Je décline toute responsabilité quant aux mentions qui s'affichent dans les cinq lignes ci-dessus du pavé "Recherchez aussi" sur lequel je n'ai aucun contrôle.
Mes statistiques sont bloquées depuis le 2 février 2015.
7 février 2015
Mes statistiques sont de retour, tout fonctionne.
16 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 12 février.
22 février 2015
Mes statistiques "basiques" ont été débloquées hier soir après la publication de mon dernier article concernant NEMROD34. Belle reprise simultanée de l'activité du Chinois.
23 février 2015
Statistiques "basiques" toujours sujettes à blocages : le 21 février au soir, à peine étaient-elles débloquées, puis à nouveau hier, 22 février, à peine étaient-elles débloquées.
24 février 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Pas de nouveau pic d'activité du Chinois depuis le 21 février.
25 février 2015
Je n'ai pas mes statistiques "basiques" du jour, ça bloque encore... et Justinpetitcoucou est toujours bloqué depuis le 8 février... Faudrait penser à le débloquer, lui aussi, il y a du laisser-aller, là...
26 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blog débloquées. Merci pour Justin, il était temps !
27 février 2015
Statistiques "basiques" des deux blogs de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt... Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
25 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 20 mars.
26 mars 2015
Merci de m'avoir débloqué mes statistiques "basiques". Encore une fois, je ne vois pas l'intérêt de ce petit jeu. Ce serait aussi bien de cesser de bloquer ces statistiques pour oublier de les débloquer jusqu'à ce que j'aie signalé le problème.
31 mars 2015
Merci de bien vouloir me débloquer les statistiques "basiques" de Justinpetitcoucou, restées bloquées depuis le 14 mars - cf. avis du 25 mars sur Justin.
2 avril 2015
Merci de m'avoir rendu les statistiques de Justin.
7 mai 2015
Je n'ai plus de statistiques depuis deux jours, ni "basiques" ni "avancées".
10 mai 2015
Retour des statistiques "basiques". Merci. Manquent encore les statistiques "avancées".
14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
3 octobre 2015
Depuis hier, les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro. Merci de me les rendre.
Retour sur le conflit ukrainien six mois après les débuts de l’intervention russe, avec les analyses de Jacques Baud, spécialiste, parmi les plus fiables sur cette question.
Comme prévu, la folledingue Josette Brenterch du NPA de Brest et tous les Brestois qui la suivent, dont ceux qui ont nous ont imposé à la tête de l’Etat le … [mettez ce que vous voulez] que nous allons encore devoir supporter un certain temps, nous ont bien conduits au grand plongeon.
Les menteurs qui nous gouvernent n’inspirent plus confiance qu’à leurs complices, et encore, certainement pas tous.
Je leur avais indiqué avant l’élection présidentielle que le choix qu’ils nous proposaient entre plusieurs candidats de profils à peu près semblables n’en était pas vraiment un, ni forcément le meilleur pour diriger un pays, surtout quand l’exercice devient de plus en plus périlleux.
Aussi, ils ont cru bon de désigner une femme ingénieure comme Première Ministre.
Ces femmes-là nagent mieux que les autres, c’est un fait, mais quand même pas lorsqu’elles sont lestées comme il faut pour couler à pic.
Vidéo édifiante sur le cas de ce jeune américain dont le visage a retenu mon attention alors que j’allais faire un tour sur Youtube pour y chercher autre chose, raison pour laquelle je m’y suis attardée.
Plus le temps de visionnage passait, et plus j’étais persuadée d’en connaître un sosie sans pouvoir me rappeler de qui il s’agissait. Et tout d’un coup, bingo ! mais c’est bien sûr… Jean-Marc Donnadieu !
Et c’est bien le même type de psychopathe…
Voyez sa photo sur son CV du printemps 2013, c’est exactement Joe Clark avec quelques années en plus :
A noter : pour pouvoir retrouver jambes et mobilité, sa dernière victime le jeune Thad Phillips, qui à tout juste douze ans a réussi à échapper à une mort certaine dans les conditions relatées dans la vidéo, a dû subir par la suite nombre d’interventions chirurgicales durant plusieurs années.
Et les fouteurs de merde du NPA qui vont au Mali et au Burkina Faso depuis des lustres ? Personne ne les voit jamais ? Incroyable…
A noter : leurs milices et assassins jouissant en France d’une impunité totale, on est bien obligé d’en déduire qu’ils y assurent les basses oeuvres des différents régimes qui se succèdent à la tête de l’Etat français depuis un bon paquet d’années. Donc… ailleurs aussi.
L’opposition à la guerre française au Mali démasque le charlatanisme petit bourgeois du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot. Le 18, une junte de colonels maliens a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta avant de proclamer sa loyauté à l’occupation française du Mali. Face à l’installation d’une junte pro-impérialiste, le site Web Révolution permanente du NPA, lié au Parti des travailleurs socialistes (PTS) argentin peine à contenir son enthousiasme.
Sur ce site, Philippe Alcoy écrit que «Le coup d’État a été accueilli avec des scènes de liesse dans les rues de Bamako. En tout cas pour le moment. En effet, ce groupe de militaires dit vouloir ‘une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles’ dans un ‘délai raisonnable’. Les putschistes déclarent avoir pris la décision d’agir car ‘le Mali sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée’.»
Si Alcoy s’inquiète brièvement des «mesures répressives comme l’instauration d’un couvre-feu et la fermeture des frontières», il n’hésite pas à présenter le coup d’État comme le début de la révolution africaine. Il déclare que le coup est «mené sans doute par des fractions des classes dominantes et de l’armée agissant sans le consentement du gouvernement français.» Il se paie le luxe d’évoquer le réaction du social-démocrate Marceau Pivert face à la grève générale de 1936 en France, publié dans Le Populaire: «Tout est possible!»
Il affirme: «Mais une chose est certaine, la France et ses alliés craignent que le coup d’État au Mali n’ouvre la voie à des situations similaires dans d’autres pays de la région qui sont traversés par les mêmes problèmes politiques, sociaux et économiques. … Pour l’analyste ivoirien Franck Hermann Ekra, dont les propos ont été relayés par Libération, c’est ‘comme si un « modèle malien » venait de voir le jour. Et que, notamment dans les pays voisins, chacun s’autorise enfin à penser que « tout est donc possible », en rapprochant ce qui s’est passé au Mali de situations analogues, de rejet du pouvoir en place, vécues à domicile’.»
Or l’impérialisme français ne craint pas le putsch malien, qui n’a rien à voir avec une révolution. Une vague historique de grèves et mobilisations de masse monte, sans aucun doute, à travers l’Afrique. Les grèves d’enseignants et de cheminots au Mali; le hirak algérien de 2019 contre le régime militaire; les manifestations ivoiriennes contre le président Alassane Ouattara installé par une intervention militaire française en 2011; et les manifestations contre Keïta témoignent tous d’une explosion de colère des travailleurs et des masses opprimées contre l’impérialisme.
Au Mali, les manifestations se succèdent depuis des mois pour s’opposer à l’occupation française lancée en 2013, et aux massacres ethniques entre milices rivales que Paris tolère afin de diviser pour mieux régner sur le pays.
Mais Paris soutient ce putsch contre la mobilisation antiguerre des jeunes et des travailleurs maliens. Comme lors du coup de 2012 qui a ouvert le chemin à l’invasion française de 2013, le putsch est parti du camp militaire de Kita, et le général Ibrahmi Dahirou Dembélé, décoré pour ses services à la défense nationale française, a été l’un des commanditaires. Lorsque les putschistes sont arrivés au pouvoir, ils ont d’ailleurs fait une déclaration sans ambiguïté.
Ils ont appelé l’armée malienne à continuer sa collaboration avec les forces françaises (Opération Barkhane), leurs alliés européens (Takuba), leurs supplétifs de l’ONU (Minusma) et des pays du Sahel (G5 Sahel): «La Minusma, la force Barkhane, le G5 Sahel, la force Takuba demeurent nos partenaires pour la stabilité et la restauration de la sécurité. S’adressant à vous, frères d’armes, nous vous exhortons à assurer la continuité de vos missions régaliennes et opérationnelles.»
Macron a quant à lui hypocritement critiqué le putsch avant d’indiquer que l’armée française travaillerait sans problème avec la nouvelle junte: «Mais nous n’avons pas à nous substituer à la souveraineté malienne. … Rien ne doit nous divertir de la lutte contre les djihadistes.»
Aucune analyse du putsch du 18 août ne serait complète sans mentionner le rôle d’Oumar Moriko. chef du parti SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance), avec lequel le NPA a longtemps collaboré en le traitant de «parti historiquement d’inspiration marxiste-léniniste».
Vers midi le 18, Mouriko a lancé un appel aux jeunes de Bamako à soutenir les putschistes, alors que ceux-ci étaient en difficultés face aux troupes loyales à Keïta. Ces appels ont été relayés par tout le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) de l’imam Mahmoud Dicko, dont fait partie la SADI. A présent, et avec leur soutien, la junte malienne discute sans doute de comment étrangler l’opposition des masses à l’Opération Barkhane.
Face à un mouvement grandissant dans la classe ouvrière et les masses opprimées africaines, Révolution permanente fait tout pour les pousser derrière la contre-révolution. C’est un avertissement aux travailleurs et aux jeunes en Afrique, en France et dans le reste du monde. Pour lutter contre l’oppression impérialiste des anciens pays coloniaux et l’austérité policière en Europe, il faut mener une lutte marxiste et internationaliste, c’est-à-dire trotskyste, contre les illusions et les mensonges semés par les partis populistes de la petite-bourgeoisie argentée comme le NPA.
L’ex-soixantehuitard Alain Krivine qui a fondé le NPA en 2009, afin de rompre les attaches symboliques que sa Ligue communiste révolutionnaire «trotsko-guévariste» avait maintenu avec la figure de Trotsky, le dirigeant de la révolution d’octobre et fondateur de la IVe Internationale. Intégré dans les réseaux du Parti socialiste (PS) bourgeois, qui a longtemps lancé des coups et des guerres en Afrique, le NPA est à présent un soutien inconditionnel de l’impérialisme contre le mouvement international des travailleurs.
Lors des guerres de l’OTAN en Libye et en Syrie lancées en 2011, Besancenot s’est distingué par l’ardeur de ses appels au renseignement français à armer les «rebelles» contre les régimes en place. Ainsi le NPA s’est rendu complice de guerres qui ont fait des centaines de milliers de morts et des dizaines de millions de réfugiés depuis 2011. Et Révolution permanente, qui a voulu se donner un vernis «de gauche» en critiquant parfois «la guerre impérialiste dans une Libye dévastée», tout en faisant oublier le rôle du NPA, récidive en applaudissant les opérations françaises au Mali.
Lors de l’invasion française du Mali, le WSWS avait expliqué les intérêts matériels de classe qui sous-tendaient le soutien de SADI comme du NPA pour cette guerre, que le NPA avait commencé par mollement critiquer. Il n’y a pas grand-chose à changer à cette analyse:
«Les guerres de la France sont bien des actes de pillage impérialistes, dont les travailleurs français paient également le prix par des augmentations d’impôts et de nouvelles coupes sociales. Ces guerres visent à renforcer la position stratégique de Paris, les profits de ses entreprises pétrolières et de ses banques. Mais c’est également la source des flux d’argent que la bourgeoisie dirige, par son financement de la bureaucratie syndicale, des programmes des médias et de bourses de recherche des universitaires ‘de gauche’, vers les forces de la pseudo-gauche telles que le NPA.»
C’est aussi le fondement matériel de la promotion par Révolution permanente des putschistes maliens qui ont mis main basse sur le pouvoir à Bamako. Vu que le putsch et l’action de SADI préparent une répression par l’armée de l’opposition des travailleurs et des jeunes, Alcoy ajoute en conclusion quelques phrases creuses visant à prendre ses distances de la junte qu’il vient de saluer tout au long de son article. Il écrit:
«C’est en ce sens que pour les travailleurs et les classes populaires du Mali, ce serait une erreur fatale de placer leurs espoirs d’émancipation et d’une vie digne dans cette junte militaire. Ce ne serait pas moins catastrophique de faire confiance à la coalition M5-RFP, peuplée de figures réactionnaires, ou aux organisations islamistes. Et il va sans dire que le pire de leurs ennemis reste l’impérialisme, notamment dans sa forme la plus ouvertement militariste. Toutes ces forces sont des ennemies des exploités et opprimés du Mali et de tout le continent africain.»
Il ne manque qu’une chose à cette conclusion: d’ajouter qu’au sein de la coalition M5-RFP, l’élément le plus cynique est le parti SADI et son soutien français, le NPA, au sein duquel les charlatans les plus éhontés sont les partisans de Révolution permanente. Pour se doter d’organisations révolutionnaires, les travailleurs du Mali et d’Afrique comme de France et d’Europe devront fonder leurs partis trotskystes, des sections du Comité international de la IVe Internationale, en lutte contre la pseudo-gauche petite-bourgeoise.
Un jour viendra où le monde entier saura qui sont vraiment le pédophile trafiquant de drogue cybercriminel et terroriste « islamiste » Pascal Edouard Cyprien Luraghi et tous ses complices, parce qu’ils n’ont pas cessé de mentir depuis le début de leurs attaques à mon encontre.
Ce n’est qu’une question de temps.
En attendant, louons Notre Dame que ceux d’en face détestent tant… avec Guillaume de Machaut qui n’a rien perdu de sa modernité à travers les siècles.
L’Ars nova est un courant de la musique médiévale occidentale, centré sur la France, et qui englobe une période comprise entre l’écriture du Roman de Fauvel (1310-1314) et la mort de Guillaume de Machaut (1377).
L’époque de l’ars nova couvre à peu près les années 1320 à 1380 ; elle a pour centre Paris. Le nom donné à cette époque vient directement d’un traité théorique sur la musique attribué à Philippe de Vitry intitulé « ars nova » ou « art nouveau » écrit vers 1320 (mais ceci est très contesté). On donne aussi parfois comme point de départ de l’ars nova le Roman de Fauvel, écrit entre 1310 et 1318. Le traité ars nova concerne un nouveau système de notation, à la fois mélodique et rythmique, en appuyant le propos sur une nouvelle conception de ceux-ci. Plusieurs s’arrachent l’invention de ce système dont le même Philippe de Vitry, Jean de Murs, mathématicien à la Sorbonne qui avait déjà présenté le système mensuraliste de l’Ars nova dans Notitia Artis Musicae en 1321 et Jacques de Liège qui rassembla l’ensemble de la théorie musicale du Moyen Âge dans sept livres intitulés Speculum Musicae de 1321 à 1324. Ce nouveau système de notation, plus clair, mesuré et strict apporte d’infinies possibilités tant sur le point de vue technique et pratique que théorique. De plus, il a permis à la masse profane d’exercer la musique avec plus de facilité au-delà du bouche à oreille et des exercices mnémoniques qui avaient la fâcheuse tendance de déformer motets, hoquets et rondeaux au fil du temps et du perfectionnement des chanteurs et musiciens. Le courant s’éteint en même temps que Guillaume de Machaut, en 1377.
Controverse de l’Église catholique
L’usage liturgique de la musique de l’ars nova fut fermement rejeté par le pape Jean XXII dans sa décrétale Docta Sanctorum Patrum2, mais accepté par le pape Clément VI. Le chant monophonique, déjà harmonisé pour un simple orgue, s’est vu altéré, fragmenté, et dissimulé derrière des mélodies profanes. Les paroles des poèmes d’amour courtois pouvaient être chantés en dessus de textes sacrés, ou des textes sacrés pouvaient être placés à l’intérieur d’une mélodie profane. Ce n’était pas tant la polyphonie qui était une offense dans les âges médiévaux, mais la notion de musique profane qui se combine au sacré et prenant place dans la liturgie.
Caractéristiques stylistiques
Par opposition à l’ars nova, l’ars antiqua ou « art ancien » précède celui-ci et couvre la période approximative de l’an 1240 à 1320. Il n’y a pas lieu de tracer une ligne séparatrice entre l’ars antiqua et l’École de Notre-Dame, car le terme « ars antiqua » a été forgé par les théoriciens de l’ars nova pour décrire tout ce qui avait été fait avant en matière de polyphonie savante (période allant de 1170 à 1310-1320, et comprenant par conséquent l’époque de l’école de Notre-Dame). Les mêmes genres appartiennent aux deux périodes, de plus, la notation et le rythme considérablement plus développés avec l’avènement de l’ars nova, ce qui rend les deux premiers encore plus semblables par leur juxtaposition dans le temps. Les principales améliorations qui ont eu lieu lors de l’avènement de cet « art nouveau » sont majeures et concernent la polyphonie, les modes rythmiques, la notation musicale et l’isopériodicité. L’idée sous-jacente à l’utilisation de ces techniques était de créer de la musique d’une plus grande expressivité, et de varier le répertoire du siècle précédent. On peut la mettre en parallèle avec l’utilisation de la perspective en peinture, et cette étape est nécessaire si l’on veut comprendre les changements de l’art musical.
Les genres de l’ars nova
Le motet occupe une place largement dominante, mais partage l’attention avec des formes polyphoniques ou monodiques séculières voire populaires comme la ballade, le virelai, le rondeau, le lai, et en Italie (où l’ars nova a pour synonyme trecento), la ballata, la caccia, le madrigal.
