Affaire Richard Ferrand : on a déjà eu le G7 à Brest… 23 septembre
Et que dit sa compagne ?
De toute façon, tout le monde savait…
L’homme est bon, donc il mérite, tout le monde le sait et acquiesce.
De quoi se plaint-on ?
Richard Ferrand réunit ses homologues du G7 à Brest
Les présidents des chambres basses des sept pays les plus puissants du monde se rencontreront à Brest du 5 au 7 septembre prochains. Ils discuteront du rôle et du poids des Parlements élus au suffrage universel. Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, est à l’initiative de la rencontre.
Le G7, c’est la réunion des chefs d’États des sept pays les plus puissants du monde. Crée en 2002, le G7 parlementaire, c’est la même chose, mais au niveau des présidents des chambres parlementaires basses. Celles élues au suffrage universel direct, comme l’Assemblée nationale par exemple.
C’est d’ailleurs le président de l’Assemblée, Richard Ferrand (LREM), qui a choisi de rencontrer ses homologues américain, canadien, allemand, anglais, italien et japonais à Brest pour leur prochain G7. Ce sera du 5 au 7 septembre.
Des échanges multi et bilatéraux
Le programme de ce G7 n’est pas encore connu. Ces rencontres annuelles sont l’occasion de travaux multilatéraux. Ils portent généralement sur le rôle et le poids des parlements dans un système démocratique.
Elles servent aussi à des échanges bilatéraux entre les présidents de chambres. Il s’agit alors de discussions sur des sujets bien précis. En 2017, en Italie, François de Rugy avait ainsi discuté de la crise migratoire, du Brexit ou de la relance de la construction européenne avec son homologue de la Botte.
Un œil attentif sur la Bretagne
Pour Brest et la Bretagne, l’organisation d’un tel sommet est une première. Elle classe la région et la ville sur l’échiquier mondial, même si les G7 parlementaires se tiennent rarement dans les capitales des États concernés. Il n’en reste pas moins que cet événement permet à Richard Ferrand de montrer que, même depuis le Perchoir à Paris, il garde un œil attentif sur la Bretagne…
Affaire Ferrand : ce que Sandrine Doucen a dit aux juges
EXCLUSIF. La compagne du président de l’Assemblée a obtenu le statut de témoin assisté dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. « Le Point » révèle sa version des faits.
Par Marc Leplongeon
« Je ne suis pas la béni-oui-oui de Richard Ferrand. » Convoquée le 12 septembre dernier devant le juge Cathelin, Sandrine Doucen, la compagne du président de l’Assemblée nationale mis en examen pour prise illégale d’intérêts, a longuement raconté sa version de l’affaire dite des Mutuelles de Bretagne. Et a réussi à obtenir le statut de témoin assisté. La quadragénaire réalise là un tour de force : en février 2018, avant que l’affaire ne soit dépaysée à Lille, le juge Van Ruymbeke avait en effet manifesté son intention de la mettre en examen, tout comme son conjoint.
Avant d’être entendue, Sandrine Doucen a pris le soin de rédiger une longue déclaration spontanée, rappelant sa carrière d’avocate et de directrice des ressources humaines (DRH) des Mutuelles de Bretagne à partir de 2001. Pacsée avec Richard Ferrand depuis 2014 – ils ont deux enfants –, elle explique avoir formé un couple avec lui en janvier 2000. C’est, selon elle, une notaire, en qui elle a une « absolue confiance », qui lui aurait recommandé de faire une acquisition immobilière en 2010.
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Une « affaire » à ne pas louper
L’objectif était de pouvoir déménager son cabinet, louer le surplus de locaux, « garantir [ses] vieux jours » en se constituant une épargne, avant de léguer le tout à ses enfants. Selon la notaire, il s’agissait d’une « opération patrimoniale de madame Doucen, et non du couple Doucen-Ferrand ». Quant aux recherches de locaux à louer, entamées à la même époque, fin 2010, par les Mutuelles de Bretagne, Sandrine Doucen assure n’en avoir rien su. Aucun élément au dossier n’atteste du contraire.
La notaire a confirmé, devant les enquêteurs, les propos de son amie : « En s’accordant sur le prix de 375 000 euros hors frais, au vu de la superficie des locaux professionnels, cela faisait du 1 000 euros du mètre carré, et même en faisant des travaux, de par son emplacement, cela restait une affaire. » « Débordée de travail », selon ses dires, Sandrine Doucen se serait ensuite fait substituer par son conjoint, Richard Ferrand, au moment de signer le compromis de vente, en décembre 2010.
« La clause, je ne la connaissais pas »
Et c’est là que le bât blesse. Non seulement le compromis de vente mentionne une SCI qui n’existait pas encore au moment de la signature et qui n’avait pas été immatriculée au registre du commerce, mais il comprend de surcroît une condition suspensive d’un bail commercial « entre la SCI devant substituer M. Ferrand et les Mutuelles de Bretagne ». En clair : la vente ne se ferait que si les Mutuelles de Bretagne, dont Richard Ferrand est le patron, devenaient locataire des bâtiments.
