Terrorisme : mise en échec d’une « attaque de grande envergure » prévue le 1er décembre 2016 26 novembre
Connaissant les projets, méthodes et habitudes du malade mental extrêmement dangereux Pascal Edouard Cyprien Luraghi, nous ne sommes nullement surpris d’apprendre qu’une ou plusieurs cellules dormantes aient pu récemment recevoir l’ordre de mener une ou plusieurs attaques sur le sol français avant la mi-décembre, apparemment pour le 1er décembre 2016.
Déjà l’année dernière avait été perpétrée le 13 novembre une attaque de grande ampleur environ quinze jours avant le 2 décembre 2015, date où était attendue la décision de la Cour d’Appel de Rennes dans l’affaire intéressant tellement ce psychopathe.
Passons.
Cette fois-ci, l’arrestation de terroristes avant leur passage à l’acte permet de bien mettre en évidence des processus à l’oeuvre à chacune de leurs attaques depuis 2012 : d’abord une date est choisie en fonction d’objectifs précis, et seulement ensuite sont recherchées des cibles. Celles-ci ne sont toujours que symboliques, leur choix s’opère en fonction de messages à faire passer.
Ainsi l’attaque de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 avait-elle d’abord ciblé la liberté d’expression en fonction d’objectifs précis à cette époque, et seulement de manière secondaire les personnes qui furent effectivement touchées comme représentant une liberté d’expression coupable ou condamnable.
Enfin, comme deux des terroristes arrêtés se sont rendus en Turquie en 2015 en y entrant de manière inhabituelle par le port de Mersin après avoir séjourné à Chypre, je rappelle avoir signalé dès le mois de mars de cette année une adresse en ce lieu en relation avec de nouveaux projets terroristes de mes harceleurs :
http://petitcoucou.unblog.fr/2016/03/09/nouvelles-adresses-ip-de-terroristes/
Comme je l’annonçais hier soir, je reçois de nouveau des messages électroniques chargés de virus du même malade mental que d’habitude depuis le 1er mars 2016.
Et comme trop souvent, la police a mieux à faire que de traquer des cyberdélinquants ou terroristes… et m’envoie promener en me disant de m’adresser au ministre de l’Intérieur si cela me pose problème…
Tant qu’à faire, je m’adresse donc ici-même à tous les ministres et tous les services de la planète oeuvrant à mettre ces criminels hors d’état de nuire.
Voilà ce qui se passe actuellement :
Comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises au cours des années passées, le grand maître terro Pascal Edouard Cyprien Luraghi m’envoie ces messages à partir d’adresses électroniques de personnes existant réellement et qu’il a piratées à cet effet au préalable, après les avoir soigneusement choisies pour véhiculer ses messages de merde, annonciateurs de nouvelles saloperies à type d’assassinats en série et d’attentats particulièrement meurtriers.
Les adresses IP d’envoi des messages que j’ai reçus sont celles-ci :
- le 1er mars 2016 à 9h39 :
IP-Adresse: 193.255.129.176 Provider: National Academic Network and Information Center Organisation: Mersin University Region: Mersin (TR)
Pays : Turquie
- le 7 mars 2016 à 11h12 :
IP-Adresse: 182.74.177.57 Provider: Bharti Broadband Organisation: BHARTI Airtel
Pays : Inde
Elles peuvent correspondre à des terroristes en chair et en os relais du précédent, mais pas forcément.
Strasbourg et Marseille : l’incroyable enquête qui a permis de déjouer un nouvel attentat
EXCLUSIF. Sept personnes ont été interpellées à Strasbourg et Marseille ce week-end, parmi lesquelles un employé d’école. L’enquête a permis de « déjouer un nouvel attentat », selon Bernard Cazeneuve.
Les interpellations menées ce week-end à Strasbourg et Marseille ont sans doute permis de déjouer plusieurs attentats d’ampleur à Paris et dans la cité phocéenne. D’après nos informations, les sept personnes arrêtées, qui se trouvent aujourd’hui en garde à vue dans les locaux de la DGSI (les renseignements intérieurs), étaient sur le point de passer à l’acte, même si aucune cible précise, à ce stade, n’a pu être mise au jour. D’après les premières investigations, un attentat à Strasbourg ne semble pas avoir été envisagé.
A Strasbourg, plusieurs armes ont été retrouvées lors des perquisitions, dont un pistolet-mitrailleur de type Uzi et quatre pistolets automatiques ainsi que des munitions. Des documents d’allégeance à l’organisation Etat islamique ont également été saisis. Comme l’a annoncé Bernard Cazeneuve ce lundi matin, ces sept interpellations sont en lien avec cinq arrestations remontant au mois de juin dernier, intervenues juste avant le début de l’Euro de football.
La véritable enquête sur ce commando à multiples facettes débute, elle, en février 2016. Elle a été menée par les enquêteurs de la DGSI, avec le soutien technique du Siat (Service interministériel d’assistance technique), spécialisé notamment dans l’infiltration.
Projet d’attentat contre l’Euro
A cette date, les services de renseignement sont alertés d’un début de projet d’attentat contre l’Euro 2016. Les ordres semblent venir d’un homme basé en Syrie, dont l’identité reste mystérieuse. Un groupe de cinq personnes – des hommes résidant en région parisienne – est en contact avec ce cadre de l’Etat islamique. Ils sont identifiés par les services comme les « financiers » d’un projet de grande ampleur, qui pourrait viser les fan zones ou les matchs de foot.
