Je décline toute responsabilité quant aux mentions qui s'affichent dans les cinq lignes ci-dessus du pavé "Recherchez aussi" sur lequel je n'ai aucun contrôle.
Mes statistiques sont bloquées depuis le 2 février 2015.
7 février 2015
Mes statistiques sont de retour, tout fonctionne.
16 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 12 février.
22 février 2015
Mes statistiques "basiques" ont été débloquées hier soir après la publication de mon dernier article concernant NEMROD34. Belle reprise simultanée de l'activité du Chinois.
23 février 2015
Statistiques "basiques" toujours sujettes à blocages : le 21 février au soir, à peine étaient-elles débloquées, puis à nouveau hier, 22 février, à peine étaient-elles débloquées.
24 février 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Pas de nouveau pic d'activité du Chinois depuis le 21 février.
25 février 2015
Je n'ai pas mes statistiques "basiques" du jour, ça bloque encore... et Justinpetitcoucou est toujours bloqué depuis le 8 février... Faudrait penser à le débloquer, lui aussi, il y a du laisser-aller, là...
26 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blog débloquées. Merci pour Justin, il était temps !
27 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blogs de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt... Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
25 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 20 mars.
26 mars 2015
Merci de m'avoir débloqué mes statistiques "basiques". Encore une fois, je ne vois pas l'intérêt de ce petit jeu. Ce serait aussi bien de cesser de bloquer ces statistiques pour oublier de les débloquer jusqu'à ce que j'aie signalé le problème.
31 mars 2015
Merci de bien vouloir me débloquer les statistiques "basiques" de Justinpetitcoucou, restées bloquées depuis le 14 mars - cf. avis du 25 mars sur Justin.
2 avril 2015
Merci de m'avoir rendu les statistiques de Justin.
7 mai 2015
Je n'ai plus de statistiques depuis deux jours, ni "basiques" ni "avancées".
10 mai 2015
Retour des statistiques "basiques". Merci. Manquent encore les statistiques "avancées".
14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
3 octobre 2015
Depuis hier, les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro. Merci de me les rendre.
Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, fait l’objet d’une deuxième plainte, cette fois-ci concernant des faits d’abus de faiblesse, déposée ce mardi 13 février auprès du parquet de Paris, qui a confirmé l’information au Point.
Selon des sources concordantes, une enquête préliminaire a été ouverte et la plaignante, domiciliée à Tourcoing, dans le Nord, ville dont Gérald Darmanin a été maire entre les années 2014 et 2017, a été entendue, dans la foulée, par les enquêteurs du 1er district de police judiciaire (DPJ), déjà chargé d’une première plainte visant le ministre pour des faits de « viol », selon des sources concordantes.
Toujours selon nos informations, cette dernière aurait indiqué avoir fait l’objet de « demandes à caractère sexuel » en échange d’un nouveau logement.
Darmanin bientôt entendu
Ces faits se seraient déroulés, toujours selon la plaignante, au cours des années 2015 et 2016. « La plaignante a expliqué qu’elle occupait un logement insalubre, révèle une source proche de l’affaire. Elle a demandé à être relogée et c’est à ce moment-là que Gérald Darmanin lui aurait fait des avances. » Le ministre devrait être entendu prochainement par les policiers du 1er DPJ à propos de cette nouvelle plainte.
Gérald Darmanin a déjà répondu, ce lundi 12 février, au cours d’une audition libre aux questions des enquêteurs de la PJ parisienne sur des faits présumés de viol datant de 2009 et qu’il a toujours contestés. Il a, par ailleurs, déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse pour répondre à « des allégations infâmes » dans cette première affaire.
Partant du constat que ce niveau est le résultat des politiques très agressives d’une certaine gauche à l’encontre des matheux, celle, extrême, qui se revendique de la révolution rétrograde de mai 1968, dont le vrai sens est celui d’un retour à l’esclavage pour tous ceux qui font preuve d’aptitudes pour le travail, je propose que le NPA soit enfin reconnu comme une organisation terroriste.
Au moins ses membres pourraient-ils être poursuivis pour leurs crimes et délits divers et variés, ce ne serait vraiment pas du luxe.
Notamment, je rappelle le procès que la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest a organisé à mon encontre en 2013 avec ses complices magistrats ultra CORROMPUS du Tribunal de Grande Instance de Brest.
Elle avait fait remplir la salle d’audience par des élèves de 4ème, afin que chacun d’entre eux comprenne bien ce qui lui en coûterait s’il travaillait trop bien en classe, et de tous les convaincre que les matheux sont bien, comme elle l’a toujours enseigné autour d’elle, des fous, des imbéciles, des débiles et handicapés mentaux, autant que des malades mentaux extrêmement dangereux et très très très méchants, qu’il faut enfermer à vie, ou mieux encore, carrément supprimer de tout espace.
Je rappelle à cet égard que mes proches et moi-même avons fait l’objet de multiples tentatives d’assassinat toutes organisées par cette femme et ses complices, et que plusieurs d’entre nous en sont bien morts.
Ces crimes restent bien évidemment totalement impunis, vu qu’ils ont toujours bénéficié, pour le moins, de la caution des magistrats ultra CORROMPUS du Tribunal de Grande Instance de Brest.
Qu’avons-nous donc fait pour les « mériter » ?
Nous sommes ingénieurs. Pour la plupart d’entre nous, c’est notre seul tort.
Pour ma part, je m’obstine aussi à refuser de me prostituer, ce qui est également très très mal.
VIDÉO – Le mathématicien et député Cédric Villani présente ce lundi un rapport pour améliorer le niveau en mathématiques des élèves, qualifié de «catastrophique» et «extrêmement vexant».
Renforcer le poids des maths dans la formation des instits, encourager la manipulation d’objets à l’école, proposer aux lycéens un module de «réconciliation»… Le mathématicien Cédric Villani présente lundi une série de mesures pour l’apprentissage de cette discipline mal-aimée.Le rapport publié lundi fait suite à une mission confiée cet automne par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer à Cédric Villani, qui est aussi député de La République en Marche, et à Charles Torossian, inspecteur général de l’Education nationale.
