Attentat avorté de Villejuif du 19 avril 2015 : des liens avec la cellule du 13 novembre 19 avril
Des liens avec les frères Kouachi avaient déjà été évoqués.
Mais il y a aussi la petite amie brestoise de l’auteur des faits… ainsi que le choix de son avocat de Clermont-Ferrand, qui le lient au NPA et à sa patronne de Brest, la criminelle Josette Brenterch.
Il est par ailleurs troublant de constater l’existence, deux jours plus tôt, d’une discussion relative à l’affaire qui alors m’opposait toujours à cette femme sur le blog d’un avocat ayant publié en 2013 un commentaire sur le jugement prononcé en sa faveur cette année-là, ici :
Manifestement, donc, on en discutait…
Attentat avorté de Villejuif en 2015. Des liens avec la cellule du 13 Novembre ?
Ouest France avec AFP
Publié le 19/04/2018 à 13h18
L’étudiant algérien, fiché S pour radicalisation islamiste, Sid Ahmed Ghlam, avait tenté de perpétrer un attentat contre une église en proche banlieue parisienne. Ses liens avec la cellule qui a mené les attaques du 13 novembre ne sont pas encore bien définis.
Trois ans après l’attentat avorté de Villejuif, l’enquête a pu préciser la piste d’un commanditaire lié à la cellule de Verviers, matrice des attentats de Paris et de Bruxelles, mais des questions demeurent sur la mission du principal suspect, Sid Ahmed Ghlam.
Ce 19 avril 2015, cet étudiant algérien, alors âgé de 23 ans et fiché S pour radicalisation islamiste, avait lui-même appelé les secours après s’être tiré une balle dans la jambe. Alertés, les policiers avaient découvert, dans sa voiture et sa chambre du XIIIe arrondissement de Paris, quatre kalachnikovs, deux armes de poing et des gilets pare-balles.
Une attaque coordonée avec d’autres ?
L’enquête allait montrer, comme il l’a reconnu ensuite, qu’il avait été téléguidé par le groupe État islamique (EI) pour attaquer ce dimanche-là une église à Villejuif (Val-de-Marne), près de Paris, trois mois après les attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher qui ont fait rentrer la France dans l’ère de la menace jihadiste.
Avec cette question en suspens : la cible de Villejuif s’inscrivait-elle dans un vaste plan d’actions en Europe du groupe djihadiste, avant l’attaque d’un Thalys en août 2015 et les raids meurtriers du 13 novembre dans la capitale et à Saint-Denis ?
Ce dimanche-là, un carnage avait été évité, mais au prix d’une vie : Sid Ahmed Ghlam est soupçonné d’avoir tué au matin une professeur de fitness de 32 ans, Aurélie Châtelain, dans sa voiture. Il nie ce meurtre, assurant qu’elle a été tuée accidentellement par un mystérieux complice dont il est le seul à affirmer l’existence. Une thèse jugée peu crédible.
Rapidement à l’époque, les enquêteurs parviennent à décrypter des échanges entre Sid Ahmed Ghlam et deux donneurs d’ordre de l’EI, dissimulés derrière des noms de combattants : Abou Moutana et Amirouche lui donnent pour instruction de trouver « une bonne église avec du monde ».
Des rapprochements permettront d’identifier ces deux vétérans du djihad, visés depuis un an par des mandats d’arrêts mais présumés morts en zone irako-syrienne : le premier serait Abdelnasser Benyoucef, entraîné par Al-Qaïda en Afghanistan et lié au Groupe islamiste des combattants marocains (GICM).
Le second est un de ses proches et une figure du jihad : Samir Nouad est considéré comme l’un des donneurs d’ordre d’Abdelhamid Abaaoud lorsque ce dernier pilotait à distance la cellule franco-belge de Verviers, démantelée en janvier 2015, selon une source proche du dossier.