C’est à travers les quatre formes profanes, poétiques et fixes (le motet est à la frontière entre sacré et profane, on ne le compte donc pas ici) de la ballade, du rondeau, puis, dans une moindre mesure dans le lai et le virelai (aussi appelé « chanson balladée ») que Guillaume de Machaut a démontré son savoir-faire et exploité pleinement la contrainte à la fois de la forme poético-lyrique que dans la nouvelle approche, plus technique, de l’art, pour faire florir le processus de composition comme pratique pleine et un art à proprement parler.
Earp, Lawrence. Ars nova [archive]. IN Kibler, William W. Medieval France: an encyclopedia. Volume 2 de Garland encyclopedias of the Middle Ages. Routledge, 1995. p. 72-73
L’École de Notre-Dame désigne un style de musique développé par des compositeurs ayant exercé à la cathédrale Notre-Dame de Paris de 1160 à 1250 faisant partie de l’Ars antiqua. Mais plus qu’une connotation géographique (des sources proviennent aussi de Beauvais ou de Sens), l’expression fait référence aux caractères des compositions : outre l’utilisation des modes rythmiques et mélodiques (les huit tons d’église) en usage, on constate surtout l’apparition, suivie d’un important développement, de formes musicales polyphoniques telles que le conductus (le conduit), l’organum fleuri et enfin le MOTET .
« À partir de la fin du XIIe siècle […], un lieu de création musicale émerge, lieu primordial servant de modèle pour tout le monde chrétien : la cathédrale Notre-Dame de Paris. Si l’on continue à y célébrer comme ailleurs les liturgies au son des mélodies du chant grégorien, les chantres et chanoines de la cathédraleparisienne développent à partir des années 1170 de nouveaux styles qu’on appelle aujourd’hui l’École de Notre-Dame, introduisant des innovations majeures. D’une part la polyphonie, de plus en plus pratiquée dans de nombreuses abbayes ou cathédrales françaises, gagne ses premières véritables lettres de noblesse à Notre-Dame. D’autre part l’utilisation de pulsations rythmiques régulières dans la musique constitue également une grande nouveauté et il semble bien que les chantres parisiens en soient les initiateurs. Très vite, les procédés des compositeurs de cette « École » seront imités, copiés, chantés dans les grandes églises de France puis dans toute l’Europe. Cette diffusion exceptionnelle pour l’époque s’explique par le génie des créateurs parisiens, au premier rang desquels figurent les fameux Léonin et Pérotin, mais aussi par la renommée et la prépondérance extraordinaire de Paris au début du XIIIe siècle, ville-lumière déjà surnommée « Mater artium » (Mère des Arts), « Secunda Athena » (Seconde Athènes), « Paris expers Paris » (Paris sans égal). La présence des institutions royales et religieuses contribue désormais au statut de capitale, mais c’est la vie intellectuelle, la création et l’immense succès immédiat de l’Université [créée à partir de 1253] qui font le renom de Paris, véritable phare culturel européen. Dès les premières décennies du XIIe siècle, Abélard et d’autres maîtres parisiens attiraient déjà des foules d’élèves venant d’horizons très divers sur la montagne Sainte-Geneviève et dans le futur Quartier latin. Ceux-ci repartaient ensuite avec un bagage théologique, mais souvent également musical, et contribuèrent ainsi à la diffusion dans toute l’Europe du répertoire de l’École de Notre-Dame1. ».
La construction de Notre-Dame de Paris a été décidée par l’évêque Maurice de Sully au lendemain de son élection fin 1160 ou début 1161. Les travaux commencent en 1163 et se poursuivent jusqu’en 1245. Le grand autel est consacré en 1182. Au XIIIe siècle, grâce aux séjours fréquents de la famille royale, à l’université réputée de la capitale et d’autres collèges en développement, Paris rayonne comme foyer culturel et artistique pour toute la chrétienté. Les recherches musicales, d’abord éparpillées dans les grands monastères de province, se concentrent vers les villes et connaît un essor sans précédent. Ainsi, Limoges, Beauvais et Sens sont des centres importants pour l’organum et la polyphonie, de même que Chartres dès le XIe siècle2.
En ce siècle de classicisme médiéval, Notre-Dame est un des principaux centres de la vie intellectuelle et artistique. Par ailleurs, la famille royale entretient un ensemble de chanteurs disponibles quotidiennement et la noblesse française continue à susciter, depuis un siècle, grâce aux troubadours et aux trouvères (souvent nobles), un grand mouvement de poésie chantée (resté longtemps monodique), qui avait créé dès l’époque précédente l’univers de l’amour courtois.
Le répertoire de l’école de Notre-Dame (de même que ses imitations dans les grands centres européens) est évidemment liturgique. L’objectif est d’abord de chanter la gloire de Dieu, par les textes sacrés, considérés comme la parole divine. Le chant accompagne donc les cérémonies et les processions. La musique pratiquée à Notre-Dame est née dans un environnement d’intellectuels et d’érudits : étudiants, théologiens ou juristes, médecins, et bien sûr musiciens.
Par l’intermédiaire de ce savoir, de ces constructions de plus en plus savantes au fil du temps (improvisées en « chant sur le livre » ou écrites), des enfants de basse extraction parviennent à une reconnaissance sociale. C’est à ces « musiciens habiles » (« artis musicæ periti »3, c’est-à-dire musiciens professionnels) qu’on doit le développement continu de cette grande nouveauté qu’est la polyphonie occidentale. Née au sein de l’Église vers le IXe siècle, elle va fleurir et se répandre dans toute l’Europe pendant quatre siècles au moins (pour atteindre son plein épanouissement à la fin du XVIe siècle). On codifie également un système de notation rythmique aussi abstrait que cohérent, la Musica mensurabilis (musique mesurable). Les modes rythmiques sont capables, comme les modes mélodiques, de structurer, plus précisément et plus finement qu’avant, les compositions vocales qui naissent d’abord à l’église. Leur nombre s’accroît sensiblement. Ainsi, les musiciens de Notre-Dame ont ajouté à l’histoire de la musique occidentale une page plus que déterminante : ils ont orienté une grande partie de son avenir.
Les compositeurs
Alleluia nativitatis, dans le troisième mode rythmique de Pérotin (manuscrit de Wolfenbüttel, Codex Guelf 1099, XIIIe siècle).
Deux chantres des XIIe et XIIIe siècle sont restés célèbres.
Léonin d’abord (Leo ou magister Leoninus selon les textes), qui aurait exercé vers le milieu du siècle. Selon Craig Wight4, il aurait été également un poète connu et un chanoine. Il compose surtout des organum à deux voix, mais rien ne confirme qu’il s’y soit cantonné absolument. On lui attribue le Magnus Liber Organi, puisqu’il aurait joué un des rôles principaux dans la création et la reconnaissance de la forme musicale appelée organum, sans toutefois appartenir en titre à la lignée des maîtres de musique de la nouvelle cathédrale.
Puis Pérotin (Perotinus magnus : Pérotin le grand), actif vers la fin du XIIe et premier quart du XIIIe siècle qui compose plutôt à trois ou quatre voix. Selon Craig Wight, il est Pierre, le succentor (sous-chantre) de Notre-Dame, la « dignité » de grand-chantre étant dévolue à un ecclésiastique dont la fonction n’est pas purement musicalen 1. Le manuscrit rédigé par l’Anonyme IV au XIIIe siècle donne les noms de Léonin et de Pérotin et nous apprend que5 :
Et nota, quod magister Leoninus, secundum quod dicebatur, fuit optimus organista, qui fecit magnum liber organi de gradali et antifonario pro servitio divino multiplicando. Et fuit in usu usque ad tempus Perotini Magni, qui abbreviavit eundem et fecit clausulas sive puncta plurima meliora, quoniam optimus discantor erat, et melior quam Leoninus erat. Sed hoc non est dicendum de subtilitate organi etc. Ipse vero magister Perotinus fecit quadupla optima sicut « Viderunt, Sederunt » cum habundantia colorum armonicæ artis ; similiter et tripla plurima nobilissima sicut « Alleluia Posui adiutorium, Nativitas » etc. Fecit etiam triplices conductus ut « Salvatoris hodie » et duplices conductus sicut « Dum sigillum summi patris » ac etiam simplices conductus cum pluribus aliis sicut « Beata viscera », etc. Liber vel libri magistri Perotini erant in usu usque ad tempus magistri Roberti de Sabilone et in coro Beatæ Virginis maioris ecclesiæ Parisiensis et a suo tempore usque in hodiernum diem6.
« Maître Léonin, d’après ce que l’on disaitn 2, fut le meilleur compositeur d’organumn 3, il fit le grand livre d’organum, sur le Graduel et l’Antiphonaire [chanté à partir du Graduel et de l'Antiphonaire], en vue d’accroître la solennité du service divin [en multipliant les parties vocales différentes qu'on fait entendre en même temps, au cours de la messe et de l'office divin]. Ce livre fut en usage jusqu’au temps de Pérotin le Grand qui l’abrégea et fit des clausules ou sections très nombreuses et excellentes car il était excellent compositeur de déchant et encore meilleur que Léoninn 4. — Anonyme IV, 1275.
(la suite : Sed hoc non est dicendum… hodiernum diem, n’est pas traduite dans cet article, pour le moment). »
3:32
Breves dies hominis de Léonin ou peut-être de Pérotin
Deux des œuvres emblématiques sont à citer : Viderunt omnes, Graduel de Noël (daté de 1198) et Sederunt principes, Graduel de Saint-Étienne (26 décembre) daté de 1199. Dans le Viderunt omnes, on peut observer un canon à la quinte, constitué entre le duplum et le triplum (la 2e et la 3e voix). Ces deux pièces se trouvent au début des manuscrits W1 et Pluteus (voir plus bas), ce qui indique bien la valeur ou l’importance des œuvres.
Comme le manuscrit original a disparu et n’est connu que par des copies de dates diverses avec de sensibles modifications, il est probable que les pièces de Léonin retouchées par Pérotin lui soient attribuées faussement, ou que l’apport de l’un ne puisse être mesuré convenablement. Il est possible aussi qu’avec la sensible transformation des manières de noter la musique, le copiste ait volontairement transformé le texte parvenu jusqu’à nous.
Sources
Le Magnus Liber Organi, dont l’original a disparu, était un manuscrit, copié entre 1160 et 12407, où se trouvait noté le vaste répertoire de la cathédrale. Le nom complet est Magnus Liber Organi de Graduali et Antiphonario, soit Grand livre de l’organum sur le Graduel et l’Antiphonaire. Il était placé sur un lutrin, au milieu du chœur lors des cérémonies.
Il fut souvent copié partiellement ou intégralement et diffusé partout en Europe. Edward Roesner6 considère qu’il s’agit du premier corpus polyphonique écrit et non transmis oralement.
Organisation – Le contenu des manuscrits est structuré selon le calendrier liturgique, mais dans une hiérarchie respectant le rang particulier de Noël, Pâques, Pentecôte et Assomption, appelés annuale. Les autres, classées par le terme de duplex, puis les secondaires, appelées semiduplex, regroupant les saints, évêques ou simples confesseurs8. De même le nombre de pièces disponibles pour chaque fête, diminuent à l’inverse de leur hiérarchie ; les fêtes les moins importantes ne reçoivent aucun organum.
Après la relation à la liturgie le classement suit le nombre de voix, le genre, et le type de liturgie9.
Il subsiste deux types de sources essentielles pour étudier ce mouvement : les manuscrits musicaux et les écrits des théoriciens.
Manuscrits conservés
Les manuscrits disponibles sont très postérieurs à la composition des œuvres. Par exemple le Viderunt Omnes de Pérotin, l’une des pièces les plus emblématiques du répertoire, a été composée avant 1198, mais la source la plus ancienne n’apparaît que dans le W1 copié vers 1245. On ordonne les sources chronologiquement par rapport à leur rédaction ; sachant que les trois manuscrits principaux sont les F, W2 et W1.
La structure du Magnus Liber Organi que décrit Anonymous IV se retrouve « dans l’organisation du manuscrit de Florence, [et] se conserve de manuscrit en manuscrit de manière assez stable10 ». La différence étant dans le choix effectué par les copistes. Le manuscrit de Florence, compte une centaine de pièces dans sa section liturgique. Le manuscrit W1, 43 et le W2 en compte 4611. Craig Wright discute de ces éléments pour en conclure que ces choix sont effectués selon les besoins locaux des processions12 et l’élimination des pièces propres à Notre-Dame13.
Manuscrit Pluteus 29.1 ou F de la Bibliothèque Medicea-Laurenziana de Florence14. Il fut copié à Paris et enluminé dans l’atelier de Jean Grusch (probablement situé entre Notre-Dame et la Sorbonne15,16) entre 1240 et 1255. C’est un grand manuscrit de 232 × 157, écrit d’une seule main et réparti en 11 fascicules, le tout organisé selon le cycle liturgique. Les pages contiennent douze portées. Le manuscrit comporte une lacune, repérée par une double pagination.
Il contient 1023 compositions, uniquement religieuses, pour les grandes fêtes de Noël, Pâques, Pentecôte et Assomption ainsi que pour d’autres cultes pratiqués à Paris : Sainte Madeleine, Saint-André ou Saint Denis. Le tout correspond essentiellement à une copie du Magnus Liber Organi de Léonin (cent pièces attribuables) et aux ajouts de Pérotin et de son école décrit par l’Anonyme IV au chapitre VI.
La notation est modale.
Selon Craig Wright17 « c’est le manuscrit qui reflète le mieux l’usage de la cathédrale Notre-Dame de Paris18 ».
fascicule 6 : motets et conduits à trois et quatre voix (fos 201–262)
fascicule 7 : conduits à deux voix (fos 263–380)
fascicule 8 : motets à trois voix (fos 381-398)
fascicule 9 : motets à deux et à trois voix (fos 399–414)
fascicule 10 : conduits monodiques (fos 415–462)
fascicule 11 : conduits monodiques (fos 463–476)
Manuscrit 20496 (Madrid)
Manuscrit 20496 de la Bibliotheca Nacional de Madrid20. Copié vers 1260 peut-être pour le chapitre de la Cathédrale de Tolède ou il fut conservé jusqu’en 1869, au sein des Archives capitulaires de la cathédrale. Mais ne figurant pas au catalogue jusqu’au XVIIe siècle, le doute subsiste quant à sa destination, sans doute d’un usage liturgique privé et non public.
Il est composé de 142 folios de 166 × 115 et il manque des cahiers avant le folio 5 et les folios 106-107. Il a été écrit par trois mains différentes : fos 1–4, fos 5–24 et fos 25–142.
Il contient une collection de conduits (en latin : conductus) (l’essentiel du répertoire) et de motets parfois en source unique, mais le manuscrit de Florence les présente dans le même ordre et avec très peu de variantes. Il est clairement articulé en deux parties. La première comporte de grands organa quadrupla. Dans les motets, à deux ou trois voix, il manque souvent la partie de ténor. Une pièce, Graduletus populus (fo 125vo ) est à une seule voix.
Le manuscrit comporte des unica, tel le In sæculum, un hoquet qui selon Anonyme IV a été composé par un hispanique. Le recueil présente aussi des sections d’organa tropés à quatre voix, et une pièce importante de Pérotin : Viderunt omnes.
La notation est carrée et rythmique.
Manuscrit W1 (Wolfenbüttel)
Manuscrit W121 de la bibliothèque Herzog-August de Wolfenbüttel.
Le premier manuscrit de Wolfenbüttel, le W1 est, selon les paléographes, une compilation du milieu XIIe siècle ou jusqu’à 130022, destinée au prieuré bénédictin de St Andrewsn 5 en Écosse.
C’est un petit livre de 16,6 × 11,5 cm dont les marges ont été rognées pour la reliure. Il contient 197 folios sur les 215 à l’origine, dans 26 cahiers, sur lequel sont tracées douze portées. À moins de considérer la date la plus ancienne proposée par les historiens, il est constitué d’un répertoire à deux voix, relativement ancien (1200) par rapport à la date du recueil ; ce répertoire restant plus ancien que le manuscrit de Florence, sa valeur est grande. Copié par deux scribes différents.
fascicule 2 : tripla et conduits à 3 voix (f. 9–16)
fascicule 3 : dupla – office (fos 17–24)
fascicule 4 : dupla – messe (fos 25-48)
fascicule 5 : clausules à 2 voix (fos 49-54)
fascicule 6 : clausules à 2 voix et 1 conduit à 2 voix (fos 55–62)
fascicule 7 : tripla (fos 63–69)
fascicule 8 : conduits, tripla, clausule, tropes, tous à 3 voix (fos 70–94)
fascicule 9 : conduits à 3 voix, conduits et tropes à 2 voix (fos 95–176)
fascicule 10 : conduits monodiques (fos 177-192)
fascicule 11 : polyphonies à 2 voix pour la Missa de Sancta Maria (fos 193-214)
Manuscrit Egerton 2615 (Londres)
Le manuscrit Egerton 2615, conservé à la British Library de Londres, date de 1240–1255. Il semble avoir été produit dans le même atelier que F pour la cathédrale de Beauvais13,24.
La reliure qui rassemble les trois fascicules dont il est composé, a été effectuée très tôt courant XIIIe siècle13. Le second fascicule contient les plus populaires polyphonies de Notre-Dame25. Le troisième étant dévolu au Jeu de Daniel qui convient aussi pour la fête de la Circoncision.
fascicule 1 : quadrupla et tripla pour la fête de la Circoncision (fos 1–78)
fascicule 2 : quadrupla, tripla, motets et conduits à 3 (fos 79–94)
Manuscrit H 196 de la Bibliothèque de l’École de Médecine de Montpellier26. Le recueil est composé de 400 feuillets de 192 × 136, répartis en huit fascicules. Il y a huit portées par page, mais la disposition varie selon les fascicules. Il fut copié et enluminé entre 1260 et 1280 (fasc. I-VI). Il a été relié au XVIIIe siècle. Le fascicule VII date de la fin du XIIIe siècle et le dernier vers la fin du règne de Philippe le Bel (peut-être pour le début d’un autre recueil).
