Terrorisme : les djihadistes toulousains ont bien des complices dans le Lot 5 janvier
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Nous le disions depuis longtemps, les arrestations du mois dernier en Syrie vont peut-être fournir de nouvelles informations à ce sujet.
EXCLUSIF. Une figure de la filière djihadiste d’Artigat interpellée en Syrie
Mohamed Megherbi est l’un des Français interceptés à la mi-décembre. Il était dans le même convoi que Thomas Barnouin, autre vétéran français du djihad.
Par Stéphane Sellami
Selon nos informations, Mohamed Zine El Abidine Megherbi, 36 ans, né à Toulouse, a été arrêté en Syrie, le 13 décembre dernier, avec cinq autres ressortissants français radicalisés, partis combattre au début de l’année 2014 en zone syro-irakienne. Les identités de trois Français – Thomas Barnouin, 36 ans, Thomas Collange, 35 ans, et Romain Garnier, 34 ans – avaient été dévoilées par LCI le 28 décembre après leur arrestation par les forces kurdes à proximité de la frontière turque.
Toujours selon nos informations, à leurs côtés se trouvaient – outre Mohamed Megherbi –, le jeune frère de ce dernier, âgé de 29 ans, prénommé Najib, ainsi qu’un certain Kevin Gonot, 31 ans, demi-frère de Thomas Collange. Ces six djihadistes, soupçonnés d’avoir livré bataille dans les rangs de l’organisation État islamique (EI), ont été interceptés par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) alors qu’ils tentaient de gagner la ville frontalière de Ras al-Aïn, dans la région d’Hassaké, située dans le nord-est du pays.
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La plupart d’entre eux ont pour point commun leur proximité avec les frères Fabien et Jean-Michel Clain. La voix du premier avait porté la revendication des attentats de Paris et Saint-Denis en novembre 2015, sur fond de nasheed (chant religieux) entonné par son cadet. Mohamed Megherbi est également marié avec l’une des sœurs Clain, Amélie Grondin. De son côté, Kevin Gonot est, lui, en couple avec Jennifer Clain, fille aînée d’Anne-Diane Clain, la seconde sœur des frères du même nom.
Nébuleuse
L’émir blanc d’Artigat
Kevin Gonot, alias Hassan ou Abou Sofyan, l’aurait précédé de quelques mois en terre de « shâm ». Converti à l’islam avec ses parents et son demi-frère au début des années 2000, il a séjourné, une première fois, en Syrie en 2004, avant de vivre deux ans, entre 2005 et 2007, dans le quartier de Nasr City au Caire, en Égypte, selon ses propres déclarations aux enquêteurs antiterroristes venus perquisitionner la maison familiale à Capdenac-le-Haut, dans le Lot, à l’automne 2007 dans le cadre d’investigations sur une autre filière djihadiste.
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Filière djihadiste de Champigny : les 12 prévenus condamnés
Les membres de ce groupe du Val-de-Marne s’étaient rendus en Syrie. Ils ont écopé de peines allant de trois ans, dont deux avec sursis, à dix ans de prison.
Source AFP
Des djihadistes encore en Syrie, combattants ou « gourous », une mère de famille qui y avait rejoint son époux, des soutiens logistiques : douze prévenus ont été condamnés mardi à Paris à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison au procès de la filière de Champigny-sur-Marne. Par deux vagues successives, les 10 et 12 août 2013, les membres de ce groupe du Val-de-Marne, en banlieue parisienne, s’étaient rendus en Syrie. Plusieurs d’entre eux s’y trouvent encore, et ont été condamnés par défaut, en leur absence.
Ils s’étaient radicalisés pour la plupart en fréquentant la mosquée Triton de Villiers-sur-Marne. Notamment au contact de son « imam » Mustapha Mraoui, en fuite, décrit comme un « gourou », et d’un autre homme, Karim Assani, qui occupait une place de référent religieux. Considérés par le tribunal correctionnel de Paris comme les « organisateurs » des départs en Syrie, ils ont été condamnés en leur absence à dix ans d’emprisonnement, avec une période de sûreté des deux tiers.
