Je décline toute responsabilité quant aux mentions qui s'affichent dans les cinq lignes ci-dessus du pavé "Recherchez aussi" sur lequel je n'ai aucun contrôle.
Mes statistiques sont bloquées depuis le 2 février 2015.
7 février 2015
Mes statistiques sont de retour, tout fonctionne.
16 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 12 février.
22 février 2015
Mes statistiques "basiques" ont été débloquées hier soir après la publication de mon dernier article concernant NEMROD34. Belle reprise simultanée de l'activité du Chinois.
23 février 2015
Statistiques "basiques" toujours sujettes à blocages : le 21 février au soir, à peine étaient-elles débloquées, puis à nouveau hier, 22 février, à peine étaient-elles débloquées.
24 février 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Pas de nouveau pic d'activité du Chinois depuis le 21 février.
25 février 2015
Je n'ai pas mes statistiques "basiques" du jour, ça bloque encore... et Justinpetitcoucou est toujours bloqué depuis le 8 février... Faudrait penser à le débloquer, lui aussi, il y a du laisser-aller, là...
26 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blog débloquées. Merci pour Justin, il était temps !
27 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blogs de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt... Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
25 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 20 mars.
26 mars 2015
Merci de m'avoir débloqué mes statistiques "basiques". Encore une fois, je ne vois pas l'intérêt de ce petit jeu. Ce serait aussi bien de cesser de bloquer ces statistiques pour oublier de les débloquer jusqu'à ce que j'aie signalé le problème.
31 mars 2015
Merci de bien vouloir me débloquer les statistiques "basiques" de Justinpetitcoucou, restées bloquées depuis le 14 mars - cf. avis du 25 mars sur Justin.
2 avril 2015
Merci de m'avoir rendu les statistiques de Justin.
7 mai 2015
Je n'ai plus de statistiques depuis deux jours, ni "basiques" ni "avancées".
10 mai 2015
Retour des statistiques "basiques". Merci. Manquent encore les statistiques "avancées".
14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
3 octobre 2015
Depuis hier, les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro. Merci de me les rendre.
Je ne peux pas en faire le compte, je suis bien loin de tous les connaître.
Il faudrait ouvrir une liste publique, par exemple sur Wikipédia, ou mieux encore, une liste commune à de nombreux médias en faisant tous la publicité, où tous ceux qui en connaissent un peu pourraient inscrire des noms avec pour chacun d’eux quelques indications sur l’assassinat ou le décès suspect, ses circonstances et ses mobiles présumés en relation avec l’un de ces contrats.
On sait déjà qu’en 2004 plusieurs des protagonistes des négociations de 1994 sont morts dans des conditions étranges.
C’est le cas du dénommé Ali Ben Moussalem, en juin 2004.
De mon côté, je sais que j’étais encore très sérieusement menacée de mort au mois de juillet 2004, puisque de manière totalement inattendue, je m’étais retrouvée sous la protection d’un genre de milice spécialisée lors de mes déplacements parisiens après la parution le 8 juillet 2004 de l’article du Point ayant alors lancé en fanfare l’affaire dite Clearstream 2.
Je pense qu’il y en a encore à compter de 2010.
C’est le boulot du cybercriminel et malade mental Pascal Edouard Cyprien Luraghi.
A compter de juin 2010, son rôle consiste en effet à agiter la toile et bien du monde à mon sujet pour provoquer des règlements de comptes et identifier les derniers témoins gênants, afin de les assassiner.
Dès le 19 juin 2010, il fait publiquement circuler mon nom en l’associant à l’affaire de l’attentat de Karachi du 8 mai 2002. Et à compter de l’automne 2010, comme pour ma part je n’ai toujours pas été assassinée, il va de plus me dénoncer comme « mécréante » sur une multitude de sites islamistes et comme « poucave » sur un site fréquenté par des voyous.
Par ailleurs, le retour de la grande fête islamiste avait été annoncé dès le 20 juin 2010 (voir ci-dessous), soit au lendemain du démarrage de cette monstrueuse campagne de calomnies publiques dont j’ai toujours été victime jusqu’au mois de décembre 2012, la diffusion des montagnes de calomnies et des produits des graves atteintes à l’intimité de la vie privée associées s’étant toujours poursuivie depuis 2013 d’une manière moins visible.
Comme pour le tout début de la fête islamiste organisée par mes harceleurs, à l’automne 1993, la coïncidence de dates est exacte.
Josette Brenterch était déjà associée aux harcèlements dont j’étais victime en 1993, 1994 et toutes les années suivantes. A Brest, c’est elle qui a toujours tout organisé. Et c’est encore elle qui donne son feu vert à son complice le malade mental Pascal Edouard Cyprien Luraghi pour toutes ses publications me concernant à compter du 19 juin 2010. Dans sa plainte délirante de 2015 contre moi, ce dernier a bien dit que c’était Josette Brenterch qui le « renseignait » à mon sujet, il ne cite personne d’autre. Elle le « renseignait » en fait à mon sujet depuis au moins deux ans, c’est-à-dire depuis le début de ses harcèlements à mon encontre sur le site Rue89, en 2008. C’est elle qui a toujours organisé tous les cyberharcèlements dont j’ai été et suis toujours victime.
Cette spécialiste en contre-insurrection qui a vécu une partie de son enfance à Orléansville, où son père gendarme était en poste, et est ensuite elle-même restée liée à la Gendarmerie comme aux partisans de l’Algérie française ayant très tôt rejoint le Front national après l’Indépendance de l’Algérie, se trouve donc continuellement associée à tous les attentats islamistes qui ont été commis en France ou contre des Français de l’année 1993 jusqu’à ce jour.
Son organisation terroriste, la LCR devenue NPA en 2008, est en partie financée par des fonds en provenance d’Arabie saoudite. Cela se sait depuis très longtemps.
Inspire est un magazine en ligne en anglais publié par l’organisation terroriste Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Cette revue a été fondée en juillet 2010 à destination des jeunes Britanniques et Américains1,2. Plusieurs extrémistes internationaux et nationaux, qui interprètent radicalement l’islam, seraient influencés par le magazine et auraient, selon certains rapports, fabriqué des bombes en suivant les modes d’emploi parus dans celui-ci3,4. C’est un important vecteur de propagande en faveur de toutes les branches d’Al-Qaïda, ainsi que des groupes qui orbitent autour5. Il a été découvert par le SITE Intelligence Group6.
(en) NewsCore, « ‘How to Make Bomb in Kitchen of Mom’ Featured in Al Qaeda’s 1st English Magazine », Fox News, 1er juillet 2010 (lire en ligne [archive], consulté le 21 septembre 2013)
(en) Forbes, « The al-Qaeda Brand Died Last week », Forbes.com, 6 septembre 2011 (lire en ligne [archive], consulté le 19 septembre 2013)
Ci-dessous les deux seuls papiers que j’ai pu trouver où leurs deux noms sont cités.
Ils concernent l’affaire de l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 (à ce moment-là, j’étais au fond du lit, je récupérais tant bien que mal après avoir encore frôlé la mort par assassinat).
Que vient donc faire Jean-Louis Gergorin dans cette affaire ?
Quand et pourquoi a-t-il demandé à Gérard Willing un rapport détaillé sur Ali Ben Moussalem ?
A-t-il entretenu des relations avec lui, lesquelles et quand ?
Cela me concerne, non ?
Enfin, oui, je suis concernée, c’est sûr.
C’est intéressant, ça, dites donc :
Pour tenter de calmer les choses, Jacques Chirac va faire intervenir son ami libanais, Rafic Hariri, qui possède également la nationalité saoudienne. 130 millions d’euros sont versés par Hariri sur un compte de Takieddine ouvert à la banque de la Méditerranée, à Beyrouth. Trois versements sont effectués : le 7 avril 1997 (75 millions), le 31 décembre 1997 (25 millions) et le 31 mai 1998 (30 millions.
Mais pas sûr que Ben Moussalem soit satisfait. D’autant qu’il commence à être « lâché » par la famille royale saoudienne, comme l’indique une note de la DGSE, datée du 7 octobre 1998.
La disgrâce de Ali ben Moussalem pourrait être une conséquence des enquêtes menées par l’entourage du roi Fahd sur les commissions que l’intéressé a perçues dans le cadre de contrats d’armements. Il lui a été demandé, en avril 97, de justifier au plan comptable la disparition d’un milliard de dollars.
Ma petite plainte l’a déjà calmé, il n’y a plus d’attentat. Par contre, elle gêne, elle pourrait bien déclencher une grosse instruction. Et donc, le chef de l’Etat en personne décide de lui donner des millions… pour le faire taire ?