Le document liste 21 mesures pour améliorer le niveau en mathématiques des élèves français, qualifié de «catastrophique», et faire aimer cette discipline, qui «occupe en effet une place à part dans les parcours scolaires». Elle est en effet devenue la matière reine pour accéder aux meilleures écoles et «son poids symbolique dépasse largement son poids réel». Le rapport note que cette «domination» exerce «un sentiment d’autodépréciation très répandu, chez les élèves comme chez les adultes» et que dès 7 ans, «des élèves se déclarent déjà ‘nuls en maths’».
Lors de sa présentation du rapport ce lundi matin, Cédric Villani a déploré les résultats «extrêmement vexants» des jeunes Français en mathématiques. Il vante le modèle d’apprentissage singapourien, dont l’efficacité est prouvée notamment par le classement Pisa, qui évalue les acquis des élèves de 15 ans dans 72 pays de l’OCDE. Singapour s’y place en effet en première position. Cédric Villani souhaite tester cette méthode «organisée et efficace» en France pendant trois ans.
Les mathématiques comme «priorité nationale»
Les deux auteurs disent avoir «très vite identifié un grand désarroi à tous les niveaux des professeurs, du primaire au secondaire, aux formateurs dans les écoles du professorat (Espe)». «Une des conclusions de notre rapport (…) , c’est de réaliser à quel point l’encadrement humain est déficient en la matière. Très peu des enseignants des écoles se sentent à l’aise avec les mathématiques et c’est normal au vu de leur parcours et de leur formation», beaucoup d’enseignants étant issus de filières littéraires, a ajouté M. Villani.
Parmi les mesures préconisées, figure la construction dès 2018 d’une formation initiale pour les professeurs des écoles démarrant à bac+1, sous la forme d’une licence ou d’un parcours pluridisciplinaire avec un volume d’enseignements dédié aux disciplines fondamentales. Il s’agit aussi de développer la formation continue en mathématiques des enseignants du primaire.
Le rapport suggère aussi de proposer à toutes les écoles un équipement de base, accompagné de tutoriels, qui favorise la manipulation d’objets réels ou virtuels. Il faut aussi «redonner leur place au cours structuré et à sa trace écrite, à la notion de preuve et aux apprentissages explicites», développer les automatismes de calculs à tous les âges «par des pratiques rituelles» («calcul mental et intelligent», répétitions) et «cultiver le sens des quatre opérations dès le CP». «Enseigner un cours de mathématiques, si on s’y prend bien, demain ça sera plus passionnant que ça ne l’a jamais été», a assuré M. Villani. Autre idée: proposer aux lycéens un module annuel «de réconciliation» avec les maths sur des thématiques et démarches nouvelles. Cette discipline devrait aussi être inscrite comme «priorité nationale» avec une mobilisation des acteurs de toute la chaîne, des recteurs aux enseignants.
Non, je rigole, il n’y a rien à faire, j’ai déjà tout tenté, rien n’a jamais marché :
- ni les démentis, quand par extraordinaire les messieurs incités à me harceler ou à prendre à mon encontre des décisions éminemment préjudiciables au motif que je n’aurais été qu’une prostituée me parlaient de ces très fortes incitations, alors que les autres, pour leur presque totalité, préféraient agir en fonction de ces « informations » et « incitations » sans jamais me fournir un mot d’explication…
- ni mes tentatives de « désamorcer » la « rumeur » ou plutôt, la calomnie et ses effets dévastateurs quand, enfin prévenue par certains (j’en ai pris plein la gueule durant plusieurs années sans jamais savoir ce qu’on racontait à mon sujet et ne comprenais vraiment rien à ce que je subissais alors : j’en restais le souffle coupé, le coeur se mettait à dérailler dangereusement et c’était l’ITT…), je pouvais deviner pourquoi on me regardait de travers ou m’approchait bizarrement…
- ni même mes plaintes quand j’ai tout ce qu’il faut pour les étayer : les magistrats décrètent alors d’emblée que le calomniateur ne peut pas mentir et que c’est moi la menteuse quand je prétends être calomniée, puisque le calomniateur ne dit que la vérité et que je suis donc bien une prostituée…
Depuis que la mère maquerelle Josette Brenterch du NPA de Brest a décidé en juin 2010 de faire publier toutes ses inventions calomnieuses à mon encontre, les magistrats brestois, tous d’accord entre eux à ce sujet, ont bien tous tenté de dissuader mes avocats de me défendre en leur soutenant notamment que je n’étais qu’une prostituée…
Je le redis donc encore une fois en sachant que c’est perdu d’avance, puisque je perds systématiquement depuis bien plus de 20 ans quelle que soit la manière : non, les femmes ingénieurs ne sont pas des prostituées.
Et maintenant, on va voir si Nicolas Hulot gagne son pari.
Il n’y a encore pas si longtemps, les vrais violeurs et harceleurs gagnaient à tous les coups.
Mais ces derniers temps, c’est devenu moins systématique.
« Nicolas Hulot a fait le pari d’éteindre la rumeur », constate Alba Ventura
ÉDITO – Face aux rumeurs « ignominieuses » de harcèlement et de violences sexuels, le ministre de la Transition écologique utilise la stratégie de l’attaque par anticipation : il les dément avant qu’elles ne soient publiques.
Télécharger L’Edito politique du 09 février 2018 Crédit Image : AFP / Bertrand Guay | Crédit Média : Alba Ventura | Durée : 03:07 | Date : 09/02/2018 La page de l’émission
Nicolas Hulot est-il victime de la rumeur ? Le nom du ministre de la Transition écologique et solidaire est cité pour des faits d’agressions sexuelles dans un article du magazine L’Ebdo, publié ce vendredi 9 février.
