Affaire Takieddine : des journalistes mis en examen pour subornation de témoin 11 juin
Dès décembre dernier, un des journalistes de Médiapart informe François de Labarre de l’ouverture de l’information judiciaire pour subordination de témoins ayant débouché sur sa garde à vue.
Aux enquêteurs il déclare :
«… Madame la juge, comprenez mes réticences à parler si tout ce que je dis finit chez Mediapart…»
Ouarf ! Pareil pour moi… Tout ce que je peux dire aux juges bretons finit immanquablement chez leur Dieu vivant le malade mental et pédophile notoire Pascal Edouard Cyprien Luraghi, et ils en réclament toujours plus, n’ayant semble-t-il toujours pas identifié l’intégralité des témoins de ma vraie vie… Vous savez, tous ces hommes très intelligents que tout au long de mon existence j’aurais soi-disant manipulés contre cette bonne et brave Josette Brenterch du NPA de Brest qui n’a toujours pas fini de s’en venger et cherche encore à en faire assassiner…
Du coup, je manifeste quelques réticences qui déplaisent très fortement…
Soupçons de financement libyen : « Mimi » Marchand et un journaliste de « Paris Match » en garde à vue pour « subornation de témoin »
A l’origine de ces gardes à vue, un entretien accordé en novembre dernier par Ziad Takieddine au journaliste de « Paris Match » dans lequel il dédouanait Nicolas Sarkozy des soupçons de financement libyen pesant sur sa campagne de 2007.
Michèle « Mimi » Marchand, la patronne de l’agence photo Bestimage, a été placée jeudi 3 juin en garde à vue pour « subornation de témoin » dans l’affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a appris France Télévisions de source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart.
Un journaliste de Paris Match a également été placé en garde à vue pour « subornation de témoin » et »association de malfaiteurs », et son appartement a été perquisitionné dans le cadre de la même affaire, a annoncé l’hebdomadaire qui l’emploie. Ces gardes à vue sont menées à Nanterre, à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).
« Ils ont déformé mes propos »
A l’origine de ces gardes à vue, un entretien accordé en novembre dernier par l’homme d’affaires Ziad Takieddine au journaliste de Paris Match, qui s’était rendu au Liban avec un photographe de Bestimage, selon les sources de France Télévisions.
Dans cet entretien, qui avait également fait l’objet d’une diffusion vidéo sur BFMTV, Ziad Takieddine avait retiré ses accusations contre Nicolas Sarkozy, ce dont l’ancien chef de l’Etat et ses soutiens s’étaient immédiatement félicités. Mais, deux mois plus tard, interrogé le 14 avril à Beyrouth par les juges d’instruction Aude Buresi et Marc Sommerer chargés du tentaculaire dossier libyen, Ziad Takieddine avait déclaré qu’il ne « confirm[ait] pas les propos » de l’entretien à Paris Match, « qui ont été mal tournés par le journaliste ». »‘Paris Match’ appartient à un ami de Sarkozy, ils ont déformé mes propos », avait-il soutenu, dans cet interrogatoire dévoilé par l’AFP.
Sollicité, le parquet national financier a répondu ne pouvoir « communiquer aucune information à ce stade ». L’avocate de Mimi Marchand, Caroline Toby, n’a pas non plus souhaité commenter l’information.
Financement libyen: Mimi Marchand, figure de la presse people, mise en examen
AFP, publié le samedi 05 juin 2021 à 17h45
Mimi Marchand, célèbre figure de la presse people, a été mise en examen samedi pour « subornation de témoin » sur l’intermédiaire sulfureux Ziad Takieddine, dans un nouveau volet de l’affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Au terme de deux jours de garde à vue, la patronne de l’agence de paparazzi BestImage, Michèle Marchand, a été présentée samedi à un juge d’instruction parisien, qui l’a également mise en examen pour « association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée » et placée sous contrôle judiciaire, a indiqué à l’AFP son avocate, Me Caroline Toby.
« Elle conteste fermement les faits reprochés », a souligné cette dernière.
Surnommée « Mimi », cette figure haute en couleurs de la presse people, devenue proche du couple Macron, avait été placée en garde à vue jeudi à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), dans une enquête ouverte à la suite d’un entretien accordé en novembre dernier par Ziad Takieddine à un journaliste de l’hebdomadaire Paris Match, qui s’était rendu au Liban avec un photographe de BestImage.
Dans cette interview, Ziad Takieddine avait retiré ses déclarations contre Nicolas Sarkozy, alors qu’il l’accusait depuis des années d’avoir touché de l’argent pour sa campagne présidentielle de 2007 de la part du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
L’intermédiaire franco-libanais, en fuite au Liban depuis sa condamnation en juin 2020 à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de l’affaire Karachi, avait aussi parlé brièvement à BFMTV depuis Beyrouth.
« La vérité éclate », avait immédiatement triomphé l’ancien chef de l’Etat.
