Georges Tron
Georges Tron, né le 1er août 1957 à Neuilly-sur-Seine, est un homme politique français.
Membre du RPR, de l’UMP puis de LR, il est maire de Draveil (Essonne) depuis 1995, député de l’Essonne entre 1993 et 2012 et secrétaire d’État chargé de la Fonction publique de 2010 à 2011.
Accusé d’agressions sexuelles et de viols par deux anciennes employées de sa commune, il quitte le gouvernement Fillon. Il est acquitté en première instance en 2018, mais reconnu coupable en appel en 2021 pour les accusations d’une des plaignantes : condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, assortis d’une peine d’inéligibilité de six ans, il est incarcéré.
Situation personnelle
Famille et vie privée
Né à Neuilly-sur-Seine, il est le fils de Claude Tron et Monique Gas.
Il est marié à Albane Jourdain de Thieulloy, présidente de la Société des amis du patrimoine draveillois, avec qui il a trois filles1.
Formation
Il fait ses études secondaires au lycée Saint-Louis de Gonzague à Paris (promotion 1975)2, puis des études en droit public sanctionnées par une maîtrise3.
Carrière professionnelle
Embauché en 1982 comme chargé de mission au Conseil de Paris, il travaille auprès de Roger Romani, de Jacques Chirac, puis Édouard Balladur4. Il quitte la mairie de Paris quand ce dernier, nommé ministre de l’Économie, des Finances et des Privatisations, l’appelle à son cabinet, toujours en qualité de chargé de mission. En 1988, siégeant comme député de Paris, Édouard Balladur le choisit pour être son chef de cabinet durant la législature, puis comme conseiller lorsqu’il devient Premier ministre, en 19933.
Directeur de campagne d’Édouard Balladur pour l’élection présidentielle de 1995, il organise notamment pour celui-ci une opération de communication : après que son hélicoptère se fut posé près de Barbentane (Bouches-du-Rhône), le Premier ministre, perdu en rase campagne, est pris en stop, pour rejoindre son meeting, par une automobiliste qui se révèlera être une cousine de Georges Tron5.
En 2009, il s’inscrit au barreau de Paris6.
Parcours politique
Débuts
Georges Tron se présente aux municipales de 1989 sur la liste de Gilles de Robien, qui emporte la mairie d’Amiens. Élu conseiller municipal, il démissionne en cours de mandat7.
En 1992, il s’implante politiquement en Essonne à la demande du président RPR du conseil général, Xavier Dugoin4.
Député et maire de Draveil
Le 28 mars 1993, il est élu député dans la 9e circonscription de l’Essonne face au socialiste sortant, Thierry Mandon8.
Il préside l’Union des jeunes pour le progrès (UJP), mouvement des jeunes gaullistes, en 1993, puis est mis à l’écart des instances du RPR après la défaite d’Édouard Balladur. Il est ensuite membre fondateur de l’Union en mouvement (UEM), qui préfigure la création de l’UMP9.
Lors des élections municipales de 1995 à Draveil, la liste qu’il conduit devance, dans une triangulaire, celle du maire divers droite sortant, Jean Tournier-Lasserve. Dans la ville voisine, Ris-Orangis, Thierry Mandon prend la mairie. L’opposition entre les deux hommes fait la une des médias nationaux quand Libération dévoile qu’une collaboratrice de Georges Tron a tenté d’encourager l’émeute des jeunes Rissois8. Georges Tron est réélu maire en 2001 et 200810,11. Il préside la Communauté d’agglomération Sénart Val de Seine depuis 20033.
Les deux adversaires se retrouvent lors de la législative de 1997, dont Georges Tron sort vainqueur, le 1er juin 1997, avec 717 voix d’écart. Il est réélu le 17 juin 2002 avec 55,8 % des voix au second tour. Il est membre du groupe UMP12. Lors des Émeutes de 2005 dans les banlieues, il prône et applique dans sa commune la suppression des allocations familiales pour les parents d’enfants délinquants8.
Secrétaire général adjoint chargé des élections de 2002 à 2005 à l’UMP, il est considéré ensuite dans son parti comme « villepiniste » (proche de l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin), s’opposant régulièrement à la politique de Nicolas Sarkozy3,6.
Secrétaire d’État à la Fonction publique
Secrétaire national chargé de la fonction publique à l’UMP depuis 20053, il est nommé, le 22 mars 2010, secrétaire d’État à la Fonction publique (poste laissé vacant depuis juin 2009)13 dans le gouvernement François Fillon II, sous la tutelle d’Éric Woerth, ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique. Cette nomination est analysée comme un moyen d’affaiblir Dominique de Villepin8, lui y voyant un « geste d’apaisement »9.
Ses premiers jours au ministère sont marqués par la révélation, par Le Canard enchaîné, du fait qu’il occupe toujours en 2010, dans le 15e arrondissement de Paris, un logement social de 118 m2, obtenu en 1992 sur le contingent de la mairie de Paris14.