Avant même la publication de cette enquête, il a démenti la veille à travers une stratégie d’attaque. Parce que ce qu’a fait Nicolas Hulot en terme de communication, c’est un pari : celui d’éteindre la rumeur avant que le sujet n’arrive sur la table. Nicolas Hulot ne supporte pas tout ce qui se raconte. Il a voulu désamorcer, déminer. Parce que garder le silence fait galoper la rumeur.
Y a-t-il des faits précis dans l’article du magazine ? C’est tout le problème : il n’est pas très étayé. Franchement, on est un peu perplexe. Parce qu’il y a une histoire concernant une femme de la Fondation Hulot. Mais elle dément (dans le papier) toute agression sexuelle de la part de Nicolas Hulot. Donc pourquoi en parler !
Un étrange travail de journalisme
Et puis il y a une deuxième histoire qui date de 1997. Elle a fait l’objet d’une plainte pour viol de la part d’une jeune femme qui a toujours voulu garder l’anonymat, parce que sa famille est connue. Une affaire qui a été classée sans suite, et qui est prescrite aujourd’hui.
Le magazine explique dans son papier que s’il met en avant ces histoires, c’est parce qu’il pense que « c’est ce qui a toujours empêché Nicolas Hulot de se présenter à la présidentielle ». Avouez que c’est un étrange travail de journalisme.
Je me demande même si cet article aurait eu l’écho qu’il a aujourd’hui si Nicolas Hulot n’avait pas pris lui-même les devants. Maintenant je ne suis pas en train de dire que tout a été inventé. Je dis seulement qu’il manque pas mal d’éléments pour se faire une idée, sachant que judiciairement Nicolas Hulot est inatteignable.
Rumeurs et politiques, une constante
Il y a très régulièrement des rumeurs sur la vie de nos responsables politiques, et depuis toujours. Si bien qu’on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Souvenez-vous des rumeurs sur Claude Pompidou dans l’affaire Markovic, ou encore l’affaire Baudis.
Sans oublier le couple Sarkozy. Carla qui préparait un album avec un chanteur avec lequel on lui prêtait une aventure, et dans le même temps Nicolas Sarkozy était soupçonné d’entretenir une relation avec une ministre. Manuel Valls avait été victime d’une rumeur avec Najat Vallaud-Belkacem.
Plus récemment, il y a la rumeur de liaison entre le président Macron et Mathieu Gallet, l’ancien patron de Radio-France. D’ailleurs Emmanuel Macron avait utilisé la même technique que Nicolas Hulot : il avait voulu en parler avant que ce soit public.
Le pari de Hulot
Prendre les devants, c’est un risque. Parce qu’en communication, dans ce genre de situation vous n’avez pas 36 cartouches. Et là il a grillé une cartouche, et pas des moindres.
Cela dit, Gérald Darmanin a procédé à la même technique, qui consiste à prendre la maîtrise du calendrier, et l’affaire s’est calmée. Mais on ne sait jamais comment les choses vont tourner. D’autant qu’on est dans un contexte très tendu avec l’affaire Weinstein de harcèlement sexuel.
Quand on décide de combattre une rumeur, il faut être sûr de son fait, parce que ça peut tout emporter. Hicolas Hulot le sait. Jeudi 8 février, il a eu cette phrase : « Je n’ai pas peur de la vérité, j’ai peur de la rumeur car c’est un poison mortel ».
Et c’est toujours le même : c’est celui des pratiques harceleuses de certains patrons, qui eux restent intouchables, hyper protégés par des magistrats trop souvent CORROMPUS.
Il n’est pas possible d’aborder la question du harcèlement sexuel que subissent les femmes en la dissociant totalement de celle du harcèlement moral qu’elles peuvent aussi subir en entreprise, tant ces deux formes de harcèlement peuvent être intriquées : soit le harcèlement moral fait partie du harcèlement sexuel institué par un prédateur sexuel, soit le harcèlement moral organisé par le patron harceleur passe aussi par du harcèlement sexuel lorsque sa cible est une femme.
Même chose pour toutes les formes de harcèlement du conjoint violent, y compris le cyberharcèlement, car ce sont aussi des pratiques des patrons harceleurs ou de leurs sbires divers et variés, tels Josette Brenterch du NPA de Brest et ses amis extrême-gauchistes à la solde de patrons voyous.
On voit même de ces messieurs se faire passer pour les conjoints de leurs victimes pour s’immiscer plus facilement dans leurs sphères intimes !
En effet, selon un de mes médecins, certains de mes anciens patrons harceleurs l’auraient bien fait afin d’en obtenir des informations sur mon état de santé et d’influencer ses diagnostics et prescriptions.
Il convient toutefois de souligner que dans bien des cas, ce subterfuge n’est pas nécessaire, les médecins tout comme les magistrats soutenant majoritairement violeurs et harceleurs contre leurs victimes, même lorsque ces dernières sont leurs patientes.
Le cybercontrôle au sein du couple au cœur d’un rapport remis au gouvernement.
HARCÈLEMENT – Quand on entend harcèlement sur internet, on pense peut-être aux raids organisés contre certaines féministes, aux jeunes qui se font harceler sur les réseaux sociaux dès la sortie de l’école ou encore à la pédocriminalité en ligne. Mais on pense peut-être moins au cybercontrôle qui peut être opéré au sein d’un couple.
C’est pourtant l’un des cinq grands axes du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), qui remet ce mercredi 7 février son rapport intitulé « En finir avec l’impunité des violences faites aux femmes en ligne: une urgence pour les victimes » au Secrétaire d’Etat chargé du Numérique Mounir Mahjoubi.
Dans ce rapport, qui se penche aussi bien sur le harcèlement sexiste subi par la youtubeuse Marion Seclin que sur les outils de surveillance sur internet, 28 recommandations sont émises. Parmi celles-ci, cinq concernent cette forme de harcèlement en ligne.
Si vous n’avez pas entendu parler de cette forme de cyberharcèlement, c’est normal. Ce phénomène ne fait pas encore l’objet de données chiffrées en France mais des enquêtes menées à l’étranger, au Royaume-Uni notamment, ainsi que des remontées d’associations françaises, permettent déjà de s’en préoccuper.