Il contient une anthologie de 345 compositions dont l’origine est probablement Paris ou non loin (mais il y a quelques traces de parlé picard dans les textes français), représentatives de l’époque. Le répertoire est essentiellement composé de motets profanes à deux ou trois voix, mais aussi de quelques pièces religieuses adoptant la forme du conductus (le conduit), des organa (pluriel d’organum) et des hoquets ; le tout classé d’après le nombre de voix composant les morceaux.
Certains organa, copiés dans une notation plus évoluée, permettent de se faire une idée plus précise du rythme.
Manuscrit W2 (Wolfenbüttel)
Le conduit Salvatoris hodie extrait du Manuscrit W2 de Wolfenbüttel, f°31r.
Manuscrit W227 de la bibliothèque Herzog-August de Wolfenbüttel. L’origine du W2 est française, sans doute du centre de la France. Il est de petite taille, 175 x 130, contient 253 folios, répartie sur 33 cahiers. Copié entre 1250 et 1260 par trois mains différentes : 1) fasc. I-V, a copié des organa, 2) fasc. VII-X, copie des motets, 3) fasc. VI au parchemin différent des autres. Les pages comprennent huit à dix portées. Il y a quelques pertes. Le recueil contient une majorité de motets souvent en français (quelques-uns avec un double texte), seulement 29 conduits et aucune clausule.
Le rythme y est noté plus précisément, sous forme carré modale et conjoncturæ losangées.
fascicule 7 : motets-conduits à 3 voix (latins, français) ; conduits à 2 voix (fos 123–144)
fascicule 8 : motets latins à 2 voix (fos 145–192)
fascicule 9 : motets-doubles français à 3 voix (fos 193–215)
fascicule 10 : motets français à 2 voix (fos 216–153)
Manuscrit Msc.Lit.115 (Bamberg)
Manuscrit Msc.Lit.115 de la Bibliothèque d’État de Bamberg29. Provient de la bibliothèque du chapitre de Bamberg. Il est peut-être originaire de France et fut copié entre 1270 et 1300 sur 80 folios de 26,3 × 18,6 et relié en 1611. Le recueil est articulé en deux parties : les chants (fos 1–64v — sur 10 portées) et deux traités ainsi que deux motets supplémentaires (fos 65–80 — les motets sont notés sur onze portées).
Les traités sont copiés par une main différente, mais de la même époque. Le premier, fos 65–79 est de 1271 par l’Anglais Amerus. Il traite des nuances, des huit modes et de la main guidonienne. Le deuxième, fos 79r & 79v, présente une doctrine mensurabiliste enseignée à Paris de 1240 à 1260.
La musique est composée de 107 motets à trois voix en français ou en latin classés à peu de chose près dans l’ordre alphabétique des incipit, les latins d’abord (44) puis les autres (47 en français et 9 bilingues), outre un conduit (conductus) et sept clausules. Beaucoup de ces motets sont de nature profane et plus anciens que la date de copie (1225–1255 excepté quelques œuvres datées de 1275 maximum). L’essentiel du manuscrit se trouve dans celui de Montpellier.
Le type de la notation, proche du système de Diecritus, est pré-franconiennen 6 et plus évolué que celle du H 196 de Montpellier. Les longues et les brèves sont bien différenciées.
Codex Las Huelgas du monastère des religieuses cisterciennes de Santa Maria la Real de Las Huelgas de Burgos30. Assez tardif, il fut copié à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle sur 18 cahiers. Au folio 152 verso apparaît le nom d’un compositeur : Johannes Roderici ou Johan Rodrigues qui corrigea sans doute les folios plus anciens.
Le manuscrit totalise 186 pièces de nature très hétérogène. Malgré le mélange avec des pièces de l’Ars nova, du début de l’époque suivante, il contient aussi des organa, conduits et motets de l’ancien style (moins d’une cinquantaine), d’origine hispanique, parfois de style antérieur ou semblable à celui de l’école de Notre-Dame, et très proches du manuscrit W1. Le contenu liturgique se monte au quart du recueil. Les quatre cahiers du début contiennent les organa et les quatre à la fin, les conduits. Les dix cahiers centraux sont constitués de proses et de motets, à parts égales.
Le type de notation est franconienne : « le manuscrit de Las Huelgas a traditionnellement été considéré comme le meilleur exemple que l’on connaisse de la notation franconienne » (Juan Carlos Asensio31).
Manuscrit Vari 42 (Turin)
Le manuscrit Vari 42 de la Bibliothèque Royale de Turin est d’origine française, vers 1300. Son contenu est beaucoup plus réduit mais apparenté au manuscrit de Montpellier.
Autres manuscrits
On peut ajouter encore :
Londres, British Library, Add. 30091
Cambridge, Univerty Library ms. Ff. 2.29
Madrid, BN, Ms 20486 (origine probable : Tolède)
Stary Sącz, Klasztor PP. Klarysek (fragments)
Ainsi que Turin, Darmstadt et Worcester.
Les théoriciens
Jean de Garlande (1195 ? – 1272 ?). Est, avec Francon de Cologne, le plus important des théoriciens. Il enseigne à Paris à la même époque que Francon. Son De mensurabili positio (v. 1240) est le traité le plus précis et le plus clair sur la conception et la notation du rythmen 7. En raison de la date et de la provenance, le traité « est sans doute le plus proche de l’école de Notre-Dame et du Magnus liber organi32. » Il a largement commenté le style des organum à 3 et 4 voix de Pérotin, notamment pour ce qui est de l’ornementation mélodique selon des procédés formulaires des voix supérieures, c’est ce qu’on appelle les colores.
Anonyme IV, un étudiant anglais, qui a décrit (vers 1280) les pratiques de Notre-Dame entre 1270 et 1275, c’est-à-dire un siècle après l’origine de l’activité des compositeurs. Ce texten 8, sans titre, cite des pièces importantes des manuscrits qui peuvent être attribuées à Léonin ou Pérotin. La nomination Anonyme IV provient du musicologue E. de Coussemaker33.
Anonyme de St-Emmeran. Le De musica mensuratan 9 est un manuscrit anonyme daté de 1279, composé en prose et en vers par un théoricien, élève parisien de Maître Henri de Daubuef, chanoine de Notre-Dame. Il connait les traités de Jean de Garlande et de Lambertus. Il figure parmi les traités les plus longs et les plus étendus de l’époque. Comme Anonyme IV, il prend pour modèle le traité de Jean de Garlande32, pour le défendre34,35.
Francon de Cologne, enseignant à Paris au milieu du XIIIe siècle et auteur probable du Ars cantus mensurabilis (vers 1260). Le traitén 10 a eu une faible diffusion, mais il a été connu surtout par des abrégés diffusés dans les maîtrises, collèges ou l’université de Paris36.
Jean de Bourgogne n’a laissé aucun traité, mais Pierre de Picard — voir après — nous laisse beaucoup de notation.
Pierre de Picard. Auteur de Ars mottetorum compilata breviter, un court traité reproduit intégralement par Jérome de Moravie son élève. On pense que Pierre le Picard et Pierre de la Croix (Petrus de Cruce), réformateur de la notation franconienne et précurseur de l’Ars nova, sont la même personne.
Jérôme de Moravie. Plutôt écossais que morave, ce dominicain est actif à Paris jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Il était professeur de musique à St. Jacques. Il réalise dans son traité, Tractatus de musica, une somme des connaissances musicales de son temps37.
Traité du Vatican
Le traité de composition du Vatican38, provient du nord de la France entre 1170 et 1180. C’est une sorte de manuel ou traité de l’organum à deux voix. Bien que regorgeant d’exemples, on ne fait mention à aucun moment du rythme. Il permet cependant de se représenter la façon dont les doubles (les deuxièmes voix) étaient composés et montre des passages d’organum de plus en plus fleuri. Le traité donne aussi trois organa complets en annexe.
La notation
La notation de la musique de la fin du XIIe siècle se fait sur quatre ou cinq lignes. Les clés sont d’ut ou de fa (très exceptionnellement celle de sol ou d’ut à l’octave). Les notes sont réduites au carré. Les notes longues sont figurées par un rectangle plus ou moins allongé. Les groupes neumatiques sont séparés par des traits verticaux et une double barre indique la fin du morceau. Pour les altérations, on trouve l’indication du bémol, du bécarre et courant XIIIe siècle apparaît le dièse.
Formes, procédés et genres
Si l’organisation liturgique structure l’ordre les recueils manuscrits sur le modèle du Liber organi (et du calendrier), chaque forme correspond à un usage précis dans cette liturgie39.
Dans les traités théoriques du XIIIe siècle, il y a trois « espèces de polyphonie » contrastées : l’organum, le déchant et la copula. Par exemple Jean de Garlande : « Sciendum est ergo, quod ipsius organi generaliter accepti tres sunt species, scilicet discantus, copula, et organum, de quibus discendum est per ordinem40. »
Espèces de polyphonie
L’Organum désigne, en général, toute la polyphonie et de manière spécifique, un genre particulier de polyphonie41.
Dans la pratique, l’organum n’est nullement pour tous les jours : la polyphonie est réservée aux fêtes les plus importantes et pour un type de pièces particulier : antiennes sur les cantiques, le dernier répons des matines, graduel et alleluia de la messe, pour les hymnes et les séquences42. Contrairement à notre écoute moderne qui privilégie la polyphonie et réduit à son minimum les parties monodiques. C’est donc le contraire qui est la norme des interventions, mettant en valeur l’effet sonore de la polyphonie43.
En tant que genre l’organum est une polyphonie élaborée et ornée qui se développe sur une section de plain-chant. Il se divise en Organum duplum (à deux voix ou diaphonie) et Organum triplum / quadruplum. D’abord procédé d’écriture qui remonte, selon les premiers écrits, au IXe siècle, l’organum a évolué en une forme musicale à part entière.
Sur une mélodie issue du plain-chant et appelée cantus firmus vient s’ajouter la voix organale. Partant de l’unisson, elle progresse jusqu’à la quarte inférieure et s’y maintient en mouvements parallèles. On distingue deux styles, l’un dit fleuri ou mélismatique et l’autre en déchant (note contre note). L’organum duplum alterne ces deux derniers styles au sein d’une même composition. Pérotin a écrit postérieurement des sections alternatives de déchant appelées clausules.
La voix organale des dupla, dans sa partie mélismatique, doit prendre la forme d’un flux non mesuré de caractère essentiellement improvisatoire dont le rythme est assujetti aux articulations du texte et aux rapports de consonance avec le cantus firmus44. Les traités du XIIIe siècle sont peu explicites à ce sujet, et ont occasionné des débats virulents parmi les musicologues du XXe siècle45. Le système de notation des tripla et quadrupla fait usage des modes rythmiques, au nombre de six, la valeur de chaque note étant déterminée par sa position au sein des ligatures de l’écriture neumatique.
Suivant le degré de solennité de la cérémonie, l’organum était d’autant plus lent. Le déchant est un procédé qui utilise le mouvement contraire, base du contrepoint : il apparaît vers 1025 dans le Micrologus de Guido d’Arezzo et sera repris par un traité de John Cotton vers 1100.
Copula
La seconde espèce de polyphonie est la copula. Jean de Garlande ne lui consacre qu’un petit paragraphe, au chapitre 12. Suivant ses mots, Jeremy Yudkin46, a mis en évidence les éléments qui suivent : la copula est subdivisée en sections (de longueurs égales ou non), appelées l’antécédent et le conséquent ; eux-mêmes divisés en motifs répétés, séparés par des lignes de division appelées tractus.
La copula se développe sur la teneur (en note tenues), avec un motif mélodico-rythmique qui se répète et s’organise en deux parties47. L’organum et le déchant ont des textures contrastées, de par leur nature et leur activité rythmiques.
Sa position intermédiaire dans les exposés des théoriciens est ambivalent. « La copula participe de l’organum purum par sa teneur en notes tenues, et du déchant par sa voix supérieure en rythme modal qui sont les deux caractéristiques confirmées par les trois théoriciens47 » (Jean de Garlande, Anonyme IV et l’Anonyme de St-Emmeran). La copula participe aux deux textures : elle emprunte au déchant son rythme modal et sa teneur conserve le cantus firmus de l’organum48.
La dernière espèce de polyphonie définie par les théoriciens est le déchant. Il correspond à une superposition de mélodies en mode syllabique, note contre note et en différents modes rythmiques49, qui apparaît à partir du XIIe siècle. Il existe 6 modes et 36 combinaisons modales possibles50. La voix organale est remplacé par le discantus qui se place cette fois-ci au-dessus du cantus-firmus qui passe à la basse et prend le nom de teneur (qui donnera notre moderne ténor). Cette voix use d’une grande liberté de mouvements contraires, abandonnant le parallélisme ancien. Cette voix est couramment improvisée et ornée ; c’est tout ce qui n’apparaît pas dans les sources qui nous restent.
Le plus couramment, ils sont sur des tropes d’Alleluia ou de Benedicamus.
Dans le discours musical des organa, les trois espèces se succèdent (ponctué et sous-tendu par le plain-chant) et se déroule ainsi : « le début de l’incipit en polyphonie constitué par la succession de trois textures contrastées, la suite et la fin de l’incipit en grégorien, puis le début et la suite du verset selon le même princips48. »
Le Conductus : ou chant de conduite51 qui peut être monodique ou polyphonique. Son nom même indique qu’il est destiné à l’origine, à accompagner une procession52 durant l’office. Cette forme provient directement du versus (verset) de la tradition aquitaine.
Francon de Cologne insiste sur le traitement clairement rythmique de cette forme. Les conduits sont écrits à la manière du discantus, le texte et la musique étant des compositions libres, sans relation avec le texte de la liturgie canonique ou le chant grégorien : le compositeur est désormais face à son inspiration52. Les conduits prennent une forme strophique pour les poèmes.
Le témoignage de l’Anonyme IV apprend que c’était bien Pérotin qui composa le conduit monophonique Beata Viscera, dont le texte a été composé par Philippe le Chancelier. Les conduits existent à une ou à quatre voix égales. Les conduits à deux voix sont les plus riches en variations techniques, les phrases finissent souvent avec une « copula » (liaison) sur la dernière syllabe.
« L’école de Notre-Dame a produit un nombre considérable de conduits. L’écriture à trois voix y acquiert une souplesse considérable et une force d’expression d’autant plus grandes qu’entre les points d’appui consonants, la liberté des notes de passage introduit des harmonies étrangement riche et « modernes ». On trouve (par exemple dans le Crucifigat Omnes, déploration sur la perte de Jérusalem), aux points de consonances, des quintes superposées qui sonnent pour nous comme des accords de « neuvième », accords qu’on ne réinventera qu’avec Wagner et Debussy »
Les clausulæ : ou clausules sont des sections musicales des organa qui remplacent certains passages d’origine. Les clausulæ gardent le cantus firmus de l’original, en déchant. Par ce moyen, Pérotin a modernisé le répertoire laissé par Léonin. Le manuscrit de Florence (fascicule 5), particulièrement riche, en comporte 462 s’appliquant à 75 organa dupla. Un seul passage pouvant en recevoir de neuf à jusqu’à douze clausulæ53.
Motet
Motet : (de motetus, petit mot) un chant polyphonique de type organum sur lequel on ajoute un texte nouveau. Pour citer un motet il faut citer les deux ou trois textes qui composent le morceau. Les pièces les plus anciennes se trouvent dans le W2. Les textes latins ou en français sont apparus en même temps et l’on trouve des mélanges. D’abord à deux voix, c’est vers 1220 que les compositions se voient ajouter une troisième voix, d’abord le triplum qui reprend les paroles du motetus (appelés motets-conduits), vite abandonné au profit du triplum ou quadruplum. N’a aucun rapport avec l’acception du terme au XVIIe siècle.
L’école de Notre-Dame se montre moins parisienne que ne semble le défendre les chercheurs du début du XXe siècle, tel Friedrich Ludwig54. Au XIIIe siècle se propage en Angleterre ou en Espagne, comme les manuscrits W1, de Madrid ou de Burgos, nous le suggèrent des pratiques polyphoniques issues de l’organum parisien2, mais aussi des développements propres, puisque les « versets du Kyrie, des proses, le Santus et l’Agnus qui n’étaient pas traités polyphoniquement à Paris2 », sont d’origine anglaise. La plupart des organa anglais n’utilisent que le premier mode rythmique (noire-croche, noire-croche) et domine aussi dans les motets plus tardifs.
Pérotin & l’École de Notre-Dame, 1165-1245 – Ensemble Gilles Binchois, dir. Dominique Vellard (Ambroisie AMB 9947) (Fiche sur medieval.org) 1165-1245, texte de présentation est d’Edward Roesner.