En effet, grâce à des prêts à la consommation, ils amassent de l’argent mais ne semblent pas faire partie du projet opérationnel. Tous sont connus pour des faits de droit commun – escroquerie, vols, stups… – mais aucun n’est fiché pour radicalisation ou terrorisme. L’idée des services de renseignement est alors d’attendre qu’ils entrent en contact avec le commando actif pour démanteler la totalité du réseau.
A la veille de l’Euro, en juin 2016, aucun lien n’a été établi avec de possibles terroristes sur le territoire français. Seul le fil avec la Syrie reste avéré. Les services décident donc d’arrêter ce premier groupe pour ne faire courir aucun risque autour des matchs de football. Sur les cinq personnes interpellées, deux sont mises en examen, déférées, et se trouvent toujours en prison. Les autres n’auraient pas été avertis de la finalité de cette « récolte de fonds »….
Une cache d’armes fictive
C’est alors que commence la phase B de cette enquête, sans doute l’opération de plus grande ampleur menée depuis le début de la vague d’attentats revendiqués par Daech il y a deux ans. Les agents de la DGSI, aidés par ceux du Siat, tendent un piège à celui que l’on appellera « le Syrien ». Il est alerté que des armes sont disponibles dans une cache située en région parisienne.
C’est un piège, un leurre pour essayer d’arrêter le commando, qui se trouve toujours dans la nature. La cache est ultra-surveillée. Pendant des mois, personne ne vient. Puis les choses bougent, enfin, au mois de novembre. Un brin elliptique, une source proche du dossier raconte :
« Acculés par les défaites sur place, des membres de l’EI surveillés ont contacté des gens en France. Ils voulaient taper à tout prix. »
Un réseau est identifié à Strasbourg. Un relais à Marseille. Les services n’attendent pas qu’ils se rendent à la planque fictive pour les arrêter. Une enquête préliminaire est ouverte le 14 novembre dernier par la section antiterroriste du parquet de Paris, et sept personnes âgées de 29 à 37 ans et de nationalités française, marocaine et afghane sont donc interpellées.
Un employé d’école primaire
La Meinau, à Strasbourg. (JOHANNA LEGUERRE / AFP)
A Marseille, les enquêteurs pensent avoir arrêté les « banquiers ». De l’argent a été saisi mais aucune arme n’a été retrouvée. Le groupe de Strasbourg était, lui, potentiellement opérationnel. »On découvre leur profil en ce moment même », explique une source policière :
« Mais vu l’arsenal retrouvé chez eux et la violence de la documentation, ils auraient pu passer à l’action très rapidement. »
On en sait malgré tout un peu plus sur l’un de ces hommes. D’après nos informations, il s’agit d’un employé périscolaire, en poste dans une école primaire de la Meinau (un des quartier de Strasbourg). Deux des quatre pistolets automatiques ont été retrouvés chez lui. Son ordinateur professionnel a été saisi à l’école primaire. Françoise Buffet, l’adjointe au maire de Strasbourg en charge de l’éducation, confirme :
« Cet homme est en poste depuis plusieurs années dans cette école, il est devenu fonctionnaire il y a trois ans. Nous n’avons jamais eu aucun indice, aucun élément qui aurait pu nous faire croire à une possible radicalisation. Il a toujours fait un très bon travail. Nous en sommes au début de l’enquête, il faut attendre… »
Une réunion d’information est prévu demain avec les parents de l’école à la sortie des classes. Les enseignants ont eux été alertés dès aujourd’hui de cette interpellation. Les trois autres personnes arrêtées à Strasbourg ne résideraient pas dans cette ville.
Un voyage en Syrie ?
Deux des personnes interpelées à Strasbourg ce week-end sont soupçonnées de s’être rendus en Syrie, via Chypre. Parmi eux figure le fonctionnaire employé dans une école strasbourgeoise. D’après nos informations, deux des 4 individus arrêtés se sont en effet rendus en vacances sur cette île située non loin de la Turquie. Ils auraient pu ensuite rejoindre la Syrie. Ils n’étaient pas identifiés par les services de renseignements comme radicalisés.
Aucune des personnes interpellées ce week-end ne figure dans les fichiers des services de renseignement français. Six étaient inconnus dans l’Hexagone, et l’homme de nationalité marocaine, résidant au Portugal et de passage à Marseille, était connu des services portugais.
Violette Lazard
Attentat déjoué : la garde à vue des suspects exceptionnellement prolongée
- Par lefigaro.fr , AFP agence
- Mis à jour le 24/11/2016 à 20:25
- Publié le 23/11/2016 à 18:45
VIDÉO – Selon des informations d’i-Télé et de BFMTV, l’un des cinq suspects arrêtés le week-end dernier à Strasbourg aurait reconnu qu’un projet d’attaque était bien en préparation pour le 1er décembre.
Les investigations sur un attentat déjoué par les arrestations de sept personnes à Strasbourg et Marseille, en fin de semaine dernière, se poursuivent. Selon des informations d’i-Télé, l’un des quatre suspects strasbourgeois interpellés dans la nuit de samedi à dimanche a reconnu qu’un projet d’attaque était en préparation. Il aurait déclaré en garde à vue qu’ils comptaient agir le 1er décembre. Cette précision du Parisien a été confirmée par une source qui a parlé à l’AFP: «Il ressort des investigations qui sont toujours en cours que le passage à l’acte était prévu le 1er décembre». Parmi les cibles potentielles, l’homme a cité deux sièges de services de la police, dont l’un apparaissait déjà dans les éléments exploités par les enquêteurs, ainsi qu’un parc d’attractions de la région parisienne et des lieux de culte catholique.
