Noam Anouar, ancien policier des Renseignements Généraux, dénonce sa hiérarchie

 

 

Une fois n’est pas coutume, je recommande vivement d’écouter cette interview réalisée par Le Média.

Noam Anouar, brigadier de police, ancien membre de la DRPP affecté à la lutte antiterroriste et l’islam radical, dénonce le harcèlement moral dont il est victime de la part de sa hiérarchie, particulièrement depuis 2011.

Entre autres choses, il explique comment à compter de cette année-là, il s’est retrouvé sur écoute, et quelles en furent les conséquences, peut-être d’emblée recherchées : d’une part, toutes ses relations qui en sont averties cessent de le contacter, et d’autre part, ceux qui l’ignorent et continuent à l’appeler sont tous approchés par les auteurs de ces écoutes, apparemment illégales.

Ce fut exactement la même chose pour moi quand je me suis retrouvée sur écoute – illégale – à compter des années 1990 : mes collègues de travail en étant pour la plupart avertis savaient ainsi qu’ils n’avaient pas intérêt à désobéir aux consignes qu’ils recevaient me concernant, dont l’interdiction totale de me parler, seuls harcèlements et agressions à mon encontre étant autorisés, et même vivement encouragés, voire ordonnés. Par ailleurs, toutes mes fréquentations d’ordre privé, hors milieu professionnel, étaient ainsi appréhendées, ce qui permettait à mes harceleurs de rendre visite à mes amis, mes connaissances, après les avoir identifiés, autant pour leur soutirer des renseignements à mon sujet que pour les convaincre de cesser de me fréquenter. En l’espace d’un an, je me suis ainsi retrouvée totalement seule face à mes harceleurs et agresseurs.

Le travail effectué sur la toile par le cybercriminel Pascal Edouard Cyprien Luraghi à compter de l’année 2008 est encore le même : non seulement ses piratages informatiques et écoutes illégales à mon encontre lui permettent de collecter quantité d’informations d’ordre privé à mon sujet, mais il repère aussi tous mes contacts et leur fait savoir à sa manière extrêmement brutale et violente qu’il connaît tous nos échanges pour m’avoir mise sur écoute et me pirater, ce qui les dissuade à peu près tous de continuer à me parler… surtout à compter de l’année 2011, où les menaces à leur encontre ne sont pas légères…

Le psychopathe et ses amis du crime organisé ont en fait commencé à préparer leurs attentats islamistes des années 2012 et suivantes dès le mois de juin 2010.

Pour ce qui est des généralités concernant le harcèlement moral en entreprise, Noam Anouar dit encore une chose intéressante : on lui a fait remarquer que la performance n’était pas forcément bien vue dans la police ou l’administration, où la médiocrité, par contre, est très bien tolérée. Certes, mais contrairement à ce que semblent s’imaginer les policiers, c’est pareil dans la plupart des entreprises du secteur privé où il existe même pour de nombreux postes de vraies primes à l’incompétence. Je pense par exemple à tous les travaux payés au temps passé, pour lesquels de nombreux employeurs évitent absolument de recourir aux services de professionnels compétents ou n’hésitent pas à sanctionner ces derniers quand ils travaillent à un rythme normal ou s’avèrent capables d’effectuer les éventuelles réparations ou opérations de maintenance demandées par la clientèle au lieu de tout saboter pour pouvoir ensuite lui proposer du neuf.



Ligue du LOL : deux nouveaux journalistes remerciés ou licenciés, toujours rien sur Rue89

Rappelons donc qu’avant Twitter, il y avait déjà les sites d’information participatifs Rue89 et Le Post, mais surtout le premier, qui n’a jamais pris les mesures adéquates pour faire cesser les harcèlements en bande organisée du malade mental Pascal Edouard Cyprien Luraghi et de sa troupe de « déconnologues », en réalité une bande de pirates informatiques violant l’intimité de la vie privée de leurs cibles pour pouvoir ensuite indéfiniment les harceler avec des éléments d’information ainsi illégalement recueillis, qu’ils mêlent très habilement à des montagnes de calomnies, injures et menaces en tous genres, avant de poursuivre ces harcèlements par des dénonciations calomnieuses et tentatives d’escroquerie au jugement de très grande ampleur dès la première tentative de se défendre d’une des victimes.

Je publie beaucoup à ce sujet depuis les révélations du mois dernier, et c’est bien normal, puisque depuis mes tout premiers commentaires anonymes sur le site Rue89 en 2008, j’ai toujours été victime de ces criminels ayant toujours bénéficié de la complicité des journalistes aujourd’hui mis en cause.

