Affaire Karachi : un second procès après celui d’octobre ? 21 septembre
Toute la presse l’évoque depuis hier soir, le ministère public a requis le 12 juillet dernier le renvoi d’Edouard Balladur et Philippe Léotard devant la Cour de justice de la République.
Rappelons que l’enquête sur l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 est encore loin d’être terminée, puisqu’entre autres choses, elle ne s’est encore penchée sur un aspect des négociations des contrats d’armement Agosta et Sawari II qui me concerne directement. En effet, il semble à peu près certain que mon assassinat était réclamé en préalable à la signature de ces deux contrats. Cependant, il n’a jamais été obtenu par les négociateurs ou leurs commanditaires, lesquels ont dû se contenter d’une mort sociale de leur cible.
Ces commanditaires, brestois pour certains, avaient tenté une n-ième fois de me faire assassiner au printemps 2002, avant l’attentat du 8 mai 2002 à Karachi.
Depuis 2008, ils paient le malade mental extrêmement dangereux Pascal Edouard Cyprien Luraghi pour tous ses harcèlements à mon encontre, sur la toile et ailleurs, et jusque sur le plan judiciaire.
L’organisatrice de ces harcèlements, la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest, est impliquée dans tous les faits de harcèlements, agressions à répétition et tentatives d’assassinat dont j’ai été victime depuis 1993.
Elle n’a jamais accepté de voir son autorité contestée par qui que ce soit, notamment en tout ce qui me concerne, et se venge en organisant des attentats islamistes meurtriers lorsqu’elle est contrariée à mon sujet, ce qui est le cas à chaque fois qu’elle ne parvient à obtenir mon assassinat.
Folle à lier, cette alcoolique notoire est toujours considérée comme une Sainte par toute l’extrême-gauche française qui la suit aveuglément en tous ses délires personnels depuis au moins trois décennies.
Notons enfin que ses exigences particulières et celles de ses complices me concernant en 1994, ainsi que tout le rafut qu’ils faisaient déjà autour de ma personne à cette époque, étaient bien connus de tout le gouvernement Balladur.
Affaire Karachi : le parquet requiert le renvoi de Balladur et de Léotard devant la CJR
L’ancien chef de gouvernement et son ministre de la Défense sont soupçonnés d’être impliqués dans un financement occulte de la campagne présidentielle en 1995.
L’affaire du financement de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995 va-t-elle finalement mener à un procès du candidat de l’époque? L’Express peut révéler que le ministère public a requis le 12 juillet dernier le renvoi de l’ancien premier ministre, 90 ans, et de son ministre d’alors François Léotard pour être jugés devant la Cour de justice de la République.
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Alors qu’ils avaient la haute main sur les contrats d’armement signés par la France avec l’Arabie saoudite et le Pakistan, les deux hommes auraient « concouru à la préparation et à la réalisation » d’abus de biens des sociétés chargées de fabriquer et commercialiser ces armes en permettant notamment que de grosses sommes d’argent soient « retirées en espèces » via des commissions remises à un « réseau d intermédiaires inutiles »- parmi lesquels le fameux Ziad Takkieddine.
Un procès dans les mois à venir?
Édouard Balladur est de surcroît soupçonné d’avoir bénéficié « d’une partie du produit de ces délits ». Entre les deux tours de l’élection présidentielle, après avoir été vaincu au premier tour par Jacques Chirac, 10 millions de francs de l’époque (plus de 1,5 million d’euros) avaient en effet été déposés en liquide sur le compte de campagne du Premier ministre sortant. Les juges d’instruction estiment que les commissions, gigantesques et curieusement payées de manière anticipée, ont bénéficié à Balladur en dépit des démentis que ce dernier a constamment opposé à ces soupçons.
En tout cas, le procureur général près la cour de cassation François Molins, qui représente le ministère public auprès de la CJR, signe le réquisitoire définitif de 61 pages. C’est désormais à la commission d’instruction de la CJR de décider si Edouard Balladur et François Léotard seront jugés lorsd’un procès qui pourrait se tenir dans les prochains mois.
En attendant ce procès qui vient plus de 25 ans après les faits, Un volet non ministériel de la même affaire, visant son ancien directeur de cabinet Nicolas Bazire et quelques autres, sera jugé par le tribunal correctionnel de paris à partir du 7 octobre.