● Une vingtaine de cibles potentielles
Selon BFMTV, les terroristes présumés avaient effectué des recherches sur une vingtaine de cibles potentielles. Dans le contenu des ordinateurs retrouvés, les enquêteurs auraient notamment découvert des recherches internet sur le site de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois, et le 36, quai des Orfèvres, le siège de la police judiciaire de la Préfecture de police de Paris. Toujours selon la chaîne d’informations en continu, des consignes ont été données pour renforcer la sécurité de ces lieux. France Info cite également le Palais de justice de Paris comme cible potentielle. «Des déclarations qui doivent également être vérifiées et qui n’ont pas pour l’heure été corroborées par les autres suspects», à ce stade, a souligné une source policière proche de l’enquête à l’AFP.
Pour autant, les enquêteurs «n’ont pas établi à ce stade qu’il y ait eu des repérages et des surveillances de ces cibles», a insisté cette source. Aux yeux des enquêteurs, les suspects «n’avaient pas encore de projet précis et affiné».
● Une lettre d’allégeance à l’État islamique
Deux des hommes arrêtés à Strasbourg sont soupçonnés d’avoir gagné la Syrie en 2015 en passant par Chypre, avant de revenir en Europe. Les investigations se sont accélérées le 14 novembre quand la DGSI a reçu un renseignement laissant supposer un passage à l’acte imminent. Outre les deux armes de poing, un pistolet automatique, un pistolet-mitrailleur ainsi que des écrits d’allégeance à l’État islamique ont été trouvés lors des perquisitions.
● Prolongation exceptionnelle de cinq gardes à vue
Les investigations étaient toujours en cours mercredi sur le matériel informatique et téléphonique saisi chez les suspects arrêtés à Strasbourg, des hommes âgés de 35 à 37 ans, de nationalité française et inconnus des services de renseignement. Leur garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été prolongée ce jeudi matin au-delà des 96 heures, de manière exceptionnelle. Une telle prolongation, qui peut porter les gardes à vue à une durée totale de 144 heures, soit six jours, n’est possible que lorsque les investigations font craindre une menace d’attentat imminent ou pour des nécessités de coopération internationale. La garde à vue de deux autres suspects a été levée mardi soir. Il s’agit d’un Marocain venu du Portugal arrêté à Marseille et d’une personne qui l’hébergeait dans cette ville.
● Une douzaine d’attentats déjoués depuis juillet
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a évoqué, lundi, un «nouvel attentat déjoué», assurant que ces interpellations avaient «permis de mettre en échec une action terroriste envisagée de longue date» en France, frappée depuis près de deux ans par une vague sans précédent d’attaques djihadistes. Selon lui, 17 attentats ont été «déjoués» depuis le début de l’année, dont, a précisé mercredi Manuel Valls, une douzaine depuis juillet.
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Attentat déjoué en France : où et comment la cellule voulait frapper
AFP Publié le jeudi 24 novembre 2016 à 16h31 – Mis à jour le vendredi 25 novembre 2016 à 14h58
Une dizaine de cibles potentielles, un passage à l’acte prévu « le 1er décembre » et cinq suspects toujours en garde à vue: quatre jours après le coup de filet des services antiterroristes à Strasbourg et Marseille, les enquêteurs cherchent à déterminer où et comment la cellule voulait frapper.
Cinq suspects toujours en garde à vue
Interpellés le week-end dernier, leur garde à vue a été prolongée jeudi matin au-delà de 96 heures et peut être portée à six jours maximum, une durée possible uniquement en matière terroriste en cas de menace d’attentat imminent ou pour des nécessités de coopération internationale.
Âgés de 35 à 37 ans, les quatre hommes arrêtés à Strasbourg, de nationalité française, sont inconnus des services de renseignement. Deux d’entre eux, Yassine B., employé dans une école strasbourgeoise, et Hicham M. sont soupçonnés d’avoir gagné la Syrie, via Chypre, en 2015, avant de revenir en Europe.
Des écrits menaçants évoquant la nécessité de « couper les têtes au koufar (mécréant) et au traître » ont été retrouvés dans le téléphone d’Hicham M., selon une source proche de l’enquête.
Le cinquième suspect, Hicham E., Marocain de 46 ans interpellé à Marseille, avait été signalé aux services français par leurs homologues au Portugal, pays où il résidait, après plusieurs voyages suspects en Europe. De l’argent a été saisi lors de son interpellation et les enquêteurs le soupçonnent d’avoir eu un rôle de collecteur de fonds.
Où et comment la cellule comptait-elle attaquer ?
« Le passage à l’acte était prévu le 1er décembre », d’après la source proche de l’enquête.
L’exploitation du matériel téléphonique et informatique saisi lors des perquisitions révèle qu’une dizaine de sites en région parisienne ont fait l’objet de recherches sur internet. Autant de cibles potentielles, parmi lesquelles le 36 quai des Orfèvres, siège de la PJ, le marché de Noël des Champs-Élysées, Disneyland Paris, des terrasses de cafés dans le XXe arrondissement, une station de métro et plusieurs lieux de cultes.
