De la motivation des attentats terroristes d’Action Directe 26 janvier
Elle est connue depuis longtemps, notamment grâce aux travaux de la journaliste Dominique Lorentz.
On rappelle que depuis sa libération, Jean-Marc Rouillan a rejoint le NPA ou ancienne LCR, organisation mère de son groupe terroriste des années 1980.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_nucl%C3%A9aire_de_l%27Iran
Extraits :
Programme nucléaire de l’Iran
Le programme nucléaire iranien a été lancé par le Chah d’Iran dans les années 1950 avec l’aide des États-Unis, puis de l’Europe. Après la révolution iranienne en 1979, le programme a été temporairement arrêté. Il fut rapidement remis en route, mais avec l’assistance de la Russie, à la suite de la guerre Iran-Irak1.
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Après la révolution iranienne de 1979
Après la révolution iranienne, l’Iran a informé l’AIEA de ses projets de reprendre son programme nucléaire, en utilisant du combustible nucléaire enrichi en Iran. En 1983, l’AIEA a même planifié de fournir de l’assistance à l’Iran dans le cadre d’un programme d’assistance technique. Un rapport de l’AIEA disait clairement que son but était de « contribuer à la formation d’une expertise locale et de la main d’œuvre nécessaire afin de soutenir un ambitieux programme dans le champ de la technologie des réacteurs nucléaires et du cycle du combustible ». Cependant, l’AIEA a été forcée de terminer ce programme sous la pression américaine9. La révolution iranienne a marqué un point décisif en termes de coopération avec l’étranger sur la technologie nucléaire.
Après 1979, une autre réaction à la révolution iranienne fut le refus de la France de fournir de l’uranium enrichi à l’Iran. L’Iran n’a pas non plus pu cautionner son investissement dans Eurodif, un consortium international fondé en 1973 par la France, la Belgique, l’Espagne et la Suède. En 1975, la part suédoise de 10 % dans Eurodif était parvenue à l’Iran à la suite du désistement de la Suède et d’un accord entre la France et l’Iran. La société française nationalisée Cogéma et le gouvernement iranien ont alors fondé la Sofidif (Société franco-iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant respectivement 60 % et 40 % des parts. En retour, la Sofidif a acquis une part de 25 % dans Eurodif, ce qui donnait à l’Iran sa part de 10 % dans Eurodif. Reza Shah Pahlavi a prêté un milliard de dollars US (et encore 180 millions de US$ en 1977) pour la construction de l’usine Eurodif, afin d’avoir le droit d’acheter 10 % de la production d’uranium enrichi du site.
Les États-Unis étaient aussi rémunérés pour livrer du combustible nucléaire à l’Iran en accord avec un contrat signé avant la révolution. Les États-Unis n’ont livré ni le combustible, ni rendu les milliards de dollars de paiement qu’ils avaient déjà reçus. L’Allemagne fut aussi rétribuée par des milliards de dollars pour les deux installations nucléaires de Bushehr, mais après trois décennies, l’Allemagne a refusé à la fois d’exporter les équipements nécessaires et de rendre l’argent10. En conséquence, le gouvernement de l’Iran a suspendu ses paiements et a essayé de renégocier le prêt en faisant pression sur la France, notamment en supportant des groupes de résistance arabe, dont le Hezbollah qui avait pris des citoyens français en otages dans les années 1980. Ce climat international tendu ainsi que la guerre entre l’Iran et l’Irak (septembre 1980-août 1988) font que le programme de coopération nucléaire sera largement gelé pendant la période de la guerre11. En 1982, le président François Mitterrand refusa de donner de l’uranium enrichi à l’Iran, qui réclamait aussi la dette d’un milliard de dollars. En 1986, Georges Besse, le manager d’Eurodif, fut assassiné ; la responsabilité de l’acte fut acceptée par Action directe. Cependant, ils ont nié toute responsabilité pendant leur procès. Dans leur enquête La République atomique, France-Iran le pacte nucléaire, David Carr-Brown et Dominique Lorentz ont insisté sur la responsabilité des services secrets iraniens. Plus important encore, ils ont montré comment l’affaire des otages français, ainsi que l’assassinat de Besse et l’attentat de la rue de Rennes du 17 septembre 1986, était liés au chantage iranien. Le chantage iranien s’est également exprimé lors de la série d’attentats en France en 1985-198612,13.