Une affaire tentaculaire
Le possible renvoi d’Edouard Balladur n’est que le volet gouvernemental de la tentaculaire « affaire Karachi ». L’affaire doit son nom à l’attentat du 8 mai 2002 qui avait fait quinze morts, dont onze employés français de la Direction des chantiers navals (ex-DCN), et blessé douze autres dans la ville pakistanaise. Tous travaillaient à la construction d’un des trois sous-marins Agosta vendus à ce pays, sous le gouvernement Balladur (1993-1995).
L’enquête antiterroriste toujours en cours, qui privilégiait initialement la piste d’Al-Qaïda, explore depuis 2009 la thèse – non confirmée – de représailles à la décision de Jacques Chirac, tombeur d’Edouard Balladur à la présidentielle, d’arrêter le versement de commissions, dont la plus grosse partie avait été transférée vers les Takieddine et autres alors qu’Edouard Balladur était Premier ministre.
En creusant cette hypothèse, les magistrats ont acquis la conviction que les comptes de campagne de M. Balladur avaient été en partie financés – à hauteur de 13 millions de francs (près de 2 millions d’euros) – par des rétrocommissions – illégales – sur ces contrats de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie Saoudite (Sawari II).
Affaire Karachi : le parquet demande un procès pour l’ancien Premier ministre Edouard Balladur et son ex-ministre François Léotard
Il revient désormais à la commission de l’instruction de la CJR de décider de juger ou non les deux hommes pour leur responsabilité dans le possible financement occulte de la campagne présidentielle de 1995 d’Edouard Balladur.
Un nouveau procès dans l’affaire Karachi ? Le procureur général François Molins a requis mi-juillet le renvoi devant la Cour de justice de la République de l’ex-Premier ministre Edouard Balladur et de son ex-ministre François Léotard dans le volet financier de l’affaire Karachi, a appris franceinfo vendredi 20 septembre de source judiciaire, confirmant une information de l’Express.
Il revient désormais à la commission de l’instruction de la CJR de décider de juger ou non les deux hommes pour leur responsabilité dans le possible financement occulte de la campagne présidentielle de 1995 d’Edouard Balladur, via des rétrocommissions révélées dans l’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002.
Le 7 mai, après cinq ans d’enquête, la commission d’instruction avait transmis le dossier au parquet général de la Cour de cassation pour que François Molins prenne ses réquisitions. La CJR est la seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions, mais son existence-même est en sursis.
Quinze morts au Pakistan en 2002
L’affaire de Karachi doit son nom à l’attentat du 8 mai 2002 qui avait fait quinze morts, dont onze employés français de la Direction des chantiers navals (ex-DCN), et blessé douze autres dans la ville pakistanaise. Tous travaillaient à la construction d’un des trois sous-marins Agosta vendus à ce pays, sous le gouvernement Balladur (1993-1995).
En parallèle, l’enquête antiterroriste, qui privilégiait initialement la piste d’Al-Qaïda, a exploré depuis 2009 la thèse – non confirmée – de représailles à la décision de Jacques Chirac, tombeur d’Edouard Balladur à la présidentielle, d’arrêter le versement de commissions dans ces contrats après son élection.
En creusant cette hypothèse, les magistrats avaient acquis la conviction que les comptes de campagne de M. Balladur, pourtant validés, avaient été en partie financés par des rétrocommissions – illégales -, à hauteur de 13 millions de francs (près de 2 millions d’euros), en marge de contrats de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie Saoudite (Sawari II).
Ce volet financier a débouché par ailleurs sur le procès en correctionnel, le mois prochain à Paris, de six protagonistes, dont Thierry Gaubert (ex-membre du cabinet de Nicolas Sarkozy alors ministre du Budget), Nicolas Bazire, directeur de la campagne balladurienne, et l’intermédiaire Ziad Takieddine.
Affaire Karachi : la demande de renvoi devant la Cour de justice de la République est « une première victoire pour les familles des victimes »
Le parquet demande un procès devant la Cour de justice de la République pour l’ancien Premier ministre Edouard Balladur et son ministre de la Défense François Léotard.
« C’est une première victoire pour les familles de victimes », s’est félicité maître Olivier Morice samedi 21 septembre sur franceinfo, après que le procureur général François Molins a requis le renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR) de l’ancien Premier ministre Edouard Balladur et de son ancien ministre de la Défense François Léotard, dans le cadre de l’affaire Karachi.