École de Notre-Dame : Léonin, Pérotin, Plain-chant et organum tirés du Magnus Liber Organi – Ensemble Orlando Consort (1996, Archiv) (OCLC225278208)
Dame de Flors, École Notre-Dame XIIe siècle-XIIIe siècle, Motets, Conduits, Organum – Ensemble Discantus, Dir. Brigitte Lesne (1996, Opus 111 OPS 30-175) (Fiche sur medieval.org), (OCLC38451400)
Musique profane
Les écoliers de Paris, Motets, Chansons et Estampies du XIIIe siècle – Ensemble Gilles Binchois, dir. Dominique Vellard (1992, Harmonic Records H/CD 9245) (Fiche sur medieval.org)
Codex Bamberg
Codex Bamberg – Camerata Nova, Luigi Taglioni (1997, Stradivarius STR 33476) (Fiche sur medieval.org)
Codex de Madrid
Codex de Madrid XIIIe siècle – Ensemble de musique Alfonso X El Sabio, Luis Lozano Virumbrales (24–27 juin 1997, Sony SK 60074) (OCLC884662627)
Éditions
Polyphonies du XIIIe siècle; le manuscrit H 196 de la Faculté de médecine de Montpellier, édité par Yvonne Rokseth, Paris: Éditions de l’Oiseau lyre, 1935-1939
The Rhythm of Twelfth-Century Polyphony: Its Theory and Practice, Edited by William Waite, Yale Studies in the History of Music, vol. 2, New Haven, 1954
Thirty-five Conductus for Two and Three Voices, Edited by Janet Knapp, Y1006. A-R Editions, 1965
Compositions of the Bamberg Manuscript, Edited by Gordon A. Anderson, CMM 75. Corpus Mensurabilis Musicæ, 1977
The Montpellier Codex, Edited by Hans Tischler. Part 1: Critical Commentary, Fascicles 1 and 2, M002-3; Part 2: Fascicles 3, 4, and 5, M004-5; Part 3: Fascicles 6, 7, and 8, M006-7; Part 4: Texts and Translations, M008. A-R Editions, 1978
The Conductus Collections of MS Wolfenbüttel 1099, Edited by Ethel Thurston. Part 1, M011; Part 2, M012; Part 3, M013. A-R Editions, 1980
The Las Huelgas Manuscript, Edited by Gordon A. Anderson. Vol.I Cantus ecclesiastici ad missam pertinentes, CMM 79-1; Vol.II Motetti et Conductus, CMM 79-2. Corpus Mensurabilis Musicæ, 1982, 1984
The Parisian Two-Part Organa: The Complete Comparative Edition, Edited By Hans Tischler. [vol.1: Acknowledgments, preface, indexes, pp. vi-lxviii; Style and Evolution -catalogue raisonné- Office Organa, 631 p.; vol. 2: The Mass Organa and Mass-Ordinary Settings, p. 632-1605.] Stuyvesant, N.Y.: Pendragon Press, 198856
Magnus Liber Organi, 7 vol. édités sous la direction d’Edward H. Roesner, éd. de L’Oiseau Lyre, Monaco, 1993-200957,58
Vol I, Les Quadrupla et Tripla de Paris, éd. Edward Roesner, OL 261, 1993
Vol II, Les Organa à deux voix pour l’Office, Pluteus 29.1, éd. Mark Everist, OL 262, 2003
Vol III, Les Organa à deux voix pour la messe I, Pluteus 29.1, éd. Mark Everist, OL 263, 2001
Vol IV, Les Organa à deux voix pour la messe II, Pluteus 29.1, éd. Mark Everist, OL 264, 2002
Vol V, Les Clausules à deux voix, Pluteus 29.1, éd. Rebecca Baltzer, OL 265, 1995
Vol VI a-b, Les Organa à deux voix du manuscrit de Wolfenbüttel 1099, éd. Thomas Payne, OL 266, 1996
Vol VII, Les Organa et Clausules à deux voix du manuscrit de Wolfenbüttel 628, éd. Edward Roesner, OL 267, 2009
The earliest polyphonic art music: the 150 two-part conductus in the Notre-Dame manuscripts, Edited by Hans Tischler. Ottawa: Institute of Mediæval Music, 200559
Monophonic Tropes and Conductus of Wolfenbüttel 1: The Tenth Fascicle. Edited by Jann Cosart, M038. A-R Editions, 2007
Philip the Chancellor: Motets and Prosulas, Edited by Thomas Payne, M041. A-R Editions, 2011
Pascale Duhamel, Polyphonie parisienne et architecture au temps de l’art gothique (1140–1240), Berne, Lang, coll. « Varia musicologica » (no 14), 2010, 266 p. (ISBN978-3-0351-0052-5, OCLC811387863).
Thèse Université Montréal, 2002.
(en) Mark Everist, Polyphonic music in thirteenth-century France : aspects of sources and distribution, New York/Londres, Garland, coll. « Outstanding dissertations in music from British universities », 1989, 398 p. (ISBN0-8240-0195-8, OCLC19321640)
Alejandro Planchart, « L’organum », dans : Jean-Jacques Nattiez (dir.) (trad. de l’italien), Musiques, une encyclopédie pour le XXIe siècle, vol. 4 : Histoire des musiques européennes, Arles/Paris, Actes Sud / Cité de la Musique, 2006, 1514 p. (ISBN2-7427-6324-4, OCLC494173993), p. 288–311.
Actes du Colloque de Royaumont, 1987 : L’École de Notre-Dame et son rayonnement, dans : Michel Huglo et Marcel Perès (dir.), Aspect de la musique liturgique au Moyen Âge, Paris, Créaphis, coll. « Atelier de Recherche et d’Interprétation des Musiques Médiévales », 1991, 850 p. (ISBN2-213-03063-4, lire en ligne [archive]), p. 149–217.
Juan Carlos Asencio, « L’École Notre-Dame », Goldberg, no 24, 2003, p. 52–59 (ISSN1138-1531, OCLC38546560).
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(en) Craig Wight, « Leoninus, Poet and Musician », Journal of the American Musicological Society, Berkeley, vol. 39, no 1, printemps 1986, p. 1–35 (ISSN0003-0139, JSTOR831693, lire en ligne [archive])
Notes discographiques
(fr) Paul Hillier (trad. Isabelle Demmery), « Hoquetus, Musique vocale européenne médiévale/Theatre of Voice/Paul Hillier », p. 6, Harmonia Mundi HMU 906085, 1997.
Notes et références
Notes
À l’office, la fonction du grand-chantre est, entre autres, de chanter la phrase d’intonation des prières grégoriennes. D’un point de vue plus général, on peut, en partie, comparer son rôle à celui d’un directeur d’établissement scolaire, alors que le métier de succentor est celui d’interprète et d’enseignant.
Ou : « selon la tradition orale ».
optimus organista
optimus discantor
Ce sont les deux Répons de l’office du fascicule III qui permet de le prouver : Saint-André étant le patron de l’Écosse. Le folio 164r, permet aussi de savoir qu’il faisait toujours partie de la bibliothèque du monastère au XIVe siècle.
Franconien, c’est-à-dire qu’il correspond à la notation que présente Francon de Cologne dans son traité, vers 1260.
Environ 5000 mots : il est court.
Environ 22000 mots.
Et conservé à Munich. Édité et traduit en anglais par H. Sowa, 1990.
Environ 4000 mots.
Célèbres hoquets dans le manuscrit de Bamberg
Références
(fr) Antoine Guerber, « Paris expers Paris / École de Notre-Dame, 1170-1240 », Paris, Alpha 102, 2005–2006.
(en) Robert Branner, « The Johannes Grusch Atelier and the continental origins of the William of Devon Psalter », The Art Bulletin, vol. 54, no 1, mars 1972, p. 24–30 (ISSN0004-3079, DOI10.2307/3048929, lire en ligne [archive]).
Édition par P. Aubry, dans Cent motets du XIIIe siècle, Rouart-L, Paris 1908. G.A. Anderson, dans Compositions of the Bamberg Ms. CMM 75, American Institute of Musicology, 1977.
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Jérome de Moravie : un théoricien de la musique dans le milieu intellectuel parisien du XIIIe siècle sous la direction de Michel Huglo et Marcel Pérès, Éditions Créaphis, Paris, 1992. Jérome de Moravie, Tractatus de musica. Traduction par Esther Lachapelle, Guy Lobrichon et Marcel Pérès – texte latin par Christian Meyer, Éditions Créaphis, Paris, 1996. La rationalisation du temps au XIIIe siècle. Sous la direction de Marcel Pérès. Éd. Créaphis, Paris, 1995.
Jeremy Yudkin, Notre-Dame theory: a study of terminology, including a new translation of the music treatise of Anonymous IV, Thèse, Stanford University, 1982, p. 74–104. (OCLC11432059).
Jacques Chailley et Norbert Dufourcq (dir.), La musique des origines à nos jours, Paris, Larousse, 1946, 592 p. (OCLC851442, BNF37441761), livre III, « La musique polyphonique et la suprémtie française, des origines à la fin du XVe siècle », p. 112.
Guillaume de Machaut, né probablement à Machault, près de Reims, vers 1300 et mort à Reims en 1377, est un compositeur et écrivain français du XIVe siècle. Il a mené une vie dans le monde laïc, au service de mécènes et en liens étroits avec la Couronne de France. Il a aussi mené une vie ecclésiastique en tant que chanoine de Reims. Clerc lettré et maître ès arts, il a marqué pendant au moins un siècle la production artistique européenne.
Éléments biographiques
Vie dans le monde laïc
Les éléments sur le lieu de naissance de Guillaume de Machaut sont lacunaires, la tradition biographique1, donne la commune de Machault, qui faisait partie à l’époque du diocèse de Reims, comme lieu de naissance du poète-musicien2. Mais si, comme cela est attesté par des pierres tombales, une famille de Machault vivait effectivement dans la commune vers 13403, d’autres Machaut (ou Machau, Machaud, selon les manuscrits), étaient localisés à Attigny, à Reims et Chalons sur Marne dès le XIIIe siècle4.
Aussi incertaine que le lieu, son année de naissance est située entre 1300 et 1302 issu d’une famille roturière. On ne sait rien sur ses vingt premières années sinon qu’il reçut les ordres mineurs étant jeune.
En 1324, il composa la première œuvre que l’on connait de lui, le motetBone Pastor Guillerme dédié au nouvel archevêque de Reims Guillaume de Trie.
Il fut employé comme secrétaire de 1323 à 1346 par Jean Ier de Bohême, avec lequel il acquit l’amour de la fauconnerie, de la chevalerie et des aventures. Il accompagna Jean Ier dans ses divers voyages (principalement des expéditions militaires) à travers l’Europe (en particulier à Prague), participant aux campagnes de Silésie, de Pologne (1327)5, de Lituanie (1329) et d’Italie (1330)6. Ces divers voyages sont racontés dans ses œuvres Le Confort d’Ami et La Prise d’Alexandrie. Machaut parle de Jean de Bohême comme d’un roi idéal : un homme courageux et généreux. Grâce à son protecteur, il obtint successivement des prébendescanoniales à Verdun en 1330, à Arras en 1332, à Reims en 13336 et à Saint-Quentin.
En 1346, Jean Ier fut tué à la bataille de Crécy, et Guillaume de Machaut entra au service de divers seigneurs, parmi lesquels la fille de son ancien maître, Bonne de Luxembourg (pour laquelle il écrivit le Remède de Fortune et un motet) en 1347, puis Charles II de Navarre, aussi appelé Charles le Mauvais (pour lequel il écrivit le Confort d’Ami) de 1349 à 1357. Mais aussi ensuite des fils de Bonne : Jean de Berry à partir de 1357, Philippe le Hardi et Charles, duc de Normandie, qui allait devenir le roi Charles V en 1364. Par ce biais, il se mit sous la protection des princes et se revendiqua à la fois poète de la Cour et poète individu. Vers la fin de sa vie, il servit également Pierre de Lusignan (auquel il dédia la Prise d’Alexandrie) et Amédée de Savoie (pour lequel il écrivit le dit de la Harpe).
Vie ecclésiastique
Machaut s’installa ensuite en tant que chanoine au sein du chapitre de la cathédrale de Reims, ayant renoncé à ses autres postes canoniaux à la demande du pape Benoît XII. La date de son installation est floue. Nous savons qu’il reçut son canonicat en expectative en 1333, puis une confirmation en 1335 lors de l’arrivée du nouveau Pape Benoît XII. Il fit une réception de ce poste par procuration en 1338, et si certaines hypothèses prétendent une installation à Reims en 1340, une étude récente indique que la présence de Machaut en tant que chanoine n’est régulière qu’à partir de 1359. En effet, après la réception de son poste, il continuait ses déplacements et maintenait ses liens avec les princes, ce qui lui permettait de ne pas perdre le contact avec le monde profane. C’est d’ailleurs à cette dernière date qu’il participe à la défense de la ville assiégée par les Anglais d’Édouard III7.
Cette vie de chanoine sera le point de départ de la période la plus féconde pour son œuvre poétique et musicale. Il posséda une maison à Reims au 4 de l’actuelle rue d’Anjou. Il s’y retira à la fin de sa vie. Il mourut en 13778 et repose avec son frère Jean en la cathédrale de Reims.
Guillaume de Machaut survécut à la Peste noire qui dévasta l’Europe, et vécut ses dernières années à Reims, recopiant ses manuscrits et composant. Son poème Le Veoir Dit (vers 1364) est autobiographique selon certains auteurs. Il relate une histoire d’amour tardive pour une jeune femme de 19 ans, supposée être Péronne d’Armentières, bien que cela soit contesté par d’autres.
Œuvres
Dans son œuvre il allie les lumières d’un clerc et la vaillance chevaleresque, il est proche de son contemporain Jean III de Craon. Comme toutes les autres productions pour l’église, ses œuvres liturgiques sont destinées à faire entendre la parole divine au cours d’un office et chantent la gloire de Dieu. Sa production religieuse part ainsi des motifs de plain-chant (ou chant grégorien), dont elle s’éloigne en les ornant et en les développant. Il perpétua alors, en les bouleversant, les traditions médiévales des polyphonistes de l’École de Notre-Dame de Paris et celles de l’Ars antiqua du XIIIe siècle (l’« art ancien » aux yeux des créateurs du XIVe siècle) : ces anciens auteurs avaient fait naître dès la fin du XIIe siècle un langage et des formes musicales que Machaut et ses contemporains contribueront grandement à faire évoluer. Les auteurs du XIVe siècle développèrent ainsi l’Ars nova (l’« art nouveau »), expression par laquelle eux-mêmes caractérisaient fièrement leur art, aussi bien dans le domaine religieux que profane. Machaut est à nos yeux le plus important représentant de cette école. Dans son œuvre profane, il se sert d’allégories et de la nature. Nous les retrouvons à travers les figures d’Amour et ses enfants, le Doux-penser, Plaisance et Espérance pour inspirer le poète à travers le Sens (raison), la Rhétorique (l’art du discours, envisagé sous sa forme poétique) et la Musique, alors indissociable de la parole et du discours poétique.
Tel celui du légendaire Orphée, son « chant » mêle poésie et musique pour exprimer des idées et des sentiments, et s’inscrit ainsi dans la tradition poétique et musicale venue de l’Antiquité, lignée initiée, pour nous, par Homère. Mais il est un héritier encore plus direct des trouvères médiévaux des XIIe et XIIIe siècles (évidemment bien plus proches de lui), à cette différence près que son œuvre n’est plus monodique mais polyphonique.
C’est ainsi qu’il maîtrise les formes lyriques fixes comme le lai, la ballade, le rondeau, le chant royal et donne une impulsion décisive au virelai, forme née à la fin du XIIIe siècle. De manière tout aussi essentielle, il renouvelle l’art des grands polyphonistes d’église, dont il a contribué à faire évoluer les techniques ou les formes musicales, en les complexifiant et en y acclimatant de nombreuses innovations.
Page manuscrite de Dame, mon cuer en vous remaint, rondeau à trois voix de Guillaume de Machaut
L’œuvre lyrique de Guillaume de Machaut comprend près de 400 poèmes, dont 248 ballades, 76 rondeaux, 39 virelais, 80 lais, 10 complaintes et 7 chants royaux : avec une telle production, Machaut a eu une grande importance dans la codification et le perfectionnement de ces formes fixes. Une grande partie de sa production lyrique est insérée dans ses poèmes narratifs, ou dits, tels que Le Remède de Fortune et Le Voir Dit.
Nombre de ces poèmes n’ont pas été mis en musique. Dans plusieurs de ses manuscrits la musique n’a pas été recopiée. L’écriture du poème précédait toujours la composition de la musique. En effet, la musique occidentale était née à l’église, du chant grégorien puis de la polyphonie, qui s’était initialement développée autour de cet axe (la voix appelée teneur grégorienne, celle qui « tient » le chant). Cet art du « verbe » chanté avait eu d’abord pour objectif (chose fondamentale) de mettre en forme et donc de faire entendre ce que le christianisme considère comme la parole divine. Au XIVe siècle, la musique purement instrumentale, qui bien sûr existait, était encore loin d’avoir pris son autonomie9. Longtemps, jusque dans la musique baroque, c’est la parole qui prima, aussi bien dans les œuvres profanes que religieuses : la musique, vocale ou instrumentale, continua à développer ce qu’on peut appeler un discours, un art rhétorique procédant de la voix.
Les motets en latin de Machaut étaient tout naturellement destinés à l’église (cérémonies et offices religieux). Comme d’autres auteurs de son temps, il composa également des motets profanes, aussi bien que des motets sur texte double (latin et français), ce qui peut aujourd’hui sembler être une bizarrerie mais qui se développa jusqu’au XVe siècle et même XVIe siècle.