 

A lire ou à relire :

http://petitcoucou.unblog.fr/2019/02/11/jean-marc-donnadieu-de-beziers-son-echappee-en-solitaire-de-la-ligue-du-lol/

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http://petitcoucou.unblog.fr/2019/03/01/cybercriminalite-jean-marc-manach-ou-la-comprenette-tout-a-lenvers/

http://petitcoucou.unblog.fr/2019/03/02/ligue-du-lol-les-cool-kids-ont-pour-mere-une-prostituee-nommee-jean-marc-manach/

 

 

http://www.lefigaro.fr/medias/2019/03/04/20004-20190304ARTFIG00143-ligue-du-lol-liberation-licencie-deux-de-ses-journalistes.php

«Ligue du LOL»: Libération licencie deux de ses journalistes

 

La direction du quotidien a annoncé «se séparer» de Vincent Glad et d’Alexandre Hervaud, qui avaient été mis à pied dans cette affaire de harcèlement en ligne. La semaine dernière, deux autres licenciements ont eu lieu aux Inrocks.

Le temps des sanctions est venu dans l’affaire de «la Ligue du LOL». Lundi, la direction de Libération a fait savoir par un communiqué qu’elle «a décidé de se séparer de deux journalistes de la rédaction qui faisaient partie de cette ligue, l’un comme fondateur, l’autre comme membre actif.» Il s’agit de Vincent Glad, pigiste régulier pour le quotidien, et d’Alexandre Hervaud, rédacteur en chef adjoint de Liberation.fr. Cette décision a fait suite à «une enquête interne approfondie». «Les faits rendus publics, qui ont causé des dommages graves à plusieurs personnes, se situent à l’exact opposé des valeurs que le journal défend depuis sa fondation, créant un trouble grave et caractérisé pour Libération», explique le quotidien.

La semaine dernière, c’est la direction des Inrocks qui a annoncé le licenciement de son rédacteur en chef, David Doucet, et de son adjoint, François-Luc Doyez, pour leur participation à la «Ligue du LOL». Il leur est aussi reproché «des comportements non-professionnels dans l’exercice de leur fonction hiérarchique», révélés par des enquêtes publiées par Médiapart, l’Obs et Le Monde. François-Luc Doyez a indiqué à l’AFP «contester les motifs invoqués mais aussi la méthode pour [le] licencier.»

De nombreux témoignages de victimes

L’affaire de la «Ligue du LOL» a éclaté le mois dernier, après la publication d’une enquête du service CheckNews de Libération. L’article confirmait l’existence de ce groupe Facebook, créé il y a plus de dix ans, et rassemblant une trentaine de jeunes journalistes et de communicants. Plusieurs de ses membres ont harcelé, parfois durant des années, des internautes, notamment des blogueurs ou des militantes féministes. Certaines victimes ont dû subir des photomontages pornographiques ou antisémites.

Après la publication de l’enquête, des témoignages de victimes ont inondé Twitter, soulignant les dommages psychologiques durables de cet acharnement, mais aussi l’effet sur la carrière professionnelle des cibles de la Ligue. Certaines victimes, notamment des jeunes femmes, se sont ainsi détournées du journalisme, les membres de la Ligue du LOL étant présents dans plusieurs magazines et quotidiens nationaux. Les employeurs des membres de la Ligue ont dans leur grande majorité décidé de mettre à pied ces salariés, ou de cesser toute collaboration avec eux.

Par ricochet, l’affaire a aussi permis de délier les langues sur le sexisme prégnant dans les rédactions. Au HuffPost, trois journalistes avaient été licenciés fin 2018 pour des propos sexistes, violents et insultants tenus sur la messagerie professionnelle Slack à l’encontre de leurs collègues féminines. Une affaire similaire a eu lieu à l’été 2017 dans la rédaction de Vice France. Les associations féministes Prenons la une, Nous toutes et Paye ton journal ont lancé une grande enquête sur le sexisme et le harcèlement sexuel dans les rédactions et les écoles de journalisme, dont les résultats devraient être dévoilés dans les prochaines semaines.

La rédaction vous conseille
Chloé Woitier
AFP agence

 

 

https://www.telerama.fr/medias/cetait-le-journalisme-des-annees-ligue-du-lol,n6146470.php

C’était le journalisme des années Ligue du LOL

 

  • Jérémie Maire

    Jérémie Maire

  • Publié le 01/03/2019. Mis à jour le 01/03/2019 à 13h02.
Logo de Twitter.

