affirme Stéphane V.
« Le cannabis arrivait du Maroc dans des Zodiac » et « en tout, 19 tonnes ont transité par la villa », selon lui.
François Thierry, qui va poursuivre Libération en diffamation selon un tweet de son avocat Francis Szpiner, est accusé par le quotidien d’avoir joué un « rôle central » dans l’importation de « plusieurs dizaines de tonnes de cannabis » au bénéfice d’un présumé trafiquant de drogue.
Cet homme de 40 ans, Sofiane Hamli, a été interpellé le 22 février en Belgique. Il était recherché dans l’enquête sur la prise record de sept tonnes de cannabis à Paris en octobre 2015, saluée par le président Hollande, derrière laquelle de nombreuses zones d’ombre planent encore.
Sofiane Hamli a été interrogé depuis et « a lui aussi parlé », selon une source policière qui en ignore le fond.
- « Montage » policier -
Les relations entre indicateurs et policiers des « stups » sont au coeur de ces affaires. Elles ont pour cadre les « coups d’achat » (un enquêteur achète quelque chose d’illicite pour son enquête) et les « surveillances de livraisons de drogue » souvent organisées par les enquêteurs dans les affaires de stupéfiants pour faire tomber les réseaux.
Ces opérations ont lieu « sous le contrôle » de magistrats, « ce qui a toujours été le cas » avec l’Ocrtis, indiquent des sources policières.
L’enquête de l’IGPN va, selon les sources policières, permettre de « livrer un véritable audit de leur gestion » par ce service dont tout le monde, en haut lieu, attend les conclusions.
Pour l’heure, selon ces sources, les « très graves » accusations du témoin de Libération n’ont « été ni infirmées ni confirmées ».
« Il faut être prudent », ajoutent-elles car il « n’est pas a priori anormal qu’un +indic+ garde une villa (NDLR, celle citée par Stéphane V.) », à condition « de ne pas dévier ».
La justice s’intéresse en tout cas aux méthodes de l’office des « stups ». Notamment dans une affaire de saisie de 132 kilos de cocaïne datant de 2015, cassée par deux juges parisiens qui ont dénoncé un « montage » policier et incarcérés deux « tontons ».
L’affaire sera examinée sur le fond prochainement par la cour d’appel de Versailles (Yvelines), selon les sources.
La gestion des indicateurs – « tontons », « amigos », « balances » dans le jargon des enquêteurs – souvent sur le fil du rasoir, est au coeur de plusieurs autres affaires visant aussi des douaniers et des gendarmes.
M. Thierry a été nommé récemment sous-directeur chargé de l’international à l’antiterrorisme de la police judiciaire (SDAT). Une mutation officiellement sans rapport avec ses « tontons »: il était arrivé au bout des six ans réglementaires à la tête d’un service de police, selon sa hiérarchie.
23/05/2016 17:28:10 - Paris (AFP) - © 2016 AFP