Contrôle de l’activité de la conjointe ou ex-conjointe
« Depuis un moment, nous avons des retours de psychologues ainsi que d’avocats signalant que des femmes sont contrôlées par leur partenaire ou ex-partenaire », souligne auprès du HuffPost Ernestine Ronai, co-présidente de la commission Violences du HCE et l’une des « rapporteur.e.s » de ce dossier, qui admet que cet aspect du cyberharcèlement l’a beaucoup marquée. « C’est par exemple un homme qui donne un téléphone à son fils pour l’appeler mais qui lui permet en fait de localiser son ex-femme. Cela peut aussi être un homme qui trouve un moyen d’accéder aux comptes bancaires de son ex-compagne pour bénéficier des allocations familiales sur son propre compte », explique-t-elle.
Bien qu’encore méconnu en France, cette forme de violences faites aux femmes serait assez importante. « Plus on en parle, plus on se rend compte que c’est un harcèlement repéré par différents professionnels de différents champs professionnels, pourtant il ne fait pas encore l’objet d’axes de travail », poursuit la co-rapporteure du dossier.
Il s’agit, pour citer ce rapport, du « contrôle par un conjoint violent de l’activité (déplacements, activités sociales, dépenses, activité administrative diverse) de sa conjointe ou ex-conjointe, par l’usage des services numériques, éventuellement à l’insu de cette dernière. Le cybercontrôle vise à maintenir l’emprise et la peur ».
Une ampleur démontrée au Royaume-Uni
Selon une grande enquête réalisée par l’association Women’s Aid en Grande-Bretagne, 85% des femmes qui ont subi d’un partenaire ou ex-partenaire des violences dans la vie réelle, les ont aussi subies sur internet. Et parmi elles, 29 % l’ont été via des logiciels de géolocalisation et de surveillance. « Ce sont des violences psychologiques qui peuvent commencer sur internet et se prolonger dans la vie réelle ou vice versa. Dans tous les cas, une personne cherche à contrôler l’autre », analyse Ernestine Ronai.
Ce cyberharcèlement au sein du couple se traduit d’une part par la surveillance des publications, des déplacements, de la vie sociale et des dépenses d’une personne, d’autre part par « la diffusion d’images intimes à caractère sexuel, sans l’accord de la personne, ou la menace de le faire ».
Production d’un guide, formation des professionnels
Plusieurs recommandations sont émises afin de « faire connaître et renforcer les moyens de la lutte contre le cybercontrôle au sein du couple ». Parmi celles-ci, la production d’un guide spécifique à mettre à disposition des professionnels accueillant les victimes, le renforcement des formations sur les violences faites aux femmes en ligne ainsi que le soutien financier à ces associations, ou encore la formation des services de police, gendarmeries et professionnels de la justice aux manifestations du cyber-contrôle.
Pour donner un exemple de guide pouvant être remis aux concernés, le HCE a traduit quelques extraits d’un guide britannique publié en 2012 par les associations Network for Surviving Stalking et Women’s Aid.
A la question « comment repérer un conjoint ou ex-conjoint harceleur? », voici par exemple les réponses énoncées:
HCE
Voici un autre extrait, expliquant comment garantir sa sécurité sur son téléphone:
HCE
Mettre des mots sur cette violence
Plus généralement, le HCE demande à ce que les victimes de violences en ligne soient prises en charge à 100% par l’État, tant pour les soins que pour les enquêtes.
Au-delà des recommandations, le HCE espère alerter et sensibiliser à ces pans du cyberharcèlement peu connus du grand public. « Bien que virtuelles, ces violences sont réelles, elles ont de vraies conséquences et peuvent provoquer des traumatismes », insiste Ernestine Ronai.
Quant au cybercontrôle au sein du couple, elle espère qu’après la diffusion de ce rapport, tout le monde y sera plus attentif, les premières concernées avant tout: « le fait d’en parler va leur permettre de mettre des mots sur ce qu’elles subissent ».
Lafarge en Syrie : le rôle de la diplomatie française en question
L’enquête sur Lafarge, soupçonné d’avoir financé l’État islamique pour rester en Syrie, peut-elle impliquer la diplomatie française ? C’est ce qu’affirme un ex-responsable du cimentier. Selon lui l’ambassadeur de France « était au courant du racket ». Lafarge est suspecté d’avoir versé entre 2011 et 2015 plus de 12 millions d’euros à des groupes armés en Syrie, pour continuer à faire tourner sa cimenterie de Jalabiya malgré la guerre.
Les juges d’instruction ont récemment concentré leurs investigations sur le volet étatique de l’affaire Lafarge en Syrie.
Franck FIFE AFP
Que savaient les autorités françaises de l’argent versé par Lafarge à des groupes armés pour continuer à faire tourner son usine syrienne pendant la guerre ? « Ont-elles poussé Lafarge à se maintenir pour préparer l’après-Bachar el-Assad, quitte à mettre en danger les salariés syriens, restés seuls sur le site à partir de 2012 ? Des diplomates étaient-ils au courant de versements délictueux ? Si c’est le cas, ont-ils tardé à tirer la sonnette d’alarme ? », s’interroge une source proche du dossier.
Dans cette affaire hors norme, où pour la première fois de grands patrons français sont soupçonnés d’avoir financé le terrorisme, Lafarge est suspecté d’avoir versé entre 2011 et 2015 plus de 12 millions d’euros à des groupes armés en Syrie, dont l’État islamique (EI), pour continuer à faire tourner, malgré la guerre, sa cimenterie de Jalabiya, située dans le nord du pays.
Les autorités françaises ont-elles demandé à Lafarge de rester ?
Certains responsables du groupe, dont l’ex-directeur général adjoint Christian Herrault, ont reconnu avoir été soumis à « une économie de racket« . Et, pour ce dernier, l’État savait. Il a même poussé l’entreprise à rester.