Finalement, un accord pour régler le contentieux Eurodif fut trouvé en 1991. Certaines de ses dispositions sont restées secrètes : la France a rendu plus de 1,6 milliard de dollars tandis que l’Iran dédommageait des entreprises françaises pour des contrats annulés. L’Iran est resté actionnaire d’Eurodif via la Sofidif, un consortium franco-iranien actionnaire à hauteur de 25 % d’Eurodif. Le 11 avril 2007, le Ministère des Affaires étrangères a réaffirmé l’actionnariat de l’Iran à Eurodif, tout en affirmant que selon les termes de l’accord de 1991, l’Iran n’a aucun droit à enlever de l’uranium enrichi ni d’accès aux technologies du nucléaire, mais seulement aux gains financiers qui résultent de sa présence dans le consortium14. Mais, en raison de la Résolution 1737 du Conseil de sécurité des Nations unies (23 décembre 2006), qui gèle les avoirs de l’Organisation Iranienne à l’Énergie Atomique, les fonds dus sont actuellement bloqués14.
Kraftwerk Union, la coentreprise de Siemens AG et d’AEG Telefunken qui avait signé un contrat avec l’Iran en 1975, s’est complètement retirée du projet de la centrale nucléaire de Bushehr en juillet 1979, après que le travail a été arrêté en janvier 1979, avec un réacteur à moitié fini et l’autre fini à 85 %. Ils ont dit qu’ils avaient basé leur action sur le non-paiement de sommes dues par l’Iran de 450 millions de dollars. La compagnie avait reçu 2,5 milliards du contrat total. Leur annulation a eu lieu après avoir la certitude que le gouvernement iranien terminerait unilatéralement le contrat d’eux-mêmes, suivant la révolution qui a paralysé l’économie de l’Iran et a mené à une crise dans les relations de l’Iran avec l’occident. La compagnie française Framatome, filiale de Areva, s’est elle aussi retirée.
En 1984, Kraftwerk Union a fait une déclaration préliminaire afin de voir si elle pourrait conclure le travail sur le projet, mais a finalement décliné de le faire tant que la guerre Iran-Irak continuait. En avril de cette même année, le département d’État américain a affirmé qu’il pensait « que cela prendrait au moins deux ou trois ans pour finir la construction des réacteurs à Bushehr ». Le porte-parole a aussi dit que les réacteurs à eau légère de Bushehr « sont particulièrement adaptés à un programme militaire » ; puis a continué en disant « De plus, nous n’avons pas de preuves de la construction d’autres installations iraniennes qui seraient nécessaires pour séparer le plutonium du combustible du réacteur utilisé ».
Les réacteurs de Bushehr ont ensuite été endommagés par les multiples frappes aériennes irakiennes entre le 24 mars 1984 et 1988; et le travail sur le programme nucléaire s’est arrêté. En 1990, l’Iran a commencé à chercher des partenaires pour son programme nucléaire. Cependant, à cause d’un climat politique complètement différent et des sanctions économiques américaines, peu de candidats existaient alors.
En 1991, le président argentin Carlos Menem, sous pression de Washington, met fin unilatéralement à la coopération nucléaire irano-argentine, entamé en 198315. Néanmoins, l’Argentine continue à fournir de l’uranium faiblement enrichi à l’Iran, qui attend 1996 avant de déclarer qu’il prendra des mesures légales pour rupture illégale de contrat15.
D’après la porte-parole de l’AIEA Melissa Fleming, les inspecteurs de l’AIEA ont visité les mines d’uranium iraniennes en 1992.
En 1995, l’Iran a signé un contrat avec la Russie afin de compléter le travail sur la centrale partiellement construite de Bushehr, installant dans le bâtiment existant Bushehr I un réacteur nucléaire de type VVER de 1000 MW. Il n’existe actuellement pas de projet pour finir le réacteur Bushehr II.