En garde à vue, l’un des quatre suspects arrêtés à Strasbourg a reconnu qu’un projet d’attaque était prévu, évoquant le siège de la PJ parisienne, mais aussi celui de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Mais pour l’instant, l’enquête n’établit pas que des repérages aient eu lieu et le modus operandi ne semble pas avoir eu le temps d’être affiné, ce qui laisse planer des zones d’ombre : un attentat unique ou des attaques simultanées étaient-ils envisagés ? Comment la cellule comptait-elle opérer alors qu’à ce stade, seules quatre armes ont été retrouvées au cours des perquisitions ? Cherchait-elle à se procurer davantage de matériel ?
Un donneur d’ordre en Syrie ?
Outre les soupçons de séjour en Syrie de Yassine B. et Hicham M., plusieurs messages cryptés ont été exhumés entre des membres de la cellule et « un donneur d’ordre » établi en Syrie et surveillé par les services français.
Le 14 novembre, un message entre ce membre du groupe État islamique (EI) et certains des Français interpellés à Strasbourg avait été intercepté par les services, laissant craindre un passage à l’acte imminent. La DGSI avait alors organisé, dans l’urgence, l’opération qui a conduit au vaste coup de filet du week-end dernier.
Le donneur d’ordre était aussi en contact avec deux autres suspects liés à la cellule et interpellés le 14 juin, en plein Euro de football. Ces derniers avaient contracté des crédits à la consommation et les enquêteurs les soupçonnent d’avoir pu jouer un rôle de financiers.
Certains membres du réseau n’ont jamais été en contact entre eux, uniquement reliés par l’homme établi en Syrie, d’après les premiers éléments de l’enquête.
Ce que révèle l’enquête sur le démantèlement de la cellule de Strasbourg
Les hommes arrêtés le week-end dernier sont soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat le 1er décembre. Cinq suspects ont été mis en exemen et écroués vendredi soir.
LE MONDE | 25.11.2016 à 12h31 • Mis à jour le 25.11.2016 à 23h16 | Par Elise Vincent
On en sait désormais plus sur la vaste opération de démantèlement d’une cellule terroriste dormante, en France, qui avait été annoncée, lundi 21 novembre, par le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve. Lors d’une conférence de presse, organisée vendredi 25 novembre, le procureur de la République de Paris François Molins, est revenu sur ce dossier, alors que l’ensemble des gardes à vue des sept hommes interpellés en début de semaine entre Strasbourg et Marseille, ont été levées ou sont arrivées au terme du maximum légal autorisé.
Lire aussi : Un attentat envisagé « de longue date » déjoué en France
A la suite de ces auditions, cinq hommes ont été mis en exemen et écroués vendredi soir. Deux autres ont été relâchés mardi, a confirmé le procureur. Une information judiciaire a été ouverte dans ce cadre pour « participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d’atteinte aux personnes, d’acquisition, détention, transport, offre et cession illégale d’armes et de munitions de catégories A et B, le tout en réunion et en relation avec une entreprise terroriste ».
Un commanditaire commun
Alors qu’avait un temps été envisagée la piste d’une attaque à cibles « multiples », M. Molins a concédé que les investigations ne permettaient pas, en l’état, de confirmer cette hypothèse de manière certaine, même si les hommes interpellés à Marseille et à Strasbourg avaient des « instructions communes ». De même, alors que les premiers éléments de l’enquête tendaient à prouver que tous ces hommes ne se connaissaient pas, les saisies informatiques et cellulaires ont permis de montrer qu’ils étaient en contact très étroits depuis longtemps, en réseau fermé, sur une messagerie cryptée et une ligne téléphonique « dédiée ». Les hommes interpellés à Strasbourg étaient par ailleurs tous amis d’enfance. En revanche, ils n’avaient pas de « contacts direct » avec l’un des individus interpellé à Marseille, Hicham E., 26 ans. Un Marocain signalé au Portugal, son pays de résidence, pour radicalisation et qui a tenté au moins une fois de se rendre à la frontière turco-syrienne.
Le point commun entre ce dernier et les hommes de Strasbourg, était un commanditaire installé dans la zone irako-syrienne. Un homme dont l’une des kunyas ou « nom de code » est « Abu Ali », selon nos informations, un francophone qui aurait pu être présent aussi en Turquie.
Une planque dans le bois de Montmorency
Parmi les cinq hommes interpellés, deux semblent avoir joué un rôle particulièrement important. Hicham M. et Yassin B., deux returnees (personnes qui sont allées en Syrie et en sont revenues) présumés. Ils auraient commencé à avoir l’intention de partir pour la Syrie dès 2012. Mais ils n’auraient sauté le pas qu’en 2015. Depuis lors, « Abu Ali » serait resté en contact avec eux et les aurait guidés pas à pas jusqu’au projet d’attentat relativement précis dont la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a empêché la mise en œuvre.
Peu de temps avant leur arrestation, les deux returnees, Hicham M. et Yassin B., s’étaient vu transmettre les coordonnées GPS, par une application cryptée, d’une planque située dans le bois de Montmorency, dans le Val-d’Oise. Une planque où ils auraient pu récupérer plusieurs kalachnikovs et des munitions.
Alors qu’un temps cette planque avait été évoquée comme un « piège » tendu par la DGSI, dans le cadre d’un travail d’infiltration mené en collaboration avec le service interministériel d’assistance technique (SIAT) – le service qui gère les agents infiltrés –, François Molins ne s’est pas exprimé sur cette méthode de travail. « Je ne m’exprimerai pas, pour des motifs impérieux, vous le comprendrez, sur les techniques et outils qui ont été spécifiquement mis en place (…). Je m’y refuse, pour ne pas mettre en péril notre action dans la lutte antiterroriste », a-t-il argué.