Ces déclarations avaient amené le procureur national financier Jean-François Bohnert à souligner que les mises en examen de Nicolas Sarkozy dans cette enquête ne s’appuyaient pas seulement sur les déclarations de M. Takieddine.
- Mouvements de fonds suspects -
Deux mois plus tard, interrogé le 14 janvier à Beyrouth par les juges d’instruction Aude Buresi et Marc Sommerer, chargés du dossier libyen, l’intermédiaire, connu pour sa versatilité, avait déclaré qu’il ne confirmait « pas les propos » de l’entretien, prétendant qu’ils avaient été « déformés » par Paris Match, qui « appartient à un ami de Sarkozy ».
L’hebdomadaire est la propriété du groupe Lagardère, dont Nicolas Sarkozy est membre du conseil de surveillance.
M. Takieddine était donc revenu à sa première version, selon laquelle la campagne présidentielle 2007 de M. Sarkozy avait reçu l’apport de fonds libyens. Tout en insistant sur le fait que lui n’y était pour rien.
L’entretien à Paris Match avait été publié peu après son incarcération au Liban dans le cadre d’une procédure judiciaire engagée contre lui. Le quotidien Libération avait évoqué en mars des mouvements de fonds suspects, évoquant de possibles tractations en marge de l’interview.
Mimi Marchand « a agi en qualité de journaliste qui a eu l’exclusivité de cette interview de M. Takieddine », a déclaré samedi Me Caroline Toby. « Elle n’a fait qu’organiser les photos et l’interview, dans le périmètre de son métier », a-t-elle expliqué.
Cinq autres personnes avaient également été placées en garde à vue jeudi dans cette information judiciaire ouverte le 7 mai, après près d’un mois d’enquête préliminaire, a indiqué samedi le parquet national financier dans un communiqué.
Le journaliste de Paris Match, François de Labarre, avait été libéré dans la soirée, sans poursuite à ce stade.
Les quatre autres ont aussi été mises en examen samedi, selon le PNF.
Parmi elles, le publicitaire Arnaud de la Villesbrunne, ancien directeur de l’agence Publicis. « Mon client a à peine compris les termes de sa mise en examen tant il se sent étranger à tout cela, et il s’en expliquera plus tard devant les juges », a déclaré à l’AFP son avocat, Me Eric Morain.
L’homme d’affaires Pierre Reynaud et Noël Dubus, un homme déjà condamné pour escroquerie, figurent aussi parmi les personnes poursuivies.
Selon Le Parisien, Noël Dubus, qui s’est rendu à deux reprises à Beyrouth pour y rencontrer M. Takieddine avant sa rétractation, aurait bénéficié de versements suspects, via M. Villesbrunne, qui était un des prestataires de la campagne présidentielle de M. Sarkozy.
Selon le quotidien Libération, l’homme d’affaire Pierre Reynaud aurait, quant à lui, avancé à M. Dubus des fonds à remettre à M. Takieddine.
https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Affaire-Takieddine-la-justice-attaque-Paris-Match-1741810
Affaire Takieddine: la justice attaque Paris Match
Paris Match | Publié le 10/06/2021 à 06h45
Mettre un journaliste en garde à vue pour avoir accès à son ordinateur, à son mobile et à ses notes, est-ce la nouvelle procédure du Parquet national financier ?
Soupçonné de « subornation de témoin » dans l’affaire du possible financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, François de Labarre a été interpellé à son domicile dans le but, à demi avoué par les enquêteurs et les juges, de récolter des informations protégées sur ses sources et son activité. Relâché sans condition après quelques heures d’un interrogatoire décousu, François est sorti libre à 22 heures. Il raconte…
Lire aussi :Affaire Takieddine: notre colère, nos réponses
Extraits :
«… J’ai deux options : soit mon appartement est retourné, soit je leur remets Smartphone et ordinateur avec les codes …»
«… Tous les messages contenant les mots « Beyrouth », « Liban », « Nicolas Sarkozy », « notaire », « sommation » sont passés au crible …»
Dès décembre dernier, un des journalistes de Médiapart informe François de Labarre de l’ouverture de l’information judiciaire pour subordination de témoins ayant débouché sur sa garde à vue.
Aux enquêteurs il déclare :
«… Madame la juge, comprenez mes réticences à parler si tout ce que je dis finit chez Mediapart…»
Lire aussi :Exclusif : l’insaisissable Ziad Takieddine
Retrouvez l’intégralité du récit de notre journaliste dans le numéro 3762 de Paris Match, en vente jeudi.
https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Affaire-Takieddine-notre-colere-nos-reponses-1741717
Affaire Takieddine: notre colère, nos réponses
Paris Match | Publié le 09/06/2021 à 12h40 |Mis à jour le 09/06/2021 à 14h08
L’éditorial d’Hervé Gattegno, directeur général de la rédaction de Paris Match.
