« La Fille de Brest » Irène Frachon, lanceuse d’alerte ayant réussi avec le Mediator : sortie du film aujourd’hui

 

 

Le Huffington Post s’interroge sur les raisons de son succès là où tant d’autres lanceurs d’alertes ont échoué et en dresse une liste en oubliant l’essentielle :

ELLE EST FONCTIONNAIRE !!!

 

Un fonctionnaire ne perd pas son job si facilement, surtout au CHU de Brest. Même le plus fautif y garde son poste et les honneurs jusqu’à la retraite si c’est ce qu’il veut.

Le statut de médecin du CHU de Brest est tellement protecteur que contrairement à ce qui se passe ailleurs, notamment à Paris, les médecins du secteur privé se bousculent pour y entrer. Il n’y a que des avantages à exercer au CHU de Brest, surtout pour les médecins les plus mauvais.

Le CHU de Brest est de loin le plus gros employeur local, le président de son Conseil d’administrateur est le maire de la ville et son développement procède d’une volonté politique massivement soutenue par tous les syndicats de fonctionnaires et leur hypersyndicat le NPA (ancienne LCR).

Ce développement se fait au détriment de la santé des Brestois, dont le niveau moyen est très mauvais.

Voir ici :

http://www.adeupa-brest.fr/system/files/publications/442_1_contrat_local_de_sante_du_pays_de_brest_web_2016.pdf

 

http://www.huffingtonpost.fr/2016/11/22/pourquoi-irene-frachon-a-reussi-la-ou-tant-de-lanceurs-dalertes/

« La Fille de Brest » : pourquoi Irène Frachon a réussi avec le Mediator là où tant de lanceurs d’alertes ont échoué

 

« Je suis une privilégiée, je n’ai pas perdu mon job (ou pas encore), je suis une lanceuse d’alerte qui fait un peu envie ».

 

22/11/2016 23:43 CET | Actualisé il y a 18 minutes

SANTÉ – Irène Frachon a réussi un coup de maître. La pneumologue qui s’est battue pour que le Mediator ne soit plus commercialisé et qui se bat encore pour l’indemnisation des victimes fait partie des rares lanceurs d’alerte à avoir gardé son travail, à n’avoir pas subi de poursuites judiciaires et à obtenir gain de cause jusqu’au bout.

Le Mediator, c’est ce médicament coupe-faim produit par le Laboratoire Servier qui était prescrit chez les diabétiques en surpoids et dont Irène Frachon a dénoncé les effets secondaires mortels. S’il est impossible d’établir précisément le nombre de décès liés à l’absorption de Mediator, les chiffres oscillent entre 1500 et 2000 morts

Un destin à faire pâlir d’envie Edward Snowden

En menant ce combat, la pneumologue bretonne n’imaginait pas devenir un jour l’héroïne d’un film. C’est pourtant son histoire vraie qui est au cœur de La Fille de Brest d’Emmanuelle Bercot, en salles mercredi 23 novembre. Son personnage est joué par l’actrice danoise de la série « Borgen », Sidse Babette Knudsen, qui a reçu en 2016 le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour le film « L’Hermine ». Excusez du peu.

Le destin d’Irène Frachon pourrait faire pâlir d’envie Edward Snowden, dont la vie est elle aussi sur les écrans, dans l’excellent film d’Oliver Stone. Ce lanceur d’alerte-là n’a pas eu la chance de la pneumologue, loin s’en faut. L’ancien employé des services secrets américains révélait en 2013 que la NSA s’employait à surveiller massivement ses compatriotes et le monde entier. En guise de réponse, il a été mis en cause pour espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux. Son passeport est invalidé, il est coincé un mois à l’aéroport de Moscou, la Russie finit par lui accorder l’asile. Si nombre d’Américains perçoivent Snowden comme un lanceur d’alerte et non comme un traître, le parcours de l’ingénieur n’a rien d’enviable. Son avenir dépend de l’autocrate Vladimir Poutine, et il n’est pas près d’être grâcié. Il a toutefois obtenu le vote en juin 2015 du « USA Freedom Act » qui met fin à la collecte de métadonnées téléphoniques sur le sol américain par la NSA.

Irène Frachon n’a pas eu droit à toutes ces étapes de roman d’espionnage. Elle le dit elle-même au HuffPost dans la vidéo ci-dessus:

« Je suis une privilégiée, je n’ai pas perdu mon job (ou pas encore), je suis une lanceuse d’alerte qui fait un peu envie, dans le sens où j’ai réussi. Beaucoup de lanceurs d’alerte me demandent comment j’ai fait et ma réponse est terrible: ’2000 morts’. J’ai réussi à obtenir 2800 avis d’indemnisation pour les victimes du Mediator, c’est tout ce qui m’intéresse. »

Nous avons essayé de reconstituer la recette qu’a utilisé Irène Frachon pour passer à travers les mailles du filet. Voici 4 règles qu’elle a suivies. Attention, elles ne sont pas d’or.