Particularité du dossier, Hicham M. et Yassin B. n’avaient pas été repérés par les services de renseignements lors de leur aller-retour en Turquie. Ils sont partis ensemble mais par un itinéraire inhabituel. Ils auraient ainsi d’abord pris l’avion pour l’île de Chypre puis seraient entrés en Turquie par voie maritime, via le port de Mersin, alors que beaucoup d’aspirants au djihad ont longtemps utilisé l’avion directement pour Istanbul ou choisi la route. Sont-ils passés côté syrien ? L’enquête devra le déterminer. Leur aller-retour n’aurait en tout cas duré que quelques jours.
Une cible précise qui reste à déterminer
Les quatre Strasbourgeois ont presque tous largement dépassé la trentaine et sont originaires des quartiers populaires de la ville, notamment du Neuhof. Hicham M., 37 ans, est manutentionnaire et vivait chez ses parents, Yassin B. est agent périscolaire, Sami. B, 26 ans, franco-tunisien, travaille dans une épicerie et est père de trois enfants. Le quatrième, Zacharia M., 35 ans, est franco-marocain. Seuls deux d’entre eux ont un casier judiciaire, Sami B. et Hicham M., avec respectivement sept et six condamnations à leur actif.
La cible précise du projet d’attentat reste encore à déterminer. Il n’est pas certain qu’elle ait été très précise au moment des interpellations. Seule la date du passage à l’acte du commando de Strasbourg était relativement établie : le 1er décembre. Pour le reste, il s’agit plutôt de déductions à partir du bornage téléphonique, et de la consultation des sites Internet et des recherches Google repérées dans les ordinateurs et les téléphone saisis : y figuraient notamment des lieux de culte, le siège de la DGSI ou le 36, quai des Orfèvres. Des adresses dans le 20e arrondissement de Paris et des cibles militaires ont aussi été un moment envisagées, ainsi que des ordres donnés pour une action sur les Champs-Elysées.
Allégeances à l’EI
En perquisitionnant les domiciles de tous ces individus, les enquêteurs ont en tout cas découvert chez les deux returnees présumés, Hicham M. et Yassin B., des allégeances claires à l’organisation Etat islamique (EI). Chez le second ont aussi été retrouvés une arme de poing, un pistolet automatique, des chargeurs et des munitions. Il y avait également chez Zacharia M. un pistolet automatique et un pistolet-mitrailleur, ainsi que des munitions. Les enquêteurs ont enfin retrouvé téléchargée sur les téléphones d’Hicham M. et de Yassine B. l’application Periscope, qui permet de se filmer tout en diffusant sa vidéo en direct. Autant d’indices qui laissaient entendre, selon le procureur de la République de Paris, « l’imminence d’un passage à l’acte ».
Le démantèlement dans la nuit du 19 au 20 novembre de la cellule terroriste présumée fait suite à des investigations qui ont débuté en février et avaient conduit à une première série de cinq arrestations en juin, quelques jours après le début de l’Euro de football et au lendemain de l’assassinat d’un policier et de sa compagne à Magnanville (Yvelines). A l’époque, on avait seulement pu établir que les individus visés réalisaient de nombreux prêts à la consommation suspects et qu’ils étaient en lien avec un commanditaire installé en Syrie. Ces cinq hommes étaient originaires de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et de Paris. Trois ont été relâchés sans poursuites, mais deux d’entre eux ont été mis en examen et placés en détention provisoire : un homme de 38 ans originaire de Moselle, et un autre de 40 ans, un Franco-Malien né à Paris. Des investigations sont encore en cours, les dossiers sont encore séparés sur le plan judiciaire, mais cette première vague correspondrait au volet « financier » du projet d’attentat finalement « déjoué » ce week-end.
Lire aussi : Un attentat « déjoué » rappelle la persistance de cellules organisées en France
- Journaliste au Monde
Des terroristes voulaient frapper la France le 1er décembre
- Par Christophe Cornevin
- Mis à jour le 25/11/2016 à 23:05
- Publié le 25/11/2016 à 14:03
Téléguidés par un donneur d’ordre retranché en zone syro-irakienne, les suspects déjà armés voulaient cibler des sites symboliques et se filmer en direct au moment de leur passage à l’acte. Ils ont été mis en examen et écroués ce vendredi soir. François Hollande a affirmé qu’une «attaque de grande envergure» avait été évitée.
«Un passage à l’acte imminent a été déjoué»: le procureur de la République de Paris, François Molins a confirmé que les terroristes interpellés dans la nuit de samedi à dimanche dernier à Strasbourg et Marseille voulaient frapper la France dès ce jeudi 1er décembre, au nom de l’État islamique. Ils ont été mis en examen et écroués ce vendredi soir pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation de crime d’atteinte aux personnes».
Selon les derniers éléments de l’information judiciaire ouverte vendredi pour association de malfaiteurs et détention d’armes en relation avec une entreprise terroriste, cinq suspects sont au cœur d’un projet qualifié par François Molins de «mortifère». François Hollande, en déplacement à Nîmes pour assister à la sortie de deux promotions de gardiens de la paix, a salué le travail des services de renseignement, des policiers et des magistrats qui ont déjoué «une attaque de grande envergure».