En 1996, les États-Unis ont essayé, sans succès, d’empêcher la Chine de vendre à l’Iran une usine d’enrichissement de l’uranium. La Chine a aussi fourni à l’Iran le gaz nécessaire pour tester le processus d’enrichissement de l’uranium.
Selon la journaliste D. Lorentz, l’Iran « a fait son entrée dans le club des puissances atomiques officieuses » à la suite des essais nucléaires pakistanais de 199816. Le président iranien, Mohammad Khatami, fut officiellement reçu à Paris en octobre 1999, immédiatement après la visite du chef d’État chinois Jiang Zemin. Khatami s’entretint avec le président Jacques Chirac, le premier ministre Lionel Jospin refusant de le recevoir17. Khatami déposa une gerbe sur les tombes de Pierre et Marie Curie, au Panthéon, le 26 octobre 1999, suscitant ce commentaire de Lorentz : « Leur potentiel atomique leur avait été fourni par la France. Mohammad Khatami l’avait habilement rappelé à ceux qui étaient tentés de l’oublier (…) Le message était limpide. Pourtant, aucun observateur ne se demanda pour quelle raison le Président Khatami avait tenu à honorer les pionniers français de l’atome. »17.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Action_directe
Extraits :
Action directe
Pour les articles homonymes, voir Action directe (homonymie).
Pour les articles homonymes, voir AD.
Ne doit pas être confondu avec Action directe (théorie politique).
Action directe | |
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Idéologie | Anarchisme – Antifascisme Anti-impérialisme – Autonomie – Marxisme-léninisme-maoïsme1 |
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Objectifs | Révolution prolétarienne |
Statut | Inactif |
Fondation | |
Date de formation | 1979 |
Pays d’origine | France |
Actions | |
Mode opératoire | attentats à la bombe, assassinats. |
Victimes (morts, blessés) | Au moins 12 morts et 26 blessés[réf. nécessaire] |
Zone d’opération | France |
Période d’activité | 1979-1987 |
Organisation | |
Membres | ~1802 |
Financement | Braquage |
Groupe relié | FRAP, Fraction armée rouge, Brigades rouges, Cellules communistes combattantes, NAPAP, GARI, Affiche rouge, Fraction armée révolutionnaire libanaise, CLODO, ETA, Prima Linea, GRAPO, COLP3 |
Répression | |
Nombre de prisonniers | 3 |
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Action directe (AD) est le nom d’un groupe terroriste communiste, issu de la lutte anti-franquiste et du mouvement autonome4,5.
Son existence se place dans le contexte de ce que l’on a appelé les « années de plomb », qui ont vu apparaître des mouvements tels que la Fraction armée rouge en Allemagne ou les Brigades rouges en Italie. Il emprunte son nom à la théorie anarchiste de l’« action directe ».
Ses membres ont revendiqué plus de 80 attentats ou assassinats sur le territoire français entre 1979 et 1987. Action directe est interdit pour apologie de la lutte armée par un décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement par l’effet de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées6. L’organisation est, depuis, officiellement considérée comme terroriste par les autorités françaises7,8. Les derniers militants de l’organisation ont été arrêtés en 1987, puis jugés et condamnés par une formation spéciale de la cour d’assises de Paris sous les chefs d’inculpation d’assassinat de l’industriel Georges Besse, de celui de l’ingénieur général de l’armement René Audran, de tentatives d’assassinat sur le contrôleur général des armées Henri Blandin et du vice-président du Conseil national du patronat français (CNPF) Guy Brana, et des attentats contre les locaux d’Interpol et ceux de l’Union de l’Europe occidentale9.
Selon le criminologue Jean-François Gayraud, l’organisation compta environ 200 sympathisants et militants sur huit ans d’existence10. Au plan international, Action directe mène notamment des actions avec les Cellules communistes combattantes (Belgique), la Fraction armée rouge (Allemagne), divers groupes armés italiens (Brigades rouges, communistes organisés pour la libération prolétarienne, Prima Linea), les Fractions armées révolutionnaires libanaises et des groupes marxistes turcs11.