Au mois d’avril 1997, j’avais encore quelques relations avec mes harceleurs qui me demandaient toujours de disparaître, et cette fois de quitter la France, de partir à l’étranger le plus loin possible, d’aller me cacher au fin fond de la forêt amazonienne et ne plus jamais revenir… puisque je n’étais toujours pas capable de me prostituer…
En fait, j’aurais été plus facile à assassiner hors le territoire de la DST qui leur avait déjà causé quelques soucis.
Mais je n’ai jamais obéi à un proxénète.
Et hop ! Dissolution !
C’est la coke qui leur fait faire tout ça, comme dit Gérard Fauré ?
Ali Ben Moussalem : le fantôme de l’affaire Karachi
En savoir plus
Un nouveau personnage, un intermédiaire saoudien, cheik Ali Ben Moussalem, est désormais au cœur de l’enquête du juge Marc Trévidic. Il le soupçonne d’avoir pu commanditer l’attentat de Karachi (11 salariés français de la DCN tués le 8 mai 2002).
C’est un peu « le fantôme de l’affaire Karachi ». Ali Ben Moussalem est mort en 2004, en Suisse, dans des conditions jamais vraiment éclaircies. C’est « un fantôme » qui fait peur. L’homme était à la fois un riche homme d’affaires, propriétaire de palaces à Londres ou à Paris. Il était également le représentant officiel du royaume saoudien, titulaire d’un passeport diplomatique. C’était surtout l’homme clé des contrats d’armements, bien connu des services américains et des décideurs français. Ben Moussalem était aussi « l’exécuteur des basses œuvres », un proche des réseaux djihadistes.
Passez la souris sur chacun des points pour avoir des informations complémentaires.
<strong>En quoi Bin Moussalem pourrait être lié à l’attentat de Karachi ?</strong>
Takieddine Ben Moussalem
Parce que la piste privilégiée aujourd’hui par la justice est celle d’une vengeance d’intermédiaires qui n’auraient pas obtenu une partie l’argent promis en marge des contrats d’armements conclus, en 1994, par les balladuriens.
Il s’agit de la vente de sous-marins au Pakistan, mais surtout de la vente de frégates à l’Arabie Saoudite : le contrat « Sawari II ». Un méga contrat de 3 milliards d’euros, avec de juteuses commissions à la clé.
Alors que ces contrats sont déjà bouclés, un réseau d’intermédiaire, baptisé « le réseau K », est imposé au dernier moment par les balladuriens. On y retrouve le franco-libanais, Ziad Takieddine et son associé (libano-espagnol) Abdulrahman El-Assir. Ce réseau est, en réalité, piloté, par Ben Moussalem, avec comme dessein inavouable le financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.
<strong>Un opposant à Ben Mussalem débarqué par les balladuriens</strong>
Ceux qui tentent de s’opposer à ce réseau sont débarqués. C’est le cas de Jean-Claude Sompairac .
L’homme dirige alors la SOFRESA (Société française d’exportation de systèmes avancés), la structure française chargée de négocier le contrat saoudien. Son ami, ancien industriel de l’armement, Jean de Tonquedec, se souvient de cette éviction. « Lors d’un déjeuner, Jean-Claude Sompairac m’a raconté comment il a été évincé de son poste de président de la SOFRESA. Il était en train de préparer ses affaires parce qu’il avait un rendez-vous le lendemain en Arabie Saoudite avec le Prince Sultan, le ministre saoudien de la Défense, à propos du contrat Sawari II. Il reçoit un coup de fil du cabinet du ministre de la défense, François Léotard, lui demandant d’annuler son départ, et d’être dans le bureau du ministre le lendemain.Jean-Claude Sompairac explique que ce n’est pas possible, qu’on n’annule pas, comme ça, un rendez-vous avec le Prince Sultan, mais devant l’insistance du cabinet du ministre, qui était « son patron », il est obligé de céder. »
__
Le lendemain, il se retrouve, donc, dans le bureau du cabinet du ministre.On lui explique qu’on vient de s’apercevoir qu’il avait déjà dépassé largement la limite d’âge et que, par conséquent, il est absolument nécessaire qu’il prenne sa retraite, et qu’il aille se reposer ! Il n’apprécie pas vraiment. Il demande à voir le ministre de la Défense, qui le rassure : « On va arranger ça, ne vous inquiétez pas. Rentrez chez vous, je vous passerai un coup de fil… » Jean-Claude Sompairac m’a dit : « Tu vois, ça fait déjà plusieurs années… et j’attends toujours le coup de fil du ministre !
Mais pourquoi était-il indispensable aux yeux des balladuriens d’éjecter Jean-Claude Sompairac de son poste ?
Jean-Claude Sompairac a toujours été opposé à tout versement de rétro-commissions, c’est-à-dire une commission qui retourne en France, explique Jean de Tonquedec. On paye un intermédiaire, qui vous renvoie de l’argent. Donc, Jean-Claude Sompairac était un obstacle qu’il fallait « éliminer ». Il n’avait pas besoin d’un Ben Mussalem, puisqu’il avait le contact direct avec le prince Sultan, et que le marché était sur le point d’être signé.
Et c’est finalement Jacques Douffiagues, un proche des balladuriens, qui prend la tête de la SOFRESA de 1993 à 1995.
<strong>De nombreuses rencontres avec les balladuriens</strong>
Balladur Leotard
Ben Mussalem était très proche des balladuriens confirme sur procès-verbal l’un de ses anciens collaborateurs, un français d’origine égyptienne, Aymard Amr Haggag.
« M. Ben Moussalem m’a expliqué que l’Arabie saoudite soutiendrait la candidature de Balladur car ils sont persuadés qu’il sera président de la République et que M. Léotard sera le prochain Premier ministre . Ben Moussalem conseille au roi de soutenir cette candidature. »
__ A la dernière minute, il y a un nouveau contrat, un nouveau réseau et donc des commissions supplémentaires qui n’étaient pas nécessaires pour signer le contrat Sawari II. Le « réseau K » qui rencontre des politiques dans des endroits publics, tels l’hôtel prince de Galles, l’hôtel Meurice ou le Ritz, était inutile.
Un emploi du temps versé au dossier judiciaire détaille ces multiples rencontres entre Ben Mussalem et les balladuriens entre 1993 et 1995.
Emploi du temps d’Ali Ben Moussalem
-30 octobre 1993 : Ben Moussalem à Paris. Rencontre avec le directeur de cabinet d’Edouard Balladur, Nicolas Bazire, et Takieddine.
18 novembre 1993 : Rencontre avec Edouard Balladur et son directeur de cabinet
24 décembre 1993 : Rencontre avec le ministre de la défense, François Léotard, et Takieddine.
1er janvier 1994 : Rencontre avec Edouard Balladur et Nicolas Bazire
-18 mars 1994 : rencontre avec François Léotard et Takieddine
-6 avril 1994 : rencontre avec François Léotard et Renaud Donnedieu de Vabres (conseiller du ministre de la Défense)
<strong>La colère de Ben Moussalem</strong>
Finalement, c’est Jacques Chirac qui remporte la présidentielle en mai 1995. Le robinet des commissions des intermédiaires balladuriens est immédiatement coupé. L’ « argent noir » des contrats d’armement est réorienté vers les réseaux chiraquiens. Ce qui déclenche la fureur de Ben Moussalem, comme l’explique au juge Trévidic Gérard Willing, un proche du renseignement français, ancien journaliste, spécialiste du monde de l’armement, reconverti dans l’intelligence économique, et informateur de la DST (Direction de la surveillance du territoire) à partir des années 1980.
chirac
J’ai appris que Ben Moussalem était fou de rage, à la suite de l’arrêt du paiement des commissions du contrat Sawari II. Il y avait un trou de 120 millions d’euros dans le versement de ces commissions.
Les contrats sont déchirés et Ben Moussalem n’est pas content , parce que l’argent qui devait lui revenir est allé ailleurs.
Gérard Willing raconte également au juge Trévidic avoir prévenu la DST, en 1994, que l’arrivée du « réseau K » dans les contrats d’armement « relevait d’un système de financement politique en faveur du Parti républicain et de l’association de M. Balaldur. »
__
Très rapidement, la DST a mis des moyens techniques en place comme « des sous-marins » c’est-à-dire des voitures banalisées pour filmer les participants à des réunions à l’hôtel Prince de Galles ou ailleurs entre Messieurs Léotard, Bazire, Donnedieu de Vabres essentiellement. Ils faisaient de « la filoche » (surveillance) pour voir qui rentrait, qui était avec qui, les va-et-vient de ces personnes. La DST voulait avoir des photos de leurs têtes. Ils m’ont d’ailleurs montré ces photos pour que je les identifie.
