Facebook suspend « Babylone 2.0″, un groupe secret de 52 000 « déconnologues » 7 janvier
Combien de magistrats, d’avocats, de journalistes ou de professeurs de l’Education nationale dans ce groupe de pervers, that is the question.
Facebook suspend « Babylone 2.0″, un groupe secret où 52.000 membres s’échangeaient des photos volées de femmes nues
La révélation de l’existence de ce groupe privé par une blogueuse belge a suscité l’émoi et l’indignation.
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Claire Digiacomi Journaliste, Le Huffington Post
RÉSEAUX SOCIAUX – Le « revenge porn », le fait de publier des photos à caractère sexuel d’une personne sans son consentement, n’est donc plus l’apanage des sites dédiés à cette pratique punie par la loi française. « Babylone 2.0″, un groupe secret créé sur Facebook, a été suspendu vendredi 6 janvier par le réseau social, après avoir servi à quelque 52.000 membres de plate-forme d’échange de photos intimes, prises la plupart du temps à l’insu des personnes photographiées, a révélé le site belge 2 girls 1 mag
La blogueuse qui a découvert l’existence du groupe secret fait un récit effarant du contenu de la page. « Non seulement il ne s’agit pas de se rincer l’oeil aux dépens et à l’insu de pauvres filles qui n’ont rien demandé », écrit-elle, mais « on en parle comme de la viande, comme d’objets dont on se sert sans le moindre respect »
Des conquêtes « certifiées pêches perso »
Selon elle, la majorité des participants sont des hommes, comme le suggère une publication dont elle fournit une capture d’écran, et sur laquelle on peut lire le commentaire suivant: « On m’a informé que certaines personnes se sont amusé à ajouter des filles dans le groupe… J’espère qu’il n’y aura pas de problème…
Elle décrit des publications « d’hommes » qui « partagent avec d’autres des photos prises à l’insu de leurs conquêtes ou envoyées en privé par leurs conquêtes ‘certifiées pêches perso’ ». Dans un post par exemple, un homme de 27 ans publie la photo d’une femme, « très loin de l’avion de chasse qu’on traque tous » estime-t-il, que l’on peut voir « nue », « de dos », « de toute évidence sans qu’elle s’en aperçoive » selon la blogueuse.
Fort de son succès lorsqu’il était actif, « Babylone 2.0″, dont le nom fait référence à la ville symbole de la décadence dans la Bible, possède également sa page officielle, qui est elle toujours visible. Les internautes dans la confidence s’y échangent des plaisanteries à coups de memes.
« Il faut se battre contre ces horreurs, on va y arriver »
Le réseau social a confirmé vendredi au HuffPost avoir suspendu le groupe après ces révélations, relayées par plusieurs médias français et belges. Comme sur le reste de la plateforme, la modération des groupes privés sur Facebook se fait sur la base des signalements des utilisateurs. Si ceux qui faisaient partie du groupe n’ont jamais signalé les contenus, Facebook n’a pas pu activer son processus de modération. Par ailleurs, la blogueuse belge indique que les utilisateurs de ce groupe ont fait en sorte qu’aucun téton n’apparaisse sur les photos, de manière à passer au travers des filtres de nudité du réseau social.
D’après Thierry Vallat, avocat spécialiste en droit numérique interrogé par Néon, le fait de diffuser des photos intimes de quelqu’un dans la sphère publique est passible de 2 ans de prison et 60.000 euros d’amende. La loi d’octobre 2016 « pour une République numérique » interdit « de porter à la connaissance du public ou d’un tiers tout enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès ou présumé de la personne ou par elle-même ».
Selon la blogueuse belge, le règlement du groupe secret demandait à ce que les femmes ne soient pas reconnaissables sur les photos, et que leur nom ne soit pas communiqué. Thierry Vallat estime que les femmes dont les photos ont été publiées sur le groupe ont quand même un recours.
« Si ces photos ont été diffusées sans son consentement, la victime peut porter plainte, explique-t-il à Néon. Même si son visage n’apparaît pas, à partir du moment où elle se reconnaît, sa souffrance peut être reconnue. D’autant que souvent, on retrouve dans les commentaires des indices qui laissent deviner son identité. Même si l’anonymat limite le champ, la victime va avoir son propre préjudice. Il faut se battre contre ces horreurs, on va y arriver. »
D’après plusieurs médias comme Néon et Konbini, le groupe aurait refait surface peu après sa suspension, sous les noms de « Babylon Reborn », « Partage ta pêche maison » ou « Garde la pêche ». Même si ces groupes existent bel et bien, il est difficile d’en vérifier leur contenu puisqu’ils sont privés.