La preuve que la plainte des familles était « pertinente »
« C’est évidemment une satisfaction. Lorsque nous avions déposé la plainte [en 2009] à l’origine de toute cette affaire, on se moquait des familles des victimes de l’attentat de Karachi. On expliquait que cela ne donnerait aucune suite », a déclaré Olivier Morice, qui représente la plupart des familles de victimes de l’attentat de Karachi au Pakistan en 2002.
L’enquête sur cet attentat, qui a provoqué la mort de 15 personnes, dont 11 employés français de l’ancienne Direction des chantiers navals, explore depuis 2009 la piste de représailles après l’arrêt du versement de commissions dans le cadre d’un contrat de vente de trois sous-marins au Pakistan. L’enquête s’est ensuite intéressée à des rétrocommissions, en marge de contrats de sous-marins avec le Pakistan et l’Arabie saoudite, qui auraient permis un financement illégal de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995.
Depuis le début de cette affaire, les familles ont le sentiment qu’on leur cache la vérité Maître Olivier Morice à franceinfo
« On a expliqué aux familles qu’il n’y avait eu aucun financement illicite notamment de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur [en 1995], poursuit Olivier Morice. On leur a dit que tout cela n’était qu’une fable. S’il y a un renvoi devant la Cour de justice de la République d’Edouard Balladur et de François Léotard, ce sera la démonstration que la plainte qu’elles avaient déposée était particulièrement pertinente. »
Un premier procès en octobre
Olivier Morice souhaite que la justice puisse aller « jusqu’au bout ». L’avocat précise néanmoins qu’il aurait souhaité que les anciens ministres « soient jugés comme des hommes ordinaires, même si leurs fonctions étaient extraordinaires » et donc qu’ils « soient à côté de ceux qui seront renvoyés devant le tribunal correctionnel » le mois prochain, dans le cadre de cette même affaire. Mais les « institutions ne le permettent pas », la Cour de justice de la République est la seule à pouvoir juger des ministres ou anciens ministres pour des faits présumé réalisés dans le cadre de leurs fonctions.
Procès dans l’affaire Karachi : une « première victoire » pour l’avocat des victimes
« Des protagonistes pourraient dire des choses extrêmement compromettantes pour ceux qui étaient au pouvoir lorsque cet attentat a eu lieu », a expliqué maître Olivier Morice, avocat des familles des victimes de l’attentat de Karachi.
« C’est une première victoire », s’est félicité dimanche 3 mars sur franceinfo Olivier Morice, avocat des familles des victimes de l’attentat de Karachi, alors que s’ouvrira en octobre un premier procès. Des protagonistes du financement de la campagne d’Édouard Balladur comparaîtront pour abus de bien sociaux. L’avocat souligne également la « pugnacité des familles » des victimes de l’attaque, qui avait fait 14 morts en 2002.
franceinfo : Êtes-vous satisfait de l’annonce de ce premier procès ?
Olivier Morice : C’est une première victoire. Je rappelle que lorsque nous avons déposé plainte en 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le procureur de la République de Paris s’était empressé d’expliquer que ce dossier n’aboutirait pas, qu’il n’y avait pas eu de rétrocommission. Et que de toute manière, s’il y avait quelque chose, les faits étaient prescrits.
Aujourd’hui, nous avons énormément avancé, grâce la pugnacité des familles. Ce procès va se dérouler à partir du mois d’octobre, il a fallu batailler dur et ferme pour éviter toutes les procédures qui ont été mises en place pour retarder ce procès et la tenue de cette audience. Les véritables responsabilités ne se tiendront pas exclusivement devant le tribunal correctionnel, puisqu’Édouard Balladur et François Léotard sont également mis en examen par la Cour de justice de la République et nous espérons qu’un jour le Premier ministre, qui va bientôt avoir 90 ans, puisse enfin répondre devant la justice des faits qui lui sont reprochés.
Ce procès d’octobre va-t-il servir à déterminer des responsabilités dans cet attentat ?
Ce que nous dénonçons, c’est le fait que des rétrocommissions sont susceptibles d’avoir permis le financement de la campagne d’Édouard Balladur. L’arrêt du versement de ces commissions, décidé par Jacques Chirac, aurait pu avoir des conséquences sur la décision prise par des commanditaires de faire des représailles et de toucher des salariés français, pour signaler à la France qu’elle n’avait pas tenu sa parole. Ce que nous dénonçons aussi à travers cette procédure, c’est le fait que l’État n’ait pas mis tout en œuvre pour que les commanditaires et les exécutants de cet attentat absolument odieux puissent être jugés devant la justice.