<strong>« Pour une telle somme, on tue »</strong>
Gérard Willing assure aussi qu’Ali Ben Moussalem avait des contacts avec les mouvements djihadistes et Al-Qaïda.
Quand il y a eu l’attentat, je me suis rappelé que j’avais vu Ben Mussalem au Pakistan et qu’il avait apparemment des contacts avec des gens de l’ISI (les services de renseignement pakistanais). Je sais queBen Moussalem avait des entreprises communes avec Eslam ben Laden, un des frères d’Oussama. Il avait fréquenté Oussama quand celui-ci combattait les soviétiques et était le chouchou des Américains. Ben Moussalem a également était impliqué dans l’affaire de la BCCI, la banque pakistanaise, et dans l’Irangate (la livraison illégale d’armes à l’Iran par l’administration Regan pour financer les opposants au Nicaragua)
Juste après l’attentat de Karachi, Gérard Willing explique également avoir rédigé une note de synthèse à l’attention de son agent traitant de la DST (dont l’alias était « Verger »). Dans cette note datée du 13 mai 2002,Gérard Willing écarte la thèse officielle de « la nébuleuse Al Quaïda » pour se concentrer sur un mobile financier lié aux contrats d’armements.
Dans cette note intitulée « éléments de réflexion sur l’attentat de Karachi », Gérard Willing évoque une_« captation d’héritage »_ opéré à partir de 1996 par les amis orientaux du clan chiraquien au détriment de la coterie initiale ». Il parle du contrat Sawari II, et du « message » que constitue à ses yeux l’attentat de Karachi à destination des chiraquiens.
Ainsi, seuls l’émetteur et le récepteur du message sont a même de comprendre le sens implicite de la sommation à savoir : le règlement immédiat d’une dette en souffrance, estimée à 120 millions d’euros, plus les intérêts de retard. Pour une telle somme, on tue.
Gérard Willing affirme encore au juge Trévidic avoir remis un rapport de 100 pages sur Ben Moussalem à l’intention du général Philippe Rondot (conseiller auprès du ministère de la Défense), après l’attentat de Karachi.
« Beaucoup de gens ont dit que Ben Mussalem en voulait à mort à la France depuis des années, parce qu’il n’avait pas été payé. Dans le rapport très détaillé que j’ai fourni à Jean-Louis Gergorin, j’ai indiqué que depuis le début de sa carrièreBen Mussalem était considéré comme un tueur par les services saoudiens , l’homme des basses œuvres. »
__
Il a tué des gens de sa main ou a fait assassiner des personnes au Moyen Orient et ailleurs. Plusieurs de ses associés ont fini d’une façon brutale. Je sais que Gérard de Villiers voulait écrire un livre sur Ben Mussalem appelé « Le safari club », mais on lui a demandé de ne pas le faire…
<strong>« Justifier au plan comptable la disparition d’un milliard de dollars »</strong>
Hariri
Pour tenter de calmer les choses, Jacques Chirac va faire intervenir son ami libanais, Rafic Hariri, qui possède également la nationalité saoudienne. 130 millions d’euros sont versés par Hariri sur un compte de Takieddine ouvert à la banque de la Méditerranée, à Beyrouth. Trois versements sont effectués : le 7 avril 1997 (75 millions), le 31 décembre 1997 (25 millions) et le 31 mai 1998 (30 millions.
Mais pas sûr que Ben Moussalem soit satisfait. D’autant qu’il commence à être « lâché » par la famille royale saoudienne, comme l’indique une note de la DGSE, datée du 7 octobre 1998.
La disgrâce de Ali ben Moussalem pourrait être une conséquence des enquêtes menées par l’entourage du roi Fahd sur les commissions que l’intéressé a perçues dans le cadre de contrats d’armements. Il lui a été demandé, en avril 97, de justifier au plan comptable la disparition d’un milliard de dollars.
<strong>Après le 11 septembre 2001, Ben Moussalem dans le collimateur des américains</strong>
Ben Laden
Les Américains se posent également beaucoup de questions sur Ali Ben Mussalem. Ils le soupçonnent même de financer des réseaux djihadistes , en lien avec un banquier égyptien, basé en Suisse, un certain Youssef Nada.
C’est ce que montre notamment un document du Trésor américain, du 4 janvier 2002, signé George B. Wolfe.
« A partir de la fin septembre 2001, Ben Laden et son organisation Al-Qaïda ont reçu une aide financière de la part de Youssef M. Nada et d’Ali Bin Mussalim. Depuis les années 1980, suite au retrait de l’armée soviétique d’Afghanistan, Mussalim, aidé par Nada, assurait des services indirects d’investissement à Al-Qaïda**. »**
Ils investissaient des fonds pour le compte de Ben Laden et en assurant des livraisons d’espèces sur demande de l’organisation Al-Qaïda. A partir d’octobre 2000, la banque Al Taqwa apparut comme assurant une ligne de crédit clandestine pour les proches de Ben Laden.
<strong>« Cela serait très embarrassant pour la famille royale »</strong>
Des accusations réitérées dans une autre note de synthèse américaine, versée à l’enquête du juge Trévidic
Pendant la fin des années 1980 et pendant les années 1990, Mussalim est intervenu à titre de conseiller de la famille royale saoudienne et a été impliqué dans la facilitation du financement de la résistance afghane provenant de la famille royale saoudienne, dont une partie est allée aux moudjahidin menés par Oussama Ben Laden. Alors qu’une partie des fonds étaient utilisée pour l’achat d’armes,la grande partie du financement est allée sur des comptes personnels contrôlés par Oussama Ben Laden .
« Depuis la fin de la guerre afghane, Mussalim, aidé par Nada, a continué à assurer des services d’investissement indirects à Al-Qaïda, en investissant des fonds pour le compte de Ben Laden et en assurant des livraisons d’espèces à l’organisation Al-Qaïda. La source a indiqué que si le lien entre Mussalim et Oussama Ben Laden était établi, cela serait très embarrassant pour la famille royale saoudienne, mais le dit lien serait difficile à démontrer puisque les fonds investis ont été bien dissimulés et qu’il n’y a eu que des versements en espèces qui ont été effectués à Al-Qaïda. »
__
<strong>Le magistrat suisse qui a enquêté sur Ben Moussalem parle enfin</strong>
Claude Nicati
Après le 11 septembre 2001, la justice suisse enquête sur le financement du terrorisme. Ces accusations américaines sur Ben Mussalem sont versées à la procédure suisse. A l’époque, les investigations sont menées par le substitut du Procureur général, à Berne, Claude Nicati.
Il s’exprime pour la première fois, sur le sujet. Malgré sa volonté d’en savoir plus auprès des Américains, Claude Nicati repart les mains vides…
« Nous sommes allés à Washington pour tenter d’en savoir plus auprès du département du Trésor américain. On leur a dit que nous étions prêts à enquêter mais qu’on voulait en savoir plus sur l’origine de leurs informations (sur la banque Al Taqwa et ben Mussalem). »
La réponse des Américains a été la suivante : « Merci d’être venu, mais on ne peut pas vous donner ces informations parce qu’elles proviennent de nos sources qui doivent rester confidentielles. » Nous, autorités de justice, accompagnés par des policiers venus spécialement sur place, on s’est donc retrouvés face à des services de renseignement américains qui ne voulaient pas donner leurs sources.
Finalement, l’enquête suisse n’a pas mis en lumière des liens financiers directs entre Ben Moussalem et des réseaux terroristes. Aucune charge n’est retenue. L’enquête est close le 31 mai 2005.
<strong>Un proche de Ben Mussalem… à quelques mètres d’un camp djihadiste</strong>
Pas de preuves au sens judiciaire du terme, donc, mais de forts soupçons sur d’étranges mouvements de fonds, se souvient Claude Nicati…
« On avait mis en évidence des fonds sur lesquels on pouvait se poser la question du bien-fondé économique de telle ou telle transaction. Mais ce n’est pas parce que vous avez ce doute que ça en fait forcément une transaction à connotation criminelle. Lorsque vous mettez en évidence qu’un virement part sur quatre autres entités financières, quatre autres banques, dans je ne sais quel pays, avant de revenir vers la banque émettrice, vous vous posez la question : pourquoi est-ce qu’il faut quatre banques ? »
__
Pourquoi ça doit partir dans différents pays avant de revenir, sans plus-values, ni moins-values. On ne comprenait pas, ça n’avait pas de justification économique .
Les soupçons de la justice suisse ont également portés sur l’entourage de Ben Moussalem, explique encore Claude Nicati.