Sommaire
- 1 Historique
- 1.1 Genèse et influences
- 1.2 Création et première période
- 1.3 Suspension des attentats
- 1.4 Reprise des « actions politico-militaires »
- 1.5 Entrée dans la clandestinité
- 1.6 Radicalisation
- 1.7 Arrestations
- 1.8 Suites judiciaires
- 1.9 Les ambiguïtés du pouvoir à l’égard d’Action directe
- 1.10 Incarcération et processus de libération
- 1.11 Connexions
- 2 Crimes et attentats
- 3 Évocation de réactivations possibles du groupe Action directe
- 4 Bibliographie
- 5 Notes et références
- 6 Annexes
Historique
Genèse et influences
Action directe est le résultat de la fusion des membres des GARI (Groupes d’action révolutionnaire internationalistes), des NAPAP (Noyaux armés pour l’autonomie populaire)12 et des Brigades internationales. Ces trois groupes appartiennent à la même famille de pensée que la Gauche prolétarienne (GP), mouvement maoïste dissous en 1974, qui prônait le recours à la violence comme arme politique. Les GARI ont été fondés en 1973 par des anarchistes espagnols anti-franquistes exilés en France, qui ont basculé dans la lutte armée l’année suivante, après la condamnation à mort et l’exécution de l’anarchiste catalan Salvador Puig i Antich. Jean-Marc Rouillan, Michel Camilleri, Mario Ines-Torres, Floréal Cuadrado, Raymond Delgado ont appartenu à ce groupe13. Les NAPAP, dont est issu Pascal Trillat forment un autre mouvement anarchiste, animé par Frédéric Oriach ; ce groupe s’est fait connaître en 1977 en revendiquant notamment l’assassinat de Jean-Antoine Tramoni, ancien vigile des usines Renault qui avait abattu cinq ans plus tôt le militant maoïste Pierre Overney. Les Brigades internationales ont organisé en 1976-1977 plusieurs attentats contre des diplomates étrangers en poste à Paris. Ces trois organisations ont suivi un cheminement idéologique similaire. Elles ont en commun le recours aux attentats à l’explosif, aux mitraillages d’édifices publics et de sièges de sociétés, aux assassinats dits politiques et aux attaques de banque comme moyen de financement. Elles coopèrent avec d’autres groupes armés européens (italiens, espagnols, allemands) et palestiniens. Elles s’apportent un appui logistique mutuel11. Leur rapprochement aboutit en 1977 à la création d’une « coordination politico-militaire interne au mouvement autonome en France ».
Cette coordination se transforme en 1979 en une « organisation de guérilla » qui commence à revendiquer ses attaques sous le nom d’Action directe14, expression empruntée à l’anarcho-syndicalisme du début du XXe siècle, mais avec laquelle la pratique d’Action Directe n’a rien à voir15. Rouillan explique que ce nom a été choisi au cours d’une réunion à laquelle participent notamment Nathalie Ménigon, Mario Ines Torres, Éric Moreau, Régis Schleicher, Gérard Derbesse et lui même. Pour eux, il signifie « Mouvement pour l’autonomie du prolétariat ». Selon Rouillan, « comme guérilla communiste, notre but essentiel était (…) d’élever la conscience critique dans le prolétariat occidental afin que, par ses propres forces, il puisse rompre la fausse unité à laquelle l’opportunisme le condamne16 ». Les attentats sont commis par le groupe au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste, contre les symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et la défense du prolétariat17. Pour s’alimenter en armes et explosifs, ils réalisent des vols et braquages.