Vous attendez des juges qu’ils fassent ressortir certaines évidences ?
Oui, nous attendons aussi peut-être que certaines voix se délient. Par exemple monsieur Takieddine, qui fait partie des six personnes renvoyées devant le tribunal correctionnel, aurait beaucoup de choses à dire. Des protagonistes pourraient dire des choses extrêmement compromettantes pour ceux qui étaient au pouvoir lorsque cet attentat a eu lieu.
Procès dans l’affaire Karachi : « On attend ça depuis des années »
Dix-sept ans après l’attentat de Karachi, Gilles Sanson, l’une des victimes, réagit à l’annonce de l’ouverture de ce premier procès qui se tiendra devant le tribunal correctionnel de Paris en octobre prochain.
« La justice française avance vraiment tout doucement, c’est le moins qu’on puisse dire », a réagi sur France Bleu Cotentin dimanche 3 mars Gilles Sanson, qui a été gravement blessé dans l’attentat de Karachi en 2002. 17 ans après l’attentat au Pakistan qui a tué 15 personnes, dont 11 ouvriers français de la Direction des chantiers navals (DCN), un premier procès a été annoncé à Paris en octobre prochain.
Gilles Sanson dénonce la lenteur de la justice : « On va juger des faits qui ont eu lieu en 1994. Il aura fallu un attentat à Karachi en 2002 pour sortir cette affaire. C’est bien parce que les victimes de l’attentat de Karachi se sont portées partie civile qu’on en est là aujourd’hui. Il faut 25 ans pour juger ces gens-là. Nous on attend ça depuis des années. »
Dix-sept ans après l’attentat de Karachi, six protagonistes du volet financier de cette affaire hors norme seront sur le banc des prévenus en octobre à Paris pour répondre des soupçons de commissions occultes en marge de la campagne présidentielle 1995 d’Édouard Balladur.
Affaire Karachi : la Cour de cassation confirme le renvoi devant le tribunal de six protagonistes du volet financier de l’affaire
Les familles de victimes de l’attentat de Karachi, qui avait fait 15 morts dont 11 Français en 2002, pourront se porter parties civiles, a tranché la justice.
La perspective d’un procès dans l’affaire Karachi se rapproche. La Cour de cassation a confirmé, mardi 11 juillet, le renvoi en correctionnelle de six personnes pour « abus de biens sociaux » et « recel » dans le volet financier de cette affaire à tiroirs. Parmi eux, l’intermédiaire Ziad Takieddine ou encore Nicolas Bazire, l’ancien directeur de campagne d’Edouard Balladur en 1995. L’enquête porte sur des soupçons de financement occulte de la campagne d’Edouard Balladur à la présidentielle de 1995, via de possibles rétrocommissions sur des contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.
« On peut espérer un procès en 2018″
Les six personnes poursuivies, pour abus de biens sociaux et recel, sont Nicolas Bazire, ex-directeur de campagne d’Edouard Balladur et aujourd’hui dirigeant du groupe de luxe LVMH ; Renaud Donnedieu de Vabres, ex-conseiller du ministre de la Défense François Léotard ; Thierry Gaubert, alors membre du cabinet du ministre du Budget Nicolas Sarkozy ; Dominique Castellan, ancien patron de la branche internationale de la DCN ; l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine et l’intermédiaire Abdul Rahman Al Assir.
« On peut espérer un procès en 2018, huit ans après la plainte déposée par les parties civiles », explique une source proche du dossier à l’AFP. Un seul point de procédure reste à trancher, concernant l’étendue des faits pour lesquels Nicolas Bazire est renvoyé.
La Cour de cassation a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité déposée par certains des mis en examen, qui soutenaient que les faits étaient prescrits.
Les six hommes avaient déjà été renvoyés en correctionnelle en juin 2014, après trois ans d’enquête, mais la Cour de cassation avait demandé, en février 2016, le réexamen du dossier par la cour d’appel de Lyon. En janvier 2017, celle-ci avait renvoyé les six personnes poursuivies en correctionnelle, décision confirmée mardi par la Cour de cassation.