Il se présente comme un jeune naïf
Les enquêteurs pensent aussi avoir identifié M. Abaaoud, le futur coordinateur des attentats du 13-Novembre, derrière le pseudonyme Abou Omar, apparu dans des conversations avec Sid Ahmed Ghlam. Mais ce dernier réfute toute connexion avec le djihadiste belgo-marocain.
« Je n’avais pas connaissance des autres actions que l’État islamique menait », a affirmé Sid Ahmed Ghlam dans sa dernière audition devant le juge le 28 février.
Selon son récit, Sid Ahmed Ghlam a été missionné par l’EI depuis la Turquie où il s’était rendu en octobre 2014 et février 2015. Devant le juge, il s’est présenté comme un jeune naïf, aveuglé par « l’idéologie » jihadiste et un « repenti » dont le renoncement est allé jusqu’à s’infliger une blessure par balle et aurait évité un possible massacre.
Mais cette version semble fragilisée par une expertise remise le 27 mars aux juges, selon une source proche du dossier. Sans apporter de conclusion formelle sur le caractère volontaire ou accidentel du tir, elle suggère néanmoins que M. Ghlam a pu se blesser lors de « la remise en place de l’arme au niveau de la ceinture ».
« C’est un rapport complexe et ambigu, difficilement exploitable », estime l’avocat du suspect, Me Gilles-Jean Portejoie.
Trois ans après, reste pour les proches d’Aurélie Châtelain le sentiment d’un « sacrifice », selon leur avocat Antoine Casubolo Ferro. Et l’attente d’un procès, encore lointain, « pour que Ghlam apporte l’explication : pourquoi et comment est-elle morte ? »
Dans l’enquête sur le matériel et les armes fournies à M. Ghlam, sept hommes, dont certains liés à la mouvance islamiste radicale, sont mis en examen. L’un d’eux, Farid B., a été réincarcéré en novembre après la découverte d’ADN sur un fusil d’assaut, et un autre, Jonhy M. a été remis en liberté en décembre.
Mamadou N. et Beramdane B. sont les derniers avoir été mis en examen et incarcérés, en janvier, pour des « infractions à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste ». Leur ADN a aussi été retrouvé sur des armes de M. Ghlam.
Attentats. Ghlam connaissait-il les frères Kouachi ?
Sid Ahmed Ghlam connaissait-il les frères Kouachi ? Selon « Le Canard Enchaîné », c’est l’une des hypothèses étudiées par la police. Les enquêteurs travailleraient sur de possibles liens entre l’étudiant soupçonné d’avoir projeté des attentats contre des églises à Villejuif, et Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo. Ils ont, notamment, établi que Sid Ahmed Ghlam fréquentait la filière des « Buttes-Chaumont » qui a proposé « des départs pour l’Irak et dont certains membres sont aujourd’hui en Syrie ». Une filière par laquelle sont passés… Chérif et Saïd Kouachi. Sollicité par nos confrères de Reuters, le parquet de Paris n’a pas souhaité commenter cette information.
Attentats déjoués. La radicalisation d’une Brestoise ex amie de Ghlam
Modifié le 25/04/2015 à 20:15 | Publié le 25/04/2015 à 08:02
Mickaël LOUÉDEC
Son ancien compagnon est soupçonné d’avoir préparé des attentats contre des églises en région parisienne. La garde à vue de la jeune femme a pris fin vendredi.
Enquête
Sa famille est particulièrement touchée par les événements. « Était-elle manipulée ? En tout cas, en notre présence, c’était quelqu’un de tout à fait normal. Elle disait même qu’elle était prête à enlever son voile pour trouver du travail ».
Morgane (*) a 25 ans. Cette Brestoise d’origine, mère de deux enfants, est installée près de Saint-Dizier, en Haute-Marne. Mercredi, elle est interpellée et passe près de deux jours en garde à vue avant d’être relâchée. Elle a été la compagne, il y a quelques semaines, de Sid Ahmed Ghlam, qui avait planifié l’attaque d’églises catholiques dans la région parisienne.