Si les comportements de la Ligue du LOL ont pu prospérer, c’est qu’un terreau favorable à la moquerie et à l’entre-soi a été rendu possible. Retour sur ce qu’étaient Twitter et le journalisme web au début des années 2010.

Ne faites pas comme Vincent Glad ! » Cette phrase, qui résonne encore en nous, a été glanée aux alentours de novembre 2010, en cours de journalisme web dispensé à l’Institut de journalisme Bordeaux-Aquitaine (IJBA). « Dans mes cours, je me servais de lui comme d’une tête de Turc car, à l’époque, je m’étonnais des dérives de ce qu’on pouvait appeler le journalisme LOL et de l’aptitude de certains à blaguer de tout sur Twitter », réagit aujourd’hui Jean-Charles Bouniol, responsable de cette unité de l’école bordelaise.

 

Le journalisme web et les comportements sur les réseaux sociaux durant les premières années de la décennie 2010 sont particulièrement scrutés à la lumière des révélations d’agissements sordides (harcèlement, insultes, etc.) commis par certains membres de la Ligue du LOL (1), ce groupe Facebook ayant réuni d’influents jeunes journalistes et communicants parisiens à partir de 2009. Les témoignages de leurs victimes, comme les excuses successives des harceleurs, ont presque tous mis en avant le contexte de l’époque, propice aux moqueries, à un certain cynisme sur les réseaux sociaux balbutiants comme Twitter, où rien n’était pris au sérieux. Mais quel était ce fameux terreau mis en avant pour expliquer ces agissements injustifiables ?

Une espèce naissante

Fin des années 2000. L’ambiance est au choc des cultures : d’un côté, la presse papier est déjà en crise. De l’autre, les sites Internet (lancés par les journaux et magazines à la fin du siècle précédent, ou par des médias en ligne, plus neufs, innovants mais économiquement instables, comme Rue89, LePost.fr, Owni, Quoi.info, Newsring…) gagnent en audience. Conjointement les réseaux sociaux, eux aussi, sont en plein boom. Facebook se développe en France à partir de 2007, Twitter voit ses premiers gazouillis francophones envoyés l’année suivante. Sur ce réseau de « microblogging » – selon le terme de l’époque –, quelques aficionados des nouvelles technos et des blogueurs confirmés côtoient des journalistes, souvent jeunes, qui y décèlent un intérêt professionnel. Ils y découvrent une grammaire bizarre, voire répulsive, pour le grand public (140 signes composés de RT, @ et #), une interface sommaire très éloignée des fonctionnalités actuelles (voire de Facebook au même moment), un univers plutôt masculin, une tendance à l’entre-soi (comme le montre cette infographie datée de 2011)… L’élection présidentielle française de 2007, l’élection américaine l’année suivante, le crash de l’avion sur l’Hudson en 2009, les premiers fact checkings politiques en France, le printemps arabe en 2010… autant d’événements suivis grâce à Twitter et Facebook, qui donnent l’impression que l’actualité s’accélère et se déporte sur le Web.

Mais, derrière les écrans des rédactions, des journalistes, jeunes, mal rémunérés et peu considérés paient les pots cassés d’un métier qui se cherche, avec ses formats encore en friche : écriture en direct, vidéos, datajournalisme, etc. « La forme était malléable, les façons de faire nouvelles, rédhibitoires pour certains, mais elles suivaient l’évolution d’un métier qui a toujours été technique », raconte Philippe Couve, créateur de l’Atelier des médias sur RFI. « On percevait une utopie dans le journalisme web », explique Samuel Laurent, salarié du site du Figaro à l’époque et aujourd’hui responsable des Décodeurs au Monde. « En pleine sinistrose à propos de l’avenir du papier, on sentait que quelque chose allait se passer », note Pierre Savary, directeur de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille dont il a dirigé les études dès 2008.