1. S’attaquer à un gros poisson, pas à l’océan

La pneumologue s’est attaquée à un secteur, la santé, où d’autres scandales sanitaires avaient éclaté avant le Mediator. On pense aux affaires de l’amiante, du distilbène, du chlordécone, de l’hormone de croissance, de l’Isoméride et du sang contaminé. La santé est un secteur sensible en France et ailleurs, ses lanceurs d’alerte sont perçus comme des bienfaiteurs. De même, il est plus aisé de s’attaquer à un laboratoire qu’à un gouvernement, même si des liens forts entre Servier et le personnel politique français ont été établis et expliquent en partie la longue vie du Mediator.

Edward Snowden s’est mis à dos le gouvernement de la première puissance mondiale, tout comme Julian Assange et Wikileaks, qui narguaient Hillary Clinton pendant la présidentielle depuis l’ambassade de l’Equateur à Londres, de laquelle il ne peut sortir. De son côté, le Français Antoine Deltour s’est contenté du Luxembourg, mais par ricochets, il a aussi touché de nombreuses multinationales. En 2012, il a révélé les accords fiscaux passés entre le Grand Duché et les entreprises pour leur permettre de réduire leurs impôts par le biais de filiales. Il a écopé de 12 mois de prison avec sursis. Plus prudent, la source des « Panama Papers » ne s’est toujours pas fait connaître. On apprend en marchant.

2. Emporter avec soi des informations en béton

La force d’Irène Frachon et des lanceurs d’alerte qui séduisent l’opinion publique, c’est la qualité de leurs informations. La pneumologue a enquêté pendant des mois avec des collègues pour obtenir des données tangibles et démontrer la nocivité du Mediator. Le film « La Fille de Brest » met très bien cela en scène.

Elle a aussi bénéficié d’une « taupe » à la Caisse nationale d’assurance maladie. Elle l’a surnommé « Le père Noël ». Il croise des fichiers, retrouve les patients aux valves cardiaques abîmées et découvre que, parmi eux, 150 personnes au moins sont chaque année hospitalisées pour une « toxicité sévère au Mediator ».

On ne se lance pas tout seul et sans filet dans une croisade contre l’ordre établi.

3. Conserver une démarche sincère et authentique

Ce qui auréole les lanceurs d’alerte et les protège d’un sort incertain, c’est la sincérité de leurs propos. Celle d’Irène Frachon n’a jamais été remise en cause. Elle a consacré près de 10 ans de sa vie à la cause des malades du Mediator, délaissant sa famille. Sa plus jeune fille le lui reproche encore, confie-t-elle dans Le Monde.

Le seul bénéfice qu’elle ait pu tirer de cette affaire, c’est la vente de son livre dont le sous-titre « Combien de morts? » a été censuré au départ, puis réhabilité. Elle a publié début 2016 un autre ouvrage intitulé « Effets secondaires: le scandale français », coécrit avec le journaliste Jean-Christophe Brisard et l’avocat Antoine Béguin.

Mais cet indice de la sincérité n’est pas le plus fiable. Stéphanie Gibaud peut en témoigner. Celle qui a refusé d’effacer de son disque dur les fichiers de la banque UBS contenant le nom des clients et des chargés d’affaires qui prouvaient le démarchage illégal de clients français par la Suisse, a certes obtenu un dédommagement de 30.000 euros de la part de la banque, mais elle vivrait aujourd’hui avec les minima sociaux, ne trouvant plus d’emploi et risquant l’expulsion de son logement.

La sincérité d’Edward Snowden n’est pas non plus sujette à caution. Tout comme celle d’Antoine Deltour, souvent présenté comme un chevalier blanc discret.

A l’inverse, le cas d’Hervé Falciani a suscité la controverse. Il a été accusé de vouloir vendre à une autre banque la liste des 9000 résidents fiscaux français évadés en Suisse auprès d’une filiale de la banque HSBC. L’affaire Swissleaks s’est résolue en 2015 par une condamnation d’Hervé Falciani à cinq ans de prison par la justice suisse. Qu’il ne fera pas, s’il ne met plus les pieds en Suisse ou dans les pays qui ont conclu des accords d’extradition avec les Hélvètes. En attendant, le personnage d’Hervé Falciani n’a pas remporté l’adhésion nécessaire pour s’inscrire en véritable héros.

4. Se créer des relais d’opinion solides

La presse joue un rôle primordial dans la construction des personnages des lanceurs d’alerte. Plus le portrait est étoffé, plus ils sont susceptibles d’être protégés. Irène Frachon l’a bien compris quand elle a souhaité relancer l’affaire du Mediator que les autorités de santé poussaient discrètement sous le tapis. Elle a contacté personnellement une journaliste spécialisée en santé au Figaro, pour disposer d’un relais fiable et influent. De la même manière, Edward Snowden a d’abord contacté des journalistes du Guardian et du Washington Post.

La notoriété acquise par Irène Frachon a suscité des vocations. La pneumologue explique au HuffPost que sa réussite dans l’affaire du Mediator a donné des ailes à ceux qui n’osaient pas se lancer. C’est par exemple le cas de Marine Martin et du scandale de la Dépakine, un antiépiléptique à l’origine de malformations sur le fœtus lorsqu’il est pris pendant la grossesse. « Elle m’a raconté s’être dit ‘maintenant je peux y aller’ », se félicite la Brestoise.

A vous qui sentez le potentiel du scandale que vous avez peut-être sous la main, vous l’aurez compris, vous pouvez « y aller », mais en assurant au mieux vos arrières. Car le vent tourne vite.

 

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