Nous avions mis en évidence qu’un des personnages s’était rendu en Afghanistan peu de temps avant les attentats du 11 septembre 2001. On avait récupéré une vidéo de son parcours en 4X4.Il s’était approché jusqu’à 200 mètres d’un camp d’entrainement de djihadistes . Le seul problème, c’est que la vidéo s’arrêtait là. Mais ça ne démontrait pas qu’il était entré dans le camp ou qu’il avait eu des contacts avec les djihadistes. Cette information s’est arrêtée là. C’était quand même surprenant, parce que si moi, je m’étais rendu à 200 mètres d’un camp d’entrainement de djihadistes, j’aurais eu quelques problèmes… Mais eux, ils n’ont eu aucun souci. Ils sont revenus sains et saufs. C’était un soupçon de plus, mais ce genre de soupçons n’est pas suffisant . En 2005, nous avons donc classé le dossier, faute d’élément probant. Il restait un doute mais le doute devait profiter à l’accusé. Nous n’avons pas transmis le dossier au tribunal, et rendu une ordonnance de non-lieu.
<strong>« Toujours une omerta autour de ce dossier »</strong>
le juge antiterroriste marc trévidic empêché de se rendre à alger
Aujourd’hui, l’enquête du juge Trévidic se heurte au mur du secret-défense. Quasiment aucun document n’a été déclassifié sur Ali Ben Moussalem, suscitant l’incompréhension de certaines victimes de l’attentat, comme Gilles Sanson, gravement blessé à Karachi.
« C’est complètement impossible que la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure, ex-DCRI) n’ait aucun document sur Ben Moussalem au vu de l’importance du personnage. »
__
Je suis complètement outré quand je vois que les services français mettent une chape de plomb sur le fait le financement du terrorisme international passait par les grands contrats d’armement ! C’est vraiment inavouable, sous un gouvernement de droite, comme de gauche. Il y a toujours une omerta autour de ce dossier.
<strong>Une avocate tente de contourner le mur du secret-défense</strong>
L’avocate de Gilles Sanson, Marie Dosé, a donc décidé d’engager une procédure inédite. Elle souhaite que des témoins soient directement entendus par la Commission chargée du secret-défense, qui décidera ensuite si leur témoignage peut être « déclassifiée »…
Je réclame la déclassification des informations, non pas écrites, mais orales, qui concernent Ben Moussalem. Le ministère de l’Intérieur et la DCRI nous expliquent qu’il n’y a pas de document écrit soit ils ont disparus, c’est-à-dire qu’on les a fait disparaitre, soit il n’y en a jamais eu mais ça, j’en doute beaucoup ! En tout état de cause, on nous dit qu’on ne peut pas déclassifier ces documents, puisqu’ils n’existent pas. Donc je demande à ce qu’on déclassifie les informations qui seraient en possession de témoins (des agents, des informateurs, des fonctionnaires…) couverts par le secret de la défense nationale qui concernent Ben Mussalem.
« Ces informations existent, parce que lorsque des témoins sont entendus dans cette affaire par le magistrat instructeur, ils ne disent pas que ça n’existe pas, ils disent que c’est couvert par le secret-défense : donc, ils savent quelque chose. Il suffit de les libérer. Les règles du code de procédure pénale, comme les règles du code de la défense, le permettent. La Commission consultative du secret de la défense nationale auditionnera ces témoins et dressera un procès-verbal de ces auditions. Elle dira si, à son avis, on peut déclassifier ou non, telle ou telle information dans ces auditions. Et le ministre décidera, ou pas, de les « libérer » de leur secret. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible. Inédit, certes, mais pas impossible. »
__
<strong>« Vous allez arrêter de nous emmerder avec vos bâtons merdeux ! »</strong>
Parmi les personnes qui oppose actuellement le secret-défense à la justice, il y a notamment un ancien responsable de la DST,Eric Bellemin-Comte.
Or, devant le juge Trévidic, Gérard Willing a raconté avoir évoqué le sujet Ben Mussalem lors d’un déjeuner, en 2004, dans un restaurant parisien avec Eric Bellemin-Comte.
Nous avons abordé le cas Ben Mussalem. Je m’étais souvent posé la question de savoir comment il avait pu être commandeur de la légion d’Honneur. Je me souviens qu’au sujet d’Ali Ben Moussalem, Eric Bellemin-Comte m’a dit : « Vous allez arrêter de nous emmerder avec vos bâtons merdeux ! » Ils en avaient marre que je leur amène des dossiers à problème qui pouvaient nuire à leur carrière.
De son côté, Eric Bellemin-Comte confirme qu’il connait Gérard Willing. En revanche, il ne « conserve pas de souvenir particulier » de cette conversation.
Petite précision : Eric Bellemin-Comte est aujourd’hui conseiller auprès du Coordinateur national pour le renseignement, à l’Elysée…
Attentat de Karachi : le témoignage qui révèle les mensonges de la DST
« Le Monde » révèle le témoignage d’un ancien agent qui confirme l’existence d’une enquête sur un personnage clé de l’affaire, dont les services ne retrouvent aucune trace.
Publié le 12 novembre 2015 à 22h18 – Mis à jour le 13 novembre 2015 à 13h10
Sur les lieux de l’attentat de Karachi, le 8 mai 2002. REUTERS
Personne ne connaît son nom. Dans le dossier d’instruction de l’attentat de Karachi, qui a fait quinze morts dont onze employés français de la Direction des constructions navales (DCN) le 8 mai 2002 au Pakistan, il apparaît sous son seul alias : « Verger ». Verger est un ancien agent de la Direction de surveillance du territoire (DST), l’ancêtre de la DGSI. Il n’avait encore jamais été entendu par la justice. C’est désormais chose faite. A la faveur d’un tour de passe-passe inédit, les magistrats instructeurs sont parvenus à contourner le secret-défense qui leur est opposé depuis le début de cette enquête.
DEPUIS 2009, LE JUGE MARC TRÉVIDIC CHERCHE À SAVOIR SI LE MOBILE POLITICO-FINANCIER A ÉTÉ VOLONTAIREMENT ÉTOUFFÉ AU PROFIT DE LA PISTE ISLAMISTE
Le témoignage de Verger, que Le Monde a pu consulter, a été déclassifié par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, le 23 octobre. Il vient confirmer des informations longtemps tues par les responsables des services de renseignement : la DST, chargée en 2002 de l’enquête sur l’attentat, avait bel et bien travaillé dès les années 1990 sur un certain Ali Ben Moussalem, aujourd’hui considéré comme un personnage clé de l’affaire.
Depuis 2009, le juge Marc Trévidic – chargé de l’enquête jusqu’à son départ du pôle antiterroriste en août 2015 – cherche à savoir si la DST a enquêté sur cet homme et le lui a caché. En d’autres termes si le mobile politico-financier a été volontairement étouffé au profit de la piste islamiste. Les anciens responsables des services qu’il a auditionnés sur ce sujet se sont systématiquement retranchés derrière le secret-défense. Et ses innombrables requêtes en déclassification concernant Ali Ben Moussalem se sont jusqu’ici heurtées à la même réponse : la DGSI, qui a succédé à la DST, ne retrouve aucune trace de ce travail dans ses armoires.
Ce cheikh saoudien était à la tête d’un réseau d’intermédiaires – dont faisait partie Ziad Takieddine –imposé par le gouvernement Balladur dans plusieurs marchés d’armement en 1994 : la vente des sous-marins français Agosta au Pakistan et des frégates Sawari II à l’Arabie saoudite. Il est le pivot de la thèse selon laquelle l’attentat serait une mesure de rétorsion après l’interruption des commissions prévues par ces contrats. Quelques mois après son accession à la présidence de la République en 1995, Jacques Chirac avait décidé de mettre fin aux versements, qu’il soupçonnait d’avoir financé la campagne de l’ancien premier ministre devenu son rival dans la course à l’Elysée.
Ali Ben Moussalem – qui est mort en 2004 – est considéré comme la principale victime de cette décision, avec un préjudice estimé à 120 millions d’euros. Ses connexions avec les services secrets pakistanais et la mouvance terroriste en font, pour les tenants de la thèse politico-financière, un suspect potentiel.