“On ne nous considérait plus comme des réparateurs d’imprimante, mais comme des journalistes qui pouvaient être utiles”

Dans les écoles, c’est aussi le Far West : « Il y avait des écarts de compétences inédits entre étudiants classiques et d’autres, au profil plus geeks, qui maîtrisaient les outils et ce langage », se souvient encore Pierre Savary. Dans l’école lilloise, on regroupe, « durant deux ou trois promos », les élèves par niveau de compétences 2.0. Au programme, recommandations d’usage (« comment se servir de Twitter comme outil journalistique ») ou introduction au LOL journalisme (comme on peut le lire sur ce tweet de Christophe Carron, membre de la Ligue du LOL et futur rédacteur en chef de Slate, à destination de Vincent Glad, formateur à l’ESJ, et retweeté, fait remarquable, par… l’étudiant d’alors Hugo Clément). Mais l’enseignement était encore très sommaire, et donnait surtout l’impression d’être réalisé avec les moyens du bord. « La responsabilisation des étudiants sur les réseaux sociaux était prioritaire et l’est toujours, explique Jean-Charles Bouniol, enseignant à Bordeaux. Mais c’étaient des considérations que j’exprimais en cours, elles ne faisaient pas nécessairement partie des sujets discutés en réunion pédagogique. »

Dans les rédactions, on commence doucement à ne plus considérer ces geeks remisés dans un coin « comme des réparateurs d’imprimante, mais comme des journalistes qui peuvent être utiles », dit Alice Antheaume, passée par les sites de Télérama, 20 Minutes et aujourd’hui directrice exécutive de l’Ecole de journalisme de Sciences Po Paris. Entre-temps, en 2009, un article du Monde, « Les forçats de l’info », a fait l’effet d’une bombe : les sites d’information sont animés par des « journalistes “low cost” », des « Pakistanais du Web » ou encore des « esclaves consentants », écrit Xavier Ternisien – qui a par ailleurs refusé de répondre à nos questions. « J’étais comme un fou quand j’ai lu ça », fulmine encore Eric Mettout, directeur adjoint de la rédaction de L’Express, rattaché à son site depuis 2000. « Ce papier a au moins permis de mettre le doigt sur le fait que tous les journalistes web connaissaient les mêmes problèmes : précarité, manque de considération de leurs pairs… Ça nous a fédérés », mesure Samuel Laurent. « Cela a jeté une forme de désolation parmi nous. Alors, nous nous sommes rencontrés, avons commencé à échanger, à nous organiser pour valoriser nos métiers », raconte la journaliste Mélissa Bounoua dans Télérama. Dans la foulée, un groupe informel, le Café des OS – pour ouvriers spécialisés, pied-de-nez au vocabulaire de l’article du Monde – est créé, afin de faire connaître leurs conditions de travail, mais permet surtout de se rencontrer entre « Pakis du Web ». Et parmi ces « forçats », on trouve la « crème » de Twitter de l’époque, composée de journalistes sortant d’école, en stage, pigistes ou déjà en poste : certains membres de la Ligue du LOL (créée par Vincent Glad la même année), mais pas seulement. « L’ambiance était bon enfant, on se croisait, se souvient Steven Jambot, ex-étudiant de Toulouse embauché à France 24 (avant un crochet à la tête de Mashable France et aujourd’hui à RFI), avec un compte Twitter déjà bien garni en abonnés. Une bande de jeunes gens bossant sur le Web s’est rapidement constituée, qui a petit à petit imposé un ton vachard et s’est posée comme ambassadrice de la coolitude et de l’influence. »

La force du réseau (social)

Pour un jeune journaliste arrivant sur le marché du travail, sans réseau dans le métier et sans – trop – d’expérience en rédaction, les places sont chères et rares. « Dans les écoles de journalisme, c’est en général le directeur qui aide à entrer en contact avec les médias parisiens, dit Steven Jambot. Twitter permettait d’avoir directement accès aux rédacteurs en chef, avec une carte de visite à présenter assez complète : quels sujets nous intéressaient, comment on interagissait avec les autres, à quoi ressemblaient nos productions. »

Dans un dossier intitulé « Toi aussi, deviens un twitto » daté de 2011, Télérama observait le fonctionnement en vigueur : « Suivre les gros comptes dans l’espoir qu’ils vous suivent en retour. Leur envoyer des messages brillants, risquer le clash. Se faire remarquer, sans en faire trop. Une blague ratée et hop, vous voilà tout unfollowé. En revanche, si vous êtes malin… Vincent Glad, à 26 printemps, est déjà suivi par tous les journalistes qui comptent. » Nombreux étaient ceux qui pensaient alors obligatoire de prendre la parole, d’interagir, pour sortir du lot et pouvoir obtenir un petit poste quelque part. Se faire discret, c’était prendre le risque de passer sous les radars des rédactions. Sur cet espace sans barrière hiérarchique que semblait être Twitter, on pouvait avoir la logorrhée facile, avec le risque d’en faire trop. Claire (2), aujourd’hui journaliste de 34 ans dans un hebdo parisien, explique dans Télérama que « l’aptitude à manier Twitter était alors plus importante que les qualités journalistiques ». « Je mourais d’envie de faire partie de ces “cool kids”, explique aujourd’hui Sophie (2), ancienne journaliste sortie de Sciences Po Lille au début des années 2010. Ils discutaient en public avec les chefs, des “darons”, cool eux aussi, et ils squattaient les places dans toutes les rédacs qui nous faisaient rêver. Mais en les rencontrant, je me suis rendue compte que ce n’étaient pas eux qui allaient me donner du boulot. Pire : ils galéraient aussi dans ce métier, entre piges et contrats précaires. »

