Grève de postiers à Rennes : des avocats engagent un référé contre La Poste et deux syndicats 23 mai
Lire ou relire mes publications du 9 avril dernier : certains postiers font bien ce qu’ils veulent de la « justice » française qui ne passera jamais par eux…
Il était grand temps que des professionnels du droit se rebiffent…
Rennes: Onze cabinets d’avocats réclament leur courrier à La Poste devant la justice
MOBILISATION La grève des facteurs perturbe la distribution du courrier…
« Je crois que les postiers n’ont pas conscience de l’importance de certains courriers. » Avocat à Rennes, Eric Surzur est à l’origine de l’assignation en référé lancée par onze cabinets d’avocats rennais à l’encontre de La Poste et de deux syndicats de facteurs. Ce mardi, ils seront au tribunal pour réclamer « une meilleure distribution du courrier ».
Empêtrée depuis janvier dans une grève d’une partie de ses salariés, La Poste a parfois eu du mal à distribuer le courrier à Rennes, compliquant la vie des particuliers et professionnels. « Certaines procédures ne passent que par le courrier. On peut rater une expertise, une audience. Cela met en péril les droits de nos clients », explique Me Surzur.
« Sans doute d’autres moyens d’action »
Spécialisé dans le droit de la construction, l’avocat évoque des contrats « de centaines de milliers d’euros » menacés par cette grève du courrier. La suspension du mouvement jeudi soir devrait cependant permettre une amélioration du service. « Je l’espère. Je ne remets pas en question le droit de grève, mais il y a sans doute d’autres moyens d’action », estime le juriste.
Lancé en janvier, le mouvement de grève des facteurs de Rennes aura duré 132 jours. Ces derniers refusaient la mise en place d’une pause méridienne. Après de difficiles négociations, la direction a accepté que cette organisation ne soit mise en place que quatre jours sur 24.
Rennes: Pourquoi des facteurs refusent qu’on leur impose une pause déjeuner
SOCIAL Des salariés sont en grève depuis 75 jours à Rennes…
- Depuis 77 jours, des facteurs sont en grève à Rennes.
- Ils refusent la nouvelle organisation du travail qui leur impose une pause déjeuner.
- La direction assure que la réorganisation est essentielle face à la baisse de volume du courrier.
- Les grévistes ont reçu le soutien du patron de la CGT Philippe Martinez vendredi.
Ce lundi, cela fera 77 jours qu’ils sont en grève. Pour « fêter » cela, les salariés de la Poste ont reçu un soutien de poids avec la venue du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez vendredi. « C’est bien la preuve que notre combat est regardé partout en France », estiment les grévistes. Engagés dans un bras de fer avec leur direction, les facteurs refusent la nouvelle organisation du travail qu’on leur propose. Un nouvel emploi du temps qui prévoit une pause déjeuner… Qu’ils n’arrivent pas à avaler.
« On commence à 7h le matin. On passe 3h30 à trier le courrier avant de partir le distribuer, ce qui nous prend à peu près le même temps ». A 14h, Romain (tous les prénoms ont été modifiés) a terminé sa journée et peut profiter de son après-midi. « C’est pour ça que j’ai choisi ce job. Je commence tôt mais je sais que je suis libre après », explique le facteur qui travaille à La Poste depuis 6 ans. A ses côtés, Sylvie affiche 30 ans d’expérience. « Ce rythme de travail, c’est notre qualité de vie. Parce qu’on ne vient pas à La Poste pour le salaire ». Même avec son ancienneté, Sylvie ne dépasse pas les 1.400 euros nets par mois.
« Il faut nous adapter, sans quoi le métier de facteur va disparaître »
Engagée dans une reconversion, la direction de La Poste a proposé une nouvelle organisation. Elle prévoit d’instaurer une pause méridienne de 45 minutes à tous les facteurs afin de leur permettre de déjeuner, avant de repartir travailler. « Le volume de courriers traités baisse de 6 % chaque année. Nous avons moins de tournées et des machines qui effectuent une grande partie du tri. Il faut nous adapter, sans quoi le métier de facteur va disparaître », se défend la direction.
Un tiers des facteurs bretons a accepté
Lancée en 2014, cette nouvelle organisation a déjà été déployée sur une partie du territoire breton. Un tiers des effectifs y sont déjà passés. « Et on n’entend pas de mécontentement ni chez les salariés, ni chez nos clients », ajoute la direction. Démarré à Rennes, le conflit s’est propagé à plusieurs bureaux d’Ille-et-Vilaine et perturbe fortement la distribution du courrier. 350.000 plis sont actuellement en attente dans la capitale bretonne selon la direction. Les syndicats parlent d’un million.
Cette gêne causée aux usagers, les grévistes l’assument. « On se mobilise aussi pour eux, pour que le service public garde cette qualité », explique Cédric. Le jeune salarié regrette que son employeur lui demande de plus en plus de choses, sans jamais le former. « Moi j’aime mon boulot. Mais quand on me demande de faire des relevés d’identité, de vérifier les chauffe-eau ou de veiller sur les anciens, je m’interroge ».
Les grévistes espèrent maintenant que la fronde va s’étendre à toute la France. De son côté, le patron de la CGT s’est engagé à parler à la direction du groupe. En attendant, le bras de fer se poursuit.