Sandrine Doucen, elle, n’en démord pas et jure avoir découvert ce compromis et cette clause par LeCanard enchaîné. « Vous me demandez si je connaissais la teneur de ce compromis, la clause je ne la connaissais pas. Richard Ferrand allait signer ce compromis. Moi j’étais débordée cette semaine-là. (…) Cela a des conséquences graves pour Richard Ferrand alors que c’est moi qui lui ai demandé d’y aller. (…) Ce n’est pas Richard Ferrand qui a rédigé cette clause, ce sont les notaires », a-t-elle répondu au juge.
L’avocate insiste : « Ma détermination à acheter les locaux de la rue George-Sand ne dépendait nullement d’une décision des Mutuelles de Bretagne de conclure ou pas un bail avec la SCI que j’avais créée. » Pour preuve, Sandrine Doucen affirme avoir signé le contrat de prêt le 15 mars 2011, trois mois et demi avant la conclusion du bail avec les Mutuelles. « J’avais la certitude, partagée avec ma notaire, que ces locaux trouveraient immanquablement un locataire compte tenu de leurs qualités. »
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Ferrand s’est-il occupé des démarches bancaires ?
Là est le deuxième écueil. Le banquier a affirmé, devant les enquêteurs, que c’était Richard Ferrand lui-même qui s’était occupé des démarches pour l’emprunt. Interrogée sur ce point, Sandrine Doucen clame qu’elle était elle-même à la Banque postale, et que Richard Ferrand étant au Crédit agricole, il a naturellement demandé à sa banque le taux qu’elle consentirait. « Il a joué le rôle d’un conjoint, à savoir demander à sa banque quelles étaient les conditions. »
Et quand le magistrat instructeur fait remarquer que c’est inapproprié que Richard Ferrand, en sa qualité de directeur des mutuelles, soit intervenu en tant que « preneur mais aussi de bailleur », Sandrine Doucen s’offusque. « C’est vraiment faire un raccourci qui m’est totalement nuisible de dire que Richard Ferrand s’en est occupé. Vous avez une répartition dans un couple. Je n’ai pas cru mal faire, sinon j’y aurais été en personne. »
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Qui savait pour le couple Ferrand-Doucen ?
Inévitablement, la question se pose de savoir qui avait connaissance de la situation matrimoniale de Richard Ferrand et de Sandrine Doucen aux Mutuelles de Bretagne, alors qu’une majorité d’administrateurs a déclaré sur procès-verbal ne pas savoir que le bail signé pour la location des locaux l’était avec la femme du patron. Richard Ferrand, en effet, ne figure pas dans les documents de la SCI, tandis que Sandrine Doucen assure ne jamais avoir été associée aux conseils d’administration des Mutuelles, « ni de près ni de loin ».
Mais, ajoute-t-elle, « il faut n’avoir jamais travaillé dans une entreprise, a fortiori de cette taille moyenne, pour imaginer que qui que ce soit, en tout cas au siège et, hors du siège, dans les services dans lesquels je travaillais, ait pu ignorer la nature de nos relations privées. C’est impossible », assure l’avocate, se qualifiant elle-même ironiquement de « femme du patron ». « Nous sommes régulièrement pris ensemble en photo, et ces photos sont régulièrement publiées par la presse locale, parfois même en première page. (…) Une photo de moi à l’hôpital a même illustré des récits dans la presse locale lors de la naissance de notre fille. »
Sandrine Doucen n’a jamais occupé les locaux
Alors que Sandrine Doucen avait, dans son projet initial, prévu d’occuper une partie des locaux pour louer le reste, l’intégralité du bâtiment a finalement été donnée en bail aux Mutuelles de Bretagne. Là encore, la compagne du président de l’Assemblée nationale a son explication : un conflit avec une de ses associées la contraignait à chercher un nouveau bureau pour elle. Mais cette dernière ayant décidé de partir d’elle-même fin 2010, elle avait finalement renoncé à quitter son cabinet.
Alors que, courant 2010, une salariée des Mutuelles avait commencé à rechercher de nouveaux locaux, c’est Richard Ferrand qui, subitement, au mois de décembre, aurait repris le dossier en main. « Pourquoi cet investissement soudain de M. Ferrand dans des tâches qui ne relèvent pas a priori d’un directeur général ? » questionne le juge. « Je n’ai pas eu connaissance de ça », répond Sandrine Doucen.
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Doucen évite la mise en examen
Son argumentaire et sa ténacité semblent avoir convaincu le juge, qu’il n’existait pas, pour le moment, d’indices graves et concordants justifiant une mise en examen. Le statut a peu de chances d’évoluer, l’instruction arrivant, selon plusieurs sources, à son terme. Contacté, l’avocat de Sandrine Doucen, Me Georges Holleaux, coupe court à tout débat : « Il y a deux façons de lire ce dossier : une lecture qui correspond à la vérité, et une vision paranoïaque, qui est celle de la partie civile. Les juges ne s’y sont pas trompés. »
Au détour de deux questions, le magistrat avait d’ailleurs demandé à la compagne du président de l’Assemblée nationale si c’était Richard Ferrand qui lui avait trouvé son emploi aux Mutuelles de Bretagne, alors qu’ils étaient déjà en couple : « Je ne me rappelle plus, a-t-elle répondu. Je sais que j’ai dû, comme tout un chacun et même plus, démontrer que j’étais à ma place parce que, quand vous êtes la femme de – enfin, tout le monde vous le rappelle –, il y a toujours une suspicion. »
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