N’empêche : nombre de recruteurs semblaient séduits par ces beaux parleurs. « Certains rédacteurs en chef s’en défendent aujourd’hui, mais ils ont pu recruter sur le nombre de followers. Ça a pu servir de valeur marchande autant que ça a pu freiner des débuts de carrière », dit Samuel Laurent du Monde.fr. Les tweets postés avec le mot-clef #FollowFriday, qui indiquaient, le vendredi, quels étaient les comptes intéressants à suivre, ou encore l’appli Klout, système de calcul de l’influence et de la popularité de son compte Twitter, passent aujourd’hui pour des aberrations narcissiques, mais étaient alors pris au sérieux. Eric Mettout de L’Express le confesse : « C’est sur Twitter qu’on suivait le travail des journalistes 2.0, on les scrutait, on se les piquait entre nous. » Les gens interrogés pour cet article disent tous avoir été repérés via un tweet, voire « un article qui a buzzé et m’a valu un entretien pour un poste sur le site de 20 Minutes », plus que pour leurs écrits journalistiques.

Dérapages incontrôlés

L’affaire de la Ligue du LOL a mis en lumière l’existence des leviers de cooptation dans ce tout petit milieu, notamment parce que certains de ses membres sont passés par plusieurs rédactions innovantes et attractives comme Slate, Owni, Le Mouv’, Libération, 20 Minutes... Leurs chefs, d’ailleurs, y allaient eux aussi de leurs tweets rigolos – ils sont aujourd’hui peu enclins à assumer l’ambiance instaurée à l’époque, et n’ont, pour la plupart, pas souhaité répondre à nos questions.

Ce contexte d’« un petit milieu concentré sur un petit réseau » (Samuel Laurent) renforçait le sentiment d’appartenance à « un village gaulois peuplé de gens irascibles », comme le décrit Eric Mettout : « Si on ne répondait pas aux attaques, notamment de la vieille garde journalistique, on se faisait bouffer tout cru. Avec le recul, aller au (tweet)clash était en fait une perte de temps. » Tout le monde semblait y utiliser, comme le dit Alice Antheaume de Sciences Po Paris, « le même jargon » et « développer un esprit de corps », que l’on soit membres de la Ligue du LOL ou journalistes plus discrets ou sérieux. «  On cherchait simplement des journalistes capables de maîtriser ces techniques, qui manipulaient les réseaux sociaux, qui pouvaient certes créer des fakes grossiers pour faire rire, mais qui savaient aussi ne pas se faire avoir, défend toutefois Eric Mettout. On n’a pas su voir certains signaux. A force de leur répéter qu’ils étaient les meilleurs, on a créé des monstres. On les a sûrement fait grandir trop vite… »

Comment une Ligue du LOL a pu prospérer si cette communauté de jeunes 2.0 adoubés par leurs aînés était au centre de toutes les attentions ? « Je suis sûr que les rédacteurs en chef de l’époque savaient très bien ce que leurs employés/amis faisaient sur Twitter. Mais ça les arrangeait bien d’avoir des ambassadeurs de leur média très populaires », nous dit l’un de nos interlocuteurs en off. Il faut cependant se souvenir qu’à l’époque Twitter ne comportait pas de fils de conversation, pas d’outil de recherche ou ne faisaient pas apparaître les échanges de personnes que l’on ne suivait pas, pouvant créer des angles morts propices aux dérives. Et quand des dérapages ont été signalés, ils sont restés « lettre » morte.

