Trump concurrencé sur Twitter 16 mai
En effet, à peine entré en fonction, notre nouveau président twitte comme un gamin.
Brigitte ferait bien de le surveiller, il va encore dire des bêtises plus grosses que lui : la Guyane est une île, les Bretons sont illettrés, etc, etc…
On se demande même s’il ne serait pas capable d’y livrer directement au public des informations classifiées et autres secrets d’Etat, sans passer par la case journalistique comme son prédécesseur, ou celle des Russes comme son concurrent d’outre-Atlantique.
Que change la déclaration de Macron sur les classes bilangues ?
Lors de sa visite à Berlin, lundi, le nouveau président annonçait via Twitter qu’ «à partir de septembre prochain, les classes bilangues (deux langues dès la sixième, ndlr) rouvriront en France». Il remet sur le tapis une vieille polémique, faisant des raccourcis : les classes bilangues n’ont pas disparu, loin de là.
-
Que change la déclaration de Macron sur les classes bilangues ?
«J’ai décidé de restaurer les classes bilangues. A partir de septembre prochain, les classes bilangues rouvriront en France.» Ainsi va ce tweet, balancé lundi après-midi, par Emmanuel Macron au premier jour de sa présidence. Cette annonce s’est retrouvée noyée dans une avalanche de messages postés en direct de Berlin où le nouveau chef de l’Etat s’est rendu pour saluer Angela Merkel. Une minute avant, le compte officiel du Président était sur le mode : «L’un et l’autre, nous sommes convaincus que nous avons besoin d’une vraie refondation de l’Europe.» Et trois minutes après : «La feuille de route doit donner une véritable efficacité à l’Union européenne. Il n’y aura pas de tabou sur les changements de traités.» A première vue, on pourrait trouver incongrue cette annonce concernant le système scolaire français au beau milieu d’une rencontre entre chefs d’Etat. En réalité, rien d’étonnant, tant ces classes ont une résonance diplomatique. Explication.
Qu’en est-il des classes bilangues : ont-elles été supprimées ?
Non, les deux tiers d’entre elles existent encore, même si elles sont inégalement réparties sur le territoire (leur nombre n’a pas changé à Paris, mais est en baisse dans l’académie de Caen par exemple). La réforme du collège, dans son esprit initial, devait pourtant les rendre exceptionnelles. Mais face au tollé suscité et à l’écho médiatique, les rectorats se sont engouffrés autant que possible dans le régime d’exception.
Rembobinons en version accélérée. Mars 2015, la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem présente sa réforme, vantant sa mesure phare : tous les élèves apprendront une deuxième langue vivante dès la cinquième, et non plus à partir de la quatrième. Du coup, avait-elle balayé d’une phrase, l’option bilangue, permettant d’apprendre deux langues dès la sixième, n’a plus de raison d’être. Cette option, bénéficiant à 16% des élèves, permettait parfois aux chefs d’établissement de faire des classes de niveaux, chères aux parents mais désastreuses en termes de mixité sociale. La suppression de l’option bilangue avait aussi une visée égalitaire : de fait, cette option revenait à rajouter des heures d’enseignement, et donc à donner plus à un petit nombre d’élèves, souvent issus de milieux favorisés.
Dès le départ, la ministre avait précisé que toutes les classes bilangues ne disparaîtraient pas. Quelques-unes devaient subsister, dans le cas où les élèves auraient commencé en primaire une autre langue que l’anglais. A l’époque, la ministre pensait surtout aux enfants de l’est de la France, apprenant souvent l’allemand en primaire. Mais en réalité, les rectorats qui avaient les ressources humaines nécessaires (comme Paris par exemple), se sont mis à proposer à la rentrée 2016 des enseignements d’allemand ou espagnol en primaire, et ainsi conserver ouvertes les sections bilangues au collège.
Pourquoi Macron fait-il cette déclaration depuis Berlin ?
Quand la réforme du collège a été présentée au printemps 2015, les réactions ont été très vives en France mais aussi… outre-Rhin. Inquiète de voir chuter le nombre de classes bilangues, la secrétaire d’Etat allemande Maria Böhmer avait même averti : «Ce projet ne doit pas voir le jour.» L’enjeu dépasse le cadre pédagogique, il est politique. Et diplomatique. Le traité de l’Elysée, qui lie depuis 1963 la France et l’Allemagne, prévoit explicitement que «les deux gouvernements s’efforc[ent] de prendre des mesures concrètes en vue d’accroître le nombre d’élèves allemands apprenant la langue française et celui des élèves français apprenant la langue allemande.» Ces classes bilangues anglais-allemand permettaient de doper les effectifs, en rameutant 11% des sixièmes.
A lire Les collégiens au bord de l’incident diplomatique
Pour déminer les tensions, Najat Vallaud-Belkacem avait même nommé «une déléguée ministérielle au renforcement de l’apprentissage de l’allemand», clamant sur les plateaux télé qu’elle n’avait rien contre la langue allemande, bien au contraire. Rien d’étonnant donc que Macron, soucieux de soigner les relations avec le partenaire allemand, choisisse ce premier déplacement pour faire cette annonce.
Qu’avait dit Macron sur les classes bilangues jusqu’ici ?
Son programme était beaucoup moins affirmatif que ce tweet-annonce. Dans ses propositions de campagne, Macron proposait d’insuffler plus de «souplesse» (il dit aussi «autonomie») dans le système éducatif, et notamment dans l’application de la réforme du collège. Son équipe en charge du volet éducation, nous avait précisé pendant l’entre-deux-tours que l’apprentissage de la deuxième langue serait conservé dès la cinquième.
Mais qu’en revanche, les choses pourraient changer pour les 20% dégagés dans l’emploi du temps des élèves pour les enseignements pratiques interdisciplinaires (les fameux EPI), ces projets transversaux montés par deux ou trois profs. «Ce volume horaire de 20% demeure mais chaque établissement pourra décider de ce qu’il en fait : continuer les EPI, ou remettre en place des parcours bilangues, ou bien des enseignements de langues anciennes», expliquait alors Fanny Anor, membre de l’équipe de campagne. «Chaque conseil d’administration dans les collèges sera libre de décider et de s’organiser», ajoutait-elle, insistant sur cette idée chère à Emmanuel Macron de laisser plus de liberté aux équipes. Ce tweet-annonce semble beaucoup plus directif.