Le témoignage de Verger ne suffit pas à étayer le mobile financier de l’attentat. Il confirme en revanche que le renseignement intérieur a bien observé des transactions entre Ben Moussalem et des membres du gouvernement Balladur dans les années 90. La scène qu’il relate a été immortalisée par des « sous-marins » de la DST, des véhicules placés devant la boutique Arije – qui occupait le rez-de-chaussée de la permanence de campagne de Balladur à Paris – en face de l’hôtel Prince de Galles, propriété de Ben Moussalem :
« En 1994-1995, je me suis intéressé aux activités de cheikh Ali Ben Moussalem et de son bras droit, Ziad Takieddine. Gérard Willing [le correspondant de la DST dont Verger était l’officier traitant] m’avait indiqué que la boutique Arije était une plaque tournante de trafics en tout genre et d’armes en particulier. La DST a placé cette boutique sous surveillance. A notre grande surprise, la campagne électorale étant lancée, nous avons observé que des membres du parti républicain de François Léotard [ministre de la défense du gouvernement Balladur] se rendaient dans l’immeuble abritant Arije. (…) Donnedieu de Vabres [chargé de mission auprès de François Léotard] aurait rencontré Ben Moussalem à l’hôtel Prince de Galles. Ce dernier lui aurait remis deux valises, pleines, selon Gérard Willing, d’argent. Donnedieu de Vabres aurait alors remercié Ben Moussalem en lui disant : “Merci pour la France, elle vous le rendra.” »
Aucune trace de cette surveillance n’a été retrouvée dans les archives de la DGSI. Ce témoignage tend ainsi à confirmer les soupçons des parties civiles, convaincues depuis des années que l’appareil d’Etat leur cache la vérité. « Soit la DGSI ment à la justice et à son ministre de tutelle, soit les souvenirs de cet épisode peu reluisant de la rivalité entre Chirac et Balladur ont été détruits », explique Me Marie Dosé, avocate de plusieurs parties civiles.
Durant les sept premières années de l’instruction, une seule piste a été creusée par la DST : celle d’un attentat perpétré par la nébuleuse Al-Qaida. Il faudra attendre 2008 – et la divulgation par la presse d’un rapport confidentiel commandé par la DCN dès septembre 2002, le rapport « Nautilus » – pour que la piste d’une vengeance liée à l’arrêt des commissions s’impose comme une alternative.
Pendant six ans, le juge Marc Trévidic se heurtera au secret-défense opposé par les témoins qu’il auditionne. Faisant suite à de multiples demandes d’actes déposées par Me Dosé, il requiert en 2012, 2013 et 2014 la déclassification des notes de la DST sur Ben Moussalem. Il n’obtiendra qu’un seul document : l’analyse d’un article du quotidien suisse Le Temps, copieusement caviardée et ne présentant aucun intérêt pour l’enquête.
Les déclarations de Verger confirment – pour partie – celles du seul acteur de ce dossier à s’être montré prolixe sur le travail réalisé par la DST durant cette période : Gérard Willing. Cet « honorable correspondant » de la DST a affirmé dans le bureau du juge, le 28 janvier 2013, avoir enquêté sur Ben Moussalem dès 1994 et en avoir rendu compte à Verger, son officier traitant. Il précisait encore avoir transmis une note étayant la piste politico-financière cinq jours après l’attentat.
« Non – Non plus – Non plus – Non »
Son témoignage a depuis été régulièrement contesté – voire discrédité – par plusieurs anciens responsables de la DST. Aucune trace de son travail n’a jamais été retrouvée. Afin de vérifier ses assertions, le juge Trévidic a envoyé le 6 mai des questionnaires à remettre à cinq témoins qu’il n’avait pu entendre ou qui s’étaient retranchés derrière le secret-défense. Les réponses à ces formulaires ont été envoyées directement au ministre de l’intérieur – sans passer par le cabinet du juge – afin que le secret-défense ne puisse lui être opposé. A charge ensuite pour le ministre de les classifier, pour les déclassifier dans la foulée, ce qui est chose faite depuis le 23 octobre.
Les destinataires de ces questionnaires étaient : Jean-Louis Gergorin (ancien directeur de la stratégie du groupe Matra), Raymond Nart (ancien directeur adjoint de la DST), Eric Bellemin-Comte (ancien chef du service de la DST chargé des contacts avec Gérard Willing), Jean-Jacques Pascal (ancien directeur de la DST) et le fameux Verger. Le seul à avoir fait état dans ses réponses d’un travail sur Ben Moussalem est celui dont l’identité demeure à ce jour un mystère. Interrogé sur l’existence de cet agent, l’ancien directeur adjoint de la DST, Raymond Nart, affirme pourtant que l’alias « Verger » ne lui évoque « aucun souvenir ».
Eric Bellemin-Comte – aujourd’hui conseiller auprès du coordinateur national du renseignement à l’Elysée – continue lui aussi d’assurer que, « de mémoire », aucun travail n’a été effectué sur Ben Moussalem par son service. Quant à Jean-Jacques Pascal, ses réponses sont une succession de variations lapidaires sur le thème de la négation :
« J’ignore tout de Monsieur Gérard Willing – Non – Non plus – Non plus – Non – J’en ignore tout – Je ne connais pas le Cheikh Ali Ben Moussalem – Rien – Non. »
Treize ans après les faits, cet ancien patron de la DST continue de se dire convaincu, « à tort ou à raison », que l’attentat est le fait de « la mouvance taliban ».
Vous m’auriez demandé, j’aurais pu dire très tôt qu’il y avait bien des complices en Belgique.
Enfin bon, passons. Je ne suis ni homme ni fonctionnaire, donc totalement inintéressante pour tout magistrat qui se respecte, n’est-ce pas, et pareil pour les avocats et les journalistes.
Avec le temps, néanmoins, les enquêteurs sont bien parvenus à établir un scénario, sans pouvoir toutefois le prouver judiciairement.
Où l’on reparle à la fois du GIA et d’islamistes plutôt marocains qu’algériens, dont certains seraient venus de Belgique, comme pour les attentats du 13 novembre 2015.
Les poseurs de bombe étaient peut-être toujours dans la rame au moment de l’explosion, et deux Marocains figurent parmi les victimes.
Ils auraient peut-être cherché à faire exploser leur bombe à Saint-Michel comme au mois de juillet 1995.
Je n’en suis pas du tout convaincue. J’étais dans les parages et toujours très surveillée, donc, Port-Royal c’était très bien.
Reste une question : pourquoi un seul attentat ?
Alors ça, c’est très simple : ils ont arrêté après le dépôt de ma première plainte avec constitution de partie civile.
Leurs commanditaires ont peur de la justice. Ils savent que tous les magistrats ne sont pas encore complètement pourris, quoiqu’un grand nombre d’entre eux leur soient effectivement totalement acquis pour avoir été CORROMPUS.
Aussi, mes plaintes avec constitution de partie civile ont toujours sur eux un effet calmant, même s’il ne dure pas indéfiniment, juste le temps pour eux de s’assurer que le juge ne fera rien, comme d’habitude.
Ils sont en effet connus de la justice depuis très longtemps, mais les magistrats ont pour habitude de détruire tous les dossiers qui les concernent au lieu d’enquêter ou de poursuivre.
Le problème de ces magistrats est évident : les preuves de la culpabilité des criminels qu’ils décident de blanchir ou disculper sont aussi des preuves de leur corruption et restent toujours des preuves contre eux et leurs protégés tant qu’elles ne sont pas détruites. C’est pourquoi ils détruisent tous ces dossiers compromettants, pour eux-mêmes comme pour leurs corrupteurs.
Au mieux ils vont garder le faux en écriture publique par lequel ils auront tout à la fois blanchi les criminels qui les ont corrompus, et calomnié leurs victimes, mais tout le reste est bien détruit.
Une fois, j’ai surpris une conversation entre un juge d’instruction et un substitut du procureur de la République, à Brest, à propos d’une affaire assez sensible qui affolait la Chancellerie, laquelle suivait de très près l’évolution des évènements. Je me trouvais dans un bureau voisin du leur et attendais le retour d’une greffière partie me chercher un document quelconque. J’étais donc parfaitement silencieuse et ils ne se sont pas rendu compte que j’étais là, dans la pièce voisine, toutes portes ouvertes, entendant tout ce qu’ils disaient. Leurs échanges portaient sur ce qu’ils allaient pouvoir inventer, une fois de plus pour couvrir des coupables, et je les ai en fait surpris en train de fabriquer leur faux en écriture publique. Peu importe aujourd’hui de quelle affaire ou de quels gros mensonges ou inventions judiciaires il s’agit. Ce que j’avais trouvé de plus sidérant, c’est qu’ils étaient manifestement rodés à l’exercice, auquel ils se prêtaient avec beaucoup de naturel et de décontraction. C’est leur quotidien, ça ne les dérange absolument pas. Quant aux appels de la Chancellerie, ils en riaient aux éclats. Celui qui décide des mensonges et inventions, c’est le juge d’instruction. L’autre n’arrêtait pas de rigoler. Je précise aussi qu’il y avait mort d’homme, quand même. Qu’il s’agisse de viols (qui les font rigoler même en public), ou de meurtres ou assassinats, donc, c’est la même chose, ils se marrent tout autant et se moquent continuellement, non seulement des victimes, mais également des lois de la République, du droit, de la vérité, de la justice, de l’Etat qui les emploie.