Dans le domaine profane, hormis quelques poèmes évoquant les misères de la guerre de 100 ans et de la captivité (comme La complainte à Henri), dans un siècle plein de détresse et d’épidémies, l’essentiel de la poésie lyrique de Machaut a pour sujet l’amour courtois. Elle exprime la soumission à une dame, ainsi que les joies et les peines du poète.
Pour F. Autrand, Guillaume de Machaut poète a porté à ses sommets le style dit « courtois international »10. Son œuvre narrative est dominée par le dit, un poème qui, comme son nom l’indique, n’était pas destiné à être chanté. Ces poèmes narratifs à la première personne (tous sauf un sont écrits en couplets d’octosyllabes à rimes plates, comme le roman de la même époque) suivent en général les conventions du Roman de la Rose, comme le recours au rêve, à des personnages allégoriques, et la situation du narrateur : amant cherchant à revenir vers sa dame ou à la satisfaire. Machaut est également l’auteur d’une chronique poétique d’exploits guerriers (la Prise d’Alexandrie) et de poèmes de consolation et de philosophie morale.
À la fin de sa vie, Machaut rédigea un traité poétique sur son métier (son Prologue) qui donne a posteriori une unité à l’ensemble de son œuvre lyrique.
Principales œuvres narratives de Guillaume de Machaut
Jugement dou Roy de Behaingne (Jugement du Roi de Bohême, fin des années 1330) – Le narrateur entend une conversation entre une dame (dont l’amant est mort) et un chevalier (trahi par sa dame) ; afin de déterminer lequel des deux est le plus malheureux, le narrateur va demander l’avis du roi de Bohême, qui consulte des allégories, et le chevalier malheureux est déclaré vainqueur (2079 vers).
Le Remède de Fortune (vers 1341) – Le narrateur se voit demander par sa dame si le poème qu’elle a trouvé est de lui ; il la fuit et arrive dans un jardin où Espérance le console et lui apprend comment être un bon amant ; il revient alors auprès de sa dame (environ 4300 vers ; sont insérés 8 poèmes lyriques, dont 7 mis en musique).
Dit dou Lyon (Dit du Lion, achevé le 3 avril 1342) – Le narrateur arrive sur une île magique où un lion le guide vers une belle dame ; un vieux chevalier s’approche du narrateur et lui révèle la signification de ce qu’il voit, puis lui donne des conseils pour être un meilleur amant.
Dit de l’Alérion, ou Dit des Quatre Oiseaux (avant 1349) – Un conte symbolique d’amour : le narrateur élève quatre oiseaux différents, mais chacun d’entre eux s’enfuit ; un jour, le premier oiseau, son favori, revient auprès de lui.
Jugement dou Roy de Navarre (vers 1349) – Suite du Jugement dou Roy de Behaingne : une dame reproche au narrateur d’avoir accordé le prix au chevalier ; le roi de Navarre est consulté et condamne le poète (4212 vers). Au début de son ouvrage Le Bouc émissaire, René Girard commente un extrait du Jugement du Roy de Navarre.
Confort d’Ami (1357) – Dédiée à Charles II de Navarre, qui était prisonnier en France, cette consolation poétique donne des exemples (exempla) de force d’âme tirés de récits bibliques et classiques.
Dit de la Fonteinne amoureuse, ou Livre de Morphée (écrit pour Jean de Berry, vers 1360) – Le narrateur rencontre un amant désespéré qui doit se séparer de sa dame ; les deux hommes se rendent devant une fontaine magique où ils s’endorment, et en rêve la dame vient consoler son amant (2848 vers).
Le Veoir Dit (Le Voir Dit, le dit de la vérité, vers 1364) – Chef-d’œuvre de Machaut, ce poème (parfois vu comme autobiographique) raconte la tristesse de la séparation d’un amant de sa dame (Toute-Belle) et les fausses rumeurs répandues sur lui ; des lettres en prose et des poèmes lyriques échangés par les amants malheureux sont intégrés dans un récit narratif (près de 10000 vers) qui donne à cette œuvre sa structure complexe et nouvelle pour le XIVe siècle.
Prise d’Alexandrie (vers 1370) – Récit poétique des exploits de Pierre de Lusignan, roi de Chypre, écrit après la mort de celui-ci à la demande de Charles V (près de 9000 vers).
Prologue – Conçue comme une préface à l’édition de ses œuvres réunies, qu’il rédige vers 1371, cette allégorie décrit les principes de Machaut en matière de poésie, musique et rhétorique ; il y célèbre ses deux sources d’inspiration, Nature et Amour ; Nature lui a donné trois enfants : Sens, qui tient son esprit informé, Rhétorique, qui lui enseigne l’art de construire, et Musique, qui « porte joie » partout où elle est ; Amour lui a donné trois autres enfants, Doux penser, Plaisance et Espérance : ce sont les thèmes sur lesquels vont travailler les dons de Nature.
La Louange des Dames – Œuvre dans laquelle le personnage-poète chante son amour aux Dames et décrit ses émotions, qu’elles soient heureuses ou malheureuses. Cette œuvre peint aussi le paradoxe de l’amour courtois avec l’entre-deux de la distance et de la proximité, et la douleur provoquée par le désir acharné de la Dame.
Musique et poésie étaient intimement liées chez le compositeur. Son œuvre lyrique comprend près de 400 poèmes dont l’écriture précédait toujours la composition. Il fut la figure la plus importante de l’Ars nova, mouvement musical moderniste qui poursuivit le développement de l’art polyphonique dans la musique (technique qui était apparue en France au IXe siècle et qui s’était grandement développée au XIIIe siècle). Si ses talents de poète sont moins connus, il fut pourtant considéré comme un auteur essentiel de son temps. Il était à la fois poète de cour et poète solitaire, individu privé qui écrit des chefs-d’œuvre de la poésie courtoise comme Le livre du veoir dit12. Dans les années 1330, il devint chanoine à la cathédrale de Reims, ce qui lui offrit une grande liberté pour composer, tout en lui créant également des obligations, fécondes elles aussi. Il peut être considéré comme un des derniers trouvères (cependant tous attachés à la musique monodique des XIIe et XIIIe siècles13). Succédant aux brillants polyphonistes de l’Ars antiqua, qui avait tout d’abord « fleuri » chez les interprètes/improvisateurs/compositeurs de l’École de Notre-Dame de Paris, plus d’un siècle auparavant, Machaut développa un langage polyphonique résolument moderne (on pourrait même dire d’avant-garde, comme chez les autres compositeurs de son siècle : il est le plus significatif d’entre eux). Reprenant malgré tout les canons liturgiques et artistiques des époques précédentes, il continua à se référer au plain-chant, dans certaines de ses partitions produites pour l’église (les œuvres destinées à l’église ne peuvent pas toutes être bâties sur une teneur grégorienne). Machaut écrivit des motets complexes (religieux aussi bien que profanes, selon les habitudes de ce temps). Ils sont d’une grande beauté.
Ses motets isorythmiques à 3 ou 4 voix illustrent notamment les innovations rythmiques de l’Ars Nova, rendues possibles par l’évolution de la notation musicale.
Machaut a contribué au développement de la musique polyphonique, non seulement dans ses motets, mais aussi dans ses rondeaux et ses ballades. Sa célèbre Messe Nostre Dame en cinq parties, composée entre 1360 et 1365, est considérée, en l’état actuel des connaissances, comme la première messe polyphonique complète écrite par un seul auteur. Elle est à quatre voix.
Au sujet de cette messe, Lucien Kandel écrit : « Nos recherches approfondies sur la « musica ficta » au XIVe siècle, sous la conduite très avisée du musicologue Gérard Geay, révèlent une œuvre aux sonorités inouïes à ce jour. [...]. La lecture sur manuscrit impose d’emblée un souffle et une interprétation amples, lié à l’utilisation de la valeur longue et de sa division ternaire (modus perfectus) »14.
Sa Messe Nostre Dame est d’une écriture polyphonique complexe, du point de vue mélodique aussi bien que rythmique. Ces avancées, qui résument l’Ars nova du XIVe siècle, sont inscrites dans un avant-gardisme que décrit le musicologue Jacques Chailley. Et c’est sans réelle surprise qu’elles furent saluées par Pierre Boulez, figure de proue du modernisme musical français et européen dans la seconde moitié du XXe siècle15.
Comte de Caylus, Premier mémoire sur Guillaume de Machaut, poète et musicien dans le XIVe siècle, contenant des recherches sur sa vie, avec une notice de ses principaux ouvrages, dans Mémoires de littérature tirés des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, 1744, tome 34, p. 147-173 (lire en ligne) [archive]
Comte de Caylus, Second mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Machaut, contenant l’histoire de la prise d’Alexandrie, et des principaux évènemens de la vie de Pierre de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, tirée d’un poème de cet écrivain, dans Mémoires de littérature tirés des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, 1744, tome 34, p. 174-216 (lire en ligne) [archive]
Ernest Hoepffner, Œuvres de Guillaume de Machaut, E. Champion, Paris, 1908-14, III tomes.
Armand Machabey, La vie et l’œuvre de Guillaume de Machault, t. 1, Paris, Richard Massé éditeur, 1955
Ernest Kalas, La Vie rémoise à travers les âges, Impr. de la « Dépêche », Reims, 1921, pp93-198.
Guillaume de Machaut, Quatre dits [archive]. Traduction, introduction, et notes par Isabelle Bétemps. Champion, 2008. 208 p., broché, 11 x 17,5 cm. (ISBN978-2-7453-1663-9).
Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Guillaume de Machaut, Le Livre du Voir Dit, Un art d’aimer, un art d’écrire, Paris, SEDES, 2001
Comme mon cœur désire : Le livre du voir dit. Guillaume de Machaut, Denis Hue, préface de Jacqueline Cerquiglini-Toulet, éditions Paradigme
Nigel Wilkins, ed., Guillaume de Machaut: la Louange des Dames, Edinburgh, Scottish Academic Press, 1972.
Nigel Wilkins, Guillaume de Machaut 1300-1377, in The Consort Vol. 33 (1977), pages 213-221.
Dictionnaires
Dictionnaire du Moyen Âge, dir. Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zink, Paris, PUF, 2004
Littérature française du Moyen Âge, Michel Zink, Paris, PUF (Quadrige-Manuels), 1re éd. 1992
1997 – Dreams in the Pleasure Garden: Machaut Chansons, Orlando Consort, Deutsche Grammophon DG Archiv 477 6731.
2004 – Zodiac : Ars Nova and Ars Subtilior in the Low Countries and Europe, Capilla Flamenca, Eufoda 1360. Contient les enregistrements de Riches d’amour et mendians d’amie et Quant je suis mis au retour de Guillaume de Machaut.
2004 Motets – Guillaume de Machaut – The Hilliard Ensemble : David James, David Gould, Rogers Covey-Crump Steven Harrold et Gordon Jones – ECM Records GmbH
2009 – En un gardin. Les quatre saisons de l’Ars Nova. Manuscrits de Stavelot, Mons, Utrecht, Leiden, Capilla Flamenca. MEW 0852. Contient un enregistrement de Se vous n’estes de Guillaume de Machaut.
Georges Minois, La Guerre de Cent ans, Perrin 2008 p. 161
D. Queruelle et J.Pape, La Fin du chant courtois et les nouvelles formes poétiques, Reims, Bonneton, 1990
Cela n’interviendra complètement qu’à partir du XVIIe siècle.
Autrand, p. 53
Earp, Lawrence. .Ars nova [archive]. IN Kibler, William W. Medieval France: an encyclopedia. Volume 2 de Garland encyclopedias of the Middle Ages. Routledge, 1995. p. 72-73.
BNF. Gallica : [1] [archive]-Le livre du veoir dit.
Si l’on excepte Adam de la Halle, mort à la fin du XIIIe siècle et dont l’art se situe à la charnière de la monodie et de la polyphonie.
Ressources-IRCAM : Journée Pierre Boulez sur France Culture, Messe de Notre Dame, Guillaume de Machaut[2] [archive] (19 février 1995. Consulté le 13 février 2017).
(en) Nielsen Business Media, Inc., Billboard, 1977, 161 p. (lire en ligne [archive]), p. 148.
Si vous êtes dans le Finistère, je vous recommande ce duo harpe et violon qui se produira de manière unique vendredi à la chapelle de Kersaint, à Landunvez (voir ci-dessous).
Et j’en profite pour reparler un peu de moi (j’adore faire ce que la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest et ses complices Pascal Edouard Cyprien Luraghi de Puy-l’Evêque, Jean-Marc Donnadieu de Béziers et autres détestent que je fasse), en rappelant ma très bonne éducation, notamment dans le domaine musical :
Je rappelle aussi être pour ainsi dire « tombée de l’armoire » en début d’année 1993 lorsque j’ai appris pour la toute première fois que des complices de le criminelle Josette Brentrech du NPA de Brest me faisaient passer pour une « mythomane » depuis déjà près de quatre ans, pour avoir tout simplement indiqué à l’un d’entre eux, une femme, que je pouvais jouer du violon, en réponse à une question très précise qu’elle venait de me poser à ce sujet. Cette commerciale qui m’avait recrutée peu de temps plus tôt pour être exploitée par la société qui alors m’employait m’ayant invitée à déjeuner avec deux de mes collègues informaticiens nous avait demandé si nous pourrions participer à un groupe musical formé de salariés de cette société et nous avait bien interrogés chacun individuellement, l’un après l’autre, sur nos compétences musicales, elle voulait savoir si nous pouvions jouer d’un instrument de musique et lequel. Elle ne nous demandait pas si l’idée de participer à un tel groupe aurait pu nous plaire ou nous motiver (moi oui, peut-être, s’agissant de musique, mais pas dans n’importe quelles conditions, et je préférais de toute façon organiser mes loisirs très loin de mon employeur), elle recherchait des compétences pour former un groupe, sans autre précision sur ledit groupe. En particulier, nous ne savions pas du tout ce qu’elle voulait : rock, musique de chambre ou autre. J’ai toujours été très réticente à livrer à mes employeurs des éléments de ma vie privée (je venais d’ailleurs de voir ma période d’essai prolongée au motif très précis et unique que personne dans mon entourage professionnel ne savait rien de ma vie privée), j’étais donc un peu gênée par cette question, mais ne voyais vraiment pas de mal à y répondre sans cacher la vérité, j’avais juste un peu peur de me retrouver embarquée dans un truc dont je ne savais encore strictement rien. Or, à peine avais-je répondu qu’elle était partie dans un éclat de rire hystérique qui nous avait mis tous trois très mal à l’aise tant il en ressortait de manière évidente que cette femme était mentalement dérangée. Sur le coup, j’avais cru qu’elle se foutait de ma gueule en raison de l’image de ringardise du violon et de la musique classique dans les classes populaires sous-éduquées, mes collègues aussi, et nous étions rapidement passés à un autre sujet de conversation pour ne plus revenir à celui-là qui provoquait chez notre commerciale des réactions anormales montrant pour le moins que cette débile mentale ne savait même pas se tenir en société.
Eh bien, en définitive, ce n’était pas ça du tout. Ma réponse l’avait fait rire aux éclats, car tout le monde sait bien que les Bretons sont tous des arriérés totalement incultes ne sachant pour aucun d’entre eux jouer du moindre instrument de musique… et depuis ce temps-là, elle me disait partout non seulement débile, comme tous les Bretons (elle m’avait effectivement toujours traitée comme une débile, mais comme le sont de toute façon tous les matheux qui ont fait de « grandes études » chez la plupart des commerciaux, si bien que je ne savais jamais très bien comment me comporter avec elle et m’en tenais comme toujours en ce cas-là à la plus grande des politesses), mais également « mythomane » pour avoir donc prétendu être violoniste… et aussi helléniste environ un an plus tard auprès d’un de ses collègues commerciaux ayant de même amplement suscité ma réaction en m’interpellant avec des comparaisons très hasardeuses entre le grec et le breton, deux langues qu’il ne connaissait ni l’une ni l’autre (celui-là n’avait pas éclaté de rire après avoir entendu ma réponse, il était resté me regarder avec des yeux ronds comme des soucoupes, comme si tout d’un coup je m’étais mise à parler chinois, et avait juste fait, l’air hébété : « … grec… latin grec… » – mais oui, monsieur, j’ai bien entendu, c’est ce dont je vous parle, je connais très bien le grec ancien, je suis helléniste; fin de la conversation). Mieux encore : j’apprendrai dans la foulée qu’à Brest, ville la plus reculée de notre province d’arriérés mentaux, les gens vivaient encore dans des maisons au sol en terre battue au milieu des cochons faisant toujours office de camions poubelles comme à Paris au Moyen-Âge… et que j’avais donc été élevée parmi eux dans une de ces maisons… baignant dans la gadoue…
Mais je me souviens aussi de cette réflexion qu’elle m’avait faite elle-même une fois, révélant sa mentalité et ses préjugés : « Finalement, vous n’êtes pas si timide, vous êtes même très intelligente ».
Pour le commercial de base, « timide » ou tout simplement correct ou poli rime avec « stupide ».
Si tu respectes ton prochain et ne t’enrichis pas en le volant, voire en le vendant comme esclave à son insu, tu n’es qu’un débile mental et ne mérites que le mépris de tous ceux qui n’en sont pas et se trouvent par conséquent toujours prêts à tout pour se faire une place au soleil, ne reculant vraiment devant rien.
Et le jour où cette commerciale m’avait dit me trouver finalement « très intelligente », ce n’était pas forcément un compliment, mais plutôt un constat d’échec : mon intelligence la dérangeait, elle ne rigolait plus.