Au sein du gouvernement, Georges Tron est chargé de préparer la réforme des retraites dans la fonction publique15. Aux côtés d’Éric Woerth, il applique le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qu’il avait avancé en 2005, mais déclare en mars 2011 que ce mécanisme devra cesser en 2012. Son successeur François Sauvadet continuera de l’appliquer, tout en regrettant que le faible volume des départs en retraite ne permette plus de réduire, autant qu’il le juge nécessaire, les effectifs de la fonction publique16. Il mène la réforme des retraites et négocie avec les syndicats un accord sur la précarité des non-titulaires de la fonction publique8.
Le 29 mai 2011, alors qu’il est accusé de viols, il est contraint de démissionner du gouvernement à la demande de François Fillon17.
Après son départ du gouvernement
Il retrouve automatiquement son siège de député le 30 juin 2011, un mois après sa démission du gouvernement. Le même jour, le bureau de l’Assemblée nationale lève son immunité parlementaire18. Affaibli par les accusations de viol à son encontre, il est battu aux élections législatives de 2012 par le socialiste Thierry Mandon, qui obtient 56,75 % des suffrages19,20.
En 2014, sa liste rassemble 57,5 % des suffrages au premier tour de l’élection municipale de Draveil, ce qui lui permet de conserver son fauteuil de maire.
Il est candidat dans le canton de Draveil lors des élections départementales de 2015, qu’il gagne. Pressenti pour prendre la tête du conseil départemental, il est battu par François Durovray lors d’une primaire interne21. Georges Tron choisit néanmoins de se présenter à la présidence du conseil départemental, malgré un engagement antérieur à respecter les résultats de la primaire22. Dans la foulée, il démissionne de la présidence de la fédération UMP de l’Essonne23. Le jour de l’élection du président, il retire finalement sa candidature24.
En juin 2016, il est investi par Les Républicains comme candidat aux élections législatives de 2017 dans la 9e circonscription de l’Essonne25. Le fait qu’il soit parallèlement mis en examen pour l’affaire de viol suscite une polémique au sein du parti26. Invoquant le non-cumul des mandats, il renonce finalement à se présenter27.
Il est réélu maire en 2020, après que sa liste a obtenu 64,6 % des suffrages au premier tour des élections municipales28.
Affaire judiciaire
Adepte de réflexologie plantaire, Georges Tron est accusé en mai 2011, en pleine affaire Dominique Strauss-Kahn, de viols et d’agressions sexuelles : deux anciennes employées de Draveil (Virginie Ettel et Éva Loubrieu) déposent plainte en affirmant qu’il a profité — en compagnie de son adjointe à la culture, Brigitte Gruel — des séances de massage de pieds qu’il leur prodiguait pour leur imposer des rapports sexuels (attouchements et pénétrations digitales)29,19,30. Georges Tron se défend en arguant d’un complot organisé par des membres locaux du Front national (dont Philippe Olivier) sur fond de spéculation immobilière à Draveil19,6,31,32.
Le 22 juin 2011, il est mis en examen pour « viols et agressions sexuelles en réunion et par personne ayant autorité », et placé sous contrôle judiciaire33,34. Les plaignantes sont menacées à plusieurs reprises35. Le 10 décembre 2013, les juges d’instruction prononcent un non-lieu en sa faveur, conformément aux réquisitions du parquet d’Évry19,36. Mais ce non-lieu est infirmé le 15 décembre 2014 par la cour d’appel de Paris, qui renvoie les accusés devant les assises37. En avril 2015, la cour de cassation refuse d’invalider la décision de la cour d’appel de Paris38.
À partir du 12 décembre 2017, Georges Tron comparaît pour « viols et agressions sexuelles en réunion » devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, aux côtés de Brigitte Gruel39,40. Il est défendu par Éric Dupond-Moretti et son associé Antoine Vey. Pendant le procès, alors qu’il continue à clamer son innocence, il est dépeint comme autoritaire et séducteur, quatre de ses collaboratrices — outre les deux plaignantes — reconnaissant avoir eu des relations sexuelles avec lui41,42,43. Alors que six ans de prison et cinq ans d’inéligibilité sont requis à son encontre, il est acquitté le 15 novembre 201844,45. Si la cour d’assises reconnaît que Georges Tron et Brigitte Gruel ont bien « participé à des ébats sexuels en présence de tiers dans un climat général hypersexualisé », elle note qu’il « n’a jamais été rapporté la preuve d’une contrainte »46. Le parquet général de Paris fait appel de cette décision47.
À la suite de l’appel interjeté par le parquet, un nouveau procès se tient au début de l’année 2021, devant la cour d’assises de Paris. Le 17 février, après onze heures de délibéré, la juridiction le reconnaît coupable de « viol » et d’« agressions sexuelles » sur l’une des deux plaignantes, Virginie Ettel, mais l’acquitte concernant les accusations de l’autre, Eva Loubrieu48. Il est condamné à cinq ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, assortis d’une peine d’inéligibilité de six ans et d’une inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles49. Cette décision valant mandat de dépôt, il est placé en détention à la Prison de la Santé, à Paris50,51.
Détail des mandats et fonctions
Notes et références