Assani est probablement mort sur place. Tout comme un autre membre du groupe, Mikaël Batista. Ce dernier a néanmoins été condamné à neuf ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers. Les deux prévenus qui comparaissaient détenus devant le tribunal correctionnel de Paris ont quant à eux été condamnés à sept et huit ans de prison. Le parquet avait requis contre eux neuf ans de prison. Aucun des trois prévenus qui étaient libres n’a été incarcéré à l’issue de l’audience. Préparés à l’éventualité de dormir en prison, certains avaient fait leur sac pour se rendre au palais de justice.
Jugement qui « donne une chance »
Parmi eux, une jeune mère de famille de 27 ans, qui s’était rendue avec ses trois enfants en Syrie pour y rejoindre son mari, dont elle est aujourd’hui en instance de divorce. Elle avait transporté dans sa valise, en soute, deux lunettes de visée. Notant son « évolution positive », le tribunal l’a condamnée à cinq ans de prison, dont trois avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve. La partie ferme de sa peine peut être aménagée et purgée autrement qu’en détention.
Son avocate, Me Daphné Pugliesi, a salué un jugement « équilibré, qui tient compte de ce que chacun a fait, mais également de ce que chacun est ». Cette décision « lui donne une chance » et la possibilité de « s’amender » et d’élever ses enfants, a-t-elle ajouté.
Deux hommes aux rôles « ponctuel », « périphérique », qui se voyaient reprocher un soutien logistique, ont été condamnés à trois ans de prison. Dont la moitié avec sursis pour l’un, et deux ans avec sursis pour l’autre.
À travers ce dossier transparaît le « drame humain » des familles de jeunes radicalisés qui partent faire le djihad, « l’incompréhension totale », la « détresse absolue », avait souligné dans son réquisitoire la magistrate du parquet, de ceux qui font tout leur possible pour convaincre un frère, un fils, de revenir.
Dans cette affaire apparaît également Mickaël Dos Santos, décrit par le parquet comme « le fanatique du groupe », qui a rejoint les rangs du groupe djihadiste État islamique (EI) mais fait l’objet d’une autre procédure, criminelle. Cet homme a posté sur Facebook des photos de têtes coupées et se vante de multiples exactions, avec des messages tels que : « La dernière fois que j’ai tué, c’était hier. »
Filière djihadiste de Champigny : peines confirmées en appel
La cour d’appel de Paris a alourdi ou confirmé ce lundi les condamnations de douze prévenus, qui vont jusqu’à dix ans de prison.
Par France 3 Ile-de-France avec AFP Publié le 27/02/2017 à 17:39 Mis à jour le 27/02/2017 à 17:47
Ils s’étaient radicalisés pour la plupart en fréquentant la mosquée Triton de Villiers-sur-Marne. Notamment au contact de son « imam » Mustapha M., en fuite, décrit comme un « gourou » et d’un autre homme, Karim A., qui occupait une place de référent religieux. Il est sans doute mort en Syrie, tout comme un autre des prévenus, Mikaël B.
Six hommes condamnés à la peine maximale
Ils font partie des six hommes à être condamnés à la peine maximale, dix ans d’emprisonnement avec une période de sûreté des deux tiers. Un septième absent au procès a pour sa part vu sa peine de neuf ans confirmée en appel. Tous font l’objet d’un mandat d’arrêt.
Les deux détenus présents ont été condamnés respectivement à neuf et sept ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers, ce qui les prive de possibilité de permission de sortie ou de libération conditionnelle pendant cette période.
Contre les neuf prévenus les plus lourdement condamnés, la cour d’appel a prononcé une privation des droits civils civiques et de famille pour cinq ans.
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Les djihadistes de Champigny restent proches de maman
Des têtes tranchées pour épater les copains, des « je t’aime » pour maman. Mickaël Dos Santos, un temps considéré comme un des bourreaux de l’État islamique, n’était pas le seul membre de la filière djihadiste de Champigny à applaudir les atrocités sur les champs de bataille et à envoyer dans le même temps des mots doux à sa mère. C’est du moins ce qu’a relevé ce lundi le président de la 16e chambre correctionnelle de Paris : « Ce qu’il y a de particulier dans ce dossier, c’est le lien que les prévenus continuent d’entretenir avec leur famille ».
Pendant six jours, onze hommes et une femme comparaissent pour avoir pris part à une importante filière d’acheminement de djihadistes à destination des zones de combat en Syrie en août 2013. Seuls cinq d’entre eux étaient présents au tribunal. Les autres, dont le leadeur Mustapha Mraoui, ancien imam autoproclamé de la mosquée Al Islah de Villiers, sont toujours sous le coup de mandats d’arrêt.