Attentat contre le RER Port-Royal à Paris (France)
Un peu plus d’un an après la vague d’attentats ayant frappé la France, le 3 décembre 1996, à 18h03, une bombe a explosé dans une rame du RER B à la station Port-Royal.
Le bilan officiel de cet attentat est de 4 morts et 170 blessés.
Les victimes décédées
– Hélène VIEL, ressortissante canadienne âgée de 36 ans, est décédée alors qu’elle se trouvait avec son mari Frank STONEBANK, lui-même grièvement blessé, en voyage de reconnaissance dans la capitale. Le couple testait la durée du trajet en RER entre leur résidence et un futur lieu de travail.
– Mohamed BENCHAOU et Younes NAIT SLIMANE, ressortissants marocains âgés respectivement de 25 et 28 ans. Ces deux étudiants en mathématiques à l’Institut Galilée se rendaient ensemble à leur club de sport.
– Lucien DEVAMBEZ, âgé de 41 ans, militant CGT. Il se rendait à un cours du soir en vue de devenir permanent syndical pour la Seine Saint-Denis.
L’enquête
Les investigations menées par la Section Anti-Terroriste de la Brigade Criminelle de Paris ont révélé que l’explosion était due à une bombe artisanale confectionnée à l’aide d’une bouteille de gaz de 13 kg remplie de clous et d’écrous placée dans un sac de sport bleu. La bombe aurait été placée sous un siège au minimum par deux hommes alors que le RER se trouvait au niveau de la station Roissy Charles-de-Gaulle.
Le manque d’éléments matériels sur le scène de crime n’ont malheureusement pas permis de remonter la piste des auteurs de cet attentat qui, à ce jour, restent non identifiés.
En 2006, une cérémonie avait été organisée pour le dixième anniversaire de l’attentat en présence de nombreuses victimes et proches, ainsi que M. Pierre MONGIN, président de la RATP.
L’instruction est toujours en cours mais les pistes ne sont pas probantes, malgré l’interpellation, en 2012, d’un émir du Mouvement de la Jeunesse Islamiste Marocaine (MJIM), susceptible d’avoir été en lien avec l’attentat sans y avoir participé.
Attentat de Port-Royal : le puzzle terroriste reconstitué
Par J. C.
Publié le 13/01/2007 à 06:00, Mis à jour le 15/10/2007 à 06:15
PLUS de 200 témoins entendus, des investigations aux quatre coins de la France, des années à l’écoute de tous les « tuyaux » étranger ou français. Plus de dix ans après les faits, les auteurs de l’attentat de Port-Royal, qui a tué quatre personnes et blessé une centaine, courent toujours. De quoi alimenter les thèses de manipulations les plus diverses.
Les enquêteurs de la brigade criminelle et de la DST sont pourtant persuadés d’avoir la bonne hypothèse… tout en doutant de jamais pouvoir la prouver judiciairement. « Nous saurons la vérité un jour, peut-être très proche, lâche un haut responsable policier, mais nous ne pourrons peut-être jamais aller au-delà. » Le temps peut aussi être un adversaire : l’un des scellés, une empreinte digitale, ayant même été détruit dans un incendie ! Anciens combattants djihadistes
Le scénario, dressé en collaboration avec les RG parisiens est très simple : les poseurs de bombes sont venus de Belgique, ont déposé leur charge meurtrière et sont repartis aussitôt. Parmi eux, un chef réputé et une poignée d’anciens combattants des camps d’entraînement djihadistes en Afghanistan. Un petit noyau, alors inconnu des services de police et résidant en Seine-Saint-Denis, leur a apporté une aide logistique. Selon les services algériens, un certain « Azzedine » aurait joué un rôle important. Ces hommes auraient voulu frapper un grand coup à quelques jours d’un procès terroriste ouvert à Paris le 9 décembre.
Ce 3 décembre 1996 peu après 17 heures, ils sont trois à se présenter à la station de RER Roissy-Charles-de-Gaulle 2. À noter qu’un des suspects de Seine-Saint-Denis travaille à l’époque sur les lieux. L’un des terroristes fait le guet et les deux autres glissent avec difficulté sous une banquette de la rame KSOR 50, une bouteille de gaz de 13 kg contenant un mélange de nitrate de sodium du Chili, de la poudre noire, du sucre, des clous et des écrous. Des bouteilles d’essence accompagnent l’ensemble. Ces fanatiques ont-ils aussi quitté la rame ou sont-ils restés à bord pour régler tranquillement leur engin ? Les policiers penchent pour la seconde hypothèse.
Des renseignements, non recoupés, recueillis dans les milieux de l’ex-Front islamique du salut (FIS), indiquent que les poseurs de bombes, arrivés de Belgique en voiture, auraient quitté le RER Gare du Nord pour regagner aussitôt Bruxelles. Leur objectif était peut-être de faire sauter la bombe à la gare Saint-Michel, cible hautement symbolique dix-huit mois après l’attentat du RER Saint-Michel en juillet 1995. La déflagration se produira finalement à Port-Royal, à 18 h 05, soit moins d’une heure après le départ du train de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Scénario convaincant, mais qui ne répond pas à une question troublante : pourquoi un seul attentat ? Volonté d’affirmer son leadership de la part du chef du commando ? Ce mystère-là demeure.
Un homme pouvant « être en lien », sans y avoir participé, avec le mystérieux attentat survenu le 3 décembre 1996 dans le RER parisien, qui avait fait 4 morts à la station Port-Royal, a été interpellé aujourd’hui à Marseille, a-t-on appris de sources proches du dossier. L’homme, dont l’identité n’a pas été révélée, a été interpellé et placé en garde à vue à Marseille en attendant d’être transféré à Paris.
C’est la section antiterroriste de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, en charge de cette enquête, qui l’a arrêté en collaboration avec des policiers locaux de la PJ et la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Le 3 décembre 1996, une bombe explosait dans le RER parisien, faisant 4 morts à la station Port-Royal. Les auteurs de cet attentat, jamais élucidé, courent toujours. La caractéristique de cet attentat était d’être un acte isolé. La bombe avait explosé plus d’un an après la fin de la série d’attentats ayant frappé la France en 1995.
Les deux Algériens jugés en octobre 2002 pour leur implication dans la série sanglante de 1995, Boualem Bensaïd et Aït Ali Belkacem, ont toujours nié savoir quoi que ce soit à propos de Port-Royal.
Il y a vingt ans, presque jour pour jour, l’explosion d’une bonbonne de gaz chargée de clous et de poudre faisait quatre morts et près de cent blessés dans le RER B.
Paris, le 3 décembre 1996. L’attaque de Port-Royal intervient un an après la campagne de terreur menée par le GIA en France, mais elle n’a jamais été revendiquée et l’enquête reste ouverte. LP/OLIVIER LEJEUNE
Par Louise Colcombet
Le 2 décembre 2016 à 07h00
18 h 3, le 3 décembre 1996. Un colis piégé éventre l’un des wagons de tête du RER B, station Port-Royal, en plein cœur de Paris. Dans la rame, bondée en cette heure de pointe, les dégâts sont énormes. L’effet de souffle provoqué par l’explosion de cette bombe artisanale, une bonbonne de gaz remplie de boulons et de clous pour en augmenter l’effet dévastateur, est terrible.
Martine Monteil, alors patronne de la brigade criminelle au Quai des Orfèvres, garde ancré en elle le souvenir « d’une odeur âcre, mélange de fumée, de poudre noire et de sang qui nous a pris à la gorge à notre arrivée ». « Sur le quai, détaille-t-elle, nous slalomions entre les corps, les amas de ferrailles et les restes humains… Je me souviens du visage d’une jeune femme aux beaux yeux en amande, épargnée au milieu de cette horreur. Mais, quand mon regard est descendu, j’ai vu qu’elle était démembrée et éviscérée. C’était une Canadienne en voyage de noces à Paris. » Bilan de l’attaque : quatre morts et quatre-vingt-onze blessés.
Immédiatement, tous les regards se tournent vers le terrorisme algérien. Un an plus tôt, le GIA avait mené une campagne de terreur dont l’acte de naissance, l’attentat du 26 juillet 1995 en gare RER de Saint-Michel, ressemblait en tout point à celui de Port-Royal : même cible, même méthode. Mais similitude ne vaut pas signature, et l’attaque ne sera jamais revendiquée. Vingt ans plus tard, en dépit d’une minutieuse enquête, qui reste ouverte, ses auteurs n’ont toujours pas été identifiés.