L’un des trois volets judiciaires de l’affaire Karachi
Dans son arrêt, la haute juridiction a également déclaré recevable la constitution de parties civiles des familles des victimes de l’attentat du 8 mai 2002, qui avait fait 15 morts, dont 11 ouvriers français de la Direction des constructions navales (DCN). Cet attentat pourrait être lié à la fin du versement par la France de rétrocommissions à des responsables pakistanais. C’est en enquêtant dessus que la justice a mis à jour les soupçons de financement occulte.
Outre le volet financier et le volet terroriste, il existe un volet ministériel de l’affaire, car les cas d’Edouard Balladur et de François Léotard, alors respectivement Premier ministre et ministre de la Défense, relèvent de la Cour de justice de la République. En mai, on avait appris la mise en examen d’Edouard Balladur.
Affaire Karachi : le parquet veut un procès pour Edouard Balladur et François Léotard
La commission de l’instruction de la Cour de justice de la République doit maintenant décider de juger ou non les deux hommes pour leur responsabilité dans le possible financement occulte de la campagne présidentielle de 1995.
Le Monde avec AFP Publié hier à 20h41, mis à jour à 10h34
Temps de Lecture 2 min.
Le procureur général, François Molins, a requis mi-juillet le renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR) de l’ancien premier ministre, Edouard Balladur, et de son ex-ministre François Léotard dans le volet financier de l’affaire Karachi, a appris l’Agence France-Presse (AFP) vendredi 20 septembre de source judiciaire, confirmant une information de L’Express.
Dans son réquisitoire du 12 juillet, le procureur général, François Molins, demande qu’ils soient jugés pour « complicité d’abus de bien sociaux » ainsi que, concernant M. Balladur, pour « recel » de ce délit, a précisé une source judiciaire.
Les deux hommes sont soupçonnés d’être impliqués dans un possible système de rétrocommissions – illégales – sur des ventes de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie saoudite (Sawari II), lorsqu’ils étaient au gouvernement entre 1993 et 1995. Ces rétrocommissions, estimées à quelque 13 millions de francs (près de 2 millions d’euros), auraient pu servir en partie à financer la campagne de M. Balladur.
Dans cette affaire, six autres protagonistes, dont Thierry Gaubert (ex-membre du cabinet du ministre du budget de l’époque, Nicolas Sarkozy) et Nicolas Bazire, alors directeur de la campagne balladurienne, ainsi que l’intermédiaire controversé Ziad Takieddine, doivent être jugés devant le tribunal correctionnel de Paris du 7 au 31 octobre.
Les cas des deux ministres avaient été disjoints en 2014 et confiés à la CJR, seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. Contestée, son existence pourrait être remise en cause dans une prochaine réforme constitutionnelle.
Rétrocommissions
Les soupçons sur ces rétrocommissions étaient apparus au cours de l’enquête sur l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 au Pakistan. L’attentat avait fait quinze morts, dont onze employés français de la Direction des chantiers navals (ex-DCN), et blessé douze autres. Tous travaillaient à la construction d’un des trois sous-marins Agosta vendus à ce pays sous le gouvernement Balladur (1993-1995).
Toujours en cours, l’enquête antiterroriste avait initialement privilégié la piste d’Al-Qaida. Mais, depuis 2009, elle a surtout exploré la thèse – non confirmée à ce jour – de représailles à une décision prise par Jacques Chirac, tombeur de M. Balladur à la présidentielle : après sa victoire, le nouveau président avait en effet ordonné d’arrêter le versement de toutes les commissions dans ces contrats.
Une plainte des familles des victimes de l’attaque avait entraîné l’ouverture en 2011 du volet financier de cette affaire tentaculaire, qui a débouché d’une part sur le procès prévu en octobre et, de l’autre, sur cette procédure devant la CJR. M. Balladur et M. Léotard y sont mis en examen depuis 2017.
D’après l’enquête, un trio d’intermédiaires (Ali Ben Moussalem, Abdul Rahman Al-Assir, Ziad Takieddine) surnommé « réseau K » aurait été imposé tardivement dans les contrats d’armement, afin d’enrichir ses membres et de financer la campagne balladurienne.
Edouard Balladur plaide l’ignorance
Entendu à cinq reprises, plus de vingt ans après les faits, Edouard Balladur a parfois semblé se défausser sur ses collaborateurs. Les soupçons se sont aussi focalisés sur les dix millions de francs arrivés sur son compte de campagne après sa défaite au premier tour.