Lors d’une confrontation organisée le 9 janvier 2018 entre Christian Herrault et l’ex-ambassadeur de France en Syrien, Éric Chevallier, l’ex cadre de Lafarge explique que ce dernier lui aurait dit, lors d’une de leurs rencontres : « vous devriez rester, les troubles ne vont pas durer« .
Des propos démentis par Éric Chevallier. D’autant que, pour l’ex-ambassadeur, le quai d’Orsay avait été clair. Dès 2012, des consignes de quitter la Syrie avaient été émises, pour les particuliers et les entreprises. Sauf qu’ »elles ne s’appliquaient qu’aux collaborateurs français qui ont d’ailleurs été rapatriés. Jamais il n’a été demandé de fermer l’usine. Sinon, cela aurait été fait« , estime Solange Doumic, avocate de Christian Herrault.
Des notes et réunions qui auraient dû alerter le quai d’Orsay
Les juges d’instruction ont récemment concentré leurs investigations sur le volet étatique de l’affaire. Elles ont mis en lumière plusieurs réunions entre Lafarge et l’ambassade. Le directeur de la cimenterie de Jalabiya, Bruno Pescheux, a aussi évoqué « des contacts » avec l’ambassade tandis que le directeur de la sûreté de Lafarge, Jean-Claude Veillard, a assuré avoir fait remonter des informations sur la situation dans la région aux services de renseignement français.
Certains courriers diplomatiques auraient-ils dû alerter au plus haut niveau du Quai ? Une note d’un conseiller datant de septembre 2014 évoque ainsi le « jeu d’équilibriste entre régime de Damas, forces kurdes et Etat islamique » auquel est soumis Lafarge, tout en relevant que le patron de la cimenterie indique « ne rien verser » à l’EI.
« Démontrer une éventuelle implication des autorités françaises est difficile car il n’y a jamais eu de consigne écrite. Mais il faut que Paris assume les positions prises à l’époque« , estime Solange Doumic. La question est également de savoir si Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères était au courant. L’association Sherpa, partie civile dans le dossier a demandé son audition. « On nous dit que Lafarge n’a pas été évoqué avec lui. Il est étonnant qu’il ne se soit pas intéressé à la seule entreprise française dans ce pays stratégique« , relève ainsi l’avocate.
« L’un de nous d’eux ment » : quand le directeur de Lafarge et l’ambassadeur de France sont face à face
Le siège de Lafarge à Paris ((Thomas SAMSON / AFP))
Que savait la France des activités du fabriquant de ciment en Syrie ? Les services secrets et la diplomatie ont-ils été avertis des pots de vin versés à Daech ? Au début de l’année, l’ancien ambassadeur de France en Syrie et le directeur opérationnel ont été confrontés par la justice. « L’Obs » publie le détail de leur face-à-face chez les magistrats.
Cette confrontation relance le dossier Lafarge et les financements des groupes terroristes en Syrie. Le 9 janvier dernier, chez les juges Eric Chevalier, 57 ans, dernier ambassadeur de France à Damas fait face à Christian Herrault, ancien directeur opérationnel adjoint de Lafarge.
« Vous devriez rester. Les troubles ne vont pas durer », aurait dit le diplomate selon la version de l’homme de la Lafarge. Ce que le diplomate conteste.
L’histoire aurait-elle pu être changée et le financement de Daech par Lafarge évité si les deux hommes en avaient décidé autrement ? Cette interrogation essentielle arrive en fin de confrontation: »Sans cet aval du Quai d’Orsay seriez vous partis ? », demande le juge.
« Si le Quai d’Orsay nous avait demandé de partir, je pense que Bruno Lafont [alors PDG du groupe] qui était celui qui pouvait en décidé aurait en effet choisi de quitter le territoire syrien », assure Christian Herrault. Ce vif échange ne restera pas sans suite. Déjà, l’association qui représente d’anciens salariés syriens de l’usine a réclamé l’audition de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de 2012 à 2016. « L’Obs » revient en détails sur cette confrontation majeure. Notre enquête :
Affaire Lafarge : un directeur accuse Paris d’avoir été « au courant du racket » de Daech
Une usine de Lafarge en Irak. ((CAPMAN/SIPA))
INFO OBS. Une confrontation tendue entre l’ancien ambassadeur de France en Syrie et le directeur opérationnel de Lafarge s’est déroulée chez les juges d’instructions. Que savait la France ? Lafarge a-t-il été incité à rester en Syrie ? Le diplomate et le dirigeant s’accusent mutuellement de mensonges. Révélations.
Ces deux hommes-là avaient jusque-là bien des points en commun. Tous deux se sont frottés aux guerres dans plusieurs points du globe. Tous deux sont de grands voyageurs. Tous deux ont servi l’Etat et se plaisent manifestement à porter haut les couleurs de la France dans le monde. Tous deux, chacun à sa place, ont assisté aux débuts de la guerre civile en Syrie en 2012. Le premier, Eric Chevallier, 57 ans, est diplomate de haut rang, dernier ambassadeur de France à Damas avant de devoir fermer la représentation diplomatique en 2012 pour raisons de sécurité.
Le second, Christian Herrault, polytechnicien et ingénieur des mines, passé par des cabinets ministériels, est ancien directeur opérationnel adjoint de Lafarge, superviseur de plusieurs pays sensibles, dont l’Irak ou la Syrie. Aujourd’hui retraité, il est l’un des six directeurs de Lafarge que la justice française a mis en examen pour financement d’une organisation terroriste et mis en danger de la vie d’autrui. Il est l’un de ceux à avoir admis durant l’enquête que le cimentier, succombant à « une économie du racket », avait, entre 2013 et 2014, versé 12 millions d’euros, à des mouvements proches de l’Etat islamique. Les coupables pots-de-vins ont été versés pour que, malgré la guerre, l’usine de Jalabiya continue à tourner.
L’ONG Sherpa, partie civile dans l’enquête pour financement du terrorisme qui vise Lafarge, accuse le cimentier de ne pas collaborer avec les enquêteurs. Elle a fait savoir, mardi 12 décembre, qu’elle demandait au parquet de diligenter une enquête « pour entrave à l’exercice de la justice », a indiqué mardi l’association.