Jean-Louis Bruguière, l’un des trois juges alors chargés de l’enquête, parle aujourd’hui d’un « attentat orphelin », « sans paternité établie ». « Les éléments matériels étaient minces, se souvient Martine Monteil. Nous n’avions rien ou si peu sur quoi travailler : un sac de sport d’un modèle très répandu, des clous et un minuteur qu’on peut acheter dans le commerce… » Aucune piste ne sera pourtant négligée. Remontant par exemple le fil de la poudre noire présente dans la bombe, les policiers interrogeront plus de 6 000 armuriers à travers le pays et 160 de leurs clients. En vain. Les coups de filet dans les milieux islamistes ne donneront rien de plus. « Ce genre d’enquête avance grâce aux services de renseignement. Mais là, nous étions vraiment secs, se souvient Jean-Louis Bruguière. C’est d’ailleurs assez extraordinaire car, avec le temps, des gens, en France ou à l’étranger, finissent toujours par parler. Pas dans ce cas. » Seules certitudes : en raison de son poids, le colis piégé aurait été déposé par deux hommes au moins, au départ du train, à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Mais l’absence de caméras de surveillance, à l’époque, n’a pas permis d’identifier les poseurs de bombe.
Le contexte de cet attentat isolé, intervenu à quelques jours de l’ouverture à Paris du procès d’une trentaine de militants islamistes marocains, a incité les enquêteurs à creuser la piste d’une implication du Mouvement de la jeunesse islamique marocaine (MJIM). L’un de ses cadres a d’ailleurs été arrêté en 2012 pour être interrogé sur l’attaque de Port-Royal, sans pour autant être mis en examen. Pour Jean-Louis Bruguière, fin connaisseur des milieux terroristes et auteur de plusieurs ouvrages*, l’hypothèse la plus plausible reste à ce jour celle du GIA. « Le réseau responsable de la vague sanglante de l’été et de l’automne 1995 avait été démantelé, on peut imaginer que des éléments résiduels aient pu monter cette opération, avance l’ancien magistrat antiterroriste. Mais pour qu’aucun élément ne soit jamais remonté aux services de renseignement, nuance-t-il, cela ne peut être le fait que d’une poignée d’hommes ayant agi localement avant de s’évanouir dans la nature. »
*« Les Voies de la terreur », Ed. Fayard, 295 pages, 18 €.
Paris a connu à plusieurs reprises des vagues d’attentats terroristes qui ont causé de nombreuses victimes dans sa population, notamment en 1985-1986, et surtout en 1995, mais celles qui sont restées les plus présentes dans les mémoires sont évidemment les plus récentes et les plus meurtrières, celle du 13 novembre 2015, répétant à une toute autre échelle celle du 7 janvier 2015. Ces événements terribles nous invitent à en rechercher les origines lointaines dans un passé relativement éloigné, et relativement oublié par ceux qui n’en ont pas été directement victimes ou témoins. Mais de tous ces événements, le plus méconnu est peut-être celui qui a tué quatre personnes et en a blessé près d’une centaine le 3 décembre 1996 dans la station Port-Royal du RER parisien. Méconnu d’abord parce qu’il s’est produit un peu plus d’un an après la fin des attentats qui avaient frappé Paris et Lyon et qui auraient pu frapper également Lille durant l’été et l’automne 1995. Mais aussi parce que ses auteurs n’ont jamais été identifiés, arrêtés ni jugés. Ce qui en a fait jusqu’à nos jours un véritable mystère.
Le 3 décembre 1996, peu après 18 heures, une bonbonne de gaz remplie d’explosifs explosa dans une rame de la ligne B du RER en direction de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, à la gare de Port-Royal (Vème arrondissement de Paris). Deux victimes moururent le jour même ; le bilan final fut de quatre morts et plus de 90 blessés.
Les faits établis par les enquêteurs peuvent se résumer ainsi : l’explosion a été provoquée par une bonbonne de gaz, cachée dans un sac bleu, et déposée au départ du RER, à la gare Aéroport Charles-de-Gaulle 2 TGV. Elle contenait de la poudre noire et du soufre, des clous avaient été ajoutés pour renforcer son effet meurtrier. Un minuteur d’un modèle courant, en vente dans le commerce à usage ménager, servait de retardateur. Ces mêmes ingrédients ayant servi à la fabrication de plusieurs des engins explosifs utilisés lors des attentats de 1995, on pouvait supposer l’origine islamiste de celui-ci. Mais l’enquête, confiée aux juges Jean-Louis Bruguière, Laurence Le Vert et Jean-François Ricard, n’aboutit à aucune suite judiciaire, faute d’éléments tangibles.
Dix ans après, une cérémonie commémorative réunit sur les lieux des familles de victimes avec le directeur de la RATP Pierre Mongin et la déléguée de l’association SOS attentats, Françoise Rudetsky. Comme le déclara un proche de l’une des victimes, « Depuis toutes ces années, nous faisons face au mutisme des autorités. Nous avons interpellé plusieurs fois les différents gardes des Sceaux qui se sont succédés, mais sans résultat » ; et il s’en étonnait : « Pourquoi ce silence ? Nous ne voulons pas croire à la thèse d’un secret d’Etat. Nous croyons toujours en la recherche de la vérité ». Mais le journaliste du Parisien libéré Julien Heyligen dans la suite de son article intitulé « Dix ans après, l’attentat du RER B reste un mystère », observait que « si des similitudes dans le mode opératoire et le choix du lieu ont, à l’époque des faits, orienté les enquêteurs en priorité vers la piste algérienne, aucun élément formel n’est venu conforter cette hypothèse. Les traces matérielles sont quasiment inexistantes ».
A défaut, le contexte suggérait deux hypothèses. La première avait été formulée des 2005 par les journalistes Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire dans leur livre Françalgérie, crimes et mensonges d’Etat, publié par les éditions La Découverte (p. 491), qui défendaient la thèse d’un attentat islamistes téléguidé par le pouvoir algérien, comme ceux de 2015 : « le 4 (sic) décembre 1996, suite à des menaces d’Antar Zouabri, le nouvel ‘’émir national’’ du GIA, une énorme déflagration secoue le RER parisien à la station Port-Royal, à deux pas du boulevard Saint-Michel ». Et ils suggéraient une explication en lien avec l’actualité politique algérienne : « Interviewé à chaud juste après l’attentat, Abdelkrim Ould-Adda, l’un des plus hauts représentants du FIS en Europe, laisse entendre que le DRS a pu commanditer l’attentat : ‘’D’abord, il y a le référendum (du 13 novembre 1996), cette mascarade qu’il faut continuer à légitimer malgré le trucage évident des résultats et la protestation des partis d’opposition. Pour cela, il s’agit de faire diversion et de dissuader la France de se ranger du côté de l’opposition. Ensuite, il s’agit encore et toujours de discréditer les islamistes. Et pour cela, pas de meilleur moyen que de frapper en France’’ ». Mais les deux auteurs avaient eux-mêmes signalé auparavant que l’attentat s’était produit « alors que doit s’ouvrir à Paris le procès du « « réseau de Marrakech’’, ces jeunes beurs de La Courneuve qui assassinèrent des touristes espagnols sur le sol marocain en août 1994 ». En effet, ce procès allait s’ouvrir peu après, le 9 décembre, et durer jusqu’au 13. Les 34 prévenus, qui avaient participé à des attentats commis ou tentés à Marrakech, Casablanca, Fez et Tanger en août 1994, avaient été recrutés par Abdelilah Ziyad, un membre très actif du Mouvement de la jeunesse islamiste marocaine, qui avait été aussi en liaison avec des islamistes algériens. Quant aux deux principaux organisateurs des attentats de 1995 à Paris, les Algériens Boualem Bensaïd et Smaïn Aït-Ali Belkacem, ils ont nié à leur procès en 2002 savoir quoi que ce soit de celui du 3 décembre 1996.
Or du nouveau fut apporté par un article de Jean Chichizola dans LeFigaro le 13 janvier 2007. D’après celui-ci, « les enquêteurs de la brigade criminelle et de la DST sont pourtant persuadés d’avoir la bonne hypothèse… tout en doutant de jamais pouvoir la prouver judiciairement ». Il résumait ainsi leur version : « Le scénario, dressé en collaboration avec les RG parisiens est très simple : les poseurs de bombes sont venus de Belgique, ont déposé leur charge meurtrière et sont repartis aussitôt. Parmi eux, un chef réputé et une poignée d’anciens combattants des camps d’entraînement djihadistes en Afghanistan. Un petit noyau, alors inconnu des services de police et résidant en Seine Saint-Denis, leur a apporté une aide logistique. Selon les services algériens, un certain ‘’Azzedine’’ aurait joué un rôle important. Ces hommes auraient voulu frapper un grand coup à quelques jours d’un procès terroriste ouvert à Paris le 9 décembre », donc avant le procès du réseau islamiste marocain.