« Twitter était un parcours non fléché. Si les médias et les grands chefs n’avaient pas déserté les réseaux sociaux, on aurait pu éviter cette situation. Certaines sorties repérées à l’époque et les comportements mis en lumière aujourd’hui sont des fautes journalistiques », juge Jean-Charles Bouniol, enseignant à l’IJBA. Aurait-il fallu édicter des règles ? « Je n’étais pas spécialement pour la création d’une charte des médias sur les réseaux sociaux. Avec le recul, c’est vrai que des garde-fous auraient été bienvenus », complète Samuel Laurent, qui indique toutefois que « l’usage de Twitter chez les journalistes s’est très vite normalisé, notamment à partir de 2012 : l’élection présidentielle a ouvert le réseau à d’autres personnes, dont les militants politiques ». Qui ont repris, avec brio, le flambeau du harcèlement 2.0.

En 2019, Twitter a changé, les journalistes se sont policés et le web-journalisme est enfin mieux considéré. Les questionnements sur l’encadrement et la formation parcourent aujourd’hui la profession. Ce n’est pas ce qui résoudra tous les problèmes mis en lumière par l’affaire de la Ligue du LOL, mais c’est déjà ça : « Sexisme, cyberharcèlement et responsabilisation sont des thématiques que nous abordons ou allons aborder frontalement dans les formations que je donne, notamment avec le collectif Prenons la une », précise Philippe Couve. Et dans les cours de journalisme web donnés à l’école de journalisme de Bordeaux, l’exemple à ne pas suivre de Vincent Glad a été remplacé par celui de Donald Trump. Au moins son compte Twitter ne souffre pas d’ambivalence.

(1) Un journaliste de Télérama a fait partie de ce groupe. Une procédure Ressources humaines interne est en cours.

(2) Les prénoms ont été modifiés.

 

https://www.lesechos.fr/27/02/2014/LesEchos/21636-149-ECH_arnaud-aubron–le-patron-geek-de—courrier-international–.htm

Arnaud Aubron, le patron geek de « Courrier international »

 

Fabienne SchmittLes Echos | Le 27/02/2014
  • ECH21636149_1 dans Corruption

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Une femme tunisienne, une marraine libanaise, un parrain martiniquais… Arnaud Aubron, le nouveau patron de « Courrier international  » (Groupe Le Monde) semble prédestiné à son poste. L’hebdomadaire francophone, qui offre une sélection d’articles de la presse mondiale, va comme un gant à ce fou de voyages, né à Palaiseau. A bientôt quarante ans, il a visité 40 pays…

Après Sciences po Paris et le Centre universitaire d’enseignement du journalisme (Strasbourg), Arnaud Aubron fait ses premières armes au secrétariat de rédaction de « Libération ». « Je rêvais de Libé. J’ai vécu la grande aventure de la presse à l’ancienne « , sourit-il. Neuf ans à réécrire des articles, jusqu’à devenir rédacteur en chef adjoint édition. Il écrit aussi, se spécialisant sur la drogue. Ce fils d’un directeur informatique, qui a eu son premier ordinateur à six ans, plonge en 2006 dans les abîmes de l’Internet, en lançant le blog Drogues News.

 

De Rue89 au festival déjanté Burning Man

 

Un an plus tard, il crée Rue89 avec Pierre Haski, Laurent Mauriac et Pascal Riché après leur départ de « Libé « . Vingt heures de travail par jour, plusieurs « gros coups » et une ambiance de cour de récréation qui sied bien à ce fan de Burning Man, le festival déjanté dédié à la création qui se déroule fin août dans le désert du Nevada, fréquenté notamment par les patrons de Google.

Serge July et Pierre Haski sont ses pères spirituels, tout comme Louis Dreyfus (aujourd’hui patron du « Monde »), qui l’arrache à Rue89 et le nomme rédacteur en chef numérique des « Inrockuptibles ». Propulsé codirecteur aux côtés d’Audrey Pulvar, il ne tiendra que deux mois. « Je n’ai pas grandi dans une ambiance de coups tordus », commente-t-il sans rancune. « Une grande bosseuse, mais un tel appétit de pouvoir… »

Après quelques missions de conseil, Louis Dreyfus l’appelle à la tête de « Courrier international » pour développer le numérique, enrayer la baisse des ventes (172.821 exemplaires) et diversifier les revenus. Un plan social est en cours. « « Courrier international », c’est la curation avant Internet : on traduit des articles de journaux divers. Demain, on pourrait devenir un traducteur de vidéos », esquisse-t-il. Avant d’ajouter : « Quand on referme ce journal, on a l’impression d’avoir voyagé.  » Comme après une conversation avec son patron.

 



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