Lafarge, mis en cause pour avoir transmis de l’argent et acheté du pétrole à des groupes djihadistes, dont l’Etat islamique (EI), pour continuer à faire tourner sa cimenterie en Syrie, « ment quand il affirme pleinement collaborer avec les enquêteurs », a dénoncé lors d’une conférence de presse Marie Dosé, avocate de l’ONG qui représente onze anciens employés syriens de l’usine.
Selon elle « les ordinateurs ont été passés à l’eau de Javel pour empêcher la justice de travailler » avant la perquisition menée au siège du groupe à Paris, les 14 et 15 novembre.
Lafarge dément
Les juges d’instruction, qui pilotent cette enquête depuis juin, semblent dresser le même constat : « Des éléments essentiels ne se trouvaient plus au siège lorsque la perquisition a été effectuée », ont-ils récemment relevé, d’après une source proche du dossier citée par l’AFP.
Et d’ajouter :
« L’intégralité de la comptabilité susceptible d’impliquer la personne morale n’a pas été davantage transmise. »Par ailleurs, deux mis en examen ont fait état de « propositions d’accord du groupe pour soit acheter leur silence, soit devancer les interrogations qui pourraient leur être soumises », selon Sherpa, qui y voit une « entrave à l’exercice de la justice ».
Le cimentier dément et affirme que « des milliers de pièces ont été remises aux juges par le groupe ou saisies à l’occasion de la perquisition ».
« Complicité » des autorités
L’avocat William Bourdon, président de l’ONG, s’interroge quant à lui sur la « frilosité, la complaisance, voire la complicité » des autorités françaises.
Des cadres et responsables du cimentier français, qui a fusionné avec le Suisse Holcim en 2015, ont relaté aux enquêteurs que la décision de se maintenir en Syrie avait reçu l’aval du Quai d’Orsay. Entendu par les enquêteurs, Eric Chevallier, ex-ambassadeur de France pour la Syrie, a démenti. « Il y en a manifestement un de nous deux qui ment », a rétorqué Christian Herrault, ex-directeur général adjoint du cimentier.
Par ailleurs, dès septembre 2014, peu de temps avant que l’EI prenne le contrôle du site, plusieurs télégrammes diplomatiques à destination de la direction générale du Trésor faisaient état de la situation de Lafarge en Syrie. Or « il a fallu attendre un article dans « le Monde » près de deux ans plus tard pour qu’une enquête soit ouverte », a déploré Marie Dosé. Elle ajoute :
« Qui nous dit qu’entre-temps, une partie de l’argent versé à l’EI n’a pas servi à financer un attentat en France ? »
Plus de 500.000 dollars versés à l’Etat islamique
Six cadres et responsables du cimentier ont été mis en examen en décembre pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « financement d’une entreprise terroriste », dont l’ex-PDG de Lafarge, Bruno Lafont, et l’ex-directeur général de LafargeHolcim, Eric Olsen. Une première pour de grands patrons en France.
De juillet 2012 à septembre 2014, la filiale syrienne de Lafarge a versé environ 5,6 millions de dollars à diverses factions armées via l’intermédiaire Firas Tlass, dont plus de 500.000 dollars à l’organisation Etat islamique.
Au total, 12,946 millions de dollars auraient été versés entre 2011 et 2015 par Lafarge à l’ensemble des factions armées (taxes pour assurer le passage des employés, achat de matières premières dont du pétrole…), d’après un rapport du cabinet d’expertise comptable PricewaterhouseCoopers (PWC), également missionné en interne et dont l’AFP a eu connaissance.
C’est un chiffre qui donne le tournis. La filiale syrienne du cimentier Lafarge a versé plus de 500.000 dollars au groupe Etat islamique entre juillet 2012 et septembre 2014, selon « le Canard enchaîné » qui cite un rapport rédigé à la demande du groupe par le cabinet américain Baker McKenzie en avril 2017.
En tout, le groupe a versé 5,56 millions de dollars « au titre de ‘dons’ à de nombreuses factions armées locales en Syrie, y compris l’EI », indique l’hebdomadaire. Précisément, le montant des paiements destinés à l’EI s’élève à « au moins 509.694 dollars ».
Une enquête est menée depuis juin par trois juges d’instruction des pôles financier et antiterroriste de Paris, qui cherchent à déterminer si le géant du ciment a transmis ou non de l’argent à certains groupes. La question est aussi de savoir si les responsables de l’entreprise en France, qui a fusionné en 2015 avec le Suisse Holcim, ont eu connaissance de tels accords et du danger qu’ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place.
Qui savait ?
Le rapport révèle également qu’une « grande partie de la direction du groupe connaissait la situation », assure « le Canard ». L’hebdomadaire évoque notamment un courriel adressé en septembre par le patron de la sécurité à la directrice juridique, qui « semble découvrir les relations de la boîte avec Daech ». Il écrit :
« Je lui ai quand même fait remarquer qu’elle faisait partie du comité de sûreté et que je parl[ais] de ces sujets depuis presque trois ans maintenant. »Le scandale avait été révélé en juin 2016 par « le Monde » : dans son enquête, le quotidien avait mis en lumière de « troubles arrangements » entre Lafarge Cement Syrie, la branche syrienne du groupe, et l’organisation Etat islamique qui gagnait alors du terrain et devenait incontournable dans la région. Deux mois plus tard, le ministère français de l’Economie avait porté plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire.
Dans son rapport, dont l’AFP a eu connaissance, le SNDJ conclut que LCS a « effectué des paiements aux groupes djihadistes » pour que la cimenterie continue à fonctionner.
Une perquisition a eu lieu le 14 novembre dernier au siège de GBL (Groupe Bruxelles Lambert), la holding du milliardaire belge Albert Frère qui détient 9,4% du capital de LafargeHolcim.
