Trafic d’armes à Gaza : les relations France-Israël ne seront pas affectées par cette affaire 19 mars
C’est ce qui est précisé dans l’article ci-dessous, publié à 12h44, avec bien d’autres détails sur le présumé coupable et les faits qui lui sont reprochés : pompier volontaire, il aurait agi seul, de son propre chef, et n’aurait été motivé que par l’argent.
Reste que tout à coup, l’affaire est révélée au public et embarrasse la diplomatie française une semaine avant la visite attendue du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Israël et dans les Territoires palestiniens, dans un contexte déjà tendu, de « crispations » ravivées ces dernières semaines…
Pour autant, un responsable israélien affirme sous le couvert de l’anonymat :
« Les relations avec la France sont excellentes et ne seront pas affectées par cette affaire ».
Conclusion : les autorités israéliennes ont juste voulu baffer un Romain.
Un pompier volontaire originaire de Laventie accusé de trafic d’armes à Gaza
Un agent consulaire français doit être présenté lundi à un juge israélien pour avoir participé à un trafic d’armes dans les Territoires palestiniens, accusation très rare, grave pour lui et délicate pour la diplomatie française.
Par JB avec AFP Publié le 19/03/2018 à 12:44
Romain Franck, jeune contractuel originaire de Laventie et officiant comme chauffeur pour le consulat général français à Jérusalem, est accusé par Israël de s’être servi des privilèges associés aux activités diplomatiques pour faire sortir des dizaines d’armes de la bande de Gaza vers la Cisjordanie, pour le compte d’un réseau de trafiquants palestiniens, a indiqué la sécurité intérieure israélienne dans un communiqué.
Romain Franck, 23 ans, aurait agi pour l’argent et à l’insu du consulat général, dit le Shin Beth. Il se servait du véhicule consulaire, soumis à un régime d’inspection peu strict de la part des Israéliens à la sortie de la bande de Gaza, précise le Shin Beth. La bande de Gaza est gouvernée par le mouvement islamiste Hamas, considéré comme une organisation « terroriste » par Israël, qui lui a livré trois guerres depuis 2008.
L’enclave est soumise par ce dernier à un rigoureux blocus depuis dix ans, mais l’intérieur des véhicules diplomatiques est généralement exempt de contrôle. Romain Franck recevait les armes d’un Palestinien employé au Centre culturel français à Gaza, franchissait le poste frontière d’Erez avec Israël, parcourait à travers le territoire israélien les quelques dizaines de kilomètres jusqu’en Cisjordanie, autre territoire palestinien, sous occupation israélienne, indique le Shin Beth.
« Pour l’argent »
Là, il remettait les armes à un individu qui les revendait à des trafiquants, selon la même source. En tout, ce sont environ 70 pistolets et deux fusils automatiques qui auraient été transférés au cours de cinq voyages de Gaza en Cisjordanie. Neuf personnes en tout, dont un agent de sécurité palestinien du consulat général, ont été arrêtées, dit le Shin Beth.
Six d’entre elles, don Romain Franck, doivent être présentées lundi à un juge de Beer-Sheva (sud) qui devrait leur signifier leur inculpation. Romain Franck avait été recruté au consulat général de Jérusalem comme « volontaire international« , un statut qui permet à de jeunes adultes de bénéficier généralement d’un contrat d’un an, éventuellement renouvelable, pour une expérience professionnelle de terrain à l’étranger.
Le Shin Beth ne fait mention d’aucune motivation politique pro-palestinienne de sa part. »L’enquête fait clairement apparaître que l’employé du consulat français a agi pour l’argent, de son propre chef et à l’insu de ses supérieurs« , dit-il. Cependant, ajoute-t-il, « c’est une affaire très grave, dans laquelle on a exploité de manière cynique l’immunité et les privilèges accordés aux représentants étrangers, pour se livrer au trafic de dizaines d’armes susceptibles d’être employées contre des civils et des membres des forces de sécurité israéliens« .
Dans un contexte de persistance du vieux conflit israélo-palestinien et d’attentats anti-israéliens, Israël déploie beaucoup d’énergie pour démanteler les trafics d’armes, détruire les ateliers de fabrication et empêcher le Hamas, enfermé dans la bande de Gaza, de porter la lutte en Cisjordanie.
Discrétion israélienne
Le Hamas et Israël observent depuis 2014 un cessez-le-feu tendu de part et d’autre de la barrière de sécurité qui ferme hermétiquement les frontières. Les dernières semaines ont vu se raviver les crispations autour de Gaza. L’affaire est potentiellement gênante pour la diplomatie française, une semaine avant la visite attendue du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Israël et dans les Territoires palestiniens.
Le consulat général de Jérusalem n’a pas seulement une tâche consulaire, mais assure aussi une mission sensible de représentation diplomatique auprès de l’Autorité palestinienne, embryon d’Etat palestinien indépendant. Sans avoir de contact avec le Hamas, considéré comme « terroriste » par l’Union européenne, les diplomates français se rendent régulièrement dans la bande de Gaza pour leur travail, à la différence par exemple des Américains.
Le Centre culturel français est la représentation étrangère la plus visible dans l’enclave. Les autorités israéliennes sont cependant restées extrêmement discrètes sur le sujet jusqu’à lundi. Tout en soulignant la gravité des faits présumés, un responsable israélien a remercié les Français pour leur coopération. »Les relations avec la France sont excellentes et ne seront pas affectées par cette affaire« , a-t-il dit sous le couvert de l’anonymat »Nous prenons cette affaire très au sérieux et sommes en lien étroit avec les autorités israéliennes« , a indiqué de son côté un porte-parole de l’ambassade de France à Tel-Aviv.
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