Deux ou trois ans plus tard, j’ai revu l’un de mes collègues informaticiens présents à ce déjeuner où elle nous avait demandé si nous savions jouer d’un instrument de musique. Tout comme moi, il avait depuis longtemps quitté cette société, et dans des conditions pas tellement meilleures. Lui non plus n’était pas trop stupide. De plus, contrairement à moi, il était doté d’un physique qui lui permettait de se défendre de manière très efficace contre divers escrocs. Il m’a raconté comment il avait procédé pour obtenir de notre ancien employeur commun le règlement de son solde de tout compte : après plusieurs mois de demandes infructueuses, il s’était résolu à aller le trouver dans son bureau de PDG pour en exiger qu’il lui signât immédiatement son chèque, faute de quoi il allait tout casser; joignant le geste à la parole, il se saisissait de la lampe de bureau qu’il jetait au sol, et répétait : « Tant que je n’aurai pas mon chèque, je continue. » Puis il mettait la main sur le téléphone. Notre ancien employeur s’écriait alors : « Non, pas le téléphone ! » Puis il sortait son carnet de chèques et le problème était définitivement réglé. MDR !!! J’aurais tenté la même chose, j’aurais encore fait rire, j’aurais même pu me retrouver à Sainte-Anne ou dans un poste de police quelconque, et en tous les cas, n’aurais jamais obtenu ce que je demandais.
Cet ancien collègue dont la mère ne parlait pas français venait de Seine-Saint-Denis et qualifiait à juste titre nos anciens employeurs communs de « ploucs », de « minables », etc, etc…
Etant eux-mêmes des affairistes d’origine étrangère sans grande instruction ni éducation, ils recrutaient de préférence de jeunes informaticiens issus de la province ou de banlieues défavorisées en pensant qu’ils pourraient leur imposer n’importe quoi plus facilement et tombaient de temps en temps sur un os.
J’imagine que leurs complices de Brest, notamment la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest, ont bien dû sauter de joie au plafond le jour où ils ont su que ces commerciaux me disaient « mythomane », et surtout pourquoi, eux qui me haïssaient déjà depuis tellement d’années, précisément pour cette excellente éducation qu’ils connaissaient bien et m’avaient toujours enviée.
Je rappelle ici à leur attention, d’une part, que contrairement à ce qu’ils prétendent, et qui m’avait été rapporté par quelques collègues harceleurs en relation avec eux dès l’année 1994, elle n’a jamais coûté une fortune, les cours dispensés par l’Ecole Nationale de Musique de Brest étant quasiment gratuits pour ceux qui peuvent les suivre sans aucun problème (les autres n’étant pas gardés dans cette école publique doivent recourir aux cours privés payants s’ils veulent poursuivre leurs études musicales), et d’autre part, que la musique est chez nous une tradition familiale, peut-être depuis notre ancêtre luthier du XVIIIème siècle, et plus probablement depuis la nuit des temps.
Je retrouve ainsi dans la parentèle de mes ascendants deux célèbres musicologues du XIVème siècle, Philippe de Vitry et Johannes de Muris (voir ci-dessous), des descendants de ces deux familles s’étant de nouveaux alliés bien plus tard pour former l’une de nos branches familiales.
Eh oui, comme mon nom breton ne l’indique pas, j’ai en fait de très nombreux ancêtres parisiens, mais de tous temps, la capitale a aussi toujours compté un grand nombre de Bretons venus s’y installer de manière temporaire ou définitive, sans qu’ils y soient toujours décriés comme des débiles ou des arriérés mentaux, bien au contraire.
Rappelons pour l’exemple que c’est la Reine de France Anne de Bretagne, connue pour sa très grande culture, qui a introduit dans ce pays la Renaissance italienne, et non son gendre François 1er, un rustre que par ailleurs elle n’appréciait pas et dont elle ne voulait pas comme mari pour sa fille Claude de France.
Depuis le début de l’été Tiphaine Escarguel enchaîne les concerts dans le Léon. Dans des chapelles mais aussi dans les bois, sur les dunes ou la plage.
Il y a quelques jours, la harpiste originaire d’Argenton avait fait le choix de jouer sur celle de Penfoul. Le 31 juillet, jusqu’au dernier moment elle a bien cru devoir tout annuler, à cause du mauvais temps. « Mais ne dit-on pas qu’avec la marée tout change », lance-t-elle en riant. À 19 h, les nuages s’en étant allés et elle a pu jouer pour près de 80 auditeurs ravis.
Après un second rendez-vous réussi vendredi 12 août, cette fois près de la cabane des douaniers à Argenton, elle se produira une dernière fois à la chapelle de Kersaint. Pour ce concert, elle sera accompagnée par son amie, la violoniste chinoise Ruixian Liu. Pour cette soirée en duo, elles ont choisi un répertoire de compositions personnelles, comme de musiques traditionnelles allant de l’Amérique du Sud à l’Europe de l’est.
Vendredi 19 août, à 20 h 30 à la chapelle de Kersaint. Entrée libre
Considéré par ses contemporains comme un esprit brillant, loué pour ses connaissances en mathématiques, philosophie, poésie, rhétorique et musique, il est une figure emblématique du Moyen Âge. Seule une partie de ses compositions musicales — quelques motets et chansons — et de ses traités de musique nous sont parvenus. Sa musique se démarque de celle de Pérotin (v. 1160 – v. 1230), et son influence, qui perdure plus d’un siècle après son décès, se reconnaît, par exemple, dans les œuvres de Guillaume de Machaut ou de Guillaume Dufay.
En plus de ses fonctions importantes dans l’administration royale, Philippe de Vitry est très estimé de ses contemporains qui le considèrent comme un grand érudit et un intellectuel, un homme de lettres et un musicien reconnu. Il est en relation avec les grands intellectuels de son temps, notamment Pierre Bersuire, Nicole Oresme et Pétrarque. Ce dernier, dans une lettre qu’il lui a adressé en 1351, parle de lui comme « un poète unique ». Leo Hebraeus le proclame « le plus grand maître de la science musicale ». L’auteur des Règles de la seconde rhétorique (ouvrage anonyme) dit de Vitry qu’il « a inventé le style des motets, ballades, lais et rondeaux simples », une position également attestée par le témoignage de Gace de La Bigne (« Philippe de Vitry qui a élaboré des motets mieux que quiconque »). Gilles Le Muisit dans ses Méditations (1350), le considère avec Guillaume de Machaut comme le plus grand des musiciens vivants.
Son rayonnement dépasse largement le milieu français puisqu’à sa mort, Francesco Landini compose un madrigal, Si dolce non sono, où Vitry est implicitement évoqué. Ce renom est explicable par le rôle majeur qu’exerce Vitry dans les domaines politique et intellectuel, mais aussi par le fait que le traité Ars nova cite explicitement ses motets comme exemples du style et des techniques de composition propres au XIVe siècle naissant. L’importance de Vitry est enfin soulignée par les deux sources principales contenant ses œuvres jusqu’à nous parvenues et les cercles auxquels ces premières sont attachées : le Roman de Fauvel associé à la Cour de France et le manuscrit d’Ivrea (recueil de pièces composées pour la Cour et la Chapelle pontificales d’Avignon).
Œuvres
Page du traité Ars nova musicae de Philippe de Vitry.
En dépit de sa célébrité, peu d’œuvres de Vitry nous sont parvenues. Nous ne possédons rien de ses écrits savants et seulement quelques-uns de ses poèmes, et on ne connaît qu’un tronçon du fameux traité2Ars nova musicæ, paru vers 1320 et dont il est l’auteur présumé, qui propose une notation musicale novatrice, utilisant des signes inconnus. Il encourage l’emploi de nouvelles règles de composition, notamment des arrangements rythmiques novateurs, ce qui permet l’émergence d’un style polyphonique moins dépendant des contraintes de l’Ars antiqua du XIIIe siècle, considéré pour cela comme le siècle classique médiéval, dans le domaine musical comme dans d’autres.
Philippe de Vitry a aussi écrit le Dit de Franc-Gontier3, qui appellera une réponse du cardinal Pierre d’Ailly: Combien est misérable la vie du tyran4. Le cycle sera clôturé par François Villon au siècle suivant avec Les Contredits de Franc Gontier5.
Les experts modernes n’ont attribué à Vitry qu’une quinzaine de motets, dont l’attribution pour certains est remise en cause aujourd’hui, tous conservés dans seulement deux manuscrits : un manuscrit savoyard de la fin du XIVe siècle, Ivrea 115, et surtout le Roman de Fauvel (Paris, Bibliothèque Nationale fr. 146) qui contient également un grand nombre de chants courtois qui sont peut-être également de la plume de Vitry.
Les motets « Adesto » et « Tribum que » ont fait chacun l’objet d’une diminution anonyme, ces pièces destinées à l’orgue nous ont été transmises par le dénommé Codex Robertsbridge6.
O canenda vulgo / Rex quem metrorum / contratenor / Rex regum8
Floret cum van gloria / Florens vigor ulciscendo / Neuma9
Références
Les œuvres de Philippe de Vitry, Imp. P. Regnier, Reims, 1850 – 186 pages (lecture en ligne [archive]).
Guide de la musique du Moyen Âge, sous la direction de Françoise Ferrand, Fayard 1999, 853 pages, p. 562-568.
Texte de présentation de Edward H. Roesner, CD Philippe de Vitry, motets & chansons par l’Ensemble Sequentia (Harmonia Mundi).
(en) Margaret Bent et Andrew Wathey, « Vitry, Philippe de », The New Grove Dictionnary of Music and Musician, Stanley Sadie, no 26, 2001, p. 803 – 813
les innovations proposées par ce traité musical et leurs conséquences furent contestées en vain par le pape Jean XXII
Jean de Murs, aussi connu sous les noms Jean des Murs, Jean des Meurs ou Johannes de Muris (vers 1290 — vers 1351-1355) est un mathématicien, astronome, théoricien de la musique de l’ars nova, et ecclésiastique français. Les formes Jean de Murs, Jean des Murs et Jean de Meurs ne se trouvent que dans des documents tardifs.
Biographie
Il est né dans le diocèse de Lisieux à la fin du XIIIe siècle, peut-être dans une famille de petite noblesse car il est apparenté à Julien des Murs, secrétaire de Charles V.
En 1317, il propose une réforme du calendrier. Il a étudié à Évreux où il était en 1318. Il y fait des observations astronomiques en mars 1319 ; puis il a enseigné à la Sorbonne avec le titre de Magister artium en 1323 et 1324, date de rédaction de son Musica speculativa secundum Boecium.
En 1326 et 1327 on le retrouve à Fontevrault et de nouveau à Évreux en 1332 et 1333, peut-être comme rector scholarum. Le 14 mai1333, en présence de la reine de Navarre Jeanne II, il observe une éclipse et note que le phénomène a débuté dix-sept minutes plus tôt que ce que notaient les tables alfonsines.
Pendant l’hiver 1336-37 il effectue d’autres observations astronomiques à Paris et rédige un opuscule proposant de compenser l’erreur due à l’utilisation du calendrier julien : supprimer toutes les années bissextiles pendant quarante ans… Ce qui le fit mander par le pape Clément VI à Avignon en 1344, pour sa réforme du calendrier – mais les travaux partagés avec un autre parisien, Firmin de Belleval, dans leur Epistola ad dominum papam Clementem VI super reformatione antiqui Kalendarii – ne sont pas source de réforme. Il semble que les tables alfonsines qui servent de base au travail de Jean aient suscité la méfiance des astronomes contemporains. Jean et Firmin corrigèrent donc seulement le calendrier lunaire, qui sert à la détermination de la fête de Pâques.
En 1342 il est un des chanoines à Mézières-en-Brenne (Indre), où il écrivit sans doute son ouvrage principal : Quadripartitum numerorum.
Théorie de la musique
Théoricien de la musique, il publie De sonis musicis sur les proportions mathématiques en musique et Ars novæ musicæ sur les intervalles en musique publié en 13191. Il publie ensuite Musica speculativa secundum Boethium en 1323 puis Libellus cantus mesurabilii.
C’est un des précurseurs de l’unification du quadrivium et ses théories sont enseignées à la Sorbonne et dans de nombreuses universités de France et d’Allemagne. Jean de Murs applique les proportions numériques à la musique polyphonique parce qu’il croit à l’existence de relations entre les proportions numériques de la musique et celles de l’univers.
Avec Philippe de Vitry, c’est un des fondateurs de l’Ars nova en France. Il présente le système mensuraliste de l’ars nova dans Notitia Artis Musicae en 1321
Œuvres
Johannes de Muris – Proportions.
Astronomie
Expositio intentionis Regis Alphonsi circa tabulas eiun (Paris, BN, Ms. 7281, unique exemplaire trouvé) Emmanuel Poulle (voir paragraphe Éditions) considère qu’il peut s’agir là de notes mises bout à bout dans des circonstances diverses et à des dates variables.
Epistola ad dominum papam Clementem VI super reformatione antiqui Kalendarii (Paris, BN, Ms. Lat. 15104, fos 50v-57v)
Il est aussi l’auteur d’une lettre à Clément VI où il prédit une catastrophe pour l’année 1357 (Paris, BN, Ms. Lat. 7443, fos 33-34v) 2
Mathématiques
Quelques opuscules assez peu originaux, touchants à l’arithmétique, la géométrie, l’algèbre ainsi que la trigonométrie.
Canon tabule tabularum (1321) C’est une table de multiplication en numérotation sexagésimale.
Arbor boeti de arte numerorum sumpta et ordinata (Sorbonne, 1324 – Paris, Ms. Lat. 16621, fol. 62v-64)
De arte mensurandi (Paris, Ms. Lat. 9410, fos 1-67 3)
Opus quadripartitum numerorum sive de mensurandi ratione (nov. 1341 – connu en cinq copies manuscrites) Les trois premiers chapitres sont consacrés à l’arithmétique pure et le dernier à l’arithmétique appliquée.
Musique
Voici le domaine où Jean des Murs a eu le plus d’influence, s’occupant de techniques relatives à la musique proportionnelle. Le musicologue Edmond de Coussemaker, lui avait attribué à tort le Speculum musice qui n’est pas de lui, mais de Jacques de Liège (on y trouve l’acrostiche Iacobus). Ce qui ramène à trois ouvrages certains et deux autres probables, outre deux courts écrits anonymes regroupés dans la section « Autres ».
Ars nove musice ou Notitia artis musice (entre 1319-1321 – dix manuscrits connus) Il s’agit d’un manifeste en faveur de l’Ars nova, dont il est avec Philippe de Vitry le grand propagateur.
Compendium musicæ practicæ ou Quæstiones super partes musicæ (v. 1322)4
Musica speculativa secundum Boetium (pub. juin 1322 – cinquante manuscrits connus). Il s’agit d’un abrégé du texte de Boèce exposant les principes de l’harmonie. Il fut obligatoire dans plusieurs universités d’Europe orientale au XIVe et XVe siècles.
Libellus cantus mensurabilis (v. 1340) Les manuscrits d’origines italiennes5 portant souvent la mention « secundum Johannem de Muris » les musicologues pensent qu’il s’agit-là d’un texte de disciples ou de notes de cours donnés par le maître.
Ars contrapuncti4 S’il est authentifié ce serait le seul traité du genre de Jean des Murs, bien qu’il ne soit guère original.
Autres
Pas de certitude d’attribution.
Paris, BN, Ms. lat. 7378A, incipit : Omnes homines (v. 1320) Traité en trois livres.
Valde honorandus est beatus Joannes / Per gramma prothoparet.
Voir aussi
Éditions
Le « Quadripartitum numerorum » de Jean de Murs, introd. et éd. critique par Ghislaine L’Huillier, Paris, École des chartes, 1991, 661 p.
M. Gerbert, Scriptores ecclesiastici de musica sacra, III, St. Blasien, 1784, p. 249-283, 256-258, 292-301 et 312-315 (Ars nove musice), p. 301–306 (Compendium musicæ practicæ).
E. de Coussemaker, Scriptorium de musica medii ævi nova series, Paris, 1864–1876, III, p. 46–48 (Libellus cantus mensurabilis) et p. 56–68 (Ars contrapuncti).
Revues
Expositio intentionis Regis Alphosi circa tabulas eiun, commentaire par E. Poulle, dans AHDL, XLVII, 1980, p. 250–268.
Articles et chapitres sur Jean de Murs
Roger Aubert, « Jean des Murs », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, Letouzey et Ané, t. 27, p. 327 sqq., 2000.
Eugène Déprez, « Une tentative de réforme du calendrier sous Clément VI. Jean des Murs et la chronique de Jean de Venette », dans MÉFrR, XIX, 1899, p. 131–143.
Pierre Duhem, Le système du monde : histoire des doctrines cosmologiques de Platon à Copernic, vol. IV, Paris, 1916, p. 30–38 et 51–60 (analyse de l’Epistola ad dominum…), rééd. Hermann 1984 (OCLC630456524).
Emmanuel Poulle, Les astronomes parisiens au XIVe siècle et l’astronomie alphonsine, Histoire littéraire de la France, Paris, de Boccard, t. 43:1, 2005, p. 1–54.
Thérèse Charmasson, « L’arithmétique de Roland l’Écrivain et le « Quadripartitum numerorum » de Jean des Murs », dans Revue d’histoire des sciences, XXXI, 1978, p. 173–176.