Selon certaines sources, le groupe Action directe aurait pu être commandité, voire manipulé par un État étranger afin de commettre certains assassinats. C’est la thèse que soutiennent les journalistes Romain Icard et Dominique Lorentz18. Le nom de l’Iran, que le contentieux Eurodif opposait à la France, est souvent cité. Cette thèse, considérée comme vraisemblable par Gilles Ménage11 (ancien directeur de cabinet de François Mitterrand chargé des questions de renseignement, de police et de sécurité), se fonde notamment sur le fait que Georges Besse, assassiné par Action directe, avait été président d’Eurodif. Le juge Alain Marsaud indique d’autre part qu’au moment de leur arrestation, les responsables du groupe (Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani) projetaient d’enlever et de séquestrer le président d’Eurodif. Par ailleurs, l’ingénieur général René-Pierre Audran était responsable des contrats d’armement avec l’Irak, en guerre avec l’Iran depuis 1980. Il a supervisé en juillet 1984 une négociation avec l’Iran portant sur des ventes d’armes ; or celle-ci a été brutalement interrompue par le gouvernement français en septembre (Charles Villeneuve et Jean-Pierre Péret, Histoire secrète du terrorisme, Plon 1987). Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, se dit convaincu qu’Action directe a été commanditée pour certains assassinats ; il se fonde notamment sur la proximité de Mohand Hamami, militant du groupe, avec la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL)19.
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Suspension des attentats
En décembre, Action directe publie un communiqué indiquant qu’il suspend ses opérations violentes pendant la campagne présidentielle30,31. Un vol à main armée est cependant commis le 15 avril 1981 à l’agence BNP de la place des Ternes par un commando d’Action directe. Il donne lieu à plusieurs fusillades avec les forces de l’ordre. Un gardien de la paix est tué32.
Après l’élection de Mitterrand en 1981, le nouveau gouvernement joue l’apaisement et fait voter une loi d’amnistie qui remet en liberté Rouillan et dix-sept autres militants (sur 248 détenus libérés)33. Nathalie Ménigon, accusée de tentatives d’homicide contre agents de la force publique, doit normalement rester incarcérée. Elle entreprend une grève de la faim pour faire pression sur le juge d’instruction Guy Joly. L’action est soutenue par diverses manifestations dont certaines sont violentes et relayée par des soutiens politiques (Alain Krivine, Huguette Bouchardeau, l’amiral Antoine Sanguinetti…) et une partie de la presse de gauche et d’extrême gauche. Le juge la fait libérer pour « raisons médicales » le 17 septembre 198127. Ces libérations, ainsi que celles de membres d’autres groupes terroristes (Groupes anarchistes autonomes, Noyaux armés pour l’autonomie prolétarienne, indépendantistes basques, corses et bretons) suscitent le mécontentement des policiers ayant procédé à leur interpellation34[source insuffisante].
Action directe se fixe une ligne tactique consistant, selon Jean-Marc Rouillan, à « mettre à profit notre légalité pour conquérir le maximum de terrain et se renforcer jusqu’à être en mesure de reprendre notre projet révolutionnaire35 ». À partir de novembre 1981, Action directe participe à l’occupation d’ateliers clandestins dans le Sentier et de plusieurs immeubles à Barbès. Plus d’une centaine de familles immigrées, majoritairement turques, sont relogées dans des squats. Selon le commissaire Marcel Leclerc, l’objectif est de recruter de nouveaux militants parmi les immigrés. À cette occasion, Jean-Marc Rouillan et ses amis établissent des liens avec des mouvements extrémistes turcs qualifiés d’« extrêmement durs »36. De nombreux incidents et manifestations ponctuent cette campagne. Le 3 novembre, le brigadier de police Guy Hubert est tué lors d’un hold-up commis par un groupe d’Action directe dans une succursale du Crédit lyonnais, cours Vitton à Lyon37.
En décembre 1981, le journaliste Jean-Louis Baudet, qui est en relation avec les responsables d’Action directe, prend contact avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) lors d’une réunion organisée par Giovanni Senzani, l’un des leaders des Brigades rouges. Divers objectifs et moyens d’action sont étudiés en commun [réf. souhaitée] .