Il précisait ensuite les modalités de l’attentat : « Ce 3 décembre 1996 peu après 17 heures, ils sont trois à se présenter à la station du RER Roissy-Charles-de-Gaulle 2. A noter qu’un des suspects de Seine-Saint-Denis travaille à l’époque sur les lieux. L’un des terroristes fait le guet et les deux autres glissent avec difficulté sous une banquette de la rame KSOR 50, une bouteille de gaz de 13 kg con tenant un mélange de nitrate de sodium du Chili, de la poudre noire, du sucre, des clous et des écrous. Des bouteilles d’essence accompagnent l’ensemble. Ces fanatiques ont-ils aussi quitté la rame ou sont-ils restés à bord pour régler tranquillement leur engin ? Les policiers penchent pour la seconde hypothèse ».
Puis il ajoutait : « Des renseignements, non recoupés, recueillis dans les milieux de l’ex-Front islamique du salut (FIS), indiquent que les poseurs de bombes, arrivés de Belgique en voiture, auraient quitté le RER Gare du Nord pour regagner aussitôt Bruxelles. Leur objectif était peut-être de faire sauter la bombe à la gare Saint-Michel, cible hautement symbolique dix-huit mois après l’attentat du RER Saint-Michel en juillet 1995. La déflagration se produira finalement à Port-Royal, à 18 h 05, soit moins d’une heure après le départ du train de Roissy-Charles-de-Gaulle. Scénario convaincant, mais qui ne répond pas à une question troublante : pourquoi un seul attentat ? Volonté d’affirmer son leadership de la part du chef du commando ? Ce mystère-là demeure » [1].
Depuis, des faits nouveaux sont à signaler. En mars 2012, un homme « pouvant être en lien » avec l’attentat du 3 décembre 1996 avait été arrêté à Marseille, à la demande du juge Trévidic, mais selon le site de l’Association française des victimes du terrorisme, « les pistes ne sont pas probantes, malgré l’interpellation, en 2012, d’un émir du Mouvement de la Jeunesse Islamiste Marocaine (MJIM), susceptible d’avoir été en lien avec l’attentat sans y avoir participé » [2]. Puis le 10 décembre 2015, à la suite des attentats du 13 novembre à Paris, le magazine télévisé de France 2 Compléments d’enquête a révélé que Abdelilah Ziyad, l’ancien chef du MJIM condamné en 1996 à huit ans de prison et dix ans d’interdiction de territoire, mais libéré au bout de quatre ans et resté clandestinement en France, puis inculpé en 2010 par le juge Trévidic pour « complicité et recel de vols avec arme en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste », aurait été en 2009 le mentor de l’un des futurs terroristes du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefaï, et qu’il prêchait encore sous un faux nom dans une mosquée de Troyes.
Ainsi, il semble que la vérité sur l’attentat du 3 décembre 1996 puisse un jour enfin apparaître. L’implication directe d’islamistes algériens semble désormais moins vraisemblable que celle d’islamistes marocains, même si ces deux milieux ne sont pas exclusifs l’un de l’autre. En tout cas, la sanglante expédition d’un commando venu spécialement de Bruxelles à Paris pour poser une bombe et repartir aussitôt a perdu son caractère singulier depuis le 13 novembre 2015.
Guy Pervillé
Pour en savoir plus :
Catherine Erhel, Le procès d’un réseau islamiste. 9 décembre-13 décembre 1996. Paris, Albin Michel, 1997.
Ahmed Chaarani, La mouvance islamiste au Maroc.Du 11 septembre 2001 aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003. Paris, Karthala, 2004.
[1] Jean Chichizola, « Attentat de Port-Royal : le puzzle terroriste reconstitué », Le Figaro, 13 janvier 2007, p 11 : http://www.lefigaro.fr/france/20070113.FIG000000676_attentat-de-port-royal-le-puzzle-terroriste-reconstitue/ .
Voici la dernière page du contrat de travail que j’avais signé le… 22 septembre 1993…
Cette signature n’était alors plus qu’une formalité, étant acquis que j’étais bien embauchée pour le projet dont nous avions tous discuté courant septembre (plusieurs entretiens).
Sur cette base, donc, le coup d’envoi de la grande fête islamiste de la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest et de ses amis du crime organisé avait déjà été donné, la veille, 21 septembre 1993, avec l’assassinat de deux géomètres français en Algérie.
Bien évidemment, à cette époque, je n’avais pas prêté la moindre attention à cette concomitance d’évènements, j’étais à mille lieues d’imaginer qu’un dingue eût pu s’amuser à fêter de la sorte sa prochaine victoire contre moi – à ce moment-là, il était sûr de pouvoir me faire assassiner très rapidement après les trois premiers mois de la période d’essai, mais n’a jamais obtenu tout à fait ce qu’il voulait.
Par contre, avec la série d’attentats de 1995, j’ai très bien compris.
Dès le premier attentat, j’étais sûre que c’était ça.
Les Français tués en Algérie depuis les années 1990
AFP
24 septembre 2014
Le monastère de Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine, le 31 août 2010, où sept moines cisterciens ont été enlevés en mars 1996 (AFP/Archives)
Rappel de précédents assassinats de Français en Algérie depuis 1990, date du début des violences islamistes, après l’annonce mercredi de la décapitation d’Hervé Gourdel par un groupe lié à l’organisation Etat islamique (EI). – 21 septembre 1993 : Assassinat de deux géomètres qui travaillaient à l’installation d’une ligne à haute tension dans la région d’Oran (ouest) – 7 décembre 1993 : Un Français à la retraite, Max Barbot, 67 ans, est assassiné à Larbaa, un village au sud d’Alger. – 1er février 1994 : Olivier Quemeneur, journaliste, est assassiné par balles à la Casbah d’Alger. – 21 février 1994 : Joaquim Grau, dit Vincent, est tué à Alger dans sa librairie les Beaux-Arts. – 22 mars 1994 : Roger-Michel Drouaire et son fils Pascal Valéry, sont tués dans leur domicile à Birkhadem (Alger). – 8 mai 1994 : Frère Henri Vergés et S?ur Paul Hélène Saint Raymond, deux religieux travaillant à la bibliothèque des lycéens de Bencheneb, sont tués sur les hauteurs de la Casbah d’Alger. – 3 août 1994 : Cinq Français (trois gendarmes et deux employés d’ambassade) sont tués à la Cité Aïn Allah à Dely Ibrahim (Alger). – 2 octobre 1994 : Un ingénieur, Jean-Pierre Manière, est enlevé à Baraki, dans la banlieue sud-est d’Alger. Il est retrouvé égorgé six jours plus tard. – 18 octobre 1994 : Assassinat de deux techniciens du groupe franco-américain Schlumberger, dont un Français. – 1er novembre 1994 : Un Français demeurant à Bouira, J.F Marquette, est retrouvé assassiné. – 24 décembre 1994: Quatre Algériens membres du GIA détournent un Airbus d’Air France assurant la liaison Alger-Paris. Trois otages, dont un Français, sont exécutés. – 27 décembre 1994 : Quatre religieux de la communauté des Pères blancs, dont trois Français, sont tués à Tizi Ouzou. – 22 janvier 1995 : Un commerçant français du nom de José Belaïche, tué au square Port Saïd à Alger. – 5 mai 1995 : Cinq ressortissants étrangers dont deux Français tués à Ghardaïa (sud) – 7 juin 1995 : un couple de Français, Louis et Gaby Jourdan, 65 et 61 ans, sont tués par balles à El Biar (Alger). – 10 novembre 1995 : Une religieuse, S?ur Odette Hélène Prévaut, est tuée à Kouba (Alger). – 27 mars 1996 : Sept moines cisterciens du monastère de Tibhirine (Médéa) sont enlevés. Leur mort est annoncé deux mois plus tard. – 1er août 1996 : L’évêque d’Oran Pierre Claverie et son chauffeur sont tués par l’explosion d’une bombe déposée à l’évêché. – Juin 2008 : un ingénieur français et son chauffeur algérien sont tués près de Lakhdaria (est d’Alger) dans un attentat à la bombe revendiqué par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique).
Je me tâte depuis un moment sur ce que je vais publier ou non à son sujet.
Comme auront pu le remarquer mes lecteurs les plus assidus, j’en ai vraiment marre de me taire sur tout, d’autant que je continue à payer extrêmement cher tous les crimes et délits dont j’ai été et suis toujours, moi, la victime.