Les quatre premiers suspects, interceptés dans le quartier de la Meinau à Strasbourg, sont des amis se connaissant de longue date. En apparence, ils n’ont rien des jeunes de cités fragiles, désœuvrés et en perte de repères qu’enrégimentent habituellement les réseaux terroristes. Yassine B, Français de 37 ans, animateur dans une école et inconnu des services, Icham M, Français de 37 ans, manutentionnaire ayant déjà six condamnations pour des faits de droit commun, Samir B., épicier franco-tunisien de 35 ans condamné à sept reprises et Zakaria M, franco-marocain de 35 ans sans emploi et au casier vierge étaient très prudents. Téléguidés par un donneur d’ordre retranché en zone syro-irakienne, ils communiquaient entre eux en réseau fermé grâce à une ligne spécialement dédiée.
Arsenal et allégeances à Daech découverts
Au même moment, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avait appréhendé à Marseille Icham E., SDF âgé de 38 ans avant que ce dernier ne passe lui aussi à l’acte. Venant de débarquer dans la cité phocéenne, lui seul était connu des services spécialisés. Il avait été signalé pour radicalisation par les autorités du Portugal, où il résidait sous une fausse identité depuis l’automne 2013, après plusieurs voyages suspects dont l’un effectué vers la Turquie d’où il a été refoulé. Selon le procureur Molins, au moins trois des «opérationnels de Daech» ont manifestement eu la velléité de rejoindre la Syrie, notamment via Chypre, pour combattre sous la bannière de l’État Islamique.
Lors des perquisitions, les policiers ont retrouvé un arsenal, dont deux armes de poing de type Sig Sauer et Glock, deux pistolets automatiques, des lots de dizaines de cartouches de calibre 6.35 et 9 mm ainsi que certaines munitions de 38 spécial.
Des éléments saisis à Strasbourg ont en outre, d’après le procureur, «permis de découvrir des écrits très clairs d’allégeance à Daech et glorifiant la mort en martyr».
Une clef USB retrouvée chez Yassin B. recelait deux fichiers mettant en évidence, selon François Molins, la «possibilité d’une somme d’argent» ainsi que les coordonnées GPS d’une cache d’arme. À Marseille, Icham E. disposait de plus de 4281 euros et était sur le point d’acquérir un armement.
Ils envisageaient de se filmer en direct
S’il recevait des «instructions communes» et «précises» délivrées à partir des zones de combat via des applications cryptées, le quatuor de Strasbourg n’avait, au dernier stade des investigations, pas de lien direct avec le suspect de Marseille.
«Les exploitations techniques réalisées sur des éléments saisis lors de perquisitions à Strasbourg ont permis d’établir qu’une action était envisagée par le groupe strasbourgeois le 1er décembre sans qu’on puisse toutefois déterminer à ce stade la cible précise choisie parmi toutes celles que le groupe envisageait», a précisé le procureur, évoquant leur «volonté manifeste de trouver et repérer des cibles pour agir à très court terme».
L’examen du téléphone mobile de Yassine B. a notamment permis de mettre en évidence des recherches sur Google Map de lieux pouvant servir de sites à court terme.
Au total, une dizaine de sites symboliques – et régulièrement évoqués en cas de menace – ont fait l’objet de recherches numériques. Dans ce sordide inventaire à la Prévert, figure selon plusieurs sources le siège de la police judiciaire parisienne au 36 quai des orfèvres, le marché de Noël des Champs-Élysées, le parc d’attractions Disneyland Paris, des terrasses de cafés dans le nord-est de la capitale, une station de métro parisien et plusieurs lieux de cultes. A priori, si aucun repérage opérationnel n’a toutefois été mené, les membres de la cellule démantelée semblaient déterminés. La veille du coup de filet, Yassine B. et Icham M. avaient téléchargé l’application Périscope pour se filmer en direct devant les internautes.
Attentats déjoués : les cinq suspects écroués
Le profil des cinq hommes soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat le 1er décembre en France et interpellés dans la soirée du 20 novembre, se précise. Ce vendredi, le procureur François Molins a fourni, lors d’une conférence de presse, de plus amples détails sur le parcours des cinq suspects arrêtés le weekend dernier à Strasbourg (Bas-Rhin) et à Marseille (Bouches-du-Rhône) et écroués en fin de journée.
Ces hommes, quatre Français et un Marocain, sont des «opérationnels de Daech, téléguidés à partir de la zone irako-syrienne», a indiqué le procureur. Les quatre Français, âgés de 35 à 37 ans et jusqu’ici inconnus des service anti-terroriste étaient des «amis de longue date» qui «se voyaient régulièrement et communiquaient en réseau fermé», sur une ligne téléphonique dédiée, a expliqué le procureur.
Ils ont été arrêtés à Strasbourg et ne connaissaient pas, d’après les premiers éléments de l’enquête, le suspect marocain arrêté à Marseille. Mais ils disposaient d’instructions communes «communiquées par un donneur d’ordre depuis la zone irako-syrienne», a détaillé le procureur.
- Yassin B. du commando de Strasbourg
Selon la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, Yassin B, ne présentait «aucun signe de radicalisation» jusqu’ici. Ce célibataire de 37 ans, de nationalité française, était employé depuis plus de dix ans en qualité d’animateur périscolaire dans une école maternelle de Strasbourg. Très apprécié des enfants selon les témoignages de plusieurs parents d’élèves, son casier judiciaire était vierge et il venait d’être titularisé.
C’est à son domicile que les enquêteurs ont mis la main sur un cahier comprenant douze pages d’inscriptions manuscrites faisant référence au djihad armé et à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de Daech et glorifiant la mort en martyr, Un pistolet «Sig-Sauer», un «glock», et des chargeurs, et des dizaines de cartouches ont également été retrouvés. Une clef USB retrouvée chez lui a révélé aux enquêteurs la possibilité d’une livraison de somme d’argent, des coordonnées GPS pour se fournir en armes et en argent.