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En mars 1982 Jean-Marc Rouillan et ses amis rendent public un manifeste intitulé Pour un projet communiste. Selon Christophe Bourseiller, ce texte se réclame clairement d’une « idéologie communiste libertaire » « antiautoritaire, antiléniniste, et antistalinienne ». Le juge Bruguière qualifie la doctrine élaborée par Rouillan de « compromis entre le marxisme-léninisme et les thèses libertaires ». Elle serait largement inspirée des thèses des Brigades Rouges36. Il considère qu’Action directe « n’a guère de base idéologique » : dans un premier temps, le groupe revendique ses débuts anarchistes, puis tente de trouver des justifications théoriques à ses actions. Jean-François Gayraud est encore plus sévère : pour lui « la faiblesse quantitative (des textes publiés par Action directe) le dispute à l’indigence intellectuelle. Au mieux il s’agit d’une pâle adaptation des thèses léninistes, et au pire, dans d’autres occasions, Action directe se contentera, comme le fera remarquer charitablement Frédéric Oriach, de traduire dictionnaire en main les productions des Brigades Rouges et de la Fraction Armée Rouge »10. Les journalistes Bertrand Le Gendre et Edwy Plenel font état de nombreux témoignages allant dans le même sens : « il n’y avait, le plus souvent, aucun lien entre la théorie politique et leur pratique. La première servait seulement de couverture, de justification idéologique. D’emblée, l’aventure individuelle, sur fond le plus souvent d’origine sociale petite-bourgeoise, l’emporte sur la cohérence intellectuelle »43.
Reprise des « actions politico-militaires »
Action directe poursuit la lutte contre « l’impérialisme américain » et le sionisme.
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Entrée dans la clandestinité
À la fin du mois de mai et début juin 1982, une série d’attentats précède le sommet du G7 à Versailles et la venue en France de Ronald Reagan : attentat contre la Bank of America, l’école américaine de Saint-Cloud, le siège européen du FMI et de la Banque mondiale, etc.
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Parallèlement, Action directe développe la coopération avec les Allemands de la RAF et les Italiens des Brigades rouges et commet une série importante de vols à main armée avec des terroristes étrangers. Les cibles se trouvent le plus souvent dans le 17e arrondissement et dans le triangle Madeleine – Opéra – rue Lafayette. Selon Rouillan, l’espionnage des services de police par l’écoute des scanners et la surveillance des policiers prennent une place importante dans l’activité du groupe55. Les membres actifs se replient régulièrement en Belgique et jouent un rôle non négligeable au sein des Cellules communistes combattantes (CCC)56.
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Radicalisation
L’année 1984 marque un tournant pour le groupe58. Le 27 mars, le général de gendarmerie Guy Delfosse est tué par Maxime Frérot au cours d’un hold-up dans une succursale de la BNP, rue Victor-Hugo à Lyon. Il est atteint de plusieurs coups de revolver et achevé d’une balle dans la tête59. Le 12 mai, au cours d’un vol d’armes dans une caserne de l’armée belge à Vielsalm, le sous-officier Carl Fresches est abattu60. Selon Rouillan, c’est une équipe d’Action directe accompagnée de Belges des CCC qui a commis le cambriolage et le meurtre61.
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Évocation de réactivations possibles du groupe Action directe
En 2009, Julien Coupat et le groupe de Tarnac sont présentés par Michèle Alliot-Marie comme des « héritiers en puissance d’Action directe ». La ministre de l’Intérieur évoque le retour du terrorisme de « l’ultra gauche »130. Julien Coupat et ses proches sont accusés d’avoir placé des crochets pour bloquer la circulation de TGV et d’avoir écrit un livre « l’insurrection qui vient ». Non seulement les faits ne sont pas prouvés, mais au point de vue de l’idéologie les spécialistes jugent que « Julien Coupat n’a rien à voir avec Jean-Marc Rouillan »131.
En février 2011, six commissariats des Hauts-de-Seine reçoivent une lettre présentant « la réactivation d’Action directe ». Le tract annonce des actions contre la police dans la lignée du combat de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron. Même si l’on ne sait pas si la menace était réelle, elle a été prise au sérieux par la justice qui a saisi la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris dans les heures qui ont suivi132. Ces références régulières à Action directe montrent que le souvenir du mouvement et de ses attentats reste toujours présent dans la mémoire collective.