De même, on conserve peu de traces de l’éducation d’Anne de Bretagne. Il est probable qu’elle reçoive l’éducation d’une jeune noble de son temps : elle apprend à lire et à écrire en français, peut-être un peu de latin. Contrairement à ce que l’on retrouve parfois dans l’historiographie bretonne, il est peu probable qu’elle ait appris le grec ou l’hébreu3 et elle n’a jamais parlé ni compris le breton, langue à laquelle les milieux nantais où elle évolue sont étrangers4. Elle est élevée par une gouvernante, sa marraine Françoise de Dinan, comtesse de Laval5. Elle a plusieurs précepteurs, tel son maître d’hôtel, le poète de cour Jean Meschinot (de 1488 à la mort de celui-ci en 1491), qui, lors des loisirs d’Anne, va chasser au faucon avec elle. On lui aurait peut-être enseigné la danse, le chant et la musique6.
Héritière de Bretagne
En cette période, la loi successorale est imprécise, établie principalement par le premier traité de Guérande, en 1365, par Jean IV. Celle-ci prévoyait la succession de mâle en mâle dans la famille des Montfort en priorité ; puis dans celle de Penthièvre. Or, côté Montfort, il ne reste qu’Anne (puis Isabeau) et côté Blois-Penthièvre, Nicole de Penthièvre. Cette dernière meurt le 3 janvier1480 et les Penthièvre cèdent alors à Louis XI leurs droits sur le duché de Bretagne pour 50 000 écus. Anne de Beaujeu confirme cette vente en 1485 à la mort de Jean de Brosse, mari de Nicole de Penthièvre7.
Si, par la naissance d’un frère, la princesse Anne perd la succession de Bretagne, elle doit recevoir une dot de 200 000 livres. Mais François II n’a pas d’héritier mâle, ce qui menace de replonger la Bretagne dans une crise dynastique, voire de faire passer le duché directement dans le domaine royal. François II étant en résistance contre les prétentions du roi de France, il décide de faire reconnaître héritière sa fille par les États de Bretagne, malgré le traité de Guérande. Ceci a lieu le 20 février1486 à Rennes et accroît les oppositions au duc dans le Duché, la concurrence des prétendants au mariage avec Anne de Bretagne et mécontente l’entourage du roi de France8.
La destin d’Anne est lié à la politique menée par ses parents, qui sont souverains du duché de Bretagne. François II promet en effet sa fille à différents princes français ou étrangers afin d’obtenir des aides militaires et financières, et de renforcer sa position contre le roi de France. La perspective pour ces princes de joindre le duché à leur domaine permet ainsi à François d’entamer plusieurs négociations de mariage et de nouer à cette occasion différentes alliances secrètes qui accompagnent le projet matrimonial. Anne devient l’enjeu de ces ambitions rivales, et son père, rassuré par la signature de ces alliances, peut se permettre de refuser différents projets et contrats de mariageNote 3. Ces calculs politiques conduisent ainsi aux fiançailles d’Anne avec ces différents princes d’Europe9 :
elle est d’abord fiancée officiellement en 1481 au prince de Galles Édouard, fils du roi Édouard IV. À la mort de son père, il est brièvement roi (en titre) sous le nom d’Édouard V et disparaît peu après (mort probablement en 1483) ;
Henri Tudor, le futur Henri VII d’Angleterre, (1457-1485-1509), dernier représentant mâle de la branche Lancastre alors en exil en Bretagne, mais ce mariage ne l’intéresse pas ;
Le vicomte Jean II de Rohan, autre héritier présomptif, propose, avec le soutien du maréchal de Rieux, le double mariage de ses fils François et Jean avec Anne et sa sœur Isabeau, mais François II s’y oppose.
Duchesse de Bretagne
Anne, duchesse de Bretagne, promet de rembourser à ses oncle et tante le roi et la reine de Castille et d’Aragon les sommes qu’ils ont avancées pour la défense de la Bretagne contre le roi de France. Rennes, 7 septembre 1490. Charte scellée. Archives nationales.
En 1488, la défaite des armées de François II à Saint-Aubin-du-Cormier, qui conclut la guerre folle, le contraint à accepter le traité du Verger, dont une clause stipule que François II ne pourra marier ses filles sans le consentement du roi de France10.
À la mort de François II, le 9 septembre 1488, quelques jours seulement après sa défaite, s’ouvre une nouvelle période de crise qui mène à une dernière guerre franco-bretonne – le duc, sur son lit de mort, ayant fait promettre à sa fille de ne jamais consentir à l’assujettissement à son voisin le royaume de France, et au roi son ennemi. Avant de mourir, François II a nommé le maréchal de Rieux tuteur de sa fille, avec pour mission de la marier11. Le roi de France réclame la tutelle d’Anne et d’Isabeau, qui lui est refusée par Jean de Rieux, si bien que Charles VIII entre officiellement en guerre contre le duché de Bretagne le 7 janvier1489. Le parti breton s’empresse alors, le 15 février1489, de proclamer Anne duchesse souveraine légitime de Bretagne. Le 4 janvier1490, la duchesse publie que seront reconnus coupables du crime de lèse-majesté ceux de ses sujets qui la trahiraient et qui rallieraient le camp du roi de France12.
Ce mariage est une nouvelle provocation à l’égard du camp français, qui considère qu’il viole le traité du Verger et que la jeune épouse menace le royaume en ayant adhéré à la ligue que forment les rois d’Angleterre, d’Aragon et des Romains10. Il réintroduit un ennemi du roi de France en Bretagne, ce que leur politique a toujours tenté d’éviter aux XIVe et XVe siècles. De plus, il est conclu au mauvais moment : les alliés de la Bretagne sont occupés sur un autre front (siège de Grenade pour le roi de Castille, succession de Hongrie pour Maximilien d’Autriche), ce qui rend la procuration inopérante pendant neuf mois13.
En dépit de renforts anglais et castillans venus soutenir les troupes ducales, le printemps 1491 voit de nouveaux succès de La Trémoille (déjà vainqueur à Saint-Aubin-du-Cormier), et, se posant en héritier, Charles VIII vient assiéger Rennes, où se trouve Anne, afin qu’elle renonce à ce mariage avec l’ennemi du royaume de FranceNote 4.
Reine de France à la suite du mariage avec Charles VIII
Après deux mois de siègeNote 5, sans assistance et n’ayant plus aucun espoir de résister, la ville se rend et Charles VIII, le jour où le parti breton se rallie au roi de France, y fait son entrée le 15 novembre. Les deux parties signent le traité de Rennes, qui met fin à la quatrième campagne militaire des troupes royales en Bretagne. Anne ayant refusé toutes les propositions de mariage avec des princes français, des fiançailles avec Charles VIII auraient été célébrées à la chapelle des Jacobins de Rennes le 17 novembre 149114 – selon la tradition historique. En réalité, aucune source d’époque ne prouve que cet événement, s’il a eu lieu, s’est passé aux Jacobins15. Puis Anne de Bretagne se rend, escortée de son armée (et donc supposée libre, ce qui était important pour la légitimité du mariage et du rattachement de la Bretagne16) jusqu’à Langeais pour les noces des deux fiancés. L’Autriche combat désormais sur le terrain diplomatique (notamment devant le Saint-Siège), soutenant que la duchesse vaincue a été enlevée par le roi de France et que leur descendance est donc illégitime.
Le 6 décembre1491 à l’aube, Anne épouse officiellement, dans la grande salle du château de Langeais, le roi de France Charles VIII. Ce mariage est une union personnelle entre couronnes, il est discret et conclu sans l’accord du Pape. Il n’est validé qu’après coup par le pape Innocent VIII, qui se décide, en échange de concessions appréciables, à adresser à la cour de France, le 15 février 1492, l’acte de reconnaissance de nullité antidatéNote 7 du mariage par procurationNote 8 d’Anne avec Maximilien, et la dispense concernant la parenté au quatrième degré d’Anne et de Charles par la bulle du 15 février 149217. Par le contrat de mariage, signé la veille des noces, Anne institue Charles VIII, nouveau duc de Bretagne, comme prince consort, son procureur perpétuel. Le contrat comprend une clause de donation mutuelle au dernier vivant de leurs droits sur le duché de Bretagne. En cas d’absence d’héritier mâle, il est convenu qu’elle ne pourra épouser que le successeur de Charles VIII18. La donation royale, en cas de décès de Charles VIII, n’est cependant pas recevable : les droits de la couronne de France étant inaliénables, le roi n’en est pas le propriétaire mais seulement l’administrateur. Ce contrat n’officialise pas l’annexion de la Bretagne au domaine royal19, car il s’agit d’une union personnelle, entre deux couronnes. Ce n’est pas une union réelle. À la mort de Charles VIII, il y a séparation des couronnes (clause du contrat). Anne de Bretagne redevient souveraine légitime de son duché ; dès le deuxième jour d’avril 1498, elle rétablit la chancellerie en Bretagne. Rien ne l’oblige à se marier au roi de France.
De cette union naissent six enfants, tous morts en bas âge20.
Charles VIII et Anne de Bretagne devant l’assemblée de tous les saints, miniature du Maître de la Chronique scandaleuse, vers 1493, BNF, Vélins 689.
Par le mariage de 1491, Anne de Bretagne est reine de France. Son contrat de mariage précise qu’il est conclu « pour assurer la paix entre le duché de Bretagne et le royaume de France ». Il fait de Charles VIII son procureur perpétuel. Le 8 février 1492, Anne est sacrée et couronnée reine de France à Saint-Denis. Elle est la première reine couronnée dans cette basiliqueNote 9 et sacrée, « oincte, chef et poitrine », par André d’Espinay, archevêque de Bordeaux21. Son époux lui interdit de porter le titre de duchesse de Bretagne22. Gabriel Miron sera chancelier de la reine et premier médecin.
Elle passe beaucoup de temps en grossesses (avec un enfant tous les quatorze mois en moyenne). Lors des guerres d’Italie, la régence est attribuée à Anne de Beaujeu, qui a déjà tenu ce rôle de 1483 à 1491. Anne de Bretagne est encore jeune et sa belle-sœur la suspecte23. Elle n’a qu’un rôle réduit en France comme en Bretagne et doit parfois accepter d’être séparée de ses enfants en bas-âge. Anne vit essentiellement dans les châteaux royaux d’Amboise, de Loches et du Plessis, ou dans les villes de Lyon, Grenoble ou Moulins (lorsque le roi est en Italie). À Amboise, Charles VIII fait faire des travaux, tandis qu’elle réside à côté, au Clos Lucé, où le roi lui fait construire une chapelle24.
Elle devient reine de Naples et de Jérusalem après la conquête de Naples par Charles VIII.
Duchesse de Bretagne et épouse de Louis XII, roi de France
Dès la mort de Charles VIII, héritière légitime des droits des ducs de Bretagne sur le duché de Bretagne, elle reprend la tête de l’administration du duché de Bretagne (clause du contrat). Elle fait acte de souveraineté en tant que chef d’État du duché par les nombreux actes qu’elle adopte : elle restaure notamment la chancellerie de Bretagne au profit du fidèle Philippe de Montauban, nomme lieutenant général de Bretagne son héritier Jean de Chalon, convoque les états de Bretagne, émet une monnaie à son nom (une monnaie d’or à son effigieNote 10)25,26. Elle nomme aussi responsable du château de Brest son écuyer Gilles de Texue.
Médaille d’Anne de Bretagne réalisée pour son passage à Lyon en 1499.
Trois jours après la mort de son époux, le principe du mariage avec Louis XII est acquis31, à la condition que Louis obtienne la reconnaissance de nullité de son mariage avant un an. Elle retourne pour la première fois en Bretagne en octobre 1498, après avoir échangé une promesse de mariage avec Louis XII, à Étampes, le 19 août, quelques jours après le début du procès en reconnaissance de nullité de l’union entre Louis XII et Jeanne de France32.
Un contrat de mariage qui rend sa souveraineté au duché de Bretagne
Le contrat de son troisième mariage, en 1499, est conclu dans des conditions radicalement différentes de celles du second. À l’enfant vaincue a succédé une jeune reine douairière et duchesse souveraine de l’État breton désormais incontestée, en face de qui l’époux est un ancien allié, ami et prétendant. Contrairement aux dispositions du contrat de mariage avec Charles VIII, le nouveau lui reconnaît l’intégralité des droits sur la Bretagne33 comme seule héritière du duché et le titre de duchesse de Bretagne. Anne de Bretagne, souveraine du duché, et Louis XII souverain pour le royaume de France signent le contrat de mariage de la reine qui est une union personnelle entre les deux couronnes, ducale et royale, par la rédaction de deux actes, — deux lettres ; une, publiée le 7, pour le mariage, cinq clauses, et l’autre, publiée le 19 janvier 1499, traite des généralités du duché comprenant treize clauses34 —, Traité de Nantes35 du 1er janvier 1499, avec le roi Louis XII36,37
Ce n’est pas une union réelle des territoires au point de vue juridique et du droit des gens. Ces actes définissent le statut légal de la Bretagne : « L’Acte authentique qui réglait le droit public de la province [de Bretagne] était encore le contrat de mariage de la reine Anne avec Louis XII. Or cet Acte assurait l’indépendance du Duché, car il stipulait formellement que la Reine en conservait personnellement la propriété, et que celle-ci passerait non pas à l’héritier du trône [de France], mais au second fils [ou fille] qui naîtrait du mariage… la pleine propriété revenant aux héritiers naturels de la reine. »38 à la mort des 2 souverains.
Le contrat33 affirme aussi clairement que le duché de Bretagne reviendra au deuxième enfant, mâle ou femelle « et s’il avenoit que d’eux deux en ledit mariage n’issist ou vinst qu’un seul enfant masle, que cy-après issent ou vinssent deux ou plusieurs enfans masles ou filles, audit cas, ils succéderont pareillement audit duché, comme dit est »39,40 – clause qui ne sera pas respectée par la suite. Renée sera déshéritée au profit de son aînée, Claude de France, et surtout du mari de cette dernière, François Ier. Pour le moment, le pouvoir régalien en Bretagne est exercé par Louis XII, en tant que duc par mariage (jure uxoris), prince consort uniquement usufruitier, quoique les décisions soient prises au nom de la duchesse. Anne vit à Blois, où la présence de la duchesse de Bretagne est partout signée. Elle fait édifier le tombeau de ses parents en la cathédrale de Nantes (où son cœur reviendra également, selon ses dernières volontés) avec les symboles des 4 vertus (prudence, force, tempérance justice) qu’elle aura toujours essayé de porter. Tous les arts italiens seront appréciés par cette reine de plus en plus cultivée. Durant la maladie de Louis XII, elle fait un tour de la Bretagne (mais pas le Tro Breiz, contrairement à ce qui est souvent raconté3).
Leur fille Claude de France, héritière du duché, est fiancée à Charles de Luxembourg en 1501, pour faciliter la conduite de la 3e guerre d’Italie en renforçant ainsi l’alliance espagnole, et pour convenir au dessein d’Anne de lui faire épouser le petit-fils de son premier mari Maximilien d’Autriche. Ce contrat de mariage est signé le 10 août 1501 à Lyon par François de Busleyden, archevêque de Besançon, Guillaume de Croÿ, Nicolas de Rutter et Pierre Lesseman, les ambassadeurs du roi Philippe Ier le Beaule Beau, père de Charles de Luxembourg. Les fiançailles sont annulées quand le risque d’encerclement plus complet du royaume peut être évité par l’absence d’un dauphin, à qui le contrat de mariage de Louis et Anne aurait interdit d’hériter de la Bretagne. C’est désormais au futur François Ier que sa fille est fiancée. Anne refusera jusqu’au bout ce mariage, qui aura lieu quatre mois après sa mort, et tentera de revenir à l’alliance matrimoniale avec le futur Charles Quint. C’est à ce moment que, mécontente de cette alliance, elle commence son « tour de Bretagne », visitant bien des lieux qu’elle n’avait jamais pu fréquenter enfant. Officiellement, il s’agit d’un pèlerinage aux sanctuaires bretons (elle se rend notamment à Saint-Jean-du-Doigt et à Locronan41), mais, en réalité, il correspond à un voyage politique et à un acte d’indépendance qui vise à affirmer sa souveraineté sur ce duché. De juin à septembre 1505, ses vassaux la reçoivent fastueusement. Elle en profite pour s’assurer de la bonne collecte des impôts et pour se faire connaître du peuple à l’occasion de festivités, de pèlerinages et d’entrées triomphales dans les villes du duché42.
Une souveraine cultivée et mécène
La reine possédait sa propre bibliothèque contenant une cinquantaine d’ouvrages sur la religion, la morale ou l’histoire43. On y trouve notamment des livres d’heures : les Grandes Heures (commande à Jean Bourdichon), les Petites Heures, les Très Petites Heures, les Heures (inachevées), la Vie de sainte Anne, les Vies des femmes célèbres de son confesseur Antoine Dufour, le Dialogue de vertu militaire et de jeunesse française44. Un Livre d’heures d’Anne de Bretagne, illuminé par Jean Poyer, est commandé par Anne pour Charles-Orland45.
Une partie venait de ses parents. Elle en a commandé elle-même plusieurs et quelques-uns lui ont été offerts. Enfin, ses deux maris possédaient aussi de nombreux ouvrages (environ un millier sont ramenés à la suite de la première guerre d’Italie).
Différentes miniatures de dédicace de livres commandés par Anne de Bretagne
L’éditeur Antoine Vérard donnant son ouvrage Le Trésor de l’Âme à Anne de Bretagne, BNF, Vélins350 f6r.