Quel crime avons-nous bien pu commettre pour être traités de la sorte ? La semaine dernière, un journaliste de notre rédaction, François de Labarre, a vu surgir chez lui à l’aube une escouade de policiers sous la conduite de deux juges – on voudrait en rire : l’un d’eux portait un gilet pare-balles. Ils ont fouillé son appartement devant son fi ls de 8 ans, l’ont emmené, placé en garde à vue jusqu’au soir, assailli de questions. Il est ressorti libre, c’était bien le moins ; mais voilà notre journal flétri par le soupçon. L’enquête est ouverte pour « subornation de témoin » et « association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée », excusez du peu. Et les investigations, nous prévient-on, ne font que commencer. Paris Match n’est l’objet d’aucune poursuite « à ce stade », indiquent certains confrères empressés. Diable. Le motif, le voici : une interview publiée en novembre 2020 qui a fait bondir le très susceptible Parquet national financier. L’homme d’affaires Ziad Takieddine, que notre reportage débusquait à Beyrouth (où il a fui sans encombre pour échapper à la prison), y rétractait l’accusation la plus lourde portée contre Nicolas Sarkozy dans l’abracadabrantesque affaire dite du « financement libyen » : après s’être longtemps présenté comme le porteur de valises, Takieddine affirmait n’avoir rien porté du tout – il l’a d’ailleurs répété le même jour dans une vidéo diffusée par BFMTV, puis confi rmé et même plus dans un document tamponné devant notaire un mois plus tard.
Lire aussi :Exclusif : l’insaisissable Ziad Takieddine
On comprend que les juges aient vu rouge : contrairement à nous, voilà des années qu’ils se fondent sur les propos dudit intermédiaire, expert en virements et en revirements, s’égarant derrière lui dans un dédale d’assertions contradictoires, mais sélectionnant entre ses ellipses, ses fluctuations et ses invraisemblances celles qui leur conviennent le mieux. Autrement circonspect, notre article du 12 novembre prenait ce énième virage avec des pincettes ignifugées (le texte est accessible sur notre site, vérifiez par vous-mêmes). « Fuyant comme un agent double, changeant comme un caméléon, Takieddine a retrouvé sa liberté mais pas son crédit », écrivions-nous. Drôle de subornation de (faux) témoin : l’aurions-nous circonvenu pour mieux mettre sa parole en doute ? Dans les pages qui suivent, François de Labarre raconte cette étrange journée où il a passé des heures dans une cage pour avoir fait son métier. Il le fait sans pathos et même avec humour – à Match, nous avons l’expérience des reportages périlleux. De fait, tout cela serait risible si, dans leur zèle, nos fi ns limiers ne foulaient d’un même pied le bon sens et les principes. Le bon sens : parler de « subornation », c’est décréter que Takieddine dit vrai quand il accuse Sarkozy et ment quand il l’innocente ; c’est donc postuler que ce dernier a reçu de l’argent – mais voilà neuf ans que les juges eux-mêmes échouent à le prouver ! Les principes : si la loi protège nos enquêtes et nos sources, ce n’est pas pour couvrir les turpitudes des journalistes mais pour garantir le droit des citoyens à être informés. En démocratie, on n’enquête pas avec les moyens de l’État sur les journaux qui déplaisent, on n’arrête pas les journalistes dont les écrits dérangent ; la police ne fouille pas leurs ordinateurs ni ne surveille leurs téléphones. Disons-le ici avec force : Paris Match n’a commis aucun délit, soudoyé ni manipulé personne, participé à aucune manœuvre contraire à l’éthique.
Si d’autres que nous ont fauté, que la justice l’établisse – nous ne confondons pas, nous, les soupçons avec des preuves. En attendant, le scénario de cette enquête aux frontières de la déraison se dessine : notre scoop libanais aurait été de nature à « tromper les magistrats » – on le lit en toutes lettres dans la procédure. Ainsi, ces juges nous prêtent un grand pouvoir pour mieux abuser du leur. Il y a près d’un siècle, Albert Londres, qui donna au reportage ses lettres de noblesse, écrivait ceci : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle n’est pas de précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » On le mesure aujourd’hui : les plaies de l’époque, ce sont les jugements expéditifs bafouant la présomption d’innocence, les piloris numériques dont tout le monde s’accommode, une certaine presse d’investigation transformée en presse d’inquisition, des mensonges répétés mille fois pour supplanter les vérités, les errements d’une justice déboussolée, tantôt désinvolte et tantôt tyrannique ; toutes calamités qu’une information honnête et sans entrave contribue à réduire. À sa juste place et de toutes ses forces – celles que nous donne chaque semaine votre confiance –, Paris Match mène le combat pour un journalisme indépendant et de qualité, quitte à se faire des ennemis. Nous ne nous laisserons pas intimider ni salir sans réagir. À la volonté de déformer, nous opposerons encore, toujours, la liberté d’informer