Lafarge en Syrie : le cimentier aurait bien versé plus de 20.000 euros par mois à Daech
(Photo d’illustration) ((Thomas SAMSON / AFP))
Face aux enquêteurs, l’ex-directeur général adjoint opérationnel de Lafarge, Christian Herrault, a reconnu que le groupe s’est plié à une « économie de racket ».
L’enquête sur l’activité de Lafarge en Syrie pourrait être accablante pour le cimentier : trois ex-salariés syriens ont été entendus et un rapport des douanes conclut que la direction en France a validé « des paiements aux groupes djihadistes » pour continuer à travailler dans le pays en guerre.
Les juges d’instruction chargés de cette affaire très sensible tentent de déterminer les liens qu’a pu entretenir le géant du ciment notamment avec l’organisation Etat islamique (EI), pour faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya (nord du pays).
L’enquête porte aussi sur la connaissance qu’auraient eu des responsables du groupe en France de ces agissements et du danger qu’ils ont pu faire courir aux employés sur place.
Un informaticien, un ingénieur et un employé chargé des emballages, venus de Syrie pour répondre à la convocation des magistrats, ont été entendus cette semaine, a appris l’AFP de source proche de l’enquête. « Ils ont confirmé le caractère accablant des éléments qui pourraient être retenus contre Lafarge », a indiqué à l’AFP leur avocate Marie Dosé.
Il s’agit des premières auditions par les magistrats dans cette enquête pour « financement d’entreprise terroriste » et « mise en danger de la vie d’autrui », qui leur a été confiée en juin.
Le scandale avait été révélé un an plus tôt par une enquête du « Monde » qui avait mis en lumière de « troubles arrangements » entre Lafarge Cement Syrie (LCS), branche syrienne du groupe, et l’EI alors que le groupe djihadiste gagnait du terrain et devenait incontournable dans la région.
En septembre 2016, le ministère de l’Economie avait déposé plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ).
30.000 dollars par mois
Dans son rapport, dont l’AFP a eu connaissance, le SNDJ conclut que LCS a « effectué des paiements aux groupes djihadistes » via un intermédiaire pour que la cimenterie continue à fonctionner.
La conclusion des douanes est surtout accablante pour la direction française du groupe Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim. Celle-ci « a validé ces remises de fonds en produisant de fausses pièces comptables », affirme le SNDJ dans ce document, également révélé par « le Canard enchaîné » et « le Monde ».
Et, si seules trois personnes ont avoué avoir eu connaissance de ces pratiques, « il est tout à fait vraisemblable que d’autres protagonistes aient couvert ces agissements », dont l’ex-PDG de Lafarge Bruno Lafont, ajoutent les douanes judiciaires qui ont entendu neuf responsables du cimentier et de sa filiale syrienne.
Face aux enquêteurs, l’ex-directeur général adjoint opérationnel de Lafarge, Christian Herrault, a reconnu que le groupe s’est plié à une « économie de racket », menée par différentes milices armées, pour assurer la circulation de ses marchandises dans le pays.
« Cela représentait 5 millions de livres syriennes par mois pour Daech (acronyme arabe de l’EI), environ 30.000 dollars (plus de 20.000 euros) », a-t-il indiqué, précisant que « l’argent était prélevé directement dans le cash de l’usine » et versé à un intermédiaire.
Lafarge est aussi soupçonné d’avoir acheté du pétrole à des groupes djihadistes, là encore pour que ces derniers lui permettent de poursuivre son activité.
LCS en a acheté « en toute illégalité » à des groupes « islamistes, kurdes ou autres », a raconté Frédéric Jolibois, directeur général de LCS à partir de l’été 2014.
Rôle de l’Etat ?
L’enquête suggère aussi que la décision du cimentier de rester en Syrie a reçu l’aval des autorités françaises. « Le gouvernement n’a jamais incité Lafarge à partir de Syrie », a souligné M. Herrault, tandis que M. Jolibois a relevé avoir été « régulièrement en contact avec le Quai d’Orsay et la DGSE ».
« La seule gestion de Lafarge était une gestion financière en dehors de tout critère humanitaire: le groupe n’a pas hésité à mettre en danger l’intégrité physique de ses salariés et à les exposer au pire », a déploré Me Dosé.
L’EI avait fini par prendre le contrôle du site en septembre 2014. Ce jour-là, d’après « le Monde », la direction n’a pas prévenu les employés de l’imminence d’un raid, et ils avaient dû se sauver par leurs propres moyens.
Sollicité, LafargeHolcim n’était pas disponible dans l’immédiat.
Financement de Daech en Syrie : ce que l’on reproche à Lafarge
Une usine de Lafarge en Irak. (CAPMAN/SIPA)
Une information judiciaire a été ouverte et vise notamment les chefs de financement d’entreprise terroriste » et de « mise en danger de la vie d’autrui ». L’enquête a été confiée à trois juges d’instruction.
Cette information judiciaire, ouverte le 9 juin, vise notamment les chefs de « financement d’entreprise terroriste » et de « mise en danger de la vie d’autrui », a précisé le parquet. Elle a été confiée à deux juges d’instruction du pôle financier et à un magistrat instructeur du pôle antiterroriste.
# Des liens supposés avec plusieurs groupes armés
L’enquête, également révélée par France-Inter, devra déterminer les liens qu’a pu entretenir le géant du ciment avec plusieurs groupes en Syrie, dont l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), pour continuer à faire fonctionner la cimenterie de Jalabiya, dans le nord du pays, malgré la guerre civile. L’EI s’était finalement emparé du site en septembre 2014.
LafargeHolcim fait l’objet de plusieurs plaintes déposées à l’automne par le ministère français de l’Economie, mais aussi par des ONG comme Sherpa qui s’était appuyée sur des témoignages d’anciens employés de l’usine.
Dans une enquête de juin 2016, « le Monde » avait mis en lumière ces témoignages pour révéler de « troubles arrangements », alors que l’EI gagnait du terrain et devenait incontournable dans la zone.