Le procureur a par ailleurs confirmé qu’il s’était rendu, en mars 2015 et en compagnie de son ami Hicham M. à la frontière turco-syrienne en passant par Chypre, sans toutefois pouvoir dire si les deux hommes avaient réussi à passer la frontière. Une preuve en tout cas de leurs «velléités de rejoindre des groupes terroristes» selon François Molins.
Vidéo. Attentat déjoué : « C’est quelqu’un d’ouvert », témoigne un voisin de Yassin B.
- Hicham M., du commando de Strasbourg
Hicham M, manutentionnaire de 37 ans arrêté à Strasbourg, avait déjà 6 condamnations à son actif. Chez lui, des écrits portant des menaces claires contre la France ont été retrouvés ainsi qu’un pistolet automatique, un mitrailleur et 60 cartouches. Hicham M., 37 ans également, de nationalité française, manutentionnaire, a six condamnations à son casier. Il s’était rendu, avec Yassin B. à la frontière turco-syrienne en mars 2015.
- Samy B, du commando de Strasbourg
Arrêté à Strasbourg, Samy B, Franco-Tunisien de 36 ans, était employé dans une épicerie. Il vivait en concubinage et est père de trois enfants. Son casier judicaire portait trace de 7 condamnations.
- Zaccharia M., du commando de Strasbourg
Zaccharia M., Franco-Marocain de 36 ans, n’avait aucune condamnation à son casier judiciaire. Un pistolet automatique, un pistolet mitrailleur, deux chargeurs et des cartouches ont été retrouvé chez lui à l’occasion des perquisitions du 20 novembre.
- Hicham E. interpellé à Marseille
Alors que les quatre suspects français étaient interpellés à Strasbourg, Hicham E. était arrêté à Marseille. Ce Marocain de 26 ans résidait au Portugal où, malgré un casier judiciaire vierge, il avait été signalé pour radicalisation par les services de renseignement locaux, après avoir effectué plusieurs voyages suspects en Europe, muni de faux papiers.
Le Marocain avait notamment été renvoyé par les autorités turques en 2015 alors qu’il tentait d’entrer en Syrie. Il était sans domicile fixe en France, a ajouté le procureur. Hicham E. ne connaissaient pas les quatre autres suspects, mais avait reçu les mêmes instructions – notamment de se procurer des armes – de la part du donneur d’ordre basé dans la zone turco-syrienne. Au moment de son interpellation, il était en possession de 4281 euros, somme destinée, selon les enquêteurs, à acheter l’arsenal nécessaire au passage à l’acte. Il est soupçonné d’être le collecteur de fonds de la cellule.
Deux autres suspects relâchés
Au total, sept hommes ont été interpellés le weekend dernier. Deux d’entre eux, Nasser B. et Lamary N. ont été relâchés mardi soir. Ces deux hommes avaient été arrêtés à Marseille avec Hicham E. le suspect marocain installé au Portugal. Ils étaient notamment soupçonnés d’avoir hébergé ce dernier. Nasser B. et Lamary N. s’étaient déjà trouvés dans le viseur des enquêteurs il y a huit mois, au moment de l’Euro de football. Le 14 juin, Nasser B., 38 ans, et Lamary N., 40 ans, étaient interpellés, soupçonnés d’avoir contracté des crédits à la consommation pour financer des activités terroristes. D’après une source proche de l’enquête, ces deux suspects communiquaient «avec un donneur d’ordre établi en Syrie surveillé par les services de renseignement français». Le 14 novembre, l’enquête s’est accélérée quand la DGSI a reçu un renseignement laissant supposer un passage à l’acte imminent.
http://www.leparisien.fr/informations/une-cellule-d-amis-teleguidee-de-syrie-26-11-2016-6376782.php
Une cellule d’amis téléguidée de Syrie
Le dangereux commando de Strasbourg, composé de quatre amis de longue date, a été mis en examen et écroué hier soir, ainsi que le cinquième homme interpellé à Marseille.
Avaient-ils prévu de diffuser leurs attaques en direct sur les réseaux sociaux ? Hier midi, François Molins, le procureur de la République de Paris, a révélé que deux des cinq terroristes présumés interpellés la semaine dernière à Strasbourg (Bas-Rhin) et Marseille (Bouches-du-Rhône) avaient récemment téléchargé l’application Periscope, qui permet de retransmettre en direct des images sur Internet. Il y a eu un précédent : Larossi Abballa, l’homme qui a tué un couple de policiers à Magnanville (Yvelines) en juin avant d’être abattu par la police, s’était mis en scène sur l’application Facebook Live au domicile du couple.
Pour le procureur en tout cas, il ne fait pas de doute que le passage à l’acte de cette cellule « téléguidée » depuis la zone irako-syrienne était « imminent ». Les cinq hommes devaient être mis en examen hier pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle et écroués.
Les quatre suspects interpellés à Strasbourg sont des amis de longue date. Ils ont quasiment le même âge, entre 35 et 37 ans, et travaillent pour la plupart : animateur dans une école, manutentionnaire ou épicier. Ils sont déjà connus de la justice pour des infractions de droit commun. Mais, cette fois, ils étaient, semble-t-il, sur le point de se lancer dans une attaque « de grande envergure », selon les mots de François Hollande.