Convertie à 22 ans
Un membre de sa famille avoue être tombé des nues quand il a appris la nouvelle, mercredi soir. « Au début de sa relation, elle m’avait dit être avec quelqu’un de très bien, de très posé ». Le glissement de la jeune femme vers l’islam radical ne date pourtant pas d’hier.
C’est à Brest que tout commence. Élevée dans une famille catholique, elle a effectué sa scolarité dans les collèges et lycées de la ville. Elle est aussi titulaire d’un BEP dans la restauration, obtenu à Vannes, et a une expérience de vendeuse à Quimper. À Brest, elle se convertit brusquement à l’Islam, sur les conseils d’une amie. Sa famille pointe de mauvaises fréquentations dans une période de faiblesse. Elle est âgée de 22 ans. Elle est « perdue ». Rapidement, elle se radicalise et vient à porter le niqab. Elle est alors mariée à un Brestois dans le quartier de Pontanézen. L’homme a déjà été condamné à plusieurs reprises.
Sous influence ?
L’année dernière, elle s’en sépare, change de vie et part vivre à Saint-Dizier pour « raisons personnelles ». Elle noue alors une relation sentimentale avec un autre homme, dont le frère se fait arrêter en 2014 en Belgique, alors qu’il est en possession d’un véritable arsenal militaire.
Sid Ahmed Ghlam devient son compagnon un peu plus tard. Selon nos informations, il s’agit alors d’une liaison de nature sentimentale, autocentrée sur lui. Est-elle alors soumise à l’influence totale de son compagnon ? Toujours est-il qu’elle se radicalise encore davantage, vit recluse dans une zone pavillonnaire et devient indésirable à la mosquée. Elle est aussi verbalisée à de multiples reprises pour port du niqab.
Elle continue néanmoins d’effectuer des aller-retour entre la Haute-Marne et la Bretagne. Une partie de sa famille est dans le Finistère, une autre dans le Morbihan. En février dernier, dans une grande surface de Gouesnou, près de Brest, elle se présente entièrement voilée. Ce qui ne manque pas de créer un nouvel incident et une intervention de la gendarmerie.
Une nouvelle étape dans un parcours chaotique. « Elle devait venir nous voir dans un petit mois », déplore sa famille.
(*) Prénom d’emprunt.
https://www.lejdd.fr/Societe/Terrorisme-la-double-vie-de-Sid-Ahmed-Ghlam-un-etudiant-modele-729704
La double vie de Sid Ahmed Ghlam, un étudiant modèle
04h11 , le 26 avril 2015, modifié à 16h52 , le 20 juin 2017
Les cicatrices laissées par le coup de bélier matinal luisent au soleil sur la porte grise. Derrière, la mère de Sid Ahmed Ghlam zappe entre iTélé et BFM, à la recherche de bribes susceptibles d’éclairer le destin de son fils. Assise sur un banc devant la petite maison HLM à Saint-Dizier, Karima*, sa sœur âgée de 21 ans, surveille vendredi les trois petits qui foncent en trottinette dans la rue. « Il faut bien les protéger de tout ça, de toutes les horreurs qu’ils disent à la télé. Déjà, nous, on n’y comprend rien, alors eux… »
Son grand frère, né fin août 1991, était le « soutien de la famille », « l’espoir de ses parents »; le voilà terroriste présumé, accusé d’un projet d’attentat contre au moins une église et de l‘assassinat d’Aurélie Châtelain, à Villejuif (Val-de-Marne). Alors que les enquêteurs assurent disposer d’éléments accablants, Karima s’accroche à l’idée d’un « complot » : « Il a sans doute été manipulé par des gens de l’extérieur, qui l’ont peut-être menacé. »
« Ça n’a pas de sens, c’est le soutien moral de la maison »
On ne connaît toujours qu’un visage de l’autre, fût-il le frère le plus chéri, mais Karima appuie ses doutes sur un drame traversé ensemble et qui les a soudés : la mort de leur aîné sur une plage algérienne, à l’été 2011. « Ça n’a pas de sens : on se reposait tous sur lui, c’est le soutien moral de la maison, il n’aurait jamais pu nous faire ça. » À la suite du décès, raconte une cousine, « les parents se sont effondrés ».