La concomitance entre ces dépôts et des voyages de M. Takieddine à Genève avaient intrigué. Après des tergiversations, l’intermédiaire avait fini par affirmer avoir remis au printemps 1995 des espèces à M. Gaubert, sur demande de M. Bazire, ce que ces deux derniers nient.
François Léotard a, pour sa part, défendu l’« intervention décisive » des intermédiaires pour boucler les contrats, mais a dit tout ignorer d’un possible financement occulte.
Affaire Karachi : le parquet réclame un procès pour l’ex-Premier ministre Edouard Balladur
09h29 , le 21 septembre 2019, modifié à 09h33 , le 21 septembre 2019
- Par
- Aude Le Gentil
L’ancien Premier ministre Edouard Balladur et son ministre de la Défense François Léotard sont menacés d’un procès devant la Cour de justice de la République dans l’affaire Karachi, 25 ans après les faits.
L’ancien Premier ministre Edouard Balladur pourrait-il bientôt s’asseoir sur le banc des prévenus, à 90 ans passés? La perspective d’un procès se renforce pour l’ancien chef du gouvernement sous la présidence de François Mitterrand. Mi-juillet, le parquet a requis son renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR). François Léotard, son ancien ministre de la Défense, 77 ans aujourd’hui, est aussi concerné. Mis en examen en 2017, tous deux sont soupçonnés d’être impliqués dans l’affaire Karachi et d’avoir participé à un système de financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur de 1995.
Lire aussi - L’affaire Karachi en procès
Selon des informations de L’Express confirmées par l’AFP, le procureur général François Molins demande, dans son réquisitoire du 12 juillet, que les deux hommes soient jugés pour « complicité d’abus de biens sociaux » et, pour Edouard Balladur, pour « recel » de ce délit. Le dossier avait été transmis à la Cour de cassation en mai, pour que François Molins prenne ses réquisitions. Désormais, c’est la commission de l’instruction de la Cour de justice de la République qui devra trancher pour ou contre la tenue d’un procès dans les prochains mois.
Des rétrocommissions sur la vente de sous-marins au Pakistan
L’affaire Karachi, c’est une affaire politico-financière aux ramifications tentaculaires. Tout commence le 8 mai 2002, avec l’attentat de Karachi, au Pakistan. 15 personnes y perdent la vie, dont 12 Français, employés de la Direction des chantiers navals (ex-DCN). 12 autres français sont blessés. Tous travaillaient à la construction de trois sous-marins Agosta vendus au Pakistan sous le gouvernement Balladur. A l’époque, les enquêteurs français s’orientent d’abord vers la piste du groupe terroriste Al-Qaïda. Mais, au fur et à mesure de leur recherche, ils en viennent à privilégier une autre thèse : celle de représailles, dans un système de financement occulte.
Edouard Balladur et François Léotard sont soupçonnés de s’être compromis dans un système de financement illégal de campagne électorale. Lorsqu’ils étaient membres du gouvernement, de 1993 à 1995, des rétrocommissions illégales auraient été versées sur des ventes de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie Saoudite. Estimées à environ 13 millions de francs (soit près de 2 millions d’euros), elles auraient pu servir à financer une partie de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.
Les juges craignent que cette affaire n’ait eu un dénouement dramatique avec l’attentat de Karachi. Celui-ci pourrait avoir été commandité en représailles d’une décision de Jacques Chirac. Car, une fois élu Président en 1995, ce dernier avait ordonné d’arrêter le versement de toute commission dans ce type de contrats.
Un procès en octobre pour les autres protagonistes de l’affaire
Vingt-cinq ans après les faits prétendus et au bout d’une longue procédure judiciaire, Edouard Balladur et François Léotard pourraient comparaître devant la justice. Leur cas avait été confié à la Cour de justice de la République, seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. Tous deux assurent ne pas avoir eu connaissance d’un possible système de financement occulte.
Six autres protagonistes doivent bientôt être jugés devant le tribunal correctionnel de Paris. Parmi eux, Ziad Takieddine, intermédiaire controversé, Thierry Gaubert, ex-membre du cabinet de Nicolas Sarkozy (ministre du Budget à l’époque) et Nicolas Bazire, directeur de la campagne d’Edouard Balladur. Le procès est prévu du 7 au 31 octobre.
(Avec AFP)