Des messages cryptés venus de Syrie
Même si plusieurs armes de poing ont été retrouvées au domicile de deux d’entre eux, les membres du commando de Strasbourg étaient en passe d’en acquérir de nouvelles. Sur une clé USB découverte au domicile de Yassine B., l’animateur périscolaire de l’école de la Meinau, les enquêteurs ont découvert un message avec coordonnées GPS et explications détaillées pour se procurer armes et munitions. Des consignes directement venues par messages cryptés de Syrie, où ce célibataire sans enfant et son camarade Hicham M. sont soupçonnés d’avoir voulu se rendre en mars 2015. Dans un cahier également saisi, Yassine B. a couché sur le papier son allégeance à Daech et sa fascination pour le djihad armé et la mort en martyr. Prudents, les quatre comparses alsaciens ne communiquaient entre eux que via un circuit téléphonique fermé.
A ce stade, les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui ont déjoué ce projet d’attentat, n’ont pas découvert de lien direct entre le commando de Strasbourg et Hicham E., l’homme de 26 ans interpellé à Marseille. Mais ils savent que ce SDF de nationalité marocaine qui a effectué plusieurs déplacements en Europe ces dernières années avec de faux papiers avait reçu des consignes du même donneur d’ordres pour s’approvisionner en armes. Lors de son arrestation, ce suspect, refoulé par les autorités turques à l’été 2015, avait en sa possession plus de 4 000 EUR, vraisemblablement destinés à cette funeste acquisition.
Les interrogatoires des cinq suspects permettront peut-être d’en savoir plus sur leurs cibles précises. L’ordinateur de Yassine B. indique que ce dernier a effectué plusieurs recherches sur différents lieux symboliques, notamment à Paris. Le commando de Strasbourg est suspecté d’avoir voulu passer à l’acte le 1 er décembre.
Le Parisien
Attentat déjoué: cinq suspects, téléguidés depuis la Syrie, mis en examen et écroués
Ils étaient téléguidés par le groupe Etat islamique depuis la zone irako-syrienne: cinq hommes, arrêtés le week-end dernier et soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat le 1er décembre en région parisienne, ont été mis en examen vendredi soir et écroués.
Quatre Français âgés de 35 à 37 ans, « amis de longue date », avaient été interpellés le week-end dernier à Strasbourg. Inconnus des services antiterroristes, deux sont soupçonnés d’avoir séjourné en Syrie en 2015.
Quatre armes et « des écrits très clairs d’allégeance à Daech » (Etat islamique) ont été retrouvés lors des perquisitions, d’après le procureur de la République de Paris François Molins.
Le cinquième suspect, Hicham E., Marocain de 26 ans (BIEN 26) arrêté à Marseille, avait été signalé pour radicalisation par les autorités portugaises, pays où il résidait, et s’était fait refouler de Turquie en 2015. Plus de 4.000 euros, destinés, selon les enquêteurs, à l’acquisition d’armes, ont été saisis lors de son interpellation.
Le commando de Strasbourg et le suspect marocain ne se connaissaient pas, d’après les premiers éléments de l’enquête. Mais ils disposaient d’instructions communes « communiquées par un donneur d’ordre depuis la zone irako-syrienne », a détaillé le procureur.
Recherche de cibles
Les hommes de ce réseau étaient « en possession ou en quête d’armes et de financement », « s’apprêtaient à passer à l’acte » et « recherchaient des cibles », a relevé le procureur.
Il a précisé que le passage à l’acte du groupe strasbourgeois était prévu le 1er décembre, « sans que l’on puisse déterminer à ce stade la cible précise choisie ».
L’exploitation des téléphones et ordinateurs retrouvés lors des perquisitions a révélé qu’une dizaine de sites en région parisienne avaient fait l’objet de recherches sur internet.
Autant de cibles potentielles, parmi lesquelles le 36 quai des Orfèvres, siège de la PJ, le marché de Noël des Champs-Élysées, Disneyland Paris, des terrasses de cafés dans le XXe arrondissement, la station de métro Charonne ainsi que plusieurs lieux de cultes.
En garde à vue, un des suspects interpellés à Strasbourg a également évoqué le siège de la PJ parisienne, mais aussi celui de la DGSI à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
« On ignore encore s’ils prévoyaient une action unique ou des attaques coordonnées », d’après une source proche de l’enquête.
Les investigations ont débuté il y a huit mois.
Le 14 juin, en plein Euro de football, Nasser B., 38 ans, et Lamary N., 40 ans, sont interpellés, soupçonnés d’avoir contracté des crédits à la consommation pour financer des activités terroristes. Les deux hommes sont en contact avec un donneur d’ordre établi en Syrie, lui-même surveillé par les services de renseignement français.
La DGSI décide alors de tendre un appât: elle met en place une cache d’armes dans le Val-d’Oise pendant plusieurs mois, pour tenter d’attirer d’autres membres du réseau susceptibles de passer à l’attaque. En vain.
Le 14 novembre, un message entre le commanditaire et des membres du groupe strasbourgeois est intercepté, laissant craindre un passage à l’acte imminent. La DGSI organise alors, dans l’urgence, l’opération du week-end dernier.
Ce vaste coup de filet est intervenu dans un contexte de menace terroriste maximale en France. « Pour le seul mois de novembre, les services antiterroristes ont procédé à l’arrestation de 43 individus, dont 28 ont été déférés devant la justice », a souligné le chef de l’Etat vendredi.
Selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, 17 attentats ont été déjoués depuis le début de l’année, sept en 2015.