Ancien commerçant aujourd’hui invalide, le père vit une partie de l’année dans son pays natal. La mère, au foyer, doit parfois se reposer sur Karima, sa fille aînée. « Elle traverse des moments dépressifs depuis la tragédie. Savoir que mon frère allait devenir ingénieur, ça lui donnait de l’espoir. »
« Il a un beau visage avenant… En plus, il connaît la grammaire »
Dans le quartier populaire du Vert-Bois, où la famille originaire de Tiaret, en Algérie, arrive en 2001, Sid Ahmed Ghlam est le modèle de l’étudiant discret et souriant en jean et baskets, qui rentre un week-end sur deux avec son linge sale et repart les gamelles pleines de bons petits plats. « Il écoute de la musique, il va courir, il est normal », décrit sa cousine. « Il est généreux même s’il ne roule pas sur l’or, toujours là en cas de problème », complète son meilleur copain et voisin. « Il se débrouillait très bien même s’il n’avait pas beaucoup d’argent. Il était toujours à 10 euros près à la fin du mois », dit sa sœur.
Le responsable de la pimpante mosquée El-Fath, la plus grande de cette ville de 25.000 habitants, a fait la connaissance du meurtrier présumé à la rentrée scolaire 2013. Venu inscrire ses cadets au cours d’arabe, Sid Ahmed Ghlam s’est vu bombardé prof bénévole le samedi. « On manque de bonnes volontés pour le soutien scolaire et la langue. Lui m’a fait bonne impression, il a un beau visage avenant, tient des propos intelligents. En plus, il connaît la grammaire. Moi qui n’écris pas très bien l’arabe, j’ai même assisté à ses leçons. » L’étudiant en électronique viendra donner un coup de main d’octobre 2013 à février 2014 avant de disparaître. « Cela arrive souvent avec les jeunes bénévoles. Ils partent, ils reviennent. J’ai continué à le croiser dans le quartier à l’occasion. »
Un mystérieux voyage en Turquie
Fervent pratiquant du dialogue avec les athées et les croyants des autres religions, le responsable de la mosquée n’a repéré aucun signe de radicalisation chez son ancien bénévole. Ce militant associatif qui se donne pour mission de participer à la construction d’un islam républicain et de lutter contre le radicalisme soupire : « Je n’y crois pas, je suis sous le choc. » Tout comme Karima, la sœur de Sid Ahmed Ghlam : « Il ne s’est même pas laissé pousser la barbe! Pour moi, mon frère est un jeune musulman moderne qui fait ses cinq prières par jour, rien de plus! »
À la télé, ses proches ont pourtant découvert que l’Algérien de 23 ans qu’ils croyaient à la veille de boucler son master avait interrompu ses études sans les prévenir et fait un mystérieux voyage en Turquie. Au cœur de cette autre vie en catimini, une convertie placée en garde à vue et relâchée vendredi faute de charges. Seule femme de Saint-Dizier à porter le voile intégral, cette mère de deux garçonnets vit séparée du père de ses fils, en marge. Sa « burqa noire » fait peur aux enfants, aux parents d’élèves et aux enseignants, qui s’en sont plaints à la mairie et au commissariat. À la mosquée, sa tenue a été jugée provocatrice. La silhouette sombre a cessé de fréquenter les cours d’arabe et la prière. Même si l’enquête a établi que cette Brestoise de 25 ans était une intime de Sid Ahmed Ghlam, Karima répète, comme pour s’en convaincre, que son frère est « célibataire », que les liens étaient rompus. « Elle est tombée amoureuse de lui mais il n’a pas souhaité donner suite à la relation. S’il était avec elle, je l’aurais su. »
* Le prénom a été modifié à sa demande
Source: JDD papier