Mickaël Dos Santos ne fait pas partie de ces prévenus. Mais le cas de ce jeune de 24 ans, qui sera jugé ultérieurement en raison de la gravité des actes qui lui sont reprochés, a tout de même été évoqué par le tribunal. Comme d’autres membres de la filière de Champigny, il faisait partie de la deuxième vague de djihadistes partis ensemble en Syrie le 16 août 2013.
Ce lundi, le témoignage de sa mère a été lu à l’audience. Ana Dos Santos raconte la conversion de son fils, passé en quelques mois de la religion catholique à l’islam radical en fréquentant la mosquée de Villiers. « Il me disait qu’il n’avait jamais été aussi heureux. Il ne faisait plus rien à la maison. Il mangeait par terre avec ses mains. » Jusqu’à ce message à sa mère dans lequel il annonce qu’il part combattre et qu’il conclut par ces mots : « Je t’aime maman. Convertis-toi. Renseigne-toi sur cette belle religion. » En Syrie, il envoie un nouveau message à Ana et lui annonce qu’il travaille désormais à la police islamique et qu’il est mieux payé. Dans le même temps, il envoie à deux de ses copains cette fameuse photo de têtes tranchées avec cette légende : « belle brochette. »
Dans le box, les deux membres de la filière djihadiste incarcérés ne bronchent pas. Il y a là Abdelhakim Ahl Tahar, un ancien éboueur de Champigny qui a connu Mickaël Dos Santos et Hedi Arbouche, un converti de Torcy (Seine-et-Marne). Cheveux longs gominés, chemise rose, ce jeune était l’un des proches d’un autre absent du procès : le combattant Iliès Chahiba. C’est l’ex-femme de ce dernier qui s’est longuement exprimée ce lundi à l’audience. Cette habitante de Montrouge (Hauts-de-Seine) est elle aussi poursuivie mais pour avoir apporté à son mari des lunettes de visée et des vêtements de camouflage.
« C’était uniquement pour lui plaire », s’est justifiée en pleurant celle qui était « folle amoureuse » du premier homme qu’elle avait connu et qui lui avait dit un jour qu’il lui préparait « une petite ceinture d’explosifs ». Aujourd’hui, selon elle, Iliès Chahiba serait remarié à une Allemande et combattrait toujours dans les rangs de l’État islamique. Comment le savez-vous, l’a interrogée le président. « Sa mère me l’a dit. Il lui a téléphoné vendredi dernier. »
Capdenac-le-Haut. Réseau Al Qaïda : les Lotois allaient en Syrie
Police. L’étonnement suite à l’arrestation d’un père et de son fils, à Capdenac-le-Haut.
La vie a finalement repris son cours hier matin au lieu dit Le Soulié, commune de Capdenac-le-Haut.
En effet, si l’annonce de l’arrestation de deux personnes, membres de la famille Gonot (lire notre édition d’hier), soupçonnées de faire partie d’un réseau de recrutement pour Al Qaïda a fait beaucoup jaser, ce n’est pas tant le moment de l’interpellation, faite en silence, qui aura pour autant réveillé les habitants. Seule une voisine raconte avoir vu passer cinq voitures blanches avec des gyrophares, sans plus. Mais l’affaire a surpris. Des terroristes implantés sur le territoire lotois ?
