Attentat de Strasbourg du 11 décembre 2018 : la préméditation se confirme 14 janvier
Mes lecteurs les plus assidus le savaient déjà, puisque je leur explique depuis assez longtemps et de plus en plus clairement ce que font les terroristes Jean-Marc Donnadieu, Pascal Edouard Cyprien Luraghi et autres.
Les éléments de preuve rapportés par l’enquête de la police le confirment, cet attentat semble bien avoir été prémédité et non commis dans l’improvisation la plus totale le 11 décembre 2018 après la perquisition ayant eu lieu le même jour au domicile du terroriste.
Je rappelle ici que le commanditaire Pascal Edouard Cyprien Luraghi avait publié le même jour son propre texte de revendication, dans lequel il vise explicitement les magistrats qui appliquent la loi, sans s’en abstenir lorsque les coupables sont ses complices et lui-même, ni condamner bien au-delà lorsque les accusés sont en réalité ses victimes et celles de ses complices « déconnologues ».
L’attentat de Strasbourg était prémédité
Selon les derniers éléments de l’enquête, dont « Le Monde » a eu connaissance, le djihadiste cherchait des armes depuis plusieurs semaines et avait confié à sa mère son « intention de mourir ».
Par Elise Vincent Publié aujourd’hui à 19h32
C’est désormais acquis. Contrairement à ce que laissaient penser les premières investigations, l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre 2018, était bien un acte prémédité. Recherche d’armes, vidéo de revendication, envie de mourir confiée à son entourage, etc., Cherif Chekatt, le djihadiste qui a tué cinq personnes et en a blessé onze autres ce soir-là, allait tôt ou tard passer à l’acte. A la veille du drame, il était depuis plusieurs semaines en plein préparatifs, selon les derniers développements de l’enquête judiciaire dont Le Monde a pu avoir connaissance.
Au lendemain de l’attentat, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’Etat Laurent Nuñez s’étaient montrés très prudents quant à la motivation terroriste de Cherif Chekatt. Le jeune homme de 29 ans faisait l’objet d’un suivi « actif » de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’attaque semblait alors avoir été précipitée par son interpellation ratée, le matin des faits, dans une affaire distincte, pour tentative d’assassinat sur fond d’extorsion et de vol d’or. Une affaire dont le djihadiste allait être le seul à réchapper, les trois autres membres de sa bande – dont deux individus connus pour radicalisation – étant interpellés.
Couteaux de chasse et grenade défensive
Depuis, un certain nombre d’indices étayant les velléités djihadistes anciennes de Cherif Chekatt se sont cependant accumulés. A commencer par la vidéo de revendication du terroriste. Celle-ci a été découverte sur une clé USB au domicile où les gendarmes espéraient l’arrêter, le 11 décembre au matin. Sur cette vidéo, d’une durée de presque trois minutes, Cherif Chekatt se met en scène dans son appartement du 20 rue Tite-Live, à Strasbourg. Il y apparaît porteur d’un keffieh rouge. Puis il prête allégeance en français et en arabe à l’organisation Etat islamique (EI) en reprenant les leitmotivs classiques du groupe terroriste.
le djihadiste avait déjà confié à un de ses codétenus « sa haine des policiers, des magistrats, et des juifs » ainsi que son intention de « commettre un braquage avant de partir en Syrie ou de mourir en martyr ».
Les enquêteurs n’ont pas pu dater avec précision cette vidéo. En bas de l’écran, une date assez ancienne a été remarquée : le 14 novembre 2015. A cette époque, le djihadiste avait déjà confié à un de ses codétenus, croisé au cours d’une de ses multiples incarcérations, « sa haine des policiers, des magistrats, et des juifs » ainsi que son intention de « commettre un braquage avant de partir en Syrie ou de mourir en martyr ». Mais une photo de Cherif Chekatt portant la même tenue que sur la vidéo, datant du 10 novembre 2018, a été découverte sur la clé USB. La justice estime donc très probable que les images aient été réalisées le même jour, soit quelques semaines seulement avant l’attaque…
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INFO FRANCE 3. Attentat à Strasbourg : comment Cherif Chekatt a préparé pendant des mois son projet terroriste
Selon les informations de France 3, l’auteur de l’attentat à Strasbourg, fiché S et surveillé par les services de renseignement, avait un projet terroriste préparé de longue date. Il tentait notamment depuis plusieurs semaines de se procurer des armes.
Les policiers en ont désormais acquis la conviction : lorsqu’il s’élance dans le centre-ville de Strasbourg (Bas-Rhin), le soir du mardi 11 décembre, Cherif Chekatt n’a pas agi sur un coup de tête, mais a accompli un projet terroriste mûrement réfléchi. Selon les informations de France 3, les enquêteurs ont recueilli les confidences d’un des ex-codétenus du terroriste, à qui il a confié en 2015 vouloir « commettre un braquage avant de partir en Syrie ou mourir en martyr ». L’été dernier, le jeune homme de 29 ans avait également assuré à sa famille vouloir mourir, mais ses proches ne l’avaient pas pris au sérieux.
Une vidéo d’allégeance à l’Etat islamique enregistrée un mois plus tôt
Plusieurs autres éléments accréditent la thèse d’un projet préparé de longue date. Notamment sa vidéo d’allégeance au groupe Etat islamique, qui a revendiqué l’attentat de Strasbourg. Cherif Chekatt a enregistré cette séquence mi-novembre, un mois avant de passer à l’acte. Les policiers chargés de le surveiller sont-ils passés à côté de cet élément ? Pas sûr, car rien n’indique qu’il a envoyé cette vidéo à des correspondants en Syrie ou en Irak.