Le journal avait pu consulter des mails envoyés par la direction de Lafarge en Syrie relatant les arrangements de l’entreprise avec le groupe djihadiste pour pouvoir poursuivre la production de son usine. « Le Monde » avait également pu constater que des laissez-passer « estampillés du tampon de l’EI » avaient été délivrés à l’entreprise française. Des preuves accablantes pour Lafarge.
# Aveux et crise à Lafarge
Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le groupe suisse Holcim, a admis début mars avoir « indirectement » financé en 2013 et 2014 des groupes armés en Syrie pour maintenir en activité sa cimenterie.
Entre les « menaces pour la sécurité des collaborateurs » et les « perturbations dans les approvisionnements nécessaires pour faire fonctionner l’usine et distribuer ses produits », la filiale locale de Lafarge a tenté d’amadouer les diverses « factions armées » qui contrôlaient ou tentaient de contrôler les zones autour de la cimenterie, a reconnu le groupe.
Le géant français des matériaux de construction Lafarge a payé des taxes à l’organisation Etat Islamique entre 2013 et 2014, via sa cimenterie implantée à Jalabiya, dans le nord de la Syrie. La raison ? Financière. Le groupe ne voulait pas prendre le risque que son chiffre d’affaires souffre de la guerre.
Comme le rappelle le journal du soir, la cimenterie de l’entreprise Lafarge implantée dans le nord-est de la Syrie et inaugurée en 2010 était « le fleuron » du groupe au Proche-Orient.
Une renommée qui aurait conduit la direction de l’usine à accepter l’inacceptable pour repousser l’échec, inévitable dans cet environnement « dangereux et instable ».
Négociations avec l’EI
La guerre civile, qui a débuté en 2011, a fini par dégrader la situation de l’usine Lafarge en Syrie. Et en 2013, la production ralentit fortement, affirme un ancien employé au « Monde ».
Dans le même temps, le groupe Etat Islamique gagne du terrain au niveau des villes et des routes autour de l’usine. Pour pouvoir continuer à fonctionner, la cimenterie est alors contrainte de « négocier » avec l’EI.
Le journal a pu consulter des mails envoyés par la direction de Lafarge en Syrie relatant les arrangements de l’entreprise avec le groupe djihadiste pour pouvoir poursuivre la production. « Le Monde » a également pu constater que des laissez-passer « estampillés du tampon de l’EI » avaient été délivrés à l’entreprise française. Des preuves accablantes pour Lafarge.
Plusieurs contacts avec Daech
En juin 2013, Rakka – située à moins de 90 kilomètres de l’usine – tombe sous le contrôle de l’EI. En 2014, Manbij – ville qui accueille la plupart des employés de l’entreprise française – subit le même sort. Pour garantir la circulation de ses ouvriers et de ses marchandises, Lafarge envoie un dénommé Ahmad Jal oudi obtenir des « autorisations de l’EI de laisser passer les employés aux checkpoints ».
Ahmad Jaloudi, pourtant absent de l’organigramme de Lafarge Syrie, est le « gestionnaire de risques » de l’entreprise et il se déplace beaucoup entre la Turquie, Razza, Manbij et l’usine, explique « Le Monde » à qui un ancien employé s’est confié.
Le 28 août 2014, le « gestionnaire de risques » envoie un mail à Frédéric Jolibois, PDG de la filiale de Lafarge en Syrie depuis juin 2014, pour lui faire part de ses difficultés. « Le Monde » rapporte le message :
« L’Etat islamique demande une liste de nos employés… j’ai essayé d’obtenir une autorisation pour quelques jours mais ils ont refusé »Il est ensuite question d’organiser une « conférence téléphonique » en urgence avec « Frédéric [Jolibois, basé à Amman], Mamdouh [Al-Khaled, directeur de l’usine, basé à Damas], Hassan [As-Saleh, représentant de Mamdouh Al Khaled dans l’usine] » et Ahmad Jaloudi.
La direction à Paris était au courant
Le PDG de la filiale de Lafarge en Syrie répond au mail qui lui a été adressé le lendemain et « ajoute en copie Jean-Claude Veillard, directeur sûreté du groupe Lafarge à Paris », raconte « Le Monde ». Preuve que la direction parisienne de Lafarge était au courant de ces tentatives de négociations avec le groupe Etat Islamique.
Autre preuve, s’il en faut plus, Jean-Claude Veillard échangeait quotidiennement sur des questions de sécurité depuis Paris avec l’usine en Syrie.
La liste de contacts avérés ou de tentatives de contacts entre Lafarge et l’EI est longue. « Le Monde » mentionne notamment une tentative de rencontre avec le « haut responsable de l’EI ».
Ahmad Jaloudi avait écrit à Mazen Shiekh Awad, directeur des ressources humaines à Lafarge Syrie, tout en mettant en copie Bruno Pescheux, PDG de Lafarge Syrie, pour leur dire que la rencontre avec le « haut responsable de l’EI » aura lieu :
« Je le verrai dès son retour. Notre client [il ne précise pas lequel] à Rakka m’a organisé un rendez-vous avec lui. »
Un an de coopération
Outre les taxes de circulation et les tentatives de contacts, les dirigeants auraient aussi accepté de se « fournir auprès des négociants en pétrole, dont les champs étaient tenus par le groupe EI », révèle encore « Le Monde ».
Cette « coopération » aurait duré jusqu’au 19 septembre 2014, date à laquelle l’EI s’est tout simplement emparé du site. Forçant ainsi Lafarge à fermer boutique.
« Pendant un peu plus d’un an, Lafarge a ainsi indirectement financé l’organisation djihadiste », conclu le journal.
L’usine est devenue une base occidentale
L’enquête du « Monde » affirme cependant que :
« A deux reprises, un intermédiaire a proposé au groupe français de relancer la cimenterie sous la protection de l’EI et en échange d’un partage des bénéfices. Sans succès ».La guerre se faisant, l’ancienne cimenterie est aujourd’hui devenue une base pour les forces spéciales occidentales, « qui soutiennent discrètement les forces kurdo-arabes dans leur offensive en cours contre les djihadistes à Manbij et Rakka », souligne le journal.