L’histoire est d’autant plus étrange que la famille en question ne semblait pas a priori porter de soupçon. Mais on a appris hier que l’un des jeunes arrêtés multipliait les allers et retours entre le Lot, la Syrie et l’Égypte. Il aurait pu recruter de jeunes Lotois pour faire le djihad (traduisez la guerre sainte) en Irak. Derrière la façade, donc, des combattants déterminés à défendre leur cause : « C’était des gens très gentils, très serviables, commente une voisine, ils se sont toujours proposés de nous aider lorsque nous avons eu des problèmes comme les inondations en 2003. Toujours un bonjour, toujours un sourire, mais il est vrai que nous les voyions de moins en moins. »
Tous les quatre d’origine française, ce n’est qu’il y a 5 ans que la famille s’est convertie à l’Islam, du moins, c’est que que laissait présenter leur habillement. « Stéphane, 57 ans, s’était laissé pousser la barbe, Christine, 59 ans, était voilée, les cheveux rasés. »
Quand aux deux fils, Kevin, 21 ans, arrêté avec le père mardi matin, et Thomas, 26 ans, ils ne vivaient plus avec les parents. « Le plus âgé était sur Toulouse, quant au plus jeune, il était soit disant parti apprendre l’arabe en Égypte. Tous deux avaient déjà des enfants dont une fille de 4 mois. C’est la semaine dernière que la mère m’a dit que son jeune fils devait revenir vendredi. » L’étonnement est donc immense dans la petite commune. Qu’est-ce qui a poussé la famille à se convertir à l’Islam ainsi qu’à rejoindre un tel réseau ? Cependant, plus les habitants de la commune y pensent, plus les choses se clarifient. « Ils ne travaillaient plus depuis au moins deux ans. Elle s’occupait auparavant de jeunes à problèmes ainsi que des handicapés. Lui, en revanche, était expert en pyrotechnie. C’est lui qui se chargeait des feux d’artifice et nous l’avions même aperçu une fois à la télé alors qu’ils s’occupaient des feux d’artifice des jeux olympiques. Il s’y connaissait donc peut-être en explosif. »
Mickaël Marcq et Jean-Claude Sénac
Filière djihadiste en Seine-et-Marne: trois fidèles de la mosquée de Lagny mis en examen
Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 03/06/2017 à 21:29
AFP Photo/THOMAS SAMSON
Les trois hommes ont été mis en examen vendredi par des juges parisiens pour association de malfaiteurs terroriste et placés sous contrôle judiciaire
L’édifice religieux avait été fermé au lendemain des attentats du 13 Novembre. Trois fidèles de la mosquée « radicale » de Lagny-sur-Marne, en Seine-et-Marne, ont été mis en examen dans une enquête sur une filière de recrutement pour le djihad en Syrie, a-t-on appris ce samedi de source proche du dossier.
Interpellés mardi pour deux d’entre eux à Lagny et pour le troisième à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), ils ont été mis en examen vendredi par des juges parisiens pour association de malfaiteurs terroriste et placés sous contrôle judiciaire, a précisé cette source. Les deux premiers, Nabil Aissaoui et Manuel Gomez, jeunes trentenaires assignés à résidence depuis deux ans et demi, dès le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, sont bien connus des enquêteurs.
Lieutenants de l’ancien imam
Selon des « notes blanches » des services de renseignement, les deux hommes sont considérés comme des lieutenants de l’ancien imam local, Mohamed Hamoumi, soupçonné d’avoir organisé le recrutement de volontaires pour le djihad et qui a fui au Caire fin 2014. Nabil Aissaoui, dont le frère est parti en Syrie, est soupçonné d’avoir aidé l’imam à fuir et d’avoir organisé chez lui une école coranique clandestine, selon ces notes. Le parquet avait requis son placement en détention provisoire.
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Manuel Gomez, converti à 17 ans, a été arrêté à la frontière hongroise fin 2014, alors qu’il tentait de rejoindre la zone irako-syrienne. L’été dernier, il a purgé deux mois de prison pour avoir dérogé au triple pointage quotidien au commissariat imposé par son assignation.
Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) les ont arrêtés dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en 2015 sur une filière djihadiste en Seine-et-Marne, après une enquête préliminaire datant de 2013, a ajouté la source proche du dossier.
Lagny, épicentre d’un département « à risque »
La mosquée de Lagny, présentée par le gouvernement comme un « foyer d’idéologie radicale », avait été fermée en décembre 2015 dans le cadre de l’état d’urgence. Vingt-deux interdictions de sortie du territoire et neuf assignations à résidence d’ »individus radicalisés » avaient été prononcées. Dans la foulée, l’association qui gérait le lieu avait été dissoute, une mesure inédite en France, selon les autorités.
La commune de Lagny, voisine de Disneyland Paris, fait désormais figure d’épicentre d’un département « à risque » où, en décembre, 275 personnes étaient suivies dans le cadre de la lutte contre la radicalisation violente, et une dizaine assignées à résidence, selon une source judiciaire, contre cinq en Seine-Saint-Denis.
Dans la commune toute proche de Torcy, une mosquée fréquentée par les membres d’une cellule djihadiste, dont le procès se tient en ce moment à Paris, a été fermée en avril.