Le terroriste, fiché S et suivi par les services de renseignement, recherchait activement des armes depuis plusieurs semaines et avait tenté de rencontrer des personnes connues dans le milieu du trafic d’armes. Il a essuyé un refus, avant de tenter de se fournir dans la ville de Metz (Moselle). Pour l’heure, rien n’indique où il s’est procuré le 22 long rifle saisi par les gendarmes au domicile de son père, puis le revolver de 1892 avec lequel il a commis l’attentat. Suspecté d’avoir aidé le terroriste à se procurer une arme, un homme a tout de même été placé en détention provisoire et mis en examen le 17 décembre dernier. Il nie toutefois toute complicité.
Comment a-t-il pu mener ces recherches sans éveiller les soupçons des services de renseignement censés le surveiller ? C’est l’une des questions qui se posent aujourd’hui. Reste que l’âge de l’arme ainsi que ses difficultés logistiques semblent démontrer qu’il ne faisait pas partie d’un réseau très structuré, contrairement aux terroristes du 13-Novembre.
Une interpellation manquée, élément déclencheur de l’attaque
Si l’attaque était planifiée, l’élément déclencheur reste, selon les informations de France 3, l’arrestation manquée de Cherif Chekatt, le matin même de l’attentat à Strasbourg. Ce jour-là, les gendarmes tentent de l’interpeller pour une affaire de droit commun, mais chez son père. Le jeune homme ne se cache pas, mais se trouve en réalité chez sa mère à ce moment-là. « Lundi soir [le 10 décembre], il est venu chez moi, on a fait la prière, on a mangé et le mardi matin [le 11 décembre], il est parti vers 7 heures », a expliqué cette dernière à France 2. Prévenu de la visite des gendarmes, Cherif Chekatt a quitté précipitamment l’appartement, avant de mettre à exécution son projet terroriste le soir-même, faisant cinq morts et une dizaine de blessés.
Attentat de Strasbourg : Chekatt avait prévu son passage à l’acte de longue date
Les derniers éléments de l’enquête sur l’attaque de Strasbourg, qui a fait 5 morts et 11 blessés le 11 décembre dernier tendent à démontrer que Cherif Chekatt avait bien planifié son passage à l’acte. Sa vidéo de revendication serait bien antérieure à son passage à l’acte, tout comme sa volonté de se fournir en armes, selon les détails dévoilés par notre consœur du Monde.
Une vidéo datée du mois de novembre ?
Les gendarmes venus arrêter Cherif Chekatt le 11 décembre au matin avaient fait chou blanc. Ou presque : lors de la perquisition à son domicile, le jeune homme de 29 ans est absent, mais les militaires trouvent des armes et une clé USB, sur laquelle se trouve une vidéo d’allégeance à Daech. Les enquêteurs n’ont pu la dater avec précision, mais ils estiment qu’elle a été tournée courant novembre, près d’un mois avant l’attaque.
Chekatt cherchait des armes
Avant l’attaque du marché de Noël, Cherif Chekatt s’était mis en quête d’armes. Il avait fait appel à l’un de ses anciens codétenus, depuis mis en examen et placé en détention provisoire. Lors de son audition, Audrey M. a indiqué que Chekatt lui avait demandé des armes dès septembre 2018, évoquant des braquages. Une demande renouvelée à plusieurs reprises au cours de l’automne, qui aurait poussé ce proche de Chekatt à le mettre en relation avec des membres de la communauté des gens du voyage, impliqués dans le trafic d’armes. C’est par ce biais notamment que le terroriste se serait procuré le vieux revolver Lebel retrouvé sur son corps.
Confidences familiales
Le passage à l’acte de Cherif Chekatt ne semble pas surprendre sa famille, selon les éléments téléphoniques exploités par les enquêteurs. D’autre part, le terroriste de 29 ans aurait confié à sa mère « son intention de mourir », « environ cinq mois » avant l’attaque. Elle ne l’a pas pris au sérieux.
L’attentat de Strasbourg était prémédité
Une enquête du Monde révèle que Cherif Chekatt préparait son attaque depuis plusieurs semaines.
La virée meurtrière de Cherif Chekatt, le 11 décembre à Strasbourg, ne doit rien à la précipitation. Tout était en réalité minutieusement préparé : les armes, l’envie de mourir, la vidéo de revendication… Une enquête du Mondepubliée lundi révèle comment le djihadiste est passé à l’acte.
Des indices dès 2015
La vidéo où l’homme prête allégeance à Daech, retrouvée sur une clef USB, semble être datée du jour de l’attaque ou du mois de novembre. Un ancien codétenu de Cherif Chekatt a aussi expliqué que, dès 2015, il aurait exprimé « sa haine des policiers, des magistrats, et des juifs » et son intention de « commettre un braquage avant de partir en Syrie ou de mourir en martyr ».
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Un proche du terroriste, qui a témoigné juste avant qu’il soit abattu, a expliqué que son ancien ami l’a contacté à plusieurs reprises, y compris le matin de l’attaque, pour se procurer des armes. « Tu seras le prochain sur ma liste, tu vas entendre parler de moi à BFMTV », lui aurait lancé Cherif Chekatt début décembre, après une dispute.
Il avait confié son « intention de mourir »
Les enquêteurs ont aussi écouté des messages audio envoyés entre membres de la fratrie Chekatt. « Cela devait arriver un jour », a déclaré un frère à l’une de ses soeurs. La mère du terroriste a aussi avoué que son fils lui avait confié « environ cinq mois » avant l’attentat « son intention de mourir ».
Son père, le matin de l’attentat, l’avait prévenu par SMS qu’il était recherché. « ‘Les chiens’ sont venus chez moi », lui avait-il écrit, tout en ajoutant qu’il ne l’avait pas dénoncé.