Anne de Bretagne recevant de son confesseur Antoine Dufour le manuscrit des Vies des femmes célèbres.
l’auteur Claude de Seyssel donnant son ouvrage à sa commanditaire Anne de Bretagne
Jean Marot remet son ouvrage à Anne de Bretagne
Des miniatures qui montrent le travail diplomatique et politique d’Année de Bretagne, par l’écriture de lettres
Anne de Bretagne écrivant à Louis XII (1508)
Anne de Bretagne donnant une lettre à un messager à destination de Louis XII (1508)
Anne de Bretagne écrit à Louis XII (1508)
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Mort et sépulture
Exposition du corps d’Anne de Bretagne dans la grande salle du château de Blois, par le Maître des Entrées parisiennes, Commémoration de la mort d’Anne de Bretagne de Pierre Choque, 1514, Bibliothèque de Rennes, Ms.332.
Usée par les nombreuses maternités et les fausses couches, atteinte de la gravelle, elle meurt le 9 janvier 1514 vers six heures du matin au château de Blois, après avoir dicté par testament la partition de son corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements) avec des sépultures multiples, privilège de la dynastie capétienne. Elle permet ainsi la multiplication des cérémonies (funérailles du corps, la plus importante, et funérailles du cœur) et des lieux (tombeaux de corps et de cœur)46.
Selon sa volonté, son cœur a été placé dans un cardiotaphe en or rehaussé d’émail, cette boîte en or étant enfermée dans une autre boîte en plomb puis une autre en fer. L’ensemble est transporté à Nantes en grande pompe pour être déposé, le 19 mars 1514, en la chapelle des Carmes. S’y trouve le tombeau de François II de Bretagne, qu’elle a fait réaliser pour ses parents, son cœur est placé à la tête du tombeau. Saisi durant la Révolution, l’écrin est transféré à la Monnaie de Paris, où il manque de peu d’être fondu48.
Après sa mort en 1514, Louis XII n’est qu’usufruitier du Duché de Bretagne. Il n’en est pas propriétaire, et la mort de Louis XII mettra fin à l’union personnelle en janvier 1515 (clause du Traité de Nantes de 1499).
Blason d’Anne de Bretagne, les armes de son époux royal (fleurs de lys) à senestre, celles de son père (queues d’hermine) à dextre.
Anne avait hérité de ses prédécesseurs les emblèmes dynastiques bretons : hermine passante (de Jean IV), d’hermine plain (de Jean III), cordelière (de François II). Veuve de Charles VIII, elle s’inspire de cette figure paternelle pour créer en 1498 l’ordre de la Cordelière54.
Lettres couronnées L A de Louis XII et d’Anne avec leurs armes d’alliance entourées du collier de Saint-Michel et de la cordelière sur le fronton de la porte d’entrée de la chapelle du château de Blois.
Elle fit usage aussi de son chiffre, la lettre A couronnée, de la devise Non mudera (« je ne changerai pas »), et d’une forme particulière de la cordelière paternelle, nouée en 8. Ses emblèmes furent joints, dans la décoration de ses châteaux et manuscrits, avec ceux de ses maris : l’épée enflammée pour Charles VIII et le porc-épic pour Louis XII. Elle avait également comme devise Potius mori quam foedari : « Plutôt mourir que déshonorer », ou « Plutôt la mort que la souillure » (en breton : « Kentoc’h mervel eget bezañ saotret »). Cette devise a été utilisée par les ducs de Bretagne dès avant Jean IV.
On retrouve son blason dans de nombreux lieux où elle est passée, ou liés à ses fonctions (principalement de duchesse ou de reine) :
Dernière duchesse de Bretagne et deux fois reine de France, Anne de Bretagne est, avec saint Yves, un des personnages historiques les plus populaires de Bretagne.
En 2014, pour le 500e anniversaire de sa mort, plus d’une quarantaine d’événements sont organisés dans les cinq départements bretons58.
La noblesse bretonne, voulant préserver ses privilèges comme ses prérogatives, s’évertue à prouver par l’intermédiaire de l’historiographie régionale que sa dernière duchesse a résisté à cette annexionNote 11. Anne de Bretagne reste depuis lors dans la mémoire bretonne un personnage soucieux de défendre le duché face à l’appétit de la France. Parallèlement, elle est élevée dans la mémoire nationale comme un symbole de paix et de concorde dans le royaume dont elle a été sacrée la mère59.
Le destin posthume d’Anne de Bretagne est composé d’images déformées par son histoire façonnée par les calculs politiques et les jeux de propagande. D’où la nécessité de séparer l’historiographie objective d’Anne de Bretagne de l’imaginaire collectif qui fait régulièrement appel à cette référence culturelle dans des supports publicitaires, des spectacles et manifestations folkloriques, et de dépasser la vision antagoniste de certains historiens qui poursuivent, avec ce personnage, une mythification de son histoire, et une historiographie nationale voulant forger le mythe d’une nation française une et indivisible60.
De son vivant, les propagandes royales de Charles VIII puis de Louis XII ont présenté Anne de Bretagne en reine parfaite, symbole de l’union et de la paix entre le royaume de France et le duché de Bretagne (tradition populaire de la « bonne duchesse »). L’Autriche de Maximilien, évincée du mariage, a porté un autre regard sur ces événements. Au cours des siècles, les historiens et l’imaginaire populaire ont présenté une Anne de Bretagne parfois différente, lui attribuant des actes ou des caractéristiques physiques et psychologiques qui ne sont pas nécessairement attestés par des éléments historiques.
Après sa mort, elle tombe progressivement dans l’oubli dans l’historiographie nationale jusqu’au milieu du XIXe siècle, à la différence de l’historiographie bretonne. La noblesse bretonne commande une nouvelle histoire du duché, Histoire de Bretagne écrite de 1580 à 1582 par Bertrand d’Argentré, qui fonde une historiographie régionale faisant d’Anne de Bretagne la femme qui a conservé l’autonomie du duché malgré ses mariages avec deux rois de France. Si cette historiographie bretonne de propagande ne peut nier l’inaction de la reine pendant le règne de Charles VIII, elle amplifie l’emprise de la reine sur Louis XII19. Les celtomanes puis les régionalistes bretons cherchent, dès la fondation en 1843 de l’Association bretonne, un personnage capable d’incarner leur idéal de renouveau agraire et régional, tout en manifestant leur attachement à la nation française61. Leur choix se porte sur la figure mythique et folklorique de la duchesse Anne, qui est progressivement dotée, dans les histoires de Bretagne, du costume breton et qui la présentent comme une Bretonne proche du peuple (d’où la légende de la « duchesse en sabots »)62,63.
Plusieurs mythes entourent désormais Anne de Bretagne : celui d’une femme contrainte à un mariage forcé avec Charles VIII ; celui d’une duchesse bretonne attachée à l’indépendance et au bonheur de son duché ou, au contraire, d’une reine symbole de l’union et de la paix entre la Bretagne et la France60.
Présente après la guerre franco-allemande de 1870 dans les revendications régionalistes, la figure de la duchesse Anne est également récupérée par la propagande de la Troisième République (France) qui reprend la tradition antique et aristocratique du culte des grands personnages. Enjeu mémoriel et politique, elle incarne pour ces derniers la soumission de le Bretagne à la couronne de France puis aux intérêts français de la République64. Au XXe siècle, elle nourrit l’inspiration de l’iconographie touristique pour promouvoir la patrimoine breton et s’accompagne d’une appropriation identitaire à des fins commerciales65.
Cette figure hautement symbolique explique la parution, depuis 200 ans, d’une cinquantaine de livres à son sujet qui n’ont pas fini d’en donner une vision contrastée, entre un Georges Minois qui la présente comme une personne « bornée, mesquine et vindicative » et un Philippe Tourault qui en fait une « personnalité tout à fait riche et positive, ardemment attachée à son pays et à son peuple »66.
Littérature
Louis Ferrier de La Martinière, Anne de Bretagne, reine de France, tragédie par le sieur Ferrier, Paris, Jean Ribou, 1679, 72 p. (BNF30431149, lire en ligne [archive]).
Pierre de Lesconvel, Le prince de Longueville et Anne de Bretagne, nouvelles historiques, Paris, J. Guignard, 1697, 268 p. (BNF30801985, lire en ligne [archive]).
Si mort a mors, poème anonyme datant de ses funérailles, et repris par Tri Yann. D’autres chansons du répertoire du groupe font référence à la duchesse, notamment l’instrumental Anne de Bretagne de l’album Portraits en 1995.
Dans la chanson C’est un pays, Soldat Louis évoque « une duchesse encore enfant qui s’est fait mettre d’une manière royale ».
Le groupe Stetrice l’évoque en chantant « Mais ici honte à qui délaisse la volonté de la duchesse » dans sa chanson Naoned e Breizh, de l’album homonyme en 2011.
Un festival Anne de Bretagne itinérant a lieu chaque année dans une ville de Loire-Atlantique depuis 1995, par exemple en 2016 à Châteaubriant70.
Bâtiments
Sites historiques
L’église Saint-Pierre de Montfort-l’Amaury. Reconstruite, en lieu et place d’une église médiévale du XIe siècle, à la demande d’Anne de Bretagne.
Le château des ducs de Bretagne, à Nantes est conçu comme une forteresse dans le contexte de la lutte pour l’indépendance du duché de Bretagne. Le système défensif du château est composé de sept tours reliées par des courtines et un chemin de ronde. Depuis le début des années 1990, la ville de Nantes a mis en œuvre un programme de restauration et d’aménagement de grande envergure pour mettre en valeur ce site patrimonial en plein centre-ville, emblématique de l’histoire de Nantes et de la Bretagne. L’édifice restauré accueille le musée d’histoire de Nantes installé dans 32 salles.
Le manoir de la vicomté, dit « Le Bailliage » à Montreuil-l’Argillé (Eure) datant du XVe siècle est, depuis 1949 inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques71. Le manoir aurait été un pavillon de chasse, propriété d’Anne de Bretagne et de Louis XII[réf. nécessaire].
L’église Saint-Pierre de Montfort-l’Amaury (Yvelines) : église des XVe et XVIe siècles, d’une taille impressionnante et rare pour une petite cité, construite par la volonté d’Anne de Bretagne en lieu et place d’une église médiévale du XIe siècle.
les maisons d’Anne de Bretagne, à Guingamp, Morlaix, Saint-Malo et quelques autres villes, sont supposées avoir accueilli la duchesse lors de son tour de Bretagne (et non le Tro Breizh, ce pèlerinage des sept saints de Bretagne étant confondu avec celui du Folgoët qu’elle réalise le 29 août 1505 en exécution d’un vœu si le roi guérissait, pèlerinage prolongé par le tour de la Bretagne pendant trois mois)3 ;
Couronne en bronze doré à fleurs de lys incrustée de cabochons offerte en 1505 par la duchesse Anne de Bretagne à la frairie de Trescalan.
En 1505, la reine Anne fit cadeau de trois couronnes de mariage liées, selon plusieurs traditions historiographiques concordantes, aux relations qu’elle a entretenues avec les cités de la presqu’île guérandaise60 :
On attribue à Anne de Bretagne le don du grand calice et de sa patène en argent doré présents dans le trésor de Saint-Jean-du-Doigt. Ces œuvres réalisées selon la tradition par Guillaume Floch, sont en fait plus anciennes, leur inspiration étant clairement Renaissance italienne79.
En robe de soie à larges manches à parements doublés de fourrure, qui porte sur un béguin de soie blanche un chaperon noir cerclé d’un rang de joyaux. Cette coiffure évoluera en bonnet-chaperon. Source : Didier Le Fur, Anne de Bretagne, Guénégaud, 2000, p. 63.
« Si Alain Bouchart, dans ses Grandes Chroniques de Bretagne met en avant la date du 25 janvier, d’autres auteurs contemporains, tel Jean de Penguern dit Dizarvoez, dans sa Généalogie de très haulte, très puissante, très excellente et très chrétienne royne de France et duchesse de Bretagne (1510), proposent le 26 janvier pour sa naissance » (cf. Collectif, Anne de Bretagne. Une histoire, un mythe, Somogy, 2007, p. 21). Le 25 janvier 1477 correspond au 15 janvier1477ancien style (en ancien style, l’année commençait à Pâques).
À cette époque, les projets matrimoniaux ne se concrétisent qu’après de longs calculs politiques et d’âpres négociations, les promis n’étant parfois pas nés au moment du contrat. Ces projets peuvent donc varier au rythme des aléas politiques et beaucoup d’entre eux n’aboutissent pas. (cf. Didier Le Fur, Anne de Bretagne, Guénégaud, 2000, p. 17.
Yolande Labande-Mailfert, dans Charles VIII et son milieu (1470-1498) – La jeunesse au pouvoir (1975) montre en effet que le camp royal a été long à se décider au mariage breton, qui lui faisait abandonner le mariage bourguignon Voir aussi Dominique Le Page et Michel Nassiet, L’Union de la Bretagne à la France. Morlaix : Éditions Skol Vreizh, 2003. (ISBN2-911447-84-0).
Le 27 octobre 1491, convoqués à Vannes par Charles VIII, les États de Bretagne conseillent à Anne d’épouser le roi de France.
Cette reconstitution, accompagnée d’une bande-son, met en scène l’établissement du contrat de mariage qui a eu lieu dans la salle des gardes du château (scène de droite), et la cérémonie religieuse qui a eu lieu à l’étage (scène de gauche). Quinze personnages en cire et à taille réelle, réalisés par le sculpteur Daniel Druet et mis en costume par Daniel Ogier en 1987, sont présentés : Charles VIII et Anne de Bretagne (en robe de brocart d’or garnie de 160 peaux de zibeline et sur laquelle a été brodé à la hâte l’ordre de Saint-Michel), derrière à gauche Anne et Pierre de Beaujeu, à droite les évêques Louis et Georges d’Amboise, trois demoiselles d’honneur, enfin deux soldats de la garde du roi ; le chancelier de France Guillaume de Rochefort donne lecture du contrat établi par le notaire de apostolique Pierre Bourreau assis à sa droite, devant les témoins Louis d’Orléans et le prince d’Orange. Source : Geneviève-Morgane Tanguy, Les jardins secrets d’Anne de Bretagne, Fernand Lanore, 1991, p. 42.
Sous date rétroactive du 5 décembre 1491.
Ce mariage par procuration fut ainsi considéré comme n’ayant jamais existé grâce au droit canonique qui pouvait invalider le mariage non consommé et une cérémonie entérinée par le nombre de personnes non prévu par ce droit.
La cadière portant sur l’avers la mention traduite du latin « Anne reine des Français par la grâce de Dieu et duchesse des Bretons » et sur le revers l’antique devise des monnaies royales « Que le nom de Dieu soit béni ».
Afin d’asseoir ses revendications, cette noblesse commanda une nouvelle histoire du duché, Histoire de Bretagne écrite de 1580 à 1582 par Bertrand d’Argentré.
« Cet oratorio est la seule et unique œuvre du patrimoine musical mettant en scène les personnages clés de l’histoire de l’alliance du duché de Bretagne au royaume de France : Charles VIII, la reine-duchesse Anne et Louise de Savoie, tous réunis autour du thaumaturge François de Paule », in plaquette de présentation du 29e festival de Lanvellec, octobre 2015.
Bret vient de la « petite Brette » ou « chère Brette », surnom donné à Anne de Bretagne par Louis XII, dans l’intimité.
Références
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Sophie Cassagnes-Brouquet, Un manuscrit d’Anne de Bretagne : les vies des femmes célèbres d’Antoine Dufour, Ouest-France, septembre 2007, 251 p. (ISBN978-2-7373-4029-1), p. 19
Contient des extraits du manuscrit conservé au Musée départemental Dobrée à Nantes.
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Dominique Le Page, Pour en finir avec Anne de Bretagne, Archives départementales de Loire-Atlantique, 2004, p. 92.
Jean-Jacques Monnier, Jean-Christophe Cassard, Toute l’histoire de Bretagne : des origines à la fin du XXe siècle, Skol Vreizh, 2003, p. 170.
Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII et son milieu : 1470-1498, Librairie C. Klincksieck, 1975, p. 93.
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Henri Pigaillem, op. cit., p. 100.
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Commémoration de la mort d’Anne de Bretagne, par Pierre Choque (lire en ligne [archive] sur le site des Tablettes rennaises). Ce manuscrit a été publié peu après le décès d’Anne de Bretagne pour relater l’événement.
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Pierre Chotard (dir.), Anne de Bretagne : une histoire, un mythe, Paris / Nantes, Somogy / Château des ducs de Bretagne-Musée d’histoire de Nantes, 2007, 206 p. (ISBN978-2-7572-0063-6)
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Vulgarisations
Michel de Mauny, Anne de Bretagne : ce cœur qui a tant aimé la Bretagne, Londres, Celtics Chadenn, 2002 (ISBN978-2-847-22017-9)
Philippe Rault, Les drapeaux bretons de 1188 à nos jours, Spézet, éditions Coop breizh, 1998 (BNF37079638)
Geneviève-Morgane Tanguy, Les Jardins secrets d’Anne de Bretagne, F. Sorlot — F. Lanore, 1991
Geneviève-Morgane Tanguy, Sur les pas d’Anne de Bretagne, Ouest-France, coll. « Itinéraires de l’histoire », 2003, 126 p. (ISBN978-2-7373-3107-7, BNF38978883)
Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne : volume consacré à Anne de Bretagne, t. LV, Rennes, Shab